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Je prends conscience de mon inconscience lorsqu'il pousse la porte de son appartement. Mes yeux se posent immédiatement sur la plante sur sa commode.

C'est ma mère qui le lui a donnée. Bien sûr, comparée à toutes celles qu'elle a tenté de me convaincre d'entretenir, la sienne est verte, magnifique, peut-être même taillée tous les soirs.

Le Gendre Idéal.

— Comment est-ce qu'elle fait pour survivre avec la fumée qui flotte tout le temps ici ? je l'interroge en pointant l'orchidée rouge du doigt.

Diego referme l'entrée derrière lui, une énième cigarette entre les lèvres.

— Elle s'est habituée, sourit-il. Je l'ai appelée Indica pour l'occasion. J'ai hésité avec Sativa mais je ne voulais pas l'insulter en la nommant comme toi.

Je rêve. Toutes les occasions sont bonnes pour me vanner, on dirait.

— Tu as donné un prénom à ta fleur ? répliqué-je, à la place.

— Bien sûr que oui ! Les belles choses méritent d'être nommées...

Il écrase son mégot dans un cendrier posé sur le meuble à côté de nous puis visse son attention sur moi. Le bleu de ses yeux s'est légèrement assombri.

Je sais très bien ce que veut dire ce regard. La boule dans mon ventre grossit, tout comme la chaleur dans mon estomac.

Je suis trop conne, il n'y a plus de doutes possibles à présent.

Diego réduit la distance entre nous. Je me fais violence pour ne pas reculer. Après tout, c'était mon idée.

Enfin, je crois.

Est-ce que c'était mon idée ou est-ce qu'il m'a manipulée pour ensuite me faire croire que JE suis celle de nous deux qui est assoiffée de sexe ?

Mes pensées s'embrouillent au moment où il s'abaisse à ma hauteur. Le chemin n'est pas très long, toutefois, j'ai perdu l'habitude de le voir de si près.

Cet imbécile est vachement beau. Beaucoup trop beau pour être honnête. Tellement que j'ai envie de le frapper. Au moins, cela pourrait le dissuader de poursuivre sur sa lancée.

Pourtant, je surprends mes mains à se poser maladroitement sur ses épaules. Il sourit puis dépose un baiser sur ma fosse cubitale -c'est un mot stylé pour mentionner le creux du coude, je l'ai appris grâce à mon père-.

— Tu peux toujours te défiler Henson.., son souffle m'effleure la peau. Je sais que tu n'es pas très courageuse...

Je hausse les sourcils, piquée, puis le repousse. Diego rigole, comme s'il s'attendait à ce que je me dégonfle. Pourtant, ce n'est pas ce que je fais. À vrai dire son petit manège m'a bien décidée.

Moi aussi, je peux être une putain de jolie fille. Moi aussi, je peux mériter le fait qu'il me désire, pas seulement pour flatter son ego de merde mais parce que je suis digne d'être désirée.

D'un geste rapide, j'enlève mon tee-shirt -j'ai quand même pris la peine de vérifier dans mon esprit que mon soutien-gorge n'est pas trop minable- avant de m'asseoir au bord du lit.

— Amène-toi Valdez, ordonné-je du bout des lèvres. Sauf si c'est toi qui te dégonfles...

Le jeune homme reste un court instant abasourdi par mon audace. Puis il se mord la lèvre inférieure et me rejoint en quelques secondes. Diego me pousse délicatement à m'allonger sur le matelas avant de se placer au dessus de moi. Il s'abaisse vers ma bouche mais je tourne la tête au dernier moment.

— Sativa.., geint-il. Ne me dis pas que tu boudes !

Il n'a pas l'habitude qu'on lui refuse quoi que ce soit à ce niveau. C'est un pourri gâté du sexe, je sais que les femmes sont totalement à sa merci dans l'intimité.

Par ailleurs, je suis sa meilleure amie. Je le connais mieux que quiconque et je sais qu'il ne peut pas simplement m'effacer si je fais quelque chose qui ne lui plaît pas. Alors, je vais prendre un malin plaisir à le rendre fou.

— Non, roucoulé-je, près de son oreille. Mais tu dois te faire pardonner pour ton insolence...

À ma grande surprise, il glousse.

Ses lèvres se posent sur ma nuque une fois, m'arrachant un frisson, puis glissent le long de ma poitrine, jusqu'à mon ventre et à la limite de mon jean.

Diego relève les yeux vers moi avec un sourire moqueur.

