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Avec les croques-monsieur, les quatre donuts et le Thermos de café que j'ai chargés dans ma voiture en partant ce matin, j'ai l'impression d'aller rendre visite à ma grand-mère exilée en EHPAD.

Pourtant, je suis sur la route en direction de la maison des Valdez. Je connais mon meilleur ami et je redoute qu'il ne meurt de malnutrition. Vu son état, il serait capable de ne pas s'alimenter parce qu'il n'en a pas envie ou parce qu'il souhaite punir ses parents d'une manière ou d'une autre.

Cet idiot serait assez fou -et toxique- pour s'envoyer à l'hôpital, histoire de faire culpabiliser ses vieux et de retourner la situation une fois de plus.

Malheureusement pour lui, je l'aime beaucoup trop pour le laisser en arriver là.

— Vous avez échangé vos numéros ? je demande à Sol. Ou est-ce que vous avez juste échangé de la salive ?

Mon téléphone est connecté sur le Bluetooth de la voiture et je bassine Solveig depuis à peu près cinq minutes sur sa rencontre avec Sasha. J'aurais adoré qu'elle soit en face de moi, juste pour m'amuser de la voir rougir de gêne.

Pour ma part, je me suis bien gardée de lui dire que j'ai croisé Angel hier soir. Ce sombre connard n'était pas là lorsque je suis partie ce matin.

Tant mieux, si vous voulez mon avis.

Ses comportements me perturbent beaucoup plus qu'ils ne le devraient. Je n'arrive pas à comprendre comment il peut passer du type le plus désintéressé du monde à un imbécile qui me vanne explicitement sur le fait qu'il m'ait déjà eue dans son lit. À vrai dire, ça m'effraie un peu car j'ai l'impression de ne rien savoir de lui. Il parvient toujours à démonter les idées que je me fais à son sujet.

Au final, la même question subsiste toujours: qui est Angel De Los Santos ?

— Il m'a donné son numéro, oui, répond mon amie. Je suis censée le voir demain. Dans un petit café.

Je m'arrête au feu rouge en gloussant.

— Il te plaît ?

Un court silence suit ma question, si bien que je vérifie si l'appel ne s'est pas coupé. Finalement, Solveig finit par parler.

— C'est un très beau garçon. Et il embrasse super bien, elle se racle la gorge. Mais il est encore trop tôt pour que je sache s'il me plaît. Pour être honnête, les mecs comme Sasha ne sont pas ceux que tu imagines en tant que petits amis...

Je redémarre puis fronce les sourcils.

— Alors quoi ? je m'enquiers. Tu le veux comme plan cul ? Je ne savais pas que c'était ton genre de faire ça !

Même si je tente de rigoler à la fin de ma phrase, Sol soupire une fois de plus. Au final, je ne sais rien d'elle non plus. Ou alors, je ne la vois qu'à moitié.

Une boule se loge dans ma gorge lorsque je réalise que je ne devine même pas entièrement les gens que je fréquente le plus. C'est une sensation très proche du vide de la solitude.

— Sativa, je sais que tu n'es pas ravie de l'entendre mais.., la voix de mon amie me sort de mes pensées, je ressens bien trop de choses pour Diego. Si tu ne m'avais pas en quelque sorte interdit de lui rendre visite, j'aurais mille fois préféré rester à son chevet plutôt qu'aller voir qui que ce soit d'autre.

Je fais de mon mieux pour ne pas m'esclaffer. Les gens qui arrivent à assumer leurs sentiments de cette manière me fascineront toujours.

— Je suis en chemin vers chez lui, confié-je tout bas. Je te raconterai ensuite. Ne t'en fais pas, Sol. Diego est un sacré imbécile mais il ira bien. Je te le promets.

Elle me remercie faiblement et je raccroche au moment où je passe le portail de l'immense maison des Valdez. Comme je m'en doutais, il ne reste que la voiture de Diego, signe que ses parents ne sont pas présents.

Après m'être garée, je me démène pour sortir toute la nourriture que j'ai ramenée. Je suis obligée de me battre avec la porte afin de réussir à l'ouvrir. La voix de Bad Bunny m'agresse immédiatement.

L'enculé qui me sert de meilleur ami a affirmé qu'il prendrait ma JBL si je venais à mourir, pourtant, la sienne me permet d'entendre sa musique depuis l'entrée.

