45/




C'est la première fois que j'hésite devant la porte de la maison des Valdez. Il n'y a qu'une seule voiture sur leur pelouse impeccable et une seule personne susceptible de se garer à cet endroit au lieu de privilégier l'immense garage prévu à cet effet.

Les parents de mon meilleur ami ne sont donc pas là. Et c'est tant mieux car je n'ai prévenu personne de ma venue.

Lorsque je me résigne enfin à entrer, je suis surprise de trouver la maison plongée dans le noir. Instinctivement, je jette un coup d'œil à ma montre.

Il n'est que dix heures du matin, ce gros débile doit sûrement dormir.

Confortée par cette idée, je gravis les marches de l'escalier.

Mes pensées divaguent vers la suite de ma journée. Je dois retrouver Logan vers midi. Il tient à m'emmener dans un restaurant qu'il affectionne tout particulièrement.

Je suis revenue depuis une semaine et nous avons déjà fait tout un tas de choses, comme aller à la fête foraine, au cinéma, je l'ai aussi traîné dans ma bibliothèque préférée et hier, j'étais chez lui.

Il ne s'est étrangement rien passé. À part quelques baisers fougueux, nous n'avons rien entrepris de plus « intime ». Cet homme est un joyau, il a préféré m'interroger sur mes études, sur ma relation avec mes parents. À l'instant où la discussion a dévié vers mon colocataire, j'ai esquivé le sujet avec grâce.

Depuis que nous sommes retournés aux États-Unis, Angel et moi n'avons pas échangé un seul mot. Nous faisons tout pour nous éviter dans l'appartement et les rares fois où nous n'y parvenons pas, nous feignons de ne pas nous voir.

Je crois que c'est moi qui ai instauré cette ambiance, toutefois, il s'y est plié sans difficulté.

Tant mieux.

Je suis obligée de revenir à la réalité quand j'atteins la dernière marche. Des bruits venants de la chambre de Diego troublent le lourd silence qui emplit la maison.

Putain, quelle idée de se pointer chez lui sans prévenir. Le connaissant, il pourrait parfaitement être en compagnie d'une énième nana et je n'ai certainement pas envie de le surprendre avec elle.

La fois avec Solveig a amplement suffi pour des millénaires d'existence.

J'hésite une seconde devant l'entrée de sa chambre.

Et puis merde.

La première chose que je remarque, c'est à quel point la pièce est elle-aussi plongée dans la pénombre. En dépit du magnifique temps dehors, la fenêtre est fermée.

Je m'attends à trouver le corps de mon meilleur ami affalé sur le lit, pourtant, mes yeux ne tombent que sur le désordre qui sévit dans la chambre. Des papiers, des boîtes, des vêtements, un tas de trucs traînent au sol. Ce n'est qu'après que je vois Diego.

Il me donne dos et fouille activement dans l'un des tiroirs de l'armoire. Je suis sur le point de lui demander des explications mais sa voix me devance.

— Salut, Ivy ! lance-t-il sans se retourner. Enfin, du moins j'espère que c'est toi. Dans tous les cas, si tu es un psychopathe venu pour me tuer, ma dernière volonté est de te demander si tu n'aurais pas une clope.

Je fronce les sourcils avant de m'aventurer dans la pièce. Je suis obligée de slalomer entre les objets qui jonchent le sol. Diego n'est pas la personne la plus organisée du monde, toutefois, il n'a jamais été aussi bordélique.

— Non, je ne suis pas un psychopathe venu pour te tuer, j'affirme en essayant d'atteindre son niveau. Et non, je n'ai pas de clopes. Est-ce que tu peux m'expliquer tout ce bazar ? Et est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi tu n'as pas donné de tes nouvelles à Solveig depuis cinq jours ? Elle frôle la tachycardie là !