— Est-ce que la star me permet d'explorer à nouveau son temple ou est-ce qu'elle se dégonfle ?

Je lève la main droite pour le frapper, pourtant mon geste se fige quand il glisse rapidement la sienne dans mon jean. Ses doigts trouvent très vite ce pourquoi ils se retrouvent là -je remercie ma fabuleuse esthéticienne qui m'a nettoyé tout ça il y a trois jours-. Toutes les insultes que je lui réservais meurent dans ma gorge.

Quel connard avec son air satisfait à la con.

— Alors, jubile Diego, tu ne me laisses toujours pas t'embrasser ?

Je m'apprête à répondre par le négatif mais il rajoute un autre doigt en moi. Par réflexe, j'agrippe son poignet, histoire de trouver un repère.

— Toujours pas, Ivy..? il adore me voir dans cet état, incapable de le remettre à sa place. Même pas un petit baiser amical ?

— Ferme-la, Val.., Valdez, articulé-je difficilement. Tu n'es pas aussi...

Ses lèvres m'interrompent. Comme l'idiote que je suis, je ne parviens pas à me convaincre de le repousser. Je ne suis bonne qu'à approfondir notre passion.

Sa main quitte ma culotte afin de détacher complètement mon bas. Le soleil est encore haut dans le ciel, je le devine à travers les rideaux de sa stupide fenêtre postée auprès de son lit. Mon jean se retrouve très vite au sol. Me voilà en sous-vêtements face au regard avide du plus gros enfoiré de la Terre.

Par réflexe, je me serais sûrement recroquevillée sur moi-même, dans l'espoir de préserver un semblant de pudeur, par ailleurs -ça me tue de l'avouer-, je me sens assez à l'aise avec Diego. Après tout, il m'a déjà pris ma virginité, nous ne sommes plus à ça près.

Enfin, volée. Il me l'a volée.

Monsieur décide finalement de lâcher ma bouche. J'attrape le bas de son tee-shirt et l'en débarrasse, puis je m'attèle à en faire de même avec son jean. Son manège de gamin m'a titillée, ma libido de jeune femme frustrée va bientôt me faire exploser.

— Ça te dit d'aller en boîte ce soir ? me propose Diego en se débarrassant de son bas.

Je fronce les sourcils tandis qu'il se replace au dessus de moi. Son rictus taquin n'annonce rien de bon.

— Aller en boîte avec toi est une mauvaise idée.., mon ton est bas et je noue mes bras derrière sa nuque pour rapprocher son visage du mien. Tu deviens ingérable...

Diego me vole un baiser avant de ricaner.

— Je crois que le pire est déjà en train de se produire, Ivy, s'esclaffe-t-il. Enfin, si tu le veux toujours, mon meilleur ami baisse les yeux vers mon bassin. Est-ce que tu le veux toujours ?

Merde, bien sûr que oui et ça m'énerve. Ça m'énerve d'être sensible à son charme, ça m'énerve de trouver ses iris bleus incroyables, et ça m'énerve encore plus de devoir lui confirmer que je le veux.

— Finissons-en Diego, je fais mine de rien. Je n'irai pas en boîte avec toi.

Sa petite moue d'enfant capricieux de cinq ans provoque une décharge électrique dans mon corps. Mes hanches se soulèvent d'elles-mêmes pour se rapprocher des siennes.

Idiote. Tu n'es pas capable de masquer l'effet qu'il te fait.

Diego incline la tête sur le côté, amusé. Il se redresse, empoigne ces mêmes hanches qui m'ont trahie quelques secondes plus tôt, puis me retourne d'un geste expert. Je laisse échapper un petit cri de surprise.

— Qu'est-ce que tu fous ? je hoquette.

Le jeune homme se penche sur moi afin de me susurrer à l'oreille.

— J'ai entendu dire que les gens avaient tendance à tomber amoureux en missionnaire et je sais que tu adores faire comme si rien ne s'était jamais passé entre nous.., il rit. J'imagine que ce sera plus facile de continuer à le faire si on ne se regarde pas dans les yeux, n'est-ce pas ?

C'est une étrange façon de me demander une levrette, dis donc. Toutefois, ses justifications tiennent la route. Et puis, j'apprécie plutôt bien cette position.

Putain, mais dans quoi est-ce que je me suis fourrée ?

Je hoche la tête pour toute réponse et le sens parsemer ma colonne vertébrale de baisers. Je frissonne de partout. Ma résolution est définitivement tombée à l'eau. Il a réussi à reprendre le contrôle sans même se battre.