Je ne l'ai pas averti de ma venue. À vrai dire, je l'ai fait exprès, histoire qu'il ne puisse pas penser à cacher tout ce qu'il aurait pu faire de mauvais.

Par exemple, s'il savait que je venais, je ne l'aurais pas trouvé sur la terrasse, une cigarette à la main, en train de chanter les paroles de Tití Me Preguntó.

Avec une vivacité qui m'étonne moi-même, je dépose mes plats sur la table et fonce vers lui. Diego sursaute à cause du fracas qu'engendre mon geste puis s'esclaffe lorsque j'arrache la clope de sa main. Avant qu'il ne puisse penser à me tuer, j'écrase son mégot dans le cendrier puis le fusille du regard.

— Henson, putain ! il se lève d'un bond. Je suis ravi que tu sois ici. Je dois te dire quelque chose !

— Je confirme ! craché-je, énervée. Tu dois me dire où est-ce que tu as trouvé ce paquet de cigarettes. Je pensais que tes parents les avaient tous jetés !

Diego secoue la tête avant de poser ses mains sur mes épaules. Je fronce les sourcils et pense à me dégager. Cependant, son expression sérieuse me fige sur place.

— Qu'est-ce qui s'est passé, Valdez..? ma voix a perdu toute sa vivacité.

Ses yeux bleus me transpercent de toutes parts. J'ai beau le traiter de tous les noms, je ne veux pas qu'il lui arrive quoique ce soit.

Je ressens exactement la même chose que Solveig. Ce type pourrait être tellement plus que ce qu'il s'efforce à devenir. Il est merveilleux, si intelligent que c'en est énervant et capable d'une telle bonté que le voir se ruiner de la sorte est douloureux.

— Morgane m'a appelé, commence-t-il doucement. Elle avait quelques doutes...

Je crois que j'ai presque arrêté de respirer. Son regard dévie sur la gauche, comme s'il trouvait soudainement mes iris insoutenables.

— Doutes à propos de..? hésité-je.

Je ne suis pas sûre de vouloir savoir. J'espère que ce n'est pas ce que je crois. Diego inspire un grand coup.

— J'ai merdé. Je l'ai foutue en cloque.

Sur le coup, je ne dis rien. Le poids de ses mains sur mes épaules semble se renforcer. Mes yeux se baladent sur les traits de son visage, admirent cette beauté cruelle puis remontent aux siens.

— Quoi ?

C'est le seul mot que je parviens à extraire de ma gorge. Mon meilleur ami se mord la lèvre inférieure.

— Morgane, la serveuse, il détache chaque mot. Je crois que le jour où je me suis fait arrêter en retournant de chez elle, nous ne nous étions pas protégés.

Mon cerveau se remet enfin en marche. Je le pousse sans réfléchir. Surpris, il recule de plusieurs pas, déséquilibré.

— Tu te fiches de moi, Valdez ?! mon ton est monté de plusieurs octaves. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? Est-ce que tu te rends compte de ce que ça veut dire de mettre une meuf en cloque ? je suis obligée de reprendre mon souffle. Tu es.., tu es complètement fou ! Tu...

Son rire me fait l'effet d'une gifle. Je suspends ma phrase et le dévisage de haut en bas.

Il est taré. Il n'y a plus de doutes possibles. Ce type est taré.

— Putain, Ivy, si tu avais vu ta tête ! Diego se frotte les yeux en ricanant. Depuis le temps, tu devrais savoir que je ne suis pas novice au point d'oublier de mettre une capote.

J'ouvre la bouche, dans l'espoir de dire quelque chose mais rien ne me vient. Mon regard tombe sur le paquet de cigarettes posé sur la table.

Je plisse les yeux quand mon meilleur ami suit mes pupilles et sourit innocemment.

Il m'a menti pour faire diversion. Il voulait me détourner du sujet initial. Quel malade, celui-là !

Nous empoignons le paquet au même moment et relevons les yeux pour nous affronter du regard.

— Lâche ces clopes, Valdez, grincé-je.

Sa prise ne fait que se raffermir sur le paquet. J'en fais de même, tout en soutenant ses iris bleus.

— Je t'aime, Ivy, tu le sais ça ?

