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Il est presque vingt heures lorsque je trouve le courage de retourner chez moi. Désormais, j'ai la tête un peu plus froide même si je ne comprends toujours pas comment Angel a pu me mettre dans un tel état.

Je ne suis pas du genre à être effrayée par tout et n'importe quoi mais ce que j'ai aperçu dans les yeux de ce type m'a fait frissonner. Je pousse la porte d'entrée presque timidement.

L'appartement est plongé dans le noir. Mon souffle se calme quelque peu tandis que j'avance vers la porte de ma chambre. Au moment où je touche la poignée, une voix fige mon geste.

— Sativa ?

Qui d'autre, sombre idiot ?

Je me mords la langue pour ne pas répondre à chaud. Je devrais probablement l'ignorer. C'est un connard. Les mots qu'il m'a crachés sans raison me serrent encore le cœur.

Pourtant, je me surprends à lâcher la poignée et à marcher à reculons jusqu'à l'entrée du salon. Qu'est-ce qui me prend là ? Et qu'est-ce qui lui prend à lui aussi ?

J'ai perçu quelque chose d'étrange dans son ton. Quelque chose de désespéré qui m'a attirée comme un aimant.

Ça ne lui ressemble pas. Quoique me menacer ne lui ressemble pas non plus. Au final, je ne connais même pas ce gars, je ne devrais pas me fier à un court mois de cohabitation.

— Quoi ? lâché-je, avec agressivité.

Je ne parviens pas à le distinguer dans l'obscurité mais je devine qu'il est assis au comptoir de la cuisine. Comme je n'obtiens pas de réponse, je serre les poings.

Il a piqué ma curiosité.

C'est pourquoi, je m'avance furieusement dans la pièce et allume la lampe debout près de la télé.

— Tu te la joues Batman maintenant ? je peste avant de me tourner vers lui.

Angel a attaché ses cheveux en chignon, dégageant ses traits harmonieux. Il fixe le vide quelques secondes puis reporte son regard sur moi.

Son visage le trahit pour la première fois -ou peut-être me laisse-t-il enfin entrevoir quelque chose de lui-. Il semble déboussolé.

— Je suis désolé.

Ce n'est qu'un simple murmure, pourtant, j'ai l'impression qu'il résonne dans toute la pièce. Malgré tous mes efforts pour rester impassible, je hausse les sourcils.

— Tu es quoi ?! je manque de m'étouffer.

Mon colocataire se masse le front. Ses yeux me fuient à nouveau.

— Je suis désolé de m'être emporté, répète-t-il encore plus bas. Je n'aurais pas dû.

Donc, il n'est pas désolé pour les horreurs qu'il m'a balancées à la gueule ?

Je suis trop sonnée pour poser cette question. La théorie du coma à cause de la boîte à gant tient de plus en plus debout. Il n'y a pas d'autres explications à ce qui se passe actuellement.

— Qui êtes-vous ? m'écrié-je. Il est où Angel ? je fais mine de chercher dans la pièce. Vous savez, mon colocataire insupportable, froid et insensible. Parce que ce n'est sûrement pas lui qui se tient devant moi tout de suite !

Le jeune homme serre les dents. Voir tant d'émotions lui échapper est fort déroutant. Je joue la carte de l'humour pour masquer mon trouble. Après tout, c'est ce que je fais de mieux.

— Ne me force pas à regretter mes excuses, Sativa.., réplique Angel.

Un sourire penaud se dessine sur mes lèvres. Je me tape le menton plusieurs fois avant de m'avancer jusqu'au frigo afin de me servir un verre de jus d'ananas. Je le sirote pendant une minute puis le dépose sur le comptoir.

— On dirait que cette fois, c'est moi qui ai gagné, n'est-ce pas ? m'exclamé-je. Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Ce sont les ombres cachées dans l'obscurité du salon qui t'ont conseillé d'arrêter d'agir comme un sale con ?

Le visage d'Angel retrouve sa neutralité habituelle en un clin d'œil. C'est assez impressionnant, je dois dire. Il reprend le contrôle de ses émotions avec une facilité déconcertante.

