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Nous mangeons nos pizzas en silence, moi assise sur le lit à le foudroyer du regard et lui avachi sur le fauteuil du petit bureau.
Je n'ai pas oublié le sale coup qu'il m'a fait tout à l'heure-là. Je suis même surprise qu'une idée aussi puérile ait pu traverser son esprit. On dirait qu'à force de se coltiner ma présence, il commence à s'inspirer de mon immaturité.
Le fait qu'il se soit permis de me traiter « d'idiote » alors que c'est lui qui a commencé me reste en travers de la gorge. À vrai dire, comme tout le reste.
Je le déteste.
C'est d'ailleurs pour cette raison que je déporte mon attention sur mon portable au lieu de fixer le grand connard qui me sert de colocataire. En même temps, j'engouffre une nouvelle part dans ma bouche.
Sans surprise, nous n'avons pas été capables de nous mettre d'accord sur la garniture de la pizza, de ce fait, nous avons pris deux moitiés différentes. Chèvre-miel pour moi -on ne change pas une équipe qui gagne- et steak pour lui. Un choix très masculin, si vous voulez mon avis. Très « mâle dominant ».
Prendre deux pizzas aurait pu être la solution mais comme je doute que je puisse en finir une à moi toute seule et en connaissance des prix exorbitants, je me suis résignée à trouver un arrangement avec le Diable.
Vu le manque cruel d'intimité qu'offre cette putain de chambre, j'ai préféré texter Logan au lieu de le rappeler. Actuellement, nous échangeons des messages qui dégoulinent de tendresse. Une part de moi en est fortement dégoûtée, tandis que l'autre se sent ravie de goûter à toute cette douceur.
— Je te préviens déjà, la voix d'Angel me fait grimacer, je passe en premier dans la salle de bain. Je parierais ma vie que tu risques de la transformer en champ de bataille et je refuse de faire face à ton désastre.
Je roule des yeux en essuyant les coins de ma bouche.
— Tu parierais ta vie ? je répète. Où est-ce qu'on signe le pacte ? Je me réjouis déjà de te voir mourir.
Il ne relève pas et à la place, jette son mouchoir dans la petite poubelle située à ses pieds.
Vingt-et-une heures.
Plus que trois heures avant notre départ. Avant mes retrouvailles tant attendues avec l'alcool. Je frémis déjà d'excitation.
C'est à mon tour de finir ma dernière part. Je roule mon papier sale en boule puis vise la poubelle.
Pourtant, au dernier moment, je dévie ma trajectoire et envoie le mouchoir directement sur Angel. J'ignore s'il fait exprès de ne pas l'éviter ou si ses réflexes de Superman sont à nouveau inutilisables mais mon projectile atteint sa cible.
Le papier frappe son nez avant de tomber sur ses cuisses. Je ne peux masquer mon rictus satisfait tandis qu'il plisse les yeux.
— Je t'ai déjà mise en garde, Henson, sa voix parvient à rester calme. Ne me pousse pas à bout sinon tu te retrouveras toute seule en boîte ce soir.
Je claque ma langue sur mon palais, peu affectée par sa menace.
— Ce n'est pas comme si je tenais à y aller avec toi, contré-je. Je ne veux juste pas me retrouver sans défense là-bas. Quoique, tu serais capable de me regarder me faire agresser sans réagir. Espèce de sociopathe.
Comme j'étudie la psychologie, je suis consciente que ce terme est lourd de sens. Il s'agit d'un véritable trouble mental. Toutefois, je commence à croire qu'il l'est vraiment. Son manque de considération pour autrui ainsi que son indifférence écrasante sont des symptômes. Sans parler de toute la colère qu'il semble garder au fond de lui.
Il ferait un sacré sujet d'études. Peut-être que je devrais le faire interner. Sa place n'est pas chez les Hommes, elle est dans un hôpital psychiatrique.