Je sursaute au moment où il jette une lourde boîte devant moi. Comme il ne me regarde pas, il ne se rend pas compte d'à quel point son geste aurait pu me blesser. Après quoi, Diego jure en espagnol, toujours dos à moi.

— Est-ce qu'on est censés se parler tous les jours dans un couple ? demande-t-il. Je n'ai aucune idée de comment fonctionne toutes ces conneries.

Je fixe à nouveau mon regard sur lui, abandonnant l'analyse de la boîte qui a failli m'ôter la vie -ou au moins, les orteils-.

— Tu es en couple avec Solveig ?! je m'étrangle presque.

— Est-ce qu'elle t'a dit qu'on était en couple ?

— Non ! Elle m'a juste dit que tu n'avais pas répondu à ses messages et qu'elle s'inquiétait.

Diego prend un moment à me répondre. Pour cause, il s'est maintenant attelé à fouiller un autre tiroir.

— Tant mieux alors, finit-il par dire. Parce que si on sortait ensemble, je doute qu'elle apprécierait ce que je trafique avec Morgane.

Morgane. La serveuse.

C'est quoi ce putain de délire ?

Gagnée par un mélange de colère et d'incompréhension, je franchis les derniers pas qui nous séparent et l'oblige à me faire face. Je suis tout de suite frappée par le bleu qui tapisse sa joue et par sa lèvre inférieure contusionnée.

— Diego, m'écrié-je, qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Il n'est pas du tout du genre à se battre. La seule fois où je l'ai vu en venir aux mains avec quelqu'un, c'était à l'époque du lycée. Personne n'osait trop l'emmerder parce que c'était le genre de type populaire qui pouvait détruire ton statut social et ta réputation en un clin d'œil. La plupart des gens savaient qu'on était proches, alors j'avais moi aussi plus ou moins la paix. Sauf le jour où un type de l'équipe de foot s'est montré légèrement trop insistant lors d'une fête. Il était bourré mais ça n'a pas empêché à Diego de lui foutre une sacrée raclée.

Aujourd'hui, il me gratifie d'un rictus ironique.

— Mon père n'a pas perdu la main depuis sa jeunesse au Mexique, ricane-t-il simplement.

Mon meilleur ami ne me laisse pas le temps d'assimiler ses paroles car il se remet à chercher je-ne-sais-quoi dans le tiroir.

Pour ma part, je suis figée sur place.

La relation entre Diego et Monsieur Valdez n'a rien à voir avec celle entre mon père et moi. Ils s'adorent normalement. Même lorsqu'il a renoncé à sa bourse universitaire, ses parents l'ont soutenu jusqu'au bout, donc qu'il me dise qu'ils en sont tous les deux venus à se battre me sidère.

Et puis, qui se bat avec ses parents, bordel ?

— Ton père t'a frappé au point que tu te retrouves avec cette gueule ? je parviens enfin à parler.

Diego s'est mis à marmonner en espagnol et referme brusquement la porte de l'armoire. La violence de son geste provoque un fracas qui résonne dans toute la chambre. Je sursaute à nouveau tandis qu'il se tourne vers moi. Son expression moqueuse est en totale contradiction avec son attitude.

— Disons que je n'ai pas trop apprécié qu'ils se permettent de me confisquer mon herbe et mes clopes, raille mon meilleur ami. Donc, j'ai tenté de les lui reprendre et après ça a dérapé. Rien de bien méchant, Ivy, il rit. Comme je te l'ai dit, mon père n'a rien perdu de sa jeunesse au pays.

Je me gifle intérieurement pour me forcer à réagir. Cette situation est complètement insensée et le fait qu'il semble plutôt tranquille à propos de tout ceci est encore plus effrayant.

— C'est pour ça que tu ne donnes plus de nouvelles à Sol ? je grimace. Parce que tu n'as plus de quoi fumer et que tu es trop occupé à te battre avec ton père ?

Les mots paraissent lunaires lorsque je les prononce à voix haute.

