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— Je pourrai peut-être même cultiver quelques unes des plantes que tu essaies de me convaincre de faire pousser sur le petit balcon, dis-je à ma mère, l'air de rien en mangeant mes céréales.
À ces mots, cette dernière se tourne vers mon père.
— Tu as entendu ça Garrett ? Ta fille, Sativa Henson serait prête à mettre la main à la pâte. Je crois qu'elle tient vraiment à cette colocation ! rigole-t-elle.
Elle parvient à lui arracher un sourire discret -miracle que seule ma génitrice est en mesure de réaliser- mais lorsqu'il se tourne vers moi, son visage a retrouvé cette expression grave qu'il adore m'adresser.
— As-tu eu des nouvelles de la personne qui partagera ton domicile ? me demande mon père en allumant sa cigarette.
Il est huit heures du matin, Diego et lui sont de vrais psychopathes pour fumer aussi tôt. En tant que médecin, mon père devrait connaître la nocivité de ce truc mieux que quiconque. Le cordonnier mal chaussé, n'est-ce pas.
— Euh.., je m'éclaircis la gorge. L'ami de Diego m'en a un peu parlé. Il...
Comment leur dire que je risque d'habiter avec un homme ?
Ma mère va paniquer, elle qui n'aime déjà pas me savoir seule à l'étage avec Diego -peut-être pour des raisons valables, compte tenu de notre insupportable habitude à nous embrasser sans réfléchir-. De son côté, mon père ne me lâche pas des yeux. Il joue avec son briquet de sa main gauche, tandis que l'autre amène sa cigarette à ses lèvres. Si je me fie à ses sourcils froncés, il soupçonne la catastrophe imminente.
— Il..? interroge-t-il après avoir recraché la fumée.
Heureusement que nous mangeons sur la terrasse car je pense que nous aurions fini asphyxié autrement. Ça doit être pour ça qu'il a retiré tous les détecteurs de la maison. À cause de lui, j'ai failli provoquer un incendie en oubliant mes côtes de porcs sur le feu.
Putain, je suis en train de penser à toutes ces choses débiles, juste pour ne pas lui répondre. Mais je dois bien lui répondre, sinon, il risque de refermer la porte que Diego a dû enfoncer pour moi et je serai coincée dans cette maison pour les vingt prochaines années -sans aucun abus-.
— Il a dit que c'était un jeune homme relativement discret, dis-je très vite, histoire qu'ils ne captent pas les mots "jeune homme" dans ma phrase. Timothy ne m'a signalé aucun problème. Et l'appartement était vraiment fabuleux, je ne sais pas si je l'ai déjà dit ! Je suis certaine que Maman serait ravie de me donner des plants de menthe ou de...
— Un jeune homme ? s'étrangle ma mère.
Et merde, c'est raté. Je croise le regard de mon père alors que je me mets à éplucher ma mandarine. Il est indescriptible. Ça s'annonce mal.
— Oui, je poursuis toutefois, un uruguayen. Angel De Los Santos. Tu peux toujours taper son nom sur Google si tu tiens tant à en savoir plus sur lui. C'est très efficace pour pister les gens. En particulier ceux de ma génération.
Ce sont des conneries. J'ai déjà essayé. Je n'ai rien trouvé sur lui. Pas d'Instagram, de LinkedIn, ni même de compte Facebook un peu gênant d'un parent quelconque. Enfin si, j'ai eu pas mal de résultats -un footballeur porte ce nom stupide- mais rien qui ne me semble plausible pour en déduire que ces divers "Angel De Los Santos" pouvaient être mon futur colocataire. Avec un peu de chance, ma mère n'en fera rien.
— Je refuse que tu habites avec un inconnu, assène-t-elle. Diego nous avait dit qu'il s'agissait d'une femme.
Diego est un menteur chronique, Maman.
