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Je crois que je n'ai jamais réalisé un chignon aussi parfait. Aucun de mes cheveux ne dépasse, le chou est nickel et même mes baby hair sont égaux. Je tape une petite danse de la victoire en mettant mon parfum.

Diego m'a invitée à dîner pour se faire pardonner. J'ignore pourquoi il sort à ce point le grand jeu, mais je crois qu'il a enfin dû réaliser la gravité de son action. J'ai passé l'après-midi à parler au téléphone avec Solveig. Les choses se sont arrangées, je lui ai assuré que c'était sans rancune, pourtant, je sais que j'aurais encore du mal à la regarder sans entrevoir ce sur quoi je suis tombée la dernière fois.

J'aurais pu porter la robe bleue qu'elle m'a achetée, histoire de marquer l'ironie et de provoquer la table d'en face, mais j'ai préféré me la jouer Dark Feminine ce soir. J'ai opté pour une robe moulante noire longue aux bretelles fines et fendue sur la cuisse droite. Elle se porte sans soutien-gorge à cause de la forme de l'encolure et j'ai longuement hésité à la mettre. Mes seins paraissent encore plus minuscules.

Toutefois, le croisement dans le dos ainsi que la manière dont elle épouse mes hanches -je suis plutôt gâtée de ce côté-là- a fini par me convaincre. Je pourrais avoir peur d'en avoir trop fait mais Diego m'a donné le nom du restaurant, le genre chic avec des plats aux prix qui me donnent mal à la tête.

Il m'a assuré qu'il payerait tout. J'ai tenté de le raisonner, cependant, c'est comme parler à un mur. Lorsqu'il a une idée en tête, personne ne peut le dissuader.

Je vérifie une dernière fois que j'ai glissé toutes mes affaires dans ma pochette, applique une couche de l'un de mes nombreux rouge à lèvres rouge que je ne mets jamais, enfile mes petits talons -cet idiot n'est pas assez grand pour que j'en mette de plus impressionnants, il risquerait de se sentir complexé si j'atteignais sa taille- puis quitte enfin ma chambre.

En sortant, je tombe nez-à-nez avec Angel qui délaissait son antre au même moment, des écouteurs dans les oreilles. J'ouvre de grands yeux tandis que les siens me dévisagent de haut en bas.

— Euh.., je vais au restaurant avec mon.., enfin.., mon meilleur ami, bafouillé-je. Je risque de rentrer un peu tard. J'essayerai de ne pas faire trop de bruit. Et de ne pas être trop bourrée.

Mon colocataire ramène finalement son regard au mien. Il retire l'un de ses écouteurs avant de hocher la tête.

— L'album est pas mal, annonce-t-il ensuite quand je m'apprête à ouvrir la porte. Et la robe te va bien.

Les clés me glissent des mains. Je me baisse rapidement pour les récupérer tout en articulant un "merci" un peu bancal. Angel se contente de hausser les épaules et de disparaître dans le salon.

Pendant tout le trajet entre notre étage et le rez-de-chaussée, ses paroles tournent en boucle dans mon esprit.

Il m'a fait un compliment, putain de merde. Ou plutôt deux.

Il m'a dit que l'album que je lui avais conseillé était "pas mal" et que ma robe "m'allait bien". Je dois être en train de rêver, les extraterrestres ont dû kidnapper mon vrai colocataire durant la nuit et le remplacer par un clone. Il n'y a pas d'autres explications plausibles. Je doute que notre simple conversation d'hier soir ait suffi à le rendre aussi aimable.

Et puis, ce regard. Je crois que personne ne m'avait jamais regardée avec tant d'attention.

À vrai dire, pour être tout à fait et complètement honnête, j'ai failli lui sauter dessus. Enfin, je veux dire si je n'étais pas occupée à paniquer intérieurement.

Je suis toujours dans mes pensées au moment où j'atteins la dernière marche, si bien, que comme d'habitude, je manque de me rétamer la gueule.

J'ai vraiment un souci avec les putain d'escaliers !

Je regarde mon téléphone, à la recherche d'un message de Diego. Il m'en envoie un au même instant, affirmant qu'il est arrivé à la sortie de mon immeuble.

Quel gentleman...

Je resserre les pans de ma veste avant de sortir. Il ne fait pas particulièrement froid mais le petit vent nocturne a tendance à me jouer des tours. Je localise très vite la voiture de mon meilleur ami. Comme annoncé, elle est garée juste devant. En quelques secondes, il descend du véhicule pour venir m'ouvrir la porte passagère. Je hausse les sourcils puis lâche un petit rire.

— Tu en fait beaucoup là quand même ! ricané-je.

— En général, la plupart des filles se contente de glousser et de monter en me remerciant, il fait faussement la moue.

Rien de spécial.