Sa voix basse et son ton langoureux cherchent à me déstabiliser. De plus, devoir le regarder en face alors qu'il prononce ces mots est un véritable défi. Il est conscient d'à quel point ils sont précieux pour moi.

Je sens mes doigts faiblir durant une demi-seconde mais me reprends immédiatement.

— Tu as pris la voiture, n'est-ce pas ? je demande, sans lâcher les cigarettes.

Diego lève les yeux au ciel puis tire le paquet vers lui. Même si je suis déséquilibrée, je réussis à ne pas le laisser m'échapper. À la place, je me cogne contre le torse du jeune homme. Ce dernier s'abaisse près de mon oreille.

— Oui, j'ai trouvé l'endroit où mes parents avaient caché mes clés de voiture et je l'ai prise pour aller à l'épicerie, susurre-t-il. Si je suis complètement honnête avec toi, j'ai failli aller voir mon dealer. Malheureusement, il habite trop loin et je n'ai pas envie de me faire arrêter pour de bon.

Je frissonne malgré moi puis m'écarte à la hâte. Dans ma précipitation, je perds la manche. Un rictus narquois fend l'expression de Diego lorsqu'il voit le paquet de cigarettes dans sa main. Il se renforce davantage à l'instant où il constate mon air perturbé.

— Qu'est-ce qui cloche chez toi ?

Cette question m'échappe et me surprend autant que mon meilleur ami. Pour le coup, il pourrait très mal le prendre. La grimace qui s'est naturellement peinte sur mon visage est presque blessante.

Mais c'est plus fort que moi.

L'homme qui me fait face est un imbécile paumé qui foutrait la moitié de sa vie en l'air pour un peu de fumée. Il mérite tellement mieux...

— Ce qui clochait, c'est que je n'avais pas de clopes. Maintenant, tout va très bien !

Quand il me gratifie d'un nouveau sourire narquois, je fonce dans la cuisine. En dépit de ses appels, je ne me retourne pas et empoigne les clés de la BMW, abandonnées sur la table du salon. Sa seule erreur a été de les laisser ici.

Diego hausse les sourcils en me voyant les glisser dans ma poche.

— Qu'est-ce que tu penses faire, Henson ? gronde-t-il en remontant à mon niveau.

J'esquive sa prise puis croise les bras sur ma poitrine.

— Tu es incapable de te tenir ! je secoue la tête. Je pars avec tes clés, comme ça tu ne seras plus jamais tenté de violer ton interdiction de conduite !

Le visage de mon meilleur ami devient livide. Il tente à nouveau de m'attraper afin de récupérer ses clés mais je l'évite encore.

Les yeux bleus de Diego ne lâchent pas mon visage. Il avance vers moi tandis que je recule.

— Tu ne me ferais pas du mal pour des putain de clés, n'est-ce pas ? ricané-je froidement malgré ma crainte grandissante.

— Comment réagirait ton formidable petit copain s'il apprenait ce que tu as fait au Mexique ? le jeune homme tend la main vers moi. Je suis certain que tu ne lui as pas non plus dit ce que tu as trafiqué avec moi. Donne-moi les clés et je ne dirais rien.

Je rigole, choquée.

C'est la deuxième personne en moins de vingt-quatre heures qui remet en question mon couple. Quel record, dis donc !

Il me menace pour une telle connerie ? Qui est ce putain de connard ? Ce n'est certainement pas le Diego que j'aime depuis des années.

Il a besoin d'aide.

Toutefois, pour l'instant, il a surtout besoin qu'on lui remette les idées en place.

— Oh vraiment ? je ricane. Tu veux rentrer sur ce terrain avec moi ? Tu penses que tes parents te laisseront partir un jour s'ils apprennent le nombre de nanas que tu te tapes et le nombre de rails de coke et d'autres merdes que tu t'enfilais en soirée ?

Le jeune homme plisse les yeux. Nous ressemblons à deux prédateurs, prêts à se bondir dessus à tout moment. Je l'évite une fois de plus lorsqu'il se rue dans ma direction.

Frustré, il s'ébouriffe les cheveux.

— Si tu me rends visite pour me casser les couilles, tu ferais mieux de rester chez toi ! crie-t-il presque.