— Il n'était pas au courant qu'elle avait quitté la colocation il y a quelques mois. Et de toute façon, une fille aurait pu être tout aussi dangereuse, je proteste. Il n'y a pas que les hommes qui violent, tuent, découpent en morceaux, et tout ce genre de trucs horribles. Bon, c'est vrai que la majorité des tueurs en série étaient des hommes. Mais considérer qu'une femme est un risque zéro, ce n'est pas très prudent.
— Raison de plus pour que tu restes ici, répond ma mère.
Est-ce que je viens vraiment de m'enfoncer toute seule ou je rêve ? J'aurais fait une très mauvaise avocate, même un client innocent se serait fait condamner avec moi.
— Maman ! je geins. Je vous rappelle que vous m'avez laissée partager ma chambre en Grèce avec Diego pendant plus d'une semaine !
— Nous connaissons Diego depuis qu'il est né. C'est un gentil garçon.
Oh, si elle savait...
— Ce n'est pas juste ! je hausse le ton malgré moi. J'ai presque vingt-deux ans, je devrais avoir le droit de mener une vie en autonomie !
Ma mère ouvre la bouche pour répliquer tout aussi vivement, pourtant, mon père la devance.
— C'est d'accord.
Quoi ?
— Quoi ? m'étonné-je.
Ma génitrice affiche le même air ahuri que moi et se tourne vers son mari. Ses sourcils sont tellement froncés qu'ils pourraient fusionner avec ses yeux. Elle s'attendait probablement à ce qu'il la soutienne. Tout comme moi. Mon père qui m'accorde quelque chose ? Où est la douille ?
— Je veux bien que tu essaies cette colocation, articule-t-il. Je te donne quatre mois. Même si je suis sûr qu'avant la fin du premier jour, tu reviendras ici en nous suppliant de t'héberger à nouveau.
Je réprime mes paroles cinglantes au dernier moment. Juste pour lui prouver qu'il a tort, je me fais le serment d'être irréprochable pendant quatre mois. Histoire de lui montrer que je ne suis pas une bonne à rien, comme il le pense depuis des années déjà.
Ma mère tente de l'en dissuader mais si j'ai bien hérité de quelque chose de sa part, c'est son entêtement.
On dirait que j'ai gagné cette manche.
***
En me rendant à ma librairie habituelle, je passe devant mon ancienne résidence. Madame Collins sort à cet instant -sûrement pour aller promener Dandelion- et m'aperçoit à travers la vitre de ma Clio. Elle m'adresse un petit signe de la main par lequel je réponds d'un sourire poli.
Au fond, elle va un peu me manquer. Elle, sa comédie habituelle, et même son stupide chien à la con.
Une fois devant le petit magasin, je verrouille ma voiture puis pousse la porte rouge que j'ai déjà franchi des milliers de fois auparavant. Stacy, la gérante, me salue avec un enthousiasme que je lui rends. Elle me voit déambuler ici presque toutes les semaines depuis deux ans. Si j'avais un don pour les relations humaines, nous serions peut-être devenues les meilleures amies du monde.
J'arpente les allées, sans idée fixe de nouveau roman à acheter.
Quand je dis que je lis beaucoup, les gens s'attendent toujours à de grands ouvrages, alors que je n'ai jamais lu ce que l'on pourrait qualifier de « classique ». Je me cramponne à de la romance, un peu de fantastique et quelques livres de poésie moderne.
À moins que "La ferme des Animaux" de George Orwell compte comme tel.
J'ai toujours voulu un cochon nain. Du moins, avant de lire cette histoire. Si je me fie au dénouement final, cette bête serait assez intelligente pour me réduire en esclavage.
Et je pense que mon peuple a déjà souffert par le passé.
J'attrape un John Green sur l'étagère. Je m'étais fixée comme objectif de tous les lire et il ne m'en manque qu'un à dévorer. Pourtant, ce n'est pas celui-là que j'ai saisi. Je m'accroche à l'un des premiers que j'ai découvert. Celui qui m'a fait fantasmer à propos de devenir une femme irrésistible malgré elle et aussi insaisissable qu'un nuage dans le ciel -autant dire que j'ai lamentablement échoué-.
"Qui es-tu Alaska ?"