Et le fait qu'il me renvoie non pas mon mouchoir mais bien une putain de fourchette en bois ne fait que renforcer mes suppositions. Les dents du couvert frôlent la branche de mes lunettes et je ne peux réprimer le cri de surprise qui s'échappe de ma gorge.
Angel a déjà quitté l'intérieur de la chambre au moment où je réalise son geste. Il s'est, comme d'habitude, réfugié sur la terrasse. Si nous n'étions pas au premier étage, je l'aurais soupçonné de passer son temps à évaluer la hauteur, histoire de voir s'il pourrait me jeter du balcon. Heureusement pour moi, les trois mètres qui nous séparent du rez-de-chaussée ne devraient pas être suffisants à une chute mortelle.
Je me concentre à nouveau sur ma discussion avec Logan. J'hésite à lui faire part de nos projets de ce soir. Après qu'il m'ait confié qu'il n'appréciait pas le fait que je sois ici avec Angel -ce qui est tout à fait compréhensible, à sa place, j'aurais tapé une crise de jalousie du futur-, je n'ai pas envie de l'inquiéter davantage.
De toute façon, ce n'est pas comme s'il devait avoir peur d'autre chose que de mon colocataire en train de me trucider durant mon sommeil.
Par ailleurs, j'ai cru comprendre que la communication et la confiance avaient un rôle clé dans les relations humaines, c'est pourquoi, je finis par lui dire que je sors avec mon insupportable compagnon de voyage.
Même à travers un écran et des mots, je devine sans mal qu'il n'apprécie pas la situation. Cependant, il est bien plus bienveillant que les rares hommes que j'ai fréquenté par le passé et se contente de me dire d'être prudente.
Ce type mérite le monde. Manifestement, je ne serai jamais à la hauteur de ses espérances.
Après avoir jeté un dernier coup d'œil du côté de la baie vitrée qui me sépare de la terrasse, je décide de m'allonger un instant afin de recharger mes batteries. Le bain de mer, la tequila et toutes les autres choses bizarres qui se sont passées m'ont quelque peu fatiguée. J'ai envie d'être au top ce soir. Pour embêter Angel mais surtout pour profiter.
J'ignore les messages de ma mère et pose mon portable sur la table de chevet. Je me cale un peu mieux dans le lit puis ferme les yeux.
Lorsque je les rouvre, je suis surprise de constater que j'ai réellement plongé dans un sommeil profond. La tête encore un peu dans le cul, je regarde l'heure.
Vingt-trois heures deux.
Super, au moins je n'aurai pas à attendre plus longtemps pour aller me préparer. À l'instant où cette pensée effleure mon esprit, la porte de la salle de bain s'ouvre.
Mon premier réflexe est d'enfouir ma tête dans l'oreiller. Je ne veux pas le voir juste après mon réveil. Sa gueule risque de gâcher ma tranquillité nouvellement acquise.
— Dépêche-toi, je grimace face au ton tranchant de son ordre. Je n'ai pas envie de t'attendre pendant des heures.
Je prends une profonde inspiration puis me relève. Mon regard tombe immédiatement sur Angel.
Il est debout devant le lit et me toise avec lassitude. De mon côté, je ne peux m'empêcher de détailler sa chemise blanche aux manches retroussées et au col subtilement ouvert.
Les deux boutons détachés laissent place à la croix en argent qui pend à son cou. Mes yeux remontent ensuite sur son visage, s'attardent malgré eux sur ses cheveux.
Ils arborent un effet légèrement mouillé, encadrent son visage à la perfection. Ses boucles brunes semblent mieux définies que d'habitude.
Il a l'air impétueux, plus sauvage que jamais.
Majestueux.
Angel est majestueux.
Et les tatouages qui décorent ses bras n'arrangent rien. Les bagues qui ornent ses mains non plus.
Un cauchemar. Ce type est un cauchemar éveillé.
— Est-ce qu'un peu de bienséance te tuerait ? je grogne en me levant du matelas. Tu n'es pas tout le temps obligé de parler aussi mal.