Alors là, je rêve. Sans réfléchir, je remonte à son niveau puis lui attrape le poignet. À cause de la surprise, mon meilleur ami ne parvient pas à se défaire de ma prise.

Je le force à s'assoir autour de la table et le repousse sur la chaise au moment où il essaie de se relever.

— Diego Eduardo Aaron Valdez, m'écrié-je, tu vas fermer ta sale petite gueule d'ingrat, arrêter d'agir comme un vieux salopard et avaler toute la bouffe que je me suis tuée à ramener !

Je pose la boîte de donuts devant lui, en empoigne un avant de le présenter devant ses lèvres. D'abord, il reste abasourdi face à une telle autorité -mon charisme est assez déstabilisant, je conçois-, puis un sourire dangereux s'épanouit sur son visage.

— Tu te rappelles de l'époque où c'est moi qui te disais ça ? Diego trouve le moyen de lever les yeux vers moi. D'avaler...

Je m'étouffe avec ma salive tandis qu'il croque dans le donut. L'instant d'après, cet envoyé des ténèbres récupère la pâtisserie dans ma main puis m'attire à lui. Je bascule en avant, obligée de me rattraper à lui, et me retrouve assise sur ses cuisses.

Cette situation n'a aucun sens. Ses émotions chavirent à toute vitesse.

— Diego, ma voix déraille sans mon consentement, putain qu'est-ce que tu...

Le reste des mots meurt dans ma gorge quand il glisse ses doigts derrière ma nuque et me rapproche de son visage. Ses yeux bleus pétillent de malice -et d'autre chose de bien plus nocif- car il est conscient que mon corps réagira toujours à ses touchers.

— Le fait d'être séquestré ici m'empêche non seulement de fumer mais aussi de m'envoyer en l'air avec qui que ce soit, susurre Diego. Tu te rappelles de ce que je t'ai dit lorsque tu étais au Mexique ? Que je préférais mille fois coucher avec toi qu'avec toutes ces filles, il se penche encore un peu plus près de mes lèvres. T'avoir devant moi est un véritable supplice, Ivy...

Je pense à me relever. Je devrais me relever. Mais sa main qui descend sur ma taille me fige sur place.

Je détourne les yeux de son regard bleu.

Pourquoi est-ce si dur de lui résister ? J'ai l'impression que des résidus d'amour resteront toujours accrochés à mon cœur et qu'il n'aura qu'à fouiller un peu pour les déterrer.

Je ne suis plus assez naïve pour croire ses belles paroles, cependant, je suis encore assez faible pour peiner à le repousser.

— Tu sais très bien que je suis en couple, Valdez.., murmuré-je d'une voix mal assurée.

Il lève les yeux au ciel tandis que ses doigts me caressent la nuque.

Ce qui se passe est aberrant. Pour l'amour du ciel, Henson, relève-toi !

Faire ça à Solveig et à Logan est inadmissible. Et Diego n'est qu'un connard, lui céder maintenant serait encore lui prouver qu'il a une emprise énorme sur moi.

— Je pourrais parier qu'il ne t'a toujours pas touchée, je me trompe ?

Son petit ton sournois me fait frémir. Pour toute réponse, je détourne le regard. Mes jambes sont trop faibles pour que je réussisse à me tenir debout.

— J'ai assez merdé comme ça, assuré-je après quelques secondes de silence. Je suis en couple et je ne peux pas me permettre de tout gâcher !

Diego dépose un baiser sur ma tempe, me faisant sursauter.

— Je pourrais être vexé, Ivy.., rit-il. Je n'ai jamais laissé l'une de mes copines se mettre entre nous.

Je m'écarte à la hâte afin de scruter son visage.

— Qu'est-ce que tu racontes ? je demande, bien plus agressivement que prévu.

Mon meilleur ami ricane à nouveau et j'enlève sa main de sur ma nuque dans un geste rageur.

— Quand nous étions au lycée, commence Diego, durant notre voyage en Grèce. Je t'ai dit que j'avais rompu avec Candace. Ce n'était pas vrai. J'avais effectivement prévu de la larguer mais elle était encore convaincue que nous filions le parfait amour.

Cette fois-ci, je trouve la force de me mettre debout. Je le regarde sous toutes ses coutures, bouche bée. Il se contente de lever les bras au ciel comme un condamné.

