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— Vous n'avez rien fait de plus ? m'étonné-je.

J'imagine sans mal que Solveig perçoit toute la surprise que renferme ma question. Cependant, j'espère qu'elle ne perçoit pas l'immense soulagement qui l'accompagne.

— Non, répète-t-elle à nouveau. Il s'inquiétait pour toi et il a préféré fumer trois cigarettes à la place.

Encore un choix douteux de toxico. Je ne suis même plus étonnée. Par ailleurs, je suis sidérée par le début de sa confession.

Monsieur Valdez s'inquiétait pour moi au point de refuser de coucher avec Sol. Si on m'avait demandé de parier ma vie sur ce dilemme, je serais actuellement six pieds sous terre.

— Il s'inquiétait de quoi au juste ?
— Du fait que ton colocataire t'ait raccompagnée de force. Et du fait que tu sois complètement torchée à ce moment-là. Il redoutait que tu ne fasses quelque chose de stupide.

Je laisse échapper un petit rire incrédule.

— Depuis le temps, Diego devrait savoir que faire « quelque chose de stupide » n'est pas dans mes habitudes ! assuré-je à moitié sérieuse.

Le court silence qui suit ma réplique m'indique que Solveig n'est pas tout à fait d'accord avec moi.

Bien. On dirait que ma réputation est pire que ce que je pensais.

Je me mords la lèvre inférieure avant de reprendre.

— Est-ce que tu m'en veux pour ça..?
Cette fois-ci, le rire de mon amie me répond.
— Bien sûr que non, Sativa ! affirme Sol. La seule personne à qui je devrais en vouloir est ton colocataire. Qu'est-ce qui lui a pris tout d'un coup ? Un élan d'héroïsme ?

Je me garde bien de lui raconter notre conversation d'hier soir au Diner, et je me garde encore plus de lui parler de la part d'ombre que j'ai aperçue chez lui.

J'en ai assez de parler de ce type. Il m'agace.

J'en n'ai aucune idée, déclaré-je à la place. Mais assez parlé de toute cette histoire. Est-ce que tu aurais quelques conseils pour le patinage ?

Logan m'a invitée à la patinoire avec lui aujourd'hui. Je suis actuellement en train de sélectionner l'un de mes jeans les moins précieux et l'un de mes pulls les plus chauds.

Je ne sais pas qui lui a soufflé que deux noirs sur la glace pourrait être une bonne idée, toutefois, j'ai vraiment envie de passer du temps avec lui alors j'ai accepté sans broncher.

La dernière fois que j'ai patiné remonte à il y a plus de cinq ans. Je m'étais cassée la gueule un nombre incalculable de fois et comme avec le Flicker, j'avais fini par en conclure que ce n'était pas pour moi.

On dirait qu'il adore m'apprendre de nouvelles choses.

— Reste calme. Si tu chutes, essaie d'atterrir sur les fesses et de ne pas amortir avec tes mains, tu pourrais te casser le poignet, énonce mon amie. De plus, le secret réside dans la coordination et la fluidité du mouvement de glissage.

Super, ça me rappelle vaguement la conversation avec Diego à propos du tango. Sauf que, a contrario de la danse, je n'ai aucun talent pour le patinage. Je suis originaire des pays chauds, cette merde n'est pas compatible avec mon ADN.

Qu'est-ce qu'une fille ne ferait pas pour un homme qui lui plaît ?

— Super, je commence à jouer avec l'ongle de mon pouce. Est-ce que c'est possible de se faire couper un doigt si quelqu'un me glisse sur la main ?

À nouveau, le rire délicat de la rousse retentit à l'autre bout du fil. Elle pense peut-être que je blague mais ce n'est pas le cas. J'ai développé tout un tas de traumatismes et de peurs -parfois absurdes, je l'avoue- à cause des réseaux sociaux et des films.

Je ne parlerai pas de l'impact désastreux qu'a eu la franchise Destination Finale sur mon esprit de détraquée.

— Je ne sais pas, Sativa. Toutefois, je pense que la probabilité que cela arrive n'est pas très grande.

Pourtant, elle n'est pas nulle non plus.

Je chasse toutes mes protestations afin de me contenter d'aller dans son sens. Je préfère croire que Logan saura me sauver comme le prince charmant que j'entrevois en lui.