— Non, dit-il simplement. Ne te déshabille pas. On sort.

Alors là, j'hallucine. Je rigole, incrédule.

— Tu as la mauvaise manie d'essayer de me donner des ordres alors que tu n'es personne pour le faire, je termine mon verre. Je n'irai nulle part avec toi. Tu m'énerves. Pour être honnête, tu m'énerves encore plus que les gens qui se mettent à gauche dans l'escalator mais qui ne le montent pas à pied. C'est pourtant l'une des bases de la société. La file de gauche est réservée à ceux qui sont pressés et celle de droite, à ceux qui ont la flemme de monter des escaliers ! Bref, ce que j'essaie de dire c'est que tu...

La lumière s'éteint d'un coup, interrompant ma phrase. J'ai à peine le temps de comprendre ce qui m'arrive que mon colocataire me saisit le poignet et me traîne à sa suite jusqu'à la porte d'entrée.

Je crois qu'on a atteint le summum de l'irrespect. Si je ne faisais pas cinquante-six kilos à tout casser et qu'il ne plafonnait pas à plus d'un mètre quatre-vingt cinq, j'aurais sûrement tenté de le plaquer au sol. Malheureusement, dans cette comédie qu'est ma vie, j'endosse le rôle de la demoiselle sans défense.

Malgré mes protestations, Monsieur De Los Santos ne relâche pas son emprise sur mon bras. Il sort ses clés de la poche de son jogging noir puis les tourne dans la serrure. Nous nous retrouvons sur le palier et je l'observe refermer la porte, ébahie.

— Je pourrais appeler la police pour enlèvement ! crié-je presque.
— De toute manière, ils ne retrouveront jamais ton corps.

Angel se tourne vers moi, l'expression vide. Avant, j'aurais trouvé cette réponse agaçante -peut-être même un peu drôle, je l'avoue- mais maintenant que j'ai entrevu une once de la colère qu'il est capable d'exprimer, je frémis.

Donc c'est ainsi que je vais mourir ce soir. Génial.

Il m'oblige à le suivre jusqu'à sa fameuse Porsche et je ne peux m'empêcher d'être une nouvelle fois impressionnée par sa putain de caisse.

J'aurais presqu'envie de me pencher pour chercher un vestige de la rayure. Elle était du côté de la portière passagère en plus.

Le jeune homme paraît lire dans ma tête car il visse ses yeux bruns sur moi.

— Si tu penses à l'abîmer à nouveau, je vendrais tes organes pour payer les réparations.

Autant ses premières répliques m'avaient déstabilisée, autant j'ai depuis retrouvé mon énorme ego lorsqu'il est question de l'emmerder.

— Tue-moi et je reviendrais te hanter jusqu'à ce que tu te flingues. La culture de ma mère croit en la sorcellerie, je suis sûre que j'ai hérité de quelques dons.

Je ne lui laisse pas la possibilité de répondre car je m'engouffre sur le siège passager avant qu'il n'ouvre la bouche.

Je dois reconnaître que l'intérieur est aussi beau que l'extérieur. Tout est impeccable, le moindre centimètre carré de cette voiture est méticuleusement nettoyé. Ça sent même un peu la fraise.

Il doit avoir un fétichisme sur ce fruit. Et sur la propreté.

Nouvel indice débloqué qui prouve que c'est un psychopathe.

Angel prend place derrière le volant et s'engage sur la route sans un mot. J'imagine que tenter de lui demander où est-ce qu'il a prévu de m'emmener pour me dépecer serait vain, alors je ne dis rien non plus.

Le silence me gêne. En dépit du bruit puissant du moteur, je joue avec l'ongle de mon pouce, stressée par cette ambiance étrange.

Les espaces trop calmes me mettent mal à l'aise. Parfois, je laissais mon téléviseur allumé, uniquement pour avoir un bruit de fond lorsque je me trouvais dans le salon.

Après une hésitation, j'approche ma main de la radio. Comme mon colocataire ne détourne pas les yeux de la route, j'en conclus que mon initiative ne le dérange pas plus que ça.