Je passe à côté de lui et mes jambes flanchent une fraction de seconde. Il sent divinement bon.
— Avec toi, je suis toujours obligé de le faire, Angel soutient mon regard. Parce que tu m'insupportes.
Je me gifle mentalement pour me forcer à bouger vers la salle d'eau.
— C'est encore réciproque ! je déclare avant de fermer la porte avec fracas.
Je plains nos voisins de chambre.
Je m'appuie quelques secondes contre la cloison, histoire de calmer ma respiration.
Qu'est-ce qui m'arrive ?
Logan.
Logan.
Il n'a pas le droit d'être aussi beau. Je n'ai pas le droit de le trouver aussi beau, putain.
Il faut que je me ressaisisse. De toute façon, il suffit qu'il ouvre la bouche pour me rappeler à quel point je le méprise.
À travers toute cette splendeur dégoûtante, il reste l'homme que je hais le plus au monde.
Je me déshabille en tentant d'ignorer le tremblement de mes mains. Mon corps n'est qu'un traître à réagir de la sorte pour un enculé de son genre.
L'eau me permet de détendre mes muscles. Je fais attention à ne pas mouiller mes cheveux. Si j'espère réaliser un afro digne de ce nom, je n'ai pas intérêt à laisser une seule goutte les toucher.
Une fois séchée, crémée et habillée de mes sous-vêtements, je me tapote les joues plusieurs fois.
Cette soirée sera géante.
Je suis au Mexique. Je m'apprête à me bourrer la gueule. Je vais profiter de la musique, m'amuser comme une folle.
Angel ne gâchera pas cela, peu importe son apparence ou son caractère de merde.
J'ai le droit de profiter de ma vie, de saisir les occasions.
J'enfile mon croc-top noir ainsi que le fameux collier lune que m'a offert Diego, puis m'affaire à mettre ma mini-jupe en jean. Après avoir noué la ceinture bijou autour de mes hanches, je fais un tour sur moi-même.
Pas mal, Sativa Henson.
Il ne reste plus qu'à prier pour que mes cheveux collaborent. Je bataille avec eux durant dix bonnes minutes, jusqu'à obtenir un volume et une forme parfaite.
Un trait d'eye-liner, une couche de mascara et un rouge à lèvre rouge plus tard, je souris à mon reflet.
Le résultat est comme je l'imaginais. Très bombe des années quatre-vingt-dix.
Je peine à me reconnaître.
Je suis presque... jolie.
Au moment où je me parfume et m'apprête à sortir de la pièce, j'ai un court moment d'hésitation.
Est-ce que je suis vraiment prête à me confronter au regard indifférent de mon colocataire ?
Il pourrait faire voler en éclats mon illusion de beauté.
Merde, ce n'est pas comme si j'en avais quelque chose à foutre de son avis.
Quand je déboule dans la chambre et cherche mes bottines dans ma valise, je ne regarde pas une seule fois Angel. Je veille tout de même à ce que ma jupe ne révèle pas l'intégralité de mon pare-choc arrière.
Par ailleurs, je suis obligée de lever les yeux pour m'installer sur le lit.
Le jeune homme s'est appuyé contre le mur en face de ce dernier. Il fronce les sourcils lorsque je croise son regard par accident.
Je remonte la fermeture de ma deuxième chaussure sans flancher. Hors de question que je sois la première à détourner les yeux.
Il peut aller se faire foutre.
Il ne m'intimide pas. Je m'en fiche de lui.
— On peut y aller ! déclaré-je en sautant sur mes pieds.
Angel me dévisage en silence puis se redresse. Il part vers la porte sans un mot.
C'est bien ce que je pensais. Un putain de lâche.
Je le suis avec la même énergie froide. Tout le trajet jusqu'à la boîte se passe dans une ambiance similaire. Je me remercie intérieurement d'avoir pris une petite veste car la brise nocturne n'est pas des plus chaudes.