Moi, une romantique désespérée ? Pas du tout.

Après quelques autres paroles insensées de ma part et quelques soupirs amusés de Solveig, je finis par raccrocher.

Depuis que j'ai appris pour ses paris débiles à propos de ma capacité à être en retard ou non, je mets un point d'honneur à être à l'heure. Une histoire d'ego.

C'est pourquoi, je quitte l'appartement quarante minutes avant notre rendez-vous, afin de pouvoir conduire tranquillement.

Monsieur De Los Santos n'est pas là et comme d'habitude, je n'ai aucune idée de l'endroit où il est allé se terrer.

À vrai dire, je n'en ai rien à foutre. Peut-être a-t-il été retrouver la fameuse Roxanne.

Cette simple pensée me fait sourire. Dès que j'allume le moteur de ma Clio, je connecte le Bluetooth puis mets la musique de The Police en leur hommage.

Je peux presque visualiser l'expression exaspérée de mon colocataire au moment où je l'ai charrié le fameux soir de mon kidnapping improvisé.

Mon sourire s'agrandit tandis que je chante joyeusement les paroles. La circulation est plutôt dense et une dame me dévisage étrangement au feu rouge alors que j'entame le refrain avec un entrain exagéré.

Lorsque je me gare dans le parking de la patinoire, je constate avec fierté que je suis en avance de près de dix minutes. Pourtant, la silhouette de Logan se détache déjà devant l'entrée.

Il semble concentré sur l'écran de son téléphone. Si ce dernier n'était pas orienté en format paysage, j'aurais pu le soupçonner de discuter un peu trop bien avec quelqu'un mais à moins qu'il ne soit un psychopathe, il ne prendrait pas la peine de parler à qui que ce soit avec son portable tourné dans ce sens.

Je le rejoins quelques secondes plus tard. Il a attaché ses belles nattes en un petit chignon bas absolument mignon.

J'aime beaucoup les hommes avec de beaux cheveux, encore plus quand ils sont assez longs pour être stylisés de diverses manières.

Les boucles de Diego sont un peu trop courtes. Il ressemble à un idiot lorsqu'il les attache. Ou plutôt lorsque je lui fait une couette, histoire de pouvoir me foutre de sa gueule un bon coup.

Angel, lui, a des cheveux magnifiques. Je me ferais un plaisir de les lui arracher un par un tandis qu'il hurlerait de douleur.

Toutes mes pensées meurtrières s'évanouissent à l'instant où Logan m'embrasse tendrement en guise de bonjour.

J'ai encore un peu de mal à m'habituer à cette proximité mais elle ne me dérange pas.

Je n'ai aucune idée de ce que nous sommes pour le moment, toutefois, je ne me plains pas du contact masculin.

"Tu apprécies la manière dont tu te sens lorsqu'il te donne de l'attention."

Enculé.

Arrivés à la réception, je négocie pendant près de trois minutes avec Logan pour qu'il me laisse payer ma session. Bien sûr, je le fais par principe car l'idée de dépenser de l'argent simplement pour m'humilier ne m'enchante pas.

Mais il finit par céder.

Il me tient la main durant tout le parcours entre l'accueil et l'endroit où nous sommes censés récupérer nos patins.

C'est étrange comme sensation. Pas déplaisant du tout.

J'hésite entre demander du 39 ou du 40, par ailleurs, je finis par me fier à mon expérience de vie et opte pour du 39.

— Tu ne connais pas ta propre pointure ? s'amuse Logan quand nous enfilons nos godasses de la mort.

Je rigole, réprimant toutes explications à propos des divers jours d'ivresse où je n'arrivais plus à retirer mes chaussures.

— Bien sûr que si ! répliqué-je d'un air faussement buté. C'est juste que je ne sais pas si ces trucs chaussent plus petits ou non.

Il me répond avec un sourire taquin puis se penche pour nouer les lacets avec lesquels je bataillais depuis un moment déjà.

L'impossibilité de rougir grâce à la mélanine est vraiment un avantage non négligeable.

Son geste se confond avec celui d'Angel. Au moment où ses doigts effleurent ma cheville, j'essaie d'ignorer le frisson qui tente de remonter le long de ma colonne vertébrale.

Idiote, arrête de réagir à la moindre attention, tu ressembles à une adolescente à son premier rendez-vous.