— Pourquoi est-ce que tu restes ici alors ? je poursuis. Je n'encourage pas du tout ta consommation mais tu n'as qu'à retourner chez toi... J'en sais rien, ça fait combien de temps que tu es chez tes parents ? Une semaine ? Non, deux ? Tu peux...

— Je n'ai plus de permis, Sativa, il m'interrompt. Mes parents m'obligent à rester ici parce que j'ai merdé.

J'ouvre la bouche, dans l'espoir de dire quelque chose mais rien ne me vient. Je me contente de le fixer, ébahie. Diego ricane en constatant ma réaction puis s'assoit mollement sur son lit. Je mets mille ans à le rejoindre, toujours sous le choc.

— Comment ça, tu n'as plus de permis ? chuchoté-je après un long silence. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Mon meilleur ami ricane une fois de plus. De mon côté, je réalise à quel point je suis une imbécile. Solveig m'avait prévenue qu'il n'allait pas bien mais je n'ai pas pris en compte ses paroles parce que j'étais trop occupée à faire n'importe quoi au Mexique.

Je suis une horrible amie.

— Le jour où tu es arrivée au Mexique, j'ai été voir Morgane, commence-t-il doucement. On est allés chez elle. Même si je ne m'en souviens plus très bien, je crois qu'on a consommé un peu n'importe quoi. Ensuite, on a baisé et quand j'ai pris la route au retour, j'étais encore éclaté. Je me suis fait contrôler, conduite sous l'emprise de drogue, retrait de permis pour un an et voilà.

Je suis sur le cul. Si bien que je ne parviens qu'à me prendre la tête entre les mains.

— Tu as vu Solveig après, je parle tout bas. Est-ce qu'elle est au courant ?

— Bien sûr que non, Henson ! s'écrit Diego. Mes parents m'ont séquestré ici juste après cet événement mais ils ont accepté qu'elle me rende visite parce qu'il paraît qu'elle est "adorable", il lève les yeux au ciel. Je lui ai dit que je voulais passer un peu de temps avec mes darons et ensuite, elle s'est mis en tête de s'occuper de moi pour je-ne-sais quelle raison.

— Elle tient à toi, sombre idiot ! ne puis-je m'empêcher de répliquer. C'est pour ça qu'elle s'inquiète. Et on dirait qu'elle fait bien de le faire.

J'ai été sotte. Le jour où je l'ai appelé quand j'étais au Mexique, j'ai remarqué son attitude étrange, pourtant, je n'ai rien fait.

Je suis une horrible amie.

— Je n'ai pas besoin qu'elle s'inquiète pour moi, j'ai déjà une mère ! son haussement soudain de ton me pousse à me redresser. D'ailleurs, cette dernière m'a pris ma putain de beuh et je n'ai rien fumé depuis six putain de jours !

Diego est sur le point de se relever, sûrement pour aller retourner le reste de sa chambre, mais je le retiens par le poignet.

Voilà ce qu'il cherche avec tant de hargne. De quoi fumer.

Je m'amusais de sa toxicomanie et c'était encore une fois stupide. C'est bien plus sérieux que ce que je pensais.

— Tu m'avais dit que tu avais arrêté la poudre et toutes les autres conneries, ma voix tremble et je plante mon regard dans le sien. Tu m'as menti, n'est-ce pas ?

Le jeune homme se dégage de ma prise d'un geste brusque. Il s'ébouriffe frénétiquement les cheveux.

— Ce n'est pas toi qui avais dit que je ne faisais que ça ? crache-t-il. Mentir ?

À nouveau, je ne trouve rien à redire. Mes yeux se baladent dans la pièce sans dessus-dessous jusqu'à retrouver les siens. Ses cernes me font l'effet d'un uppercut.

— Tu ne vas pas bien, Diego.., soufflé-je tandis qu'il s'est remis à fouiller son bureau. Peut-être que tes parents ont eu raison de...