Je doute qu'il ait enregistré quoique ce soit comme musiques mais tous les gagnants ont tenté leur chance, n'est-ce pas ?

Merci Solveig pour cette phrase existentielle.

À ma grande surprise, je trouve bien un album. Un seul. Je jette un coup d'œil vers Angel, ahurie.

— Alors là, je suis plus que flattée ! m'esclaffé-je. Non seulement, tu as écouté mes recommandations, mais tu les as en plus téléchargées.
— Ferme-la.

Son grognement étouffé m'encourage à continuer.

— Est-ce que tu t'es tatoué le nom de leur groupe ? Ou alors tu leur as dédié un autel sacré dans ta chambre ? je réfléchis. Ou peut-être que tu m'as dédié un autel à moi, je me tourne vers lui en gloussant. Est-ce que tu remercies le ciel tous les jours de m'avoir posée sur ta route ?

Franchement, si l'excès était une personne, ça aurait pu être moi, je l'avoue.

Angel ne répond pas et lance l'album, accentuant mes ricanements. Je connais l'ordre des chansons par cœur à force de l'avoir écouté. Je m'appuie contre la vite avant de fermer les yeux.

"Do I Wanna Know ?". C'est ma préférée.., cet aveu m'échappe.

Un silence suit. Je me mords la lèvre puis serre les paupières plus fort.

Idiote, pourquoi est-ce que tu lui parles même ?

Il m'a embarquée de force dans sa voiture -ça devient une habitude à ce stade, deux fois en moins de vingt-quatre heures- et tout ce que je trouve à faire, c'est de lui parler de mes goûts musicaux.

— Moi aussi.

Je rouvre les yeux pour le dévisager. Le jeune homme ne quitte la route des yeux, si bien que j'envisage une minuscule seconde d'avoir rêvé.

— Est-ce que tu.., j'hésite un instant, est-ce que tu sais aussi la jouer ?

Angel se contente de hocher la tête.

— Tu pourras me montrer un de ces jours ? je demande, trop vite pour m'empêcher de parler.

I.D.I.O.T.E.

— Si nous ne nous sommes pas entretués d'ici là, pourquoi pas.
En dépit du désintérêt présent dans sa voix, je souris légèrement.

Son doigt bat le rythme de chaque accord sur le volant. Ce geste semble si naturel, si incontrôlé que je l'observe sans rien dire.

Tout est parfaitement à sa place dans cette image.

Angel. Ses quelques mèches folles qui échappent à l'élastique. La guitare. L'obscurité qui défile derrière la vitre, entrecoupée de lumières furtives. La croix qui pend à son cou, reflétant l'éclat de chacune d'entre elles.

"It's not like I'm falling in love.
I just want you to do me no good.
And you look like you could."

Cet homme ressemble à un sentiment. Celui que l'on a lorsqu'on se retrouve seule, allongée sur le matelas durant la millième nuit à imaginer un quelque chose, un quelqu'un d'intriguant.

J'ai beau le mépriser, je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me trouble tant chez lui. J'aime à penser que les gens sont bien plus complexes qu'ils ne le laissent croire, cependant, même ce qu'il montre est compliqué.

Je détourne le regard et ferme à nouveau les yeux.

Ce n'est pas mon problème. Je ne peux pas m'entraîner là-dedans. Ma curiosité émotionnelle me conduira à ma perte.

Angel est un connard dérangé.
Point à la ligne.

Quand le deuxième refrain de Fireside s'achève, la voiture s'immobilise. Je plisse les yeux puis comprends enfin que nous sommes garés devant un petit Diner.

Tu veux m'engraisser avant de me tuer ? j'ironise en détachant ma ceinture.

Mon colocataire m'imite. Seul un petit sourire me répond. Résignée, je le suis jusqu'à l'entrée de l'établissement. Cinq minutes plus tard, nous sommes installés l'un en face de l'autre, à regarder la carte chacun de notre côté.

J'ai l'impression d'être complètement défoncée. Cette scène est surréaliste.
Cet après-midi, j'étais prête à déménager et me voilà maintenant attablée avec lui comme si nous étions amis.