Je m'appuie légèrement sur l'épaule de Logan afin de réussir à marcher sur le sol avec ces patins à la con. De son côté, il semble parfaitement à l'aise et glisse ses mains autour de mes hanches.

Je suis sûre qu'avec un peu de liqueur dans le sang, j'aurais été prête à lui sauter dessus à cause de ce simple contact. Heureusement, la Sativa Henson sobre est beaucoup moins en chaleur que la Sativa Henson bourrée.

Par ailleurs, j'ai repéré le petit bar près de la réception. Il ne paie rien pour attendre. J'aurai besoin d'un peu d'alcool pour effacer la honte que je m'apprête à vivre.

Logan m'encourage à m'engager sur la glace.

— Je ne veux pas diffuser des stéréotypes, mais je trouve que tu es très à l'aise dans le froid pour une personne de ta carnation, plaisanté-je en acceptant la main qu'il me tend.

Au moment où je m'aventure sur la patinoire, toutes mes blagues meurent dans ma tête. Cette dernière est trop occupée à se concentrer sur conserver l'équilibre bancal de mon corps.

Pourquoi des gens prennent plaisir à se mettre dans des situations qui ne sont clairement pas adaptées à la physiologie humaine ?

— Tu te souviens du soir où je t'avais dit que je croyais qu'il n'y avait pas de cause perdue ? Logan tente de m'aider à rester debout. Je le pense encore. Regarde, ce n'est pas si difficile. Il suffit juste d'avancer un pied après l'autre et de trouver le rythme qui te permet de garder l'équilibre.

— Facile à dire.., grogné-je.

Je crois que la catastrophe qui suit mes paroles est une punition à ma mauvaise foi. Je chancelle jusqu'à perdre tout contrôle de mes jambes et atterris brutalement sur la glace.

À en juger par la violence du choc, je pense que la taille de mes fesses vient de se réduire de moitié.

Je ne sais déjà pas descendre des escaliers alors j'ai été naïve de penser que je réussirais à tenir sur ces trucs de merde.

Logan éclate de rire tandis que j'essaie encore de reprendre mes esprits. Sa première erreur est de me tendre la main après s'être moqué de moi.

Dans un geste impulsif que je ne contrôle pas du tout, je saisis ses doigts avant de le tirer vers moi d'un coup sec.

Il est surpris de ma décision et ne tarde pas à me rejoindre au sol.

On dirait que ses talents ont finalement perdu face à ma folie.

— Alors Jack Frost, on ne patine plus ? je ris en voyant son expression déboussolée.

Le sourire mesquin qu'il m'adresse me fait frémir de partout.

— Tu ne paies rien pour attendre, Sativa.., souffle-t-il à mon oreille.

Après quoi, il se relève avec une aisance admirable et m'aide à en faire de même. Nous patinons encore pendant une demi-heure, durant laquelle je finis plus ou moins par capter la technique.

Mais je me sens tout de suite plus à l'aise quand nous retrouvons enfin le sol normal. À peine avons-nous rendu nos patins que je le tire vers le petit bar.

J'insiste pour lui payer une bière et empoigne joyeusement la mienne.

— Je pensais que ta consommation d'alcool se limitait aux soirées mais on dirait que je me trompais, déclare Logan en m'observant siroter ma Corona.

— Il te reste beaucoup de choses à apprendre sur moi alors ! je souris.

J'espère que mon alcoolisme chronique ne va pas le rebuter. Je sais qu'une femme qui boit -ou une personne en général- n'est pas attirante, mais j'essaie de ne pas le faire excessivement.

La plupart du temps.

— Je ne demande qu'à te connaître, dit-il avant de m'embrasser la tempe.

Quelle est cette douceur ? Suis-je même digne d'en recevoir tant ? Qui est ce type au juste ?

Il n'y a rien de plus à décrypter chez moi à part mon idiotie. Et encore, elle est assez perceptible à première vue. Il en espère trop.

Au lieu de répondre quelque chose qui risquerait de casser l'ambiance, je me contente de glousser de manière débile.

Une fois dehors, je m'attarde à nouveau sur ses doigts entrelacés avec les miens. Cela semble si naturel pour lui.

Est-ce que nous allons trop vite ?

Putain, je m'en fous. Je me sens bien. C'est tout ce qui compte pour l'instant.