— Non ! son cri me fait trembler. Non, mes vieux sont des enculés. Et toi, tu devrais plutôt t'occuper de ton copain, parce qu'aux dernières nouvelles, tu t'es sacrément bien amusée à le tromper au Mexique !

J'ouvre de grands yeux puis me lève à mon tour. J'évite de justesse le cahier qu'il balance au sol.

— Ce n'est sûrement pas toi qui vas me faire la leçon à propos de la fidélité ! crié-je en retour. Tu as trouvé une fille qui est prête à tout pour toi et tu fais encore n'importe quoi !

Diego dépose violemment le livre qu'il avait entre les mains. Il se rapproche de moi à la vitesse de l'éclair, si bien que je recule de plusieurs pas.

— Je n'en ai rien à carrer de Solveig, hurle-t-il en me pointant du doigt. Je n'en ai rien à carrer de ses inquiétudes et je n'en ai rien à carrer de toutes les autres filles qui sont soi-disant prêtes à tout pour moi. Je veux juste un putain de truc à fumer, bordel de merde. Ce n'est pas compliqué à comprendre !

Il shoote le câble d'ordinateur qui traînait près de son pied puis ébouriffe à nouveau ses boucles noires.

Je suis complètement tétanisée devant cet accès de rage. Ça ne lui ressemble pas. Diego est la personne la plus posée et insouciante du monde. Là, il est en train de vriller.

Je remarque mes bras tremblants mais décide d'en faire abstraction. Après une hésitation, je m'approche doucement de lui et pose mes mains sur ses épaules, mal assurée. Mon meilleur ami sursaute à ce simple contact. Lorsque ses yeux bleus trouvent les miens, j'y perçois tant de détresse que ça me remet un coup dans l'estomac.

— Je suis désolée.., murmuré-je. Je n'aurais pas dû dire ça. Je comprends que tu n'apprécies pas de devoir rester ici. Est-ce que tu veux bien qu'on s'assoit à nouveau pour en discuter calmement ?

En dépit de mes paroles rassurantes, je suis totalement perdue. Ses parents ont agi comme il le fallait, par ailleurs, je n'ai pas envie qu'il s'emporte alors je vais dans son sens. Dans son état normal, Diego aurait compris mes machinations. Peut-être même qu'il est conscient de mes mensonges mais il semble désespérément avoir besoin de moi.

C'est pourquoi, il inspire un grand coup puis acquiesce. Quelques secondes plus tard, nous nous sommes tous les deux installés sur son matelas. Mon meilleur ami a la tête posée sur mes cuisses et je caresse doucement ses cheveux.

— Je crois que je suis accro à toutes ces merdes.., il rigole brièvement. Je crois aussi que mon père va me forcer à aller en désintox. Il pense que je suis un camé et que je vais foirer ma prochaine année dans l'école d'ingénieur qui lui coûte un bras, Diego ramène ses iris aux miens. Je crois qu'il a raison.

Je continue de perdre mes doigts dans ses boucles noires avant de secouer la tête.

— Tu es l'une des personnes les plus intelligentes que je connaisse.., assuré-je tout bas. Et je sais que tu as sacrifié beaucoup de choses pour rentrer là-bas. Tu ne foutrais pas en l'air tes efforts.

Au fond, je ne suis plus sûre de rien. J'ai été aveugle à sa consommation excessive. Je n'ai pas été foutue de l'arrêter. Cacher une ou deux clopes par-ci par-là n'est pas suffisant. Je suis une idiote.

Bonne à rien.

Stupide.

Le jeune homme lève sa main droite devant mon visage. Elle tremble.

— Tu places trop d'espoirs en moi, Ivy.., Diego sourit doucement. Tu l'as toujours fait. La preuve, tu es tombée amoureuse de moi alors que je n'ai toujours été qu'un connard trop sûr de lui. Mon corps entier crie le manque et je t'assure que si quelqu'un me présentait de quoi consommer, n'importe quoi, je foutrais tout en l'air sans réfléchir. Exactement comme avec toi...