Maudite libido !

Je me relève à quatre pattes et jette un coup d'œil derrière moi. Vers Diego. Il semble obnubilé par la contemplation de mes fesses.

— Concentre-toi Valdez, le taquiné-je. Tu me fais attendre...

Cette phrase dessine un sourire carnassier sur son visage, si bien, que j'en viens presque à la regretter. Ma culotte déserte, suivie de près par son boxer. Je fixe mon regard sur la tête de lit, tout en me mordant la lèvre inférieure.

— Ne me cherche pas, Sativa.., souffle Diego. Tu ne gagnerais pas à ce jeu !


Et effectivement, je n'ai pas gagné. Dix minutes après qu'on ait fini, je suis toujours étalée sur le dos, tremblante. J'ai à peine réussi à remettre ma culotte. Diego se fait un malin plaisir de se moquer de moi et tire sur le joint qu'il vient de rouler. D'une main vibrante, je le saisis lorsqu'il me le tend.

La fumée pénètre mes poumons et me donne l'impression de revivre. J'ai dit que je ne consommais pas de clopes, cependant, au niveau de l'herbe, je fais honneur à mon prénom. Je tire plusieurs taffes avant de rendre le joint à mon meilleur ami. Il m'observe d'un air amusé.

Désormais, je suis pantelante ET bientôt défoncée. Rien de mieux dans la vie à mon avis. J'aimerais être dans cet état tous les jours.

— Du coup, tu acceptes ma proposition d'aller en boîte ce soir ? minaude Diego.

Je laisse mes yeux dériver vers lui. Il recrache la fumée avec un sourire innocent.

— Au point où j'en suis.., concédé-je. Je t'avoue que l'alcool me manque déjà, ma confession lui dérobe un rire. Et je t'avoue aussi que je trouve ça très lâche de ta part de profiter de ma vulnérabilité pour obtenir ce que tu veux.

Mon meilleur ami se rallonge près de moi. Lui, a remis son caleçon ainsi qu'un short qui traînait sur la chaise de son bureau.

— Tu peux toujours refuser, je ne te force à rien, Ivy.

Qu'il arrête avec ce surnom sinon je risque de vouloir remettre ça.

Comme j'ai retiré mes lunettes, l'espace est déjà flou autour de moi. Bien sûr, la fumée n'y arrange rien. Je tire à nouveau sur le joint à l'instant où il le présente devant mes lèvres. C'est exactement ça notre problème quand nous sommes à deux. Nous ne savons pas nous arrêter.

Je consomme comme une toxico avec lui. Quant à Diego, vu ce qu'il inflige à ses poumons, je doute qu'il passe les soixante ans en bonne santé -même si je le lui souhaite de tout cœur-.

— Est-ce que tu vas me payer mes shots ? demandé-je, l'air de rien.

Le jeune homme roule des yeux mais son léger rictus le trahit.

— Si tu n'abuses pas trop, oui, je peux faire une concession, il cède en aspirant une autre bouffée.

Mon visage s'illumine puis je tente de me redresser. Très mauvaise idée. La réalité se met à tourner autour de moi et je retombe misérablement sur le matelas, à côté de lui. Diego se fout ouvertement de ma gueule avant d'écraser le peu qu'il reste du joint.

— Ose me dire que tu parviendrais à te lever ! je le défie.

Par ailleurs, mon meilleur ami secoue la tête.

— J'avoue, je suis aussi éclaté que toi, il pose sa tête sur mon épaule et enroule son bras autour de ma taille. J'espère qu'on aura le temps de redescendre avant de partir...

Après quoi, Diego ferme les yeux. Il ressemble à un gosse. Il est vraiment adorable et c'est très déstabilisant de le voir changer d'attitude aussi vite. Je sais qu'il ne réserve celle-là qu'à moi. Avec ses autres conquêtes, il conserve son masque de playboy.

J'imagine que ce n'est pas comparable. Je l'ai vu à tous les âges, dans tous ses états, et il m'a vue dans tous les miens. Je joue instinctivement dans ses boucles noires.

Je ne suis plus amoureuse de lui, c'est certain. Mais je l'aime à en mourir. Il a été mon premier tout.

— Ma mère serait outrée de découvrir que tu es une aussi mauvaise influence.., plaisanté-je doucement.

Son petit gloussement endormi fait office de réponse tandis que je me laisse moi-aussi emportée par le sommeil.

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