— Je t'ai dit que tu ne paierais rien pour attendre, Logan accroche ses beaux yeux aux miens. Je n'ai pas oublié ton coup bas de tout à l'heure-là !
— Comment comptes-tu me le faire payer alors ? demandé-je sans rompre le contact visuel.

Cette confiance ne me ressemble pas. J'espère qu'il ne verra pas à travers mon masque. J'espère aussi qu'il me proposera un truc sale, du genre le suivre chez lui.

Depuis la soirée en boîte et son dénouement très décevant -merci à Monsieur De Los Santos-, je pense beaucoup à achever ce que nous avions prévu de faire.

Pourquoi est-ce que je n'arrive qu'à penser au sexe ?

Je devrais vouloir aller dans un café, discuter avec lui à propos de ses rêves et de ses ambitions. Pourtant, je ne désire qu'une seule chose.

"Nous savons tous les deux que tu es une imbécile paumée et peu sûre d'elle qui se précipite aux pieds de tous ceux qui lui montrent une once d'intérêt."

Ferme-la pour l'amour de Dieu !

Est-ce que je suis schizophrène ou un truc du genre ? Pourquoi les horribles paroles de ce type tournent en boucle dans ma tête ?

Par pitié, Logan, distrais-moi. Fais-moi me sentir spéciale...

Le jeune homme s'apprête à ouvrir la bouche mais la sonnerie de mon téléphone l'interrompt. Je pense d'abord à l'ignorer, cependant, il est évident qu'il attend que je réponde pour poursuivre.

Fait chier.

Pourquoi a-t-il fallu qu'il soit aussi bienveillant ?

— Sativa ! la voix enjouée de ma mère me fait grimacer. Est-ce que tu peux passer à la maison ce soir ? Ça fait longtemps que nous ne t'avons pas vue.

Ça se compte en à peine quelques jours mais j'imagine que son côté dramatique parle à sa place. Comme toujours.

— Euh.., je jette un coup d'œil à Logan. Je sais pas Maman, je suis un peu occupée, j'ai...

En comprenant que je parle à ma génitrice, le garçon me fait signe d'aller dans son sens.

Merde. Il comprend tout à l'envers ou quoi ?

Résignée, je soupire et lui promets de passer dans une heure.

Une fois qu'elle a raccroché, je me confronte au regard curieux de Logan.

— J'espérais échapper à ça, déclaré-je avec un petit rire contrit.
— La famille passe avant tout, répond-t-il avec douceur. Rien ne presse, je te l'ai déjà dit.

Oh, il serait surpris du nombre d'endroits de mon corps que je pourrais nommer comme pressés.

Pourtant, je dois encore garder un soupçon de dignité alors j'acquiesce.

Logan m'accompagne jusqu'à ma voiture, m'offre un dernier baiser rempli de fougue puis me souhaite une bonne nuit.

Je le regarde traverser le parking avec regret.

Quelle vie de merde. J'ai l'impression que c'est toujours plus facile pour les autres.

***

Ma mère me présente une énième valise.

Quitte à devoir venir, j'en profite pour leur demander de m'en passer une. Pour des raisons évidentes d'explosion, je n'en ai plus.

Cependant, je commence clairement à arriver au bout de ma patience. Je crois qu'elle fait exprès de me présenter des bagages trop petits. C'est sûrement sa technique pour me retenir ici plus longtemps.

Mon père est installé sur le lit de leur chambre, adjacente au dressing dans lequel nous nous trouvons. Il s'est gardé de tous commentaires -un miracle- mais son regard au moment où il m'a vue débarquer pour leur demander l'une de leurs valises traduit son avis quant à la situation.

Manifestement, Monsieur est en colère que j'aille contre sa volonté. Pourtant, il ne cesse de me répéter que je dois apprendre à me débrouiller par moi-même.

De toute façon, je m'en fiche. Quoi que je fasse, il ne sera jamais satisfait.

Si un jour, je me fais assassiner d'une balle dans la tête, il serait capable de blâmer mon incapacité à résister à un coup de feu mortel.

— Maman, nous partons pendant une semaine et demi, dis-je le plus calmement possible. J'ai droit à vingt-trois kilos. Cette valise ne peut même pas en contenir plus de dix.