Candace est l'une des rares filles avec qui il est officiellement sorti. Ça a duré toute la dernière année du lycée -un record si vous voulez mon avis-. Pour appuyer le cliché, c'était le genre de fille populaire, capitaine de l'équipe des cheerleaders, celle que tous les mecs voulaient se faire.

Bizarrement, elle n'avait rien d'une garce. Elle était complètement folle de Diego et je pense qu'il l'appréciait bien plus que les autres parce qu'il ne l'a trompée qu'une fois.

Oui, dit comme ça, c'est horrible mais sur un an de relation, c'est un miracle !

Bien sûr, elle lui a pardonné son « égarement » et je croyais qu'ils avaient vécu une véritable idylle jusqu'à la fin du lycée. Avant les fameuses vacances où il m'a volé ma virginité.

Pourtant, il m'avoue après plus de cinq ans qu'il était toujours en couple au moment où il m'a bassinée afin d'obtenir ce qu'il souhaitait de moi. Il m'avoue qu'en plus, il m'a menti depuis le début en affirmant être célibataire car il prévoyait déjà de m'avoir dans ses filets à l'instant où nous sommes montés dans l'avion.

— Non seulement, tu m'as ignorée après cette histoire mais en plus j'apprends que tu m'as menti ? je me triture les doigts pour les empêcher de trembler. Tu n'es qu'un putain de mythomane ! Tu devrais consulter, je pense qu'à ce stade, ça tient de la pathologie !

Je crois halluciner à l'instant où je le vois rire. Diego dodeline de la tête.

— Oh, ne fais pas comme si tu te souciais réellement que je sois en couple ou non, il appuie ses coudes sur ses genoux puis se penche en avant. Même si tu l'avais su, tu m'aurais quand même offert ta virginité sur un plateau d'argent. Parce que tu étais exactement comme Candace, ses yeux bleus s'accrochent aux miens. Folle de moi.

Je secoue la tête. Je ne peux pas rester ici. Lorsqu'il est dans cet état, il pourrait tout gâcher. Il pourrait me forcer à le détester. Je ne veux pas le détester. Je dois m'en aller.

— Il y a du café dans le Thermos et des crocs-monsieur dans la boîte rouge, débité-je. Je reviendrai chercher mes plats dans deux jours. Tu as intérêt à les manger. Et j'embarque tes clés de voiture avec moi. Savoure ce paquet de clopes car tu n'en auras plus d'autres.

Diego bondit sur ses pieds. Toutefois, il est trop lent. Je suis déjà près de la sortie. Je l'entends m'appeler plusieurs fois mais claque la porte d'entrée sans me retourner. Je sors mes propres clés de voiture, tout en vérifiant que celles de mon meilleur amie sont toujours là, puis m'engouffre dans mon véhicule.

Il sort sur le palier au moment où j'allume le moteur. En le voyant courir vers ma caisse, je comprends qu'il est prêt à ouvrir la portière de force afin de récupérer ce que je lui ai confisqué.

C'est pourquoi, je démarre sans tarder. Dans mon rétroviseur intérieur, je vois la silhouette de Diego devenir de plus en plus petite à mesure que je m'éloigne.

Je conduis machinalement, prise au piège dans une bulle de pensées sinistres. J'espère qu'il n'appellera personne pour venir le chercher. Ses parents rentreront sûrement cet après-midi.

J'aurais dû rester avec lui. Supporter ses railleries. Je sais qu'il ne les pense pas. Il souhaitait me pousser à bout pour que je lui foute la paix. Ce que j'ai fini par faire parce que je suis une horrible amie qui ne sait pas accepter les vérités dont elle a honte.

"J'imagine que tu comptes m'ignorer pendant une semaine de plus et faire comme s'il ne s'était rien passé. Parce que tu es une lâche, Sativa."

Je tape sur le volant, gagnée par une vague de colère. Envers Diego, envers Angel, envers moi-même.

Les choses vont s'arranger. Je ne peux pas raconter ça à Solveig, elle risque de se précipiter chez Valdez, convaincue qu'elle pourrait le sauver.

Je vais arranger les choses. Tout ira bien. De toute façon, il faut que ça aille.

Je suis Sativa Henson. Tout va toujours bien.

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