Sur le chemin, nous croisons plusieurs groupes de jeunes. Certains d'entre eux me dévorent du regard sans aucune gêne. Je ne peux pas affirmer que je n'aime pas cela.
Je suis donc digne d'être admirée, que cela n'en déplaise à Monsieur De Los Santos.
Toutefois, lui aussi récolte pas mal de coups d'œil appuyés des filles que nous rencontrons. Même dans la queue pour entrer dans le club, je remarque que certaines se retournent à multiples reprises pour le mater.
D'ici, j'aperçois une nana de petite taille, à la chevelure ébène. Je suis certaine que celle-là pourrait lui plaire.
Avant que je ne puisse tout à fait réfléchir à mon geste, je lui donne un petit coup de coude dans les côtes et lui indique discrètement la concernée.
— Voilà ta proie de ce soir, glissé-je tout bas.
Angel suit mon regard. Son visage demeure impassible et il se contente d'hausser les épaules.
Putain, qu'est-ce qu'il peut être rabat-joie. Ce mec ne possède donc aucune libido ?
Je commence à croire que mes railleries étaient vraies. Il ne s'abaissera jamais à chérir une femme, pas même pour une soirée. Vu son attitude, il est certainement puceau. Il rêve toutes les nuits de se faire l'amour à lui-même car il est la seule personne digne de son attention.
Arrivés devant le vigile, je sors un billet de vingt pesos de mon sac et réponds au sourire de l'homme de la sécurité.
C'est moi ou tous les gars d'ici sont super bien foutus ?
Logan.
Logan.
En dépit de mes bonnes résolutions, je ne peux m'empêcher de me mordre légèrement la lèvre inférieure quand il attache le bracelet indiquant que j'ai payé l'entrée autour de mon poignet.
Ce geste ne lui échappe pas et il me gratifie d'un clin d'œil alors que je suis Angel dans la boîte.
Je ne suis pas la fille la plus courtisée de l'Univers, par ailleurs, j'aime plaire. J'ai tendance à jouer avec ceux qui paraissent me porter de l'attention.
"Nous savons tous les deux que tu es une imbécile paumée et peu sûre d'elle qui se précipite aux pieds de tous ceux qui lui montrent une once d'intérêt."
— Le bar est par là-bas ! m'écrié-je en pointant dans la ladite direction.
Je ne laisse pas à Angel le temps de se défiler car je lui attrape le bras avant de le tirer vers mon endroit préféré de tous les temps. Le barman reluque mes cheveux avec un sourire puis salue mon colocataire d'un signe de tête.
Je commande un shot de vodka. Après tout, je ne suis pas ici pour me tourner les pouces. J'ai besoin de ça pour me lâcher totalement. Malgré la confiance que j'essaie d'arborer, je me sens encore plus vulnérable lorsque j'essaie d'être belle.
Angel me regarde en biais et finit par demander la même chose.
Les lumières clignotantes jouent avec ses lèvres tandis que les mots en sortent.
L'espagnol est un code de triche. Il rend immédiatement les gens qui le parlent beaucoup trop stylés.
Logan.
Logan.
Je vide mon verre d'un trait, requinquée.
J'imagine que l'alcool résonne avec la tequila que j'ai ingérée plus tôt. Pour cause, la chaleur est bien plus persistante que si j'avais passé la journée à être sobre.
Talk Dirty To Me de Jason Derulo emplit l'espace et je chante les paroles à tue-tête. La piste me nargue.
Non. Toujours pas assez de boisson.
Je commande un nouveau shot, de whisky cette fois.
— Ça ne fait même pas cinq minutes que nous sommes là. Fais au moins semblant de ne pas être une alcoolique.
Je balaie les paroles arrogantes d'Angel d'un geste de la main puis bois l'alcool d'un trait.
Bien mieux.
Super trop bien, à vrai dire.
— I'll take you to the CandyShop, chanté-je, toujours accoudée au bar.