Tandis que je retourne l'œuvre, mon téléphone sonne. Je lis le nom de Diego en fronçant les sourcils. Depuis hier soir, nous avons échangé quelques textos comme si de rien n'était. Son coup de fil, même s'il est impromptu, tombe à pic. Je pourrai lui dire que nous avons réussi à entourlouper mon père.
— Devine qui est parvenue à convaincre mes parents grâce à sa fabuleuse qualité de négociation ! m'exclamé-je d'entrée.
— Je ne suis pas habitué à ce que tu me fasses tant de compliments, mais je les reçois avec beaucoup de plaisir, merci, déclare mon meilleur ami.
J'arrive à imaginer la forme de son sourire moqueur ainsi que l'éclat de malice dans ses yeux bleus.
— Je parlais de moi, idiot, dis-je en tentant de masquer mon rire.
— Félicitations alors ! Même si je soutiens toujours que tu n'aurais jamais pu le faire sans ma formidable intervention.
C'est vrai. Cependant, je préfère bouffer mes cheveux que le lui dire.
— Du coup, j'imagine qu'après une telle victoire, tu as dû très bien dormir hier soir, continue Diego.
— Non, je ne leur en ai parlé que ce matin, avoué-je. J'étais trop bourrée pour risquer de le faire en rentrant.
Et perturbée à cause du foutu goût addictif de ses baisers.
— Et toi ? je poursuis. Tu es bien rentré, j'espère ?
Nous sommes tous les deux conscients de jouer un rôle. Le premier qui mentionne les événements de la veille a perdu.
— Oh, je ne suis pas rentré directement, il semble hésiter. Je suis sorti avec Morgane. La serveuse.
Merci bien, je m'en rappelle parfaitement. Je ravale ma grimace et l'interroge d'une voix innocente.
— Super ! Vous avez fait quoi ?
— Je l'ai emmenée dans un drive in pour aller voir une rediffusion de "La Colline a des yeux", m'informe Diego. Elle a été surprise que je la rappelle vraiment et aussi vite.
— Le film était bien ? je lui demande tout en lisant le résumé du livre que je tiens dans la main.
— J'en sais rien, elle a commencé à me tailler une pipe dès les premières minutes et après la suite s'est enchaînée très vite. Bref, on s'est envoyés en l'air pendant tout le reste du film.
Je manque de faire tomber mon téléphone au sol.
— Vous avez baisé pendant une heure et demie ? m'étranglé-je.
— Pas non-stop mais elle a un sacré cardio, je pense que je vais l'appeler très souvent.
Son rire me fait l'effet d'une gifle. Je l'ai embrassé hier soir. Et il s'est empressé d'aller coucher avec une autre fille. Pendant plus d'une putain d'heure.
Je m'en fiche.
— Est-ce que tu as fait ça pour.., je cherche mes mots, regrettant déjà d'avoir commencé cette phrase. Enfin, parce qu'après que...
— Que quoi ? roucoule Diego. Je pensais qu'il ne s'était rien passé.
Je me renfrogne d'un coup. Je suis vraiment trop bête. Je m'en fous royalement de ses conquêtes, qu'il chope une MST qu'on rigole un peu.
— Tu as raison. Je devrais probablement retourner à mon livre.
J'attends qu'il me dise au revoir, pourtant le jeune homme garde le silence.
— Diego ? dis-je, quelque peu inquiète.
Je crois percevoir un juron de sa part mais il est en espagnol et mon niveau ne me permet pas de comprendre quoi que ce soit prononcé à une telle vitesse.
— Oui, il finit par parler. Oui, je l'ai appelée hier soir parce qu'après que tu m'aies embrassé, j'étais frustré et que j'avais besoin d'évacuer. Malheureusement, je ne connais pas d'autres moyens de le faire.
L'entendre me faire des aveux aussi sincères, constater qu'il laisse tomber son masque de moquerie incessante me coupe le souffle.
— Frustré de quoi au juste ? je chuchote.
— Frustré que nous ne soyons pas allés plus loin, Diego marque une pause. J'avais vraiment envie de toi, Ivy...
