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Je vais vomir. C'est sûr, j'ai calculé la probabilité sur la calculatrice de mon téléphone. J'ai exactement 12,87 chances sur 12,9. On pourrait dire 99,7674419%. Je devrais de suite appeler la maison, dire que je viens d'arriver au lycée mais que je dois rentrer. Il est 7h56. Le bus est sensé arriver à 47, même s'il n'est jamais là avant 49. Si j'appelle maintenant cela paraîtrait crédible. De plus personne au lycée ne m'a encore vue, je suis restée coincée dans la cabine de toilettes depuis tout à l'heure.
Peut-être que je devrais tout simplement aller à l'infirmerie ? Il paraît que les lits sont très agréables pour dormir là-bas. Le sondage pour voter de leur qualité dans le journal de l'établissement leur a donné la note de 8,5 sur 10, bien que la moyenne exacte était de 8,63518, et quelques nombres en plus, d'après la Terminale S3. Ou devrais-je simuler un malaise pendant la première heure de cours ? Si c'est assez crédible je pourrais même passer un ou deux jours à l'hôpital. Après tout, toutes les méthodes ont l'air bonnes pour ne pas le croiser.
Une demie heure plus tard, je somnole dans la salle de cours. Mon plan final est donc d'attendre la fin du cours pour expliquer à la prof que je me sens mal et rentrer chez moi, après un rapide passage à l'infirmerie. Je laisse donc tranquillement mon corps se reposer sur mon cahier, et ce pendant toute l'heure. À la fin de l'heure, mon plan se déroule comme prévu. Je vais à l'infirmerie, la fausse médecin me donne un lit et un doliprane, que je ne prend pas. Je m'endors tranquillement là, jugeant que les scores de ces lits sont plutôt en accord avec la réalité.
Une vingtaine de minutes plus tard, l'ouverture de la porte a coté de moi me réveille. C'est un autre « malade » qui vient s'installer dans le lit à côté du mien. C'est moins dur qu'il n'y parait de se rendormir, je devrais devenir experte en cela.
Une bonne heure plus tard, je sors de mon rêve de chorale de tomates. Je sens une paire d'yeux rivée sur moi, dans mon dos, je me prépare à jouer la comédie pour l'infirmière. Je me retourne, les yeux faibles et les lèvres tremblantes. Face à moi, mon voisin. Ce mec est une malédiction, une sangsue, un cancer. J'arrête tout effort pour paraître malade et lui jette un regard mauvais, de façon à ce qu'il comprenne que si je pouvais le tuer je l'aurai déjà fait.
Il se met à sourire. Cette sorte de sourire qui vous fait sentir un coup de froid sur tout votre corps. Je tremble. J'ai peur qu'il ne croit que c'est parce que j'ai peur. Mais je n'ai pas peur. Je me retiens juste de sauter autre part, je ne voudrais pas que l'infirmière se pose des questions.
- Alors comme ça on est malades en même temps, c'est une drôle de coïncidence.
Je détourne le regard avant de le vais le tuer, lui arracher les yeux puis les orteils et les doigts avant de le castrer puis l'étriper.
- Devrait-on reprendre notre discussion que tu a laissé hier ?
Non, je devrais lui arracher les ongles avant les doigts et les orteils.
- Aide-moi.
- J'ai déjà dit non.
Mes yeux se replantent dans les siens, peut-être que si mon regard est assez noir il finira par comprendre.
- Une prochaine fois essaye de dire « s'il te plaît » quand tu demandes quelque chose à quelqu'un.
Sur ces mots je me retourne dos à lui et me réinstalle en fœtus sous la couette, celle-ci recouvrant tout mon corps. La chaleur de mon propre corps se propageant dans mon cocon, je commençais à m'assoupir à nouveau quand, d'un coup, ma couverture protectrice disparu.
- Aide-moi, s'il te plaît.
J'affiche un sourire enfantin, j'aurai au moins gagné quelque chose dans cette histoire. Rapidement, je me relève et me tourne vers lui. Ma main tapote vivement le matelas à côté de moi. Le sourire scotché aux lèvres, je dois avoir l'air d'une enfant de six ans et demi. Ses yeux montrent bien que mon attitude est plus que douteuse, mais je n'y peux pas grand chose. Devrais-je lui parler de poulpe ?Pourquoi quand je pense, je me dis qu'une personne extérieure pourrait penser que je suis folle ? Il vient s'asseoir à mes côtés.
Nous sommes donc tout les deux assis en tailleurs face à face. Sans que je ne lui parle, il comprend ce que je souhaite. A l'instant où il s'apprête à parler, je me dit qu'il a l'air d'un père qui viendrait raconter ses problèmes à son enfant de six ans et demie, qui tient au « et demie ».
- Je suppose que tu t'attend à ce que je te raconte pourquoi je te demande ça ?
Je hoche vivement la tête et lâche un « Bien évidemment. » . Son soupir est tellement profond qu'il va bientôt créer une tornade en Asie. Je le vois déglutir, la petite boule dont je ne me souviens jamais du nom bouge de haut en bas dans son cou. Je commence à perdre patience, bien qu'environ 1,54 seconde soit passée. Et enfin, il inspire et se lance.
Il a à peine le temps de prononcer le son « A » qu'on entend les pas de l'infirmière se presser vers la porte de la chambre où nous sommes. En quelques instants, il saute dans le lit qui lui a été attribué et nous nous remettons sous nos couettes. Juste avant que la porte ne s'ouvre; je l'entend dire :
- Ce soir, 22hOO.
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