Lorsque la serveuse récupère nos commandes, je m'affale dans la banquette. J'ai choisi d'ignorer le regard d'Angel au moment où j'ai commandé une bière.

Alcoolique un jour, alcoolique toujours.

Je me concentre sur les voitures qui passent à l'extérieur pour ne pas confronter l'homme assis devant moi.

— Tu as pris un menu enfant accompagné d'une bière, je ne m'attendais pas à ce qu'il parle et sursaute. Tu es la fille la plus chaotique que j'ai été amené à rencontrer, Henson.

Je fronce les sourcils. Je préfère qu'il m'appelle par mon nom de famille que par mon prénom. Je gère mieux la chose. Toutefois, j'aurais préféré qu'il ne m'appelle pas du tout.

— Je n'ai pas très faim, dis-je platement. Par ailleurs, j'ai toujours soif.

— J'avais cru comprendre ça, Angel soupire. Ton alcoolisme en est presque étouffant.

Ça commence à m'agacer qu'il ne me perçoive que comme une gamine ravagée par la boisson. Pas que son avis sur moi ait de l'importance mais tout de même !

Ma langue se délie sans mon autorisation.

— J'ai eu une relation un peu compliquée avec la nourriture, rétorqué-je, d'un ton sec. Dépression, sauts fréquents de repas, perte flagrante de poids pour tout le monde sauf pour moi, remarques désagréables de mon père, réalisation et fin du cercle vicieux après un an et demi. Voilà les mots clés de l'histoire, si tu veux tout savoir. Donc parfois, je vais doucement et je privilégie les menus enfants.

— C'était à cause de quoi ? ses yeux détaillent mon visage.

Diego.

Ainsi que tous les autres hommes que je n'ai jamais osé approcher. Des types comme lui et Angel. Trop beaux pour me remarquer. Et de tout un tas d'autres merdes que je n'expliquerai jamais à quiconque. Certainement pas à lui. Je lui en ai déjà trop dit.

Je hausse les épaules.

— Des conneries d'adolescente stupide.

Je ne veux pas m'étendre sur le sujet. J'ai tout pour être heureuse -en théorie- et pourtant, je ne réussis pas à l'être. J'ai fait des milliers d'introspections personnelles mais je n'ai jamais été capable de trouver ce qui clochait chez moi. Je suis peut-être juste condamnée à être l'une de ces personnes qui connaîtra une vie d'anesthésiée.

Le caractère distant d'Angel admet bien une qualité. Il acquiesce juste, sans essayer de me percer à jour.

Parce qu'il s'en fout. Il s'en fout de toi. Pourquoi t'a-t-il même invitée ici ?

Il perd son temps. Tu n'es pas assez intéressante pour un type comme lui. Il s'en fout.

Pourquoi est-ce qu'on est ici ? je reprends.

La serveuse dépose nos deux hamburgers. Sans aucun doute, le mien doit être deux fois plus petit que celui de mon colocataire. Ils ne mentent pas sur le menu enfant, au moins ils se soucient du taux de cholestérol des jeunes.

— Je sais que tu as fait des efforts pour qu'on communique mieux, commence le jeune homme. Je sais que je n'ai pas eu l'air d'aller dans ton sens mais tu as raison. Cohabiter normalement serait plus simple que se cracher à la gueule non-stop.

Oh tiens, il fallait peut-être y penser avant de me dire ce genre de conneries cet après-midi, non ?

Je ne l'interromps pas pour autant. J'ai promis d'être mature. Je dois encore tenir au moins trois mois pour donner tort à mon père.

— Je sais que j'ai dépassé les bornes avec mes mots, Angel accroche son regard au mien. Je ne m'excuserai pas une nouvelle fois parce que ça te ferait trop plaisir et qu'en général, je ne m'excuse pas auprès d'idiote comme toi.

Bein voyons, ça avait si bien commencé.

— Excuse-nous Dark Sasuke, je lève les yeux au ciel. Je ne mérite pas ta salive.
— Tu cites beaucoup de références liées à Naruto, est-ce que tu as regardé l'animé ?