Putain. Putain. Putain mais merde. Qu'il arrête de parler d'une voix si basse et séduisante.
— Moi aussi, j'avais vraiment envie de toi.., avoué-je malgré moi. Par ailleurs, tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas une bonne idée. Tu ne fais que t'amuser et moi je ne suis pas très joueuse.., je déglutis. Diego, tu es mon meilleur ami, je t'aime de tout mon cœur et je ne voudrais pas avoir à te détester parce que tu m'as encore fait du mal. Je perdrai vraiment l'une des personnes les plus chères pour moi.
Lorsqu'il me répond, je peux entendre le sourire dans sa voix.
— Tu as raison. Toi aussi, je t'aime beaucoup, susurre Diego. On se revoit bientôt ?
— Bien sûr, assuré-je d'un ton doux.
Après quoi, je raccroche, le cœur bien plus léger qu'au moment de mon réveil. Au moins, ça s'est réglé. Tout va parfaitement bien avec Diego. Les choses ne changeront jamais entre nous.
Finalement, je me retrouve à acheter un livre de Christina Lauren, "L'anti-lune de miel".
Je grimpe dans ma voiture, contente de mon nouveau précieux puis conduis jusqu'à la pizzeria la plus proche. Mon service commence dans trente minutes -je prends celui de l'après-midi aujourd'hui- et il est hors de question que je fasse le plaisir à Solveig d'arriver en retard.
L'obtention de ma pizza chèvre-miel me fait perdre au moins la moitié de ces trente minutes et je bombarde jusqu'à mon lieu de travail. Dès que je me gare, je saute hors de ma Clio, attrape mon déjeuner puis file par la porte arrière de service.
— À deux minutes près, Solveig regarde sa montre avant de relever les yeux vers moi en souriant. Je suis très impressionnée. Tu viens de me faire louper cinq dollars à nouveau !
Je dépose ma pizza sur l'une des tables et en fais de même avec mon sac.
— Vous pariez vraiment tous les jours où je suis sensée venir travailler ? lancé-je, hésitant entre l'amusement et l'indignation.
La rousse hausse les épaules. Elle s'apprête à s'en aller. Elle assurait le service du matin.
— Tous les gagnants ont tenté leur chance, Sativa.
Son sourire amusé m'arrache un rire tandis que je pioche ma première part.
— Moi je pense surtout que Cody cherche une excuse pour te parler !
— Bien sûr que non, elle rougit légèrement. Je ne sais pas pourquoi tu t'évertues à croire que tous les garçons désirent me séduire. Je pense que tu me surestimes beaucoup trop.
Bien sûr que non, mais ne dit-on pas que les vraies jolies filles ne sont jamais conscientes de leur beauté ?
La sienne attire tous les regards, filles comme garçons. Solveig est gravitationnelle. Un vrai petit soleil.
Lorsque Diego l'a vu pour la première fois, j'ai eu droit à un monologue de deux heures sur elle. Et c'est la première fille qu'il a mentionné plus de deux fois. Certainement parce que c'est la seule qu'il n'a pas encore pu attraper.
Je dis bien « encore » car je sais qu'il en serait capable. Je considère beaucoup Solveig, toutefois, je ne suis pas dupe. Il lui a plu à l'instant où il est entré dans ce bar pour venir me chercher. Mais j'imagine qu'elle n'a pas l'habitude d'être attiré par un garçon. Généralement, c'est toujours eux qui tombent les premiers.
Diego est très fort pour repérer ce genre de choses. Alors, il fait mine de l'ignorer à chaque fois. Il lui lâche quelques sourires de temps à autre, histoire d'entretenir la flamme. Mais il a compris que pour réellement capter son attention, il doit être différent des autres. Il doit être celui qui semble ne pas la vouloir.
Ce type est diabolique et il utilise son intelligence de la pire des façons. J'ai essayé de prévenir Solveig, pourtant, elle assure qu'elle ne se souvient même plus de qui est mon meilleur ami.
