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Je finis de ranger mes affaires dans mon sac, trois jeans, cinq t-shirts, deux hoodies et autant de sous-vêtements que de jours de la semaine, idem pour les chaussettes. Les chaussures seront celles que je déciderai de mettre en partant. Ce qui est du matériel de toilette le minimum suffira : brosse à dents, brosse à cheveux, dentifrice, savons, shampooing et un mascara juste au cas où. Je me semble prête. Je parle à Max au travers de mon téléphone.

- Je pense que c'est bon pour moi, il ne me manque que mon chargeur de tel mais je le mettrai avant de te rejoindre.

- Ok, laisse-moi finir de plier mes slips et tu peux venir.

- Tu aurai pu te passer du détail.

Je l'entend ricaner depuis sa chambre, puis il repris.

- C'est bon j'ai fini.

Je raccroche, pas besoin de politesse quand on se rejoint l'instant d'après. Et cet instant est justement celui ou je rebranche mon chargeur sur la prise à côté de son lit, que je lui avait demandé de laisser libre pour moi.

- T'as pris un maillot de bain au cas où ?

Je le regarde, surprise. D'où sort-il qu'on aurai besoin de ça ?

- Non, pourquoi ?

- Je sais pas, j'y ai juste pensé comme ça.

- Si ça te fais plaisir, je vais en chercher un au cas où.

- Va, cours, saute.

Nous nous étions mis d'accord sue l'appellation de saut pour mon « pouvoir mystérieusement mystique », comme dirait Max. Je disparais de sa chambre, le temps de prendre un monokini au hasard dans mon tiroir puis je resaute vers la chambre de mon acolyte.

- C'est bon, dis-je en fourant la pièce de tissu dans mon sac.

- On devrait être parés du coup.

S'en suivit une longue demie heure où il ne cessa de me demander si j'avais pris telle ou telle chose, et je sautais pour prendre la dite chose avant de revenir et que le cycle recommence sans fin. Quand cela fut enfin fini, j'avais changer mon sac, anciennement un sac normal que j'utilisais pour les cours. Maintenant, je suis dotée d'un grand sac à trois poches, chacune trop grande, j'ai mes chaussures au pied, une écharpe autour du coup et une paire de gant dans mes poches.

- On part combien de temps au juste ?

- J'en ai aucune idée, je te l'ai déjà dit.

- Même pas une mini bébé idée ?

Il grommelle un « Non. » dont je me doutais, cette conversation nous l'avons déjà eu une centaine de fois. Nous vérifions vite fait combien d'argent nous avons, en commun car dans cette histoire ça ne nous servira à rien de faire porte-monnaie séparé. Nous avons donc 347,38 € en liquide et Max a encore ses 50 € du mois sur sa carte de retrait. De quoi survivre un moment sachant que nous pouvons déjà nous passer des frais de voyage, mais aussi éventuellement de quelques payement de chambre tant que l'hotel n'est pas rempli.

Je ne sais toujours pas ne serait-ce que la direction que nous allons prendre mais j'ai passé ses dernières semaines à perfectionner mon anglais et à commencer le russe, le mandarin, le portugais et un chouïa de coréen, thaïlandais, espagnol, néerlandais, danois. Par contre mes cours d'allemands sont toujours enterrés au plus profond de ma mémoire. Max a fait de même pour les langues, à ce qu'il m'a dit, mais lui a préféré l'arabe au chinois.

- Tu as laissé un mot chez toi ?

Sa voix me surprend, je me remémorai la structure d'une phrase thaïlandaise à ce moment.

- Non, tu avais dit que tu le ferai donc ils feront le rapprochement. Ils sont grands nos parents, ils savent réfléchir.

Je marque une pause pour détourner le regard de mon livre Le thaïlandais pour les nuls à profit des yeux de mon interlocuteur, lequel ne me regarde pas. Il a un air bizarre, mais je ne sais pas lire dans les pensées, cela aurait quand même été pratique.

- Il y a un problème ? je lui demande, vraiment curieuse.

- Je... Au final je ne pensais pas laisser de mot mais si tu préfères-

- Je m'en fiche, je le coupe. Si aucun de nous deux ne veut en laisser et bien tant pis.

Après tout, je l'avais dit nos parents sont grands, ils sauront se débrouiller seuls. Je range mon livre dans mon sac et ferme celui-ci. Il est 23h48.

- Allez, on va être en retard.

Avec une synchronisation parfaite, nous passons nos sacs sur nos épaules. Nous avons prévu de partir avant minuit, car c'est l'heure où Laurainne se réveille le mercredi matin. C'est une raison sans intérêt étant donné que jamais elle n'a véritablement vérifié que j'étais dans ma chambre. Mais il nous fallait une raison, et c'est donc celle-ci.

- N'empêche c'est triste...

Surprise, je regardais Max avec de gros yeux.

- De quoi ?

- J'ai pas réussi à finir le dernier Assassin's Screed avant de partir.

Je lève les yeux au ciel, ce gars est un cas avec ses jeux vidéos.

- Tu feras le sentimental un autre jour, doit y avoir des let's play sur youtube pour connaitre la fin.

- C'est pas la même chose...

Deuxième roulement de regard, premier long soupir depuis les 24 dernières heures. J'abandonne ce cas désespéré et récupère mon téléphone, tout juste à 96% que je passe immédiatement en mode économie d'énergie. Mon chargeur finit dans la poche de ma veste, bien enroulé.

- Max ?

- Oui.

- On peut dire que c'est le premier jour de notre voyage, non ?

- Hm... je pense que oui.

- Alors c'est aussi ta première réponse alors, où partons-nous ?

- Je ne connais pas notre destination finale mais pour l'instant on va chez mon oncle, il habite en Belgique.

- D'accord, c'est pas mal comme réponse mais pourquoi ton oncle ?

- Tu saura demain.

Deuxième long soupir.

- Bon ok... je lâche finalement. On y va ?

Il répondit d'un hochement de tête affirmatif. Nous faisons donc notre « câlin sauteur », une expression de Max. Et nous atterrissons sur une moquette grise. Une nausée me retourne le ventre, conséquence d'un saut trop grand et trop chargé. Notre premier atterrissage était dans la suite présidentielle d'un hotel moyen, inoccupée toute l'année car beaucoup trop chère pour ce qu'elle offre.

- Un smecta Lys ?

Je lui répond par un regard noir. Il va falloir que je m'habitue à sa présence, tout les jours, tout le temps. Je vais avoir du mal.

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