Je fais un effort surhumain pour ignorer la boule qui se loge dans ma gorge. Malgré toutes ses taquineries, nous n'avions jamais tout à fait reparlé de l'époque où j'aurais pu mourir pour ses beaux yeux et sa gueule d'ange.

C'est encore trop douloureux. Ça le restera pour l'éternité.

J'entrelace maladroitement nos doigts et les tremblements des siens contre ma peau me donnent envie de pleurer. Diego fixe nos mains avec un petit sourire vague.

— Tu es mon meilleur ami, Valdez.., déclaré-je ensuite. Et même si tu es le pire enfoiré de la Terre, je ne te laisserai pas détruire tout ce pourquoi tu as travaillé, d'accord ? Il faut au moins que l'un de nous ne finisse pas à la rue !

Face à ma tentative de détendre l'atmosphère, il glousse. Ses lèvres se posent délicatement sur l'extérieur de ma main. À l'instant où son regard remonte jusqu'au mien, je reconnais la lueur dangereuse qui y sévit.

En quelques secondes à peine, mon meilleur ami s'est redressé et scrute mon visage avec intérêt, s'attardant sur mes lèvres.

— Tu as quelque chose à faire plus tard ? demande-t-il tout bas.

— Je dois retrouver Logan.., je réponds sur le même ton. Il souhaite m'emmener déjeuner dans un restaurant qu'il adore.

Diego caresse ma joue du bout des doigts et je frémis.

— Ton prince charmant m'a volé mon idée, ricane mon meilleur ami. C'est plutôt marrant parce que c'est après un resto que tu l'as rencontré...

Je comprends à peine ses mots. Mon cerveau n'arrive à se concentrer que sur ses douces caresses sur ma peau.

Nous nous ressemblons beaucoup. Nous ne savons pas gérer nos émotions négatives. Moi, je les noie dans l'alcool et l'humour, et lui, les enterre avec le sexe et la drogue.

Diego va essayer de coucher avec moi pour oublier le reste. Pas parce qu'il en a envie ou autre, mais parce qu'il ne sait pas faire autrement.

Je n'ai pas le droit de laisser cela se faire. Pour bien des raisons, d'ailleurs.

C'est pourquoi, je saisis doucement sa main et l'écarte de ma joue.

— Tu sais très bien que je ne peux pas faire ça, Valdez.., susurré-je.

Mon meilleur ami dodeline de la tête.

— Tu es trop bien pour ce type, Ivy. Il ne saurait pas assumer une femme comme toi. Belle et rigolote.

Belle.

Diego n'est pas quelqu'un de bien. Il ment comme il respire. Il prend plaisir à entourlouper les femmes afin d'obtenir ce qu'il veut. Je l'aime malgré tout parce qu'il représente toute ma vie. Mais je ne peux pas faire ça.

Plus maintenant.

Il est exactement comme Angel. Une putain d'apocalypse.

Je n'ai pas besoin de ça. J'ai besoin de stabilité et d'amour sain. J'ai besoin de Logan. Il parvient à me faire me sentir bien. Peut-être pas aussi impétueuse et libre que dans les bras de mon colocataire ou de mon meilleur ami, cependant, je dois privilégier ce qui est mieux pour moi.

— Diego.., je geins. Je sais que tu ne le penses pas. Aucun de nous n'a besoin de ça actuellement. Ce n'est pas la solution.

"J'espère que tu es consciente que ce n'est pas la solution. La fuite."

Le jeune homme soupire profondément puis se recouche sur mes cuisses.

Tandis que je joue à nouveau dans ses cheveux, je déglutis pour ravaler mes larmes.

Nous sommes deux épaves à la dérive et je ne sais pas si j'aurais les épaules pour nous éviter le naufrage.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top