Elle dévisage le bagage comme s'il ne faisait pas maximum trente centimètres de haut. Ok, là c'est certain. Elle me prend pour une débile.

— Tu es vraiment sûre de vouloir faire ça ? elle confesse enfin le fond de sa pensée. Tu devrais peut-être garder cet argent pour plus tard ou pour le prochain concert de The Weeknd.

Au moins, elle, a retenu son nom.

— Laisse-la faire, la voix de mon père nous parvient depuis l'autre pièce. Je me languis de la voir se débrouiller au Mexique avec une horde de retraités et un colocataire mystère.

— Si tu veux, je pourrais demander à une équipe de tournage de nous suivre, histoire que tu puisses assister à mes péripéties en direct, ne puis-je m'empêcher de grogner.

— Je serai prêt à payer pour ça, réplique mon géniteur.

Mais pas pour le voyage de ta fille. Oui, bravo Monsieur Papa, admirable comportement dis donc.

Les seules fois où il s'autorise à faire de l'humour avec moi, c'est pour se foutre de ma gueule.

Lassée de leur petit jeu, je dépasse ma mère -encore sonnée par cet échange si rare entre mon père et moi- puis me mets sur la pointe des pieds afin d'attraper la seule valise qui pourrait correspondre à ce dont j'ai besoin.

Elle est perchée au-dessus de l'armoire et me nargue depuis le début. Toutefois, ma mère s'est fait une joie de l'ignorer durant quinze bonnes minutes.

Finalement, mes penchants manipulateurs ne sont pas attribuables qu'à mon amitié avec Diego, je crois qu'il y a aussi une part de génétique.

Je réussis à l'attraper mais manque de tomber en arrière à cause de son poids. Ma mère se décide enfin à m'aider en empoignant l'autre extrémité de la valise. Une fois posée au sol, je soupire de soulagement.

— J'aimerais beaucoup que tu nous présentes ce fameux colocataire avant votre départ, souffle ma génitrice. Pour que nous soyons au moins au courant de la personne avec qui tu pars.

La blague de l'année.

Angel ? Face à mes parents ? Et pourquoi pas me demander de boire toute l'eau de l'océan Atlantique aussi ?

Déjà comment suis-je censée trouver un moyen de l'inviter chez moi ? Sans parler de son caractère fortement appréciable.

J'adore Flynn Rider, j'avais même le béguin pour lui étant petite, mais je refuse de finir comme Raiponce, enfermée dans une tour jusqu'à la fin de mes jours.

— Il a un emploi du temps plutôt chargé, répliqué-je. Mais ne t'inquiètes pas. Si je suis encore en vie, c'est que ce n'est pas un psychopathe.

Le mensonge est gros comme l'ego de mon père. Ce dernier rajoute encore son grain de sel.

— Ou peut-être que ce brave jeune homme a juste trouvé quelqu'un de plus fou que lui, ironise-t-il.

Je vois que quelqu'un est d'humeur à écrire un One man Show aujourd'hui. Ma mère masque son gloussement avec un raclement de gorge.

Est-ce que c'est légal pour des parents de se moquer de leur progéniture de la sorte ?

Je comprends pourquoi ils apprécient tant Valdez. Ils ont pour passion commune d'être des enfoirés.

— Très bien.., ma génitrice finit par céder. Alors j'imagine que j'espère que tu t'amuses bien là-bas. N'oublie pas de nous envoyer des photos. Et de nous rapporter un magnet.

Je le lui promets avec un sourire, qui je le souhaite, est convaincant. Après quoi, nous sortons du dressing. J'évite de regarder mon père et les salue d'un rapide signe de la main. Avant que ma mère ne puisse me rattraper, je descends les escaliers à la vitesse de l'éclair.

Une fois près de la porte, je prends toutefois le temps de lui dire une dernière fois au revoir et sors de la maison.

L'air à l'extérieur semble bien plus respirable.

Parfois, je me sens un peu coupable de traiter mes parents de la sorte. Puis, ils font un truc qui me rappelle pourquoi j'agis de cette manière.

Je charge avec difficulté la valise dans mon coffre puis prends place derrière le volant de ma Clio. Je reste un instant à fixer la façade de la maison où j'ai grandi.

Si j'ai signé pour l'Enfer avec ce voyage, je l'aurais au moins fait en défiant l'autorité insupportable de mon père.

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