Mon pied se met à battre le rythme. Moi qui m'attendais à beaucoup de Reggaeton, le DJ a peut-être aperçu mon afro à travers la foule et s'est dit qu'il devait mettre de la « musique de noirs ».
En tout cas, je me régale.
Je remarque à peine le type qui s'approche de moi, trop occupée à reluquer la fille qui s'est installée près de mon colocataire.
À en juger par ses cheveux bouclés, elle doit être latino-américaine. Elle se penche à l'oreille d'Angel pour lui chuchoter quelque chose.
Je me détourne à cet instant. L'homme qui s'est assis à côté de moi m'invite à danser et je ne parviens pas à résister à l'attrait du dancefloor.
Je le suis à travers la foule, jusqu'à trouver une place suffisante pour se mouvoir. Je laisse ses mains se poser sur ma taille et ondule au rythme de la musique.
C'est trop bon, putain. Cette liberté, cette sensation d'invincibilité.
À la fin du morceau, je lui fausse compagnie afin de retourner vers le bar. Angel y est toujours, seul à présent.
— Ne me dis pas que tu as recalé la fille, je mime l'indignation. Tant pis pour toi, de toute manière, elle était trop belle pour un imbécile de ton espèce.
Il se penche légèrement vers mon oreille afin que je l'entende par dessus la musique. Son odeur me chatouille à nouveau les narines.
— Pourquoi est-ce que tu ne retournerais pas danser avec ton mexicain au lieu de venir me faire chier ? s'enquiert-il.
Je secoue la tête.
— Nan. Je préfère l'alcool !
J'intercepte le barman et demande quatre shots de tequila. Angel comprend tout de suite que je ne lui laisse pas le choix.
Après, j'arrête promis. De toute manière, je serai bientôt torchée.
Je pousse le sel, les verres et les deux tranches de citron vers lui puis empoigne les miens avec un sourire de complaisance absolue.
Après m'avoir gratifié d'un regard désapprobateur, le jeune homme finit par étaler le sel sur l'extérieur de sa main. Je ne tarde pas à l'imiter. Quelques secondes plus tard, nous mordons dans la lime.
Le deuxième shot me fait de l'œil. Ou plutôt, il me semble être une très mauvaise idée compte tenu de comment ma tête est déjà en train de tourner dans tous les sens.
Sans réfléchir, j'empoigne la main d'Angel, verse le sel dessus, en fais de même avec la mienne puis me penche pour lécher sa peau.
Je vide ensuite la tequila et croque le citron.
Je suis totalement en roue libre.
Logan.
Logan.
J'approche ma main de la bouche de mon colocataire, l'incitant silencieusement à boire à son tour. Ses yeux bruns sont fragmentés par l'éclat des projecteurs. L'ivresse me fait tourner la tête.
Angel ne brise pas le contact visuel à l'instant où il se penche pour lécher le sel qui décore mon épiderme.
"Même avec tout l'alcool du monde, je ne m'abaisserai jamais à te toucher, Henson."
Je ne peux détourner les pupilles de lui lorsqu'il vide son verre et mord dans la lime.
Ses mèches brunes lui retombent sur les yeux.
Logan.
Logan.
Buttons des Pussycat Dolls.
Bordel.
Je lui saisis le poignet avant de pouvoir penser à la bienveillance de ce geste.
Pour une raison qui m'échappe, il ne résiste pas à mon emprise. Nous nous retrouvons sur la piste en moins de temps qu'il ne faut pour le comprendre.
La musique et les lumières me montent à la tête. Je chante les paroles, me déhanchant contre un corps que je ne peux pas m'avouer identifier comme celui d'Angel.
Il ne pose pas les mains sur moi.
Logan.
Logan.
J'amène ses doigts autour de mes hanches. Ce contact m'électrise. Je suis enivrée tandis que Hips Don't Lie débute.
Je crois que j'ai perdu la notion du temps, de l'espace et de la personne qui se trouve derrière moi. Je me frotte lascivement contre Angel, complètement ailleurs.
Logan.
Logan.