Alors aujourd'hui encore, je décide de lui conter ses nouvelles frasques. Histoire qu'elle en soit dégoûtée.
Ce petit connard peut avoir toutes les nanas qu'il veut mais je refuse qu'il fasse du mal à l'une de mes seules amies.
— Est-ce que parmi tous tes admirateurs, tu n'aurais pas un prétendant afin de remplacer mon actuel meilleur ami ? je demande, l'air de rien.
À la mention de Diego, la carte de bus que venait de saisir la jeune femme lui échappe des mains. Elle s'abaisse pour la récupérer, tentant tant bien que mal de cacher sa réaction.
— Pourquoi ? bafouille presque Solveig. Je trouve que vous formez déjà un duo parfait !
Je reprends une nouvelle part de ma chèvre-miel. Je n'aime pas trop jouer ce petit rôle avec elle, toutefois, je le fais pour son bien. Et Solveig est naïve.
— Il m'a raconté son escapade d'hier soir avec sa nouvelle conquête, je grimace afin de rendre ma comédie plus convaincante -bien que le dégoût que je ressens vis-à-vis de cette situation est authentique-. Supporter ses frasques devient de plus en plus dur. Je crois que j'ai besoin d'un meilleur ami calme, respectueux des femmes et qui ne me rapporterait pas chacune de ses expériences sexuelles en détail. Est-ce que tu aurais ça en stock, tu crois ?
Mon regard faussement implorant glisse vers Solveig. Son teint est plus pâle que quelques minutes auparavant.
Je m'en veux. Beaucoup beaucoup, je le jure. Pour une fois qu'elle s'intéresse vraiment à un mec, il a fallu que ce soit à cet intenable enfoiré.
J'évite cependant de lui décrire la partie de la nuit où Diego et moi nous sommes embrassés. Partie qui, d'ailleurs, d'un commun accord est à rayer de ma mémoire.
Mon amie masque l'impact que mes mots ont sur elle, toutefois, elle n'est pas aussi forte que moi à ce jeu alors je reconnais sans mal son tic nerveux.
Solveig se mord toujours la lèvre inférieure deux fois lorsque quelque chose la contrarie, l'effraie ou dans ce cas, lui fait de la peine.
— Non désolée, la rousse se force à rire. Tu devras continuer de supporter Diego pendant un temps encore ! Bon, je t'aime beaucoup ma Sativa d'amour mais mon chat m'attend pour le déjeuner.
Ma collègue m'embrasse les deux joues puis file. J'engouffre une nouvelle part de pizza dans ma bouche, histoire d'étouffer ma culpabilité grandissante.
Je le fais pour elle. Elle souffrirait bien plus si elle s'imaginait pouvoir construire une vraie histoire avec ce gros con.
Une fois que j'ai englouti toute ma chèvre-miel, je me dirige vers mon casier et prends le tee-shirt du bar.
Parfois, je me demande comment j'ai fait pour avoir ce job. Avec un prénom comme le mien et le peu de qualification que j'avais au moment où j'ai postulé, mon employeur avait de quoi grimacer devant mon dossier.
Puis, je me rappelle que porter le nom d'un des meilleurs médecin de la ville, voire de l'état a peut-être joué en ma faveur. Encore une chose que je lui dois et qui prouve que sans lui, je ne suis bonne à rien.
La première semaine, j'ai eu envie de démissionner, parce que je me sentais coupable d'avoir eu un filon -et parce que sincèrement, je déteste faire la plonge- mais je me suis souvenue que je vivais grâce à l'aide financière de mes parents et que si je souhaitais enfin prendre mon indépendance, je devais avoir des revenus.
Au moment où j'arrive derrière le comptoir, je croise tout de suite le regard de Sarah. Comme d'habitude, elle est accompagnée de Tina, sa brune assignée. Elles aussi prennent toujours la même chose, c'est pourquoi, je m'affaire à préparer leurs deux cocktails en souriant.
Ma victoire de ce matin face à mes parents me pousse même à siffloter. J'espère sincèrement que je ne le regretterai pas.
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