Il se fiche de moi là ? Je scrute son visage, à la recherche d'indices. Mais comme d'habitude, je n'y trouve rien. Alors, je claque bruyamment ma langue sur mon palais.

— On s'en fiche ! On en était surtout à la partie où tu reconnaissais enfin tes torts. Ne t'arrête pas en si bon chemin.

Angel lâche un profond soupir. Qu'est-ce que ça lui coûte de devoir faire ça. Je me délecte de le voir aller contre sa nature innée d'enfoiré.

— Je t'ai invitée pour que nous essayons de...
— Obligé serait plus adapté, le coupé-je. Tu ne m'as pas invitée. Une invitation implique une possibilité de réponse négative. Tu ne m'as pas laissé le choix.

Mon colocataire me jette un regard si noir que je me mords la lèvre inférieure, partagée entre le fou rire et la peur irrationnelle que j'ai découverte à son égard.

— Si tu continues comme ça, on ne pourra définitivement pas aller au Mexique, assène Angel. Je risquerai de te noyer quelque part dans le Golfe du pays.

Le Mexique. Merde. Le Mexique.

— Alors à propos de ça, je me redresse sur la banquette, je crois que je n'irai pas. Je n'ai pas assez d'argent pour payer le billet, et encore moins la chambre d'hôtel. Comme mon père refuse de m'accorder toute transaction, le plan tombe à l'eau.

Il mange une frite sans réagir. Je m'attendais à une explosion de joie ou autre manifestation désobligeante, mais non.

— Tu n'auras pas à payer l'hôtel, finit par affirmer Angel. Madame Herrero a dit qu'elle s'occuperait du logement pour tout le monde. Avec l'aide de son mari.
Je fronce les sourcils.
— Quoi, ne me dis pas qu'ils possèdent un hôtel tout entier quand même ?

— Je n'ai pas posé tout ça de questions, Sativa. Et je te conseille de ne pas lui demander si elle gère un cartel ou autre.

Bien envoyée la pique sur ce que j'avais dit de son père dès le premier jour. C'est qu'il a de la mémoire quand il s'agit de me tailler, Monsieur De Los Santos.

— Combien seront du voyage ? je l'interroge à la place.
— Nous serons huit, m'informe-t-il. Si l'on te compte dans le lot.

Je réfléchis en croquant dans mon burger. Je pourrais peut-être trouver les sous pour payer juste le billet. Par ailleurs, est-ce que j'en ai vraiment envie ?

Saisir les occasions certes, mais à quel prix ? Et si je commettais l'erreur de ma vie ? Ça se trouve ce malade veut vraiment me tuer. 

Je bois une généreuse gorgée de bière, histoire de faire taire mes méninges. Ils ne fonctionnent jamais quand j'ai vraiment besoin d'eux. Ils devraient se la boucler à présent.

— Avoue que tu meurs d'envie que je t'accompagne et je me débrouillerai, roucoulé-je.
Angel me toise.
— Non.

— Parce que ça me ferait trop plaisir, j'achève à sa place. J'ai compris, change de disque.
— Je n'allais pas dire ça, raille-t-il. J'allais dire que Madame Herrero m'a supplié de te convaincre d'accepter et que je refuse de supporter ses plaintes pendant tout le voyage si tu ne viens pas. Personnellement, je n'en ai rien à foutre.

Et toc, Sativa Henson.
Touché.
Coulé.

Je vide un peu plus ma bière.

— Moi aussi, je n'en ai rien à foutre que tu n'en aies rien à foutre que je vienne ! assuré-je. Mais tu sais quoi ? Je viendrai. Juste pour le plaisir de te faire chier sur un autre sol que celui des États-Unis.

Angel hausse simplement les épaules. La suite du repas se fait en silence. À présent, je suis déterminée à participer à ce stupide voyage de retraités. Ma fierté est en jeu. Je ne peux pas perdre une nouvelle fois face à lui.

Dorénavant, j'en suis certaine. Mon ego me perdra un jour.

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