Il bouge plutôt bien pour un iceberg. Vraiment bien.
Mon dos se retrouve pressé contre son torse et je cale ma tête dans le creux de sa nuque. Sa grande taille est si séduisante, j'ai rencontré peu d'hommes encore aptes à me dépasser lorsque je mets des talons.
Putain, Sativa, ce n'est que la première nuit. Qu'est-ce que tu fous ?
— Toujours pas assez bourré pour me toucher, Monsieur De Los Santos ? ma voix paraît bien trop taquine quand je lui susurre cette question.
La perception de son souffle près de mon oreille me fait frissonner.
— Tu es répugnante.., murmure mon colocataire.
Un sourire vague naît sur mon visage.
— Répugnante.., je répète du bout des lèvres. Très bien, ça me va. C'est toujours mieux que « idiote ». On dirait que tu as fait des efforts pour trouver un nouveau qualificatif, je colle un peu plus mes fesses contre lui. Tu avais raison. Ça me fait bien trop plaisir...
Sa prise se raffermit sur mes hanches tandis que j'abaisse les paupières.
Logan.
Logan.
Je déteste Angel. Je le déteste autant que je déteste le contact de ses mains sur moi. Il est aussi répugnant que moi. Nous sommes tous les deux répugnants.
Je ne saurais dire combien de temps nous restons à danser, collés l'un à l'autre. Manifestement, il est aussi bourré que moi. Je ne vois pas d'autres explications à ce rapprochement. Dans son état normal, il ne m'aurait même pas calculée.
Il n'a pas daigné me regarder lorsque nous étions dans la chambre.
Moi qui pensais être jolie ce soir...
Les premières notes de Crazy In Love de Beyoncé retentissent. Je m'écarte de mon colocataire d'un coup et danse sans réfléchir.
Je connais cette putain de chorégraphie par cœur, j'ai passé des heures à l'apprendre dans ma chambre à quatorze ans.
Je ne saisis pas tout à fait à quel moment les gens s'écartent pour me regarder, par ailleurs, leurs sifflements enjoués me poussent à tout donner.
Angel est indissociable dans cette masse informe de visages et de couleurs.
Peu importe.
À la fin de ma « prestation », plusieurs personnes viennent me saluer en espagnol, probablement aussi -voire plus- torchés que moi.
Alors que je suis sur le point de dériver parmi tous ces corps inconnus, quelqu'un m'attire à lui.
Je lève les yeux pour tomber nez-à-nez avec mon pire cauchemar.
Logan.
Logan.
— Je suis le membre manquant des Destiny Child ! je rigole un peu trop fort pour être totalement consciente de la situation.
Angel relâche son emprise autour de mes épaules.
— Tu es surtout une belle malade mentale, Henson.
Pourtant, malgré la sécheresse de son ton, ses iris paraissent plus intenses qu'à l'accoutumée.
Qu'est-ce qu'il est beau, bordel.
Logan.
Logan.
— C'est sans doute pour ça que tu me méprises, De Los Santos ! répliqué-je.
Angel a l'air changé.
À la différence de la plage, je parviens à distinguer les dégâts de l'alcool sur son visage. Ses yeux sont brillants et une fine pellicule de sueur maintient l'une de ses mèches contre son front.
Il s'abaisse à ma hauteur. Je me surprends à entrouvrir les lèvres.
Je meurs de faim, putain.
J'ai envie qu'il me ravage. J'ai envie qu'il disparaisse de mon existence pour toujours. J'ai envie de goûter à son air apathique et à son désintérêt profond pour le monde qui l'entoure. J'ai envie de l'étrangler, là tout de suite, sur cette piste de danse à la con.
Logan.
Logan.
— Exactement, sa voix traînante me fait l'effet d'un ouragan. Je te méprise. Tu es la femme la plus insupportable que j'ai rencontrée dans ma vie.
Femme.
La seconde d'après, je glisse mes mains derrière sa nuque et l'attire vers mon visage.
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