— La plupart des filles couche avec toi à la fin de la soirée. J'imagine que je suis différente d'elles, je déclare tandis qu'il referme la portière.

Diego s'installe derrière le volant puis me gratifie de son fameux sourire taquin.

— Dommage, je comptais sur toi pour me récompenser comme il se doit après le restaurant, il mime la réflexion. Je pense que je vais appeler pour annuler notre réservation. Je n'aime pas faire des efforts pour rien.

Il se tourne vers moi en se penchant légèrement en avant. À cette distance, je parviens à détailler le bleu de ses iris. Alors, j'utilise ma technique spéciale "danger imminent" et plaque ma main sur son visage. Elle fonctionne à chaque fois. Le garçon s'écarte, me traitant de tous les noms sous mon rire moqueur.

— Ça t'apprendra à dire de telles conneries, déclaré-je, malgré mes gloussements.

Diego démarre la voiture puis s'engage sur la route. Il me jette plusieurs coups d'œil alors que je joue à Zombie Tsunami sur mon téléphone.

— Crache le morceau ! dis-je, sans relever les yeux.

— Je voulais juste te dire que tu es magnifique, mon meilleur ami s'arrête au feu rouge. Toutefois, j'ai peur que tu penses que j'essaie d'obtenir une récompense.

— Tu es idiot, certes, mais pas assez pour commencer une course que tu sais perdue d'avance, je peste lorsque mon dernier zombi tombe dans un trou avant de verrouiller mon portable. Merci.., susurré-je ensuite.

Lui aussi est particulièrement beau. Ses boucles noires sont un peu en bataille -par ailleurs, je sais qu'il les discipline juste assez pour leur donner cet effet coiffé/décoiffé, tout est calculé avec lui-, sa chemise sombre s'harmonise avec son teint, lui donnant un air très classe, et son visage est comme toujours, absolument parfait.

Ce type est parfait. Même quand il m'énerve, je suis obligée de reconnaître qu'il est parfait. Du moins, dans son apparence physique.

— Tu es autorisée à pouvoir marcher à mon bras, clame Diego. J'ai fait exprès de choisir un restaurant où je n'ai jamais été, pour qu'il n'y ait pas de risque qu'on me reconnaisse. Un mec aussi canon que moi, on le reconnaît forcément. Et j'aimerais éviter qu'ils pensent que je change de meufs tous les mois.

— Oui, c'est vrai, roucoulé-je. Cela pourrait nuire à ta réputation. Ce serait honteux qu'ils croient que tu changes de nanas tous les mois alors que c'est plutôt toutes les semaines.

Je rigole à l'instant où il fait semblant d'être scandalisé. Après quoi, il redémarre au feu vert.

— Mes voisins veulent aller au Mexique, je poursuis. Tu crois que je devrais y aller ?

— Quelle question, Sativa Henson ! Bien sûr que tu devrais y aller, le Mexique est un pays magnifique. Et je ne dis pas du tout ça parce que je suis mexicain, voyons. J'ai un avis totalement objectif.

— Oui, c'est sûr, je hoche la tête. Aussi objectif que ma mère quand elle parle des îles de la Caraïbes.

— La vérité n'a rien d'arrogante, Ivy, assure le jeune homme. Après tout, ce n'est pas de notre faute si nous venons des plus beaux pays du monde ! Mais pour en revenir au sujet, oui, je pense que tu devrais y aller. Tu te rappelles le jour où je t'ai dit de saisir les occasions ? Je parlais exactement de ce genre d'occasions !

Je commence à jouer avec l'ongle de mon pouce.

— Ça voudrait dire que je partirai avec des vieux et Angel.

Je ne peux m'empêcher de grimacer en prononçant son prénom. En dépit de la trêve qui semble s'être installée entre nous, nous ne sommes toujours pas les meilleurs amis du monde. Et pour rester réaliste, je pense que ça n'arrivera jamais.

— Tu habites déjà avec lui, qu'est-ce que ça changerait ? s'enquiert Diego.

— Imagine si on doit partager notre chambre d'hôtel. Cette possibilité est fort probable sachant que je doute que l'un de nous deux soit assez riche pour en payer deux.

— Tu m'as dit qu'il roulait en Porsche.

— Son père lui a payé la voiture, rappelé-je.

— Ah oui ! s'exclame-t-il. Le fameux père que tu as traité de trafiquant de drogue dès le premier jour.

— Je ne l'ai pas traité de trafiquant de drogue, m'offusqué-je. J'ai émis une hypothèse.

— Hypothèse tout à fait en lien avec les clichés qui circulent sur les sud-américains.

Je croise les bras face à son ton moqueur.

— Il me semble que ce n'était pas ça le sujet !

— Pardon, Diego rit, le sujet, c'était toi qui flippes à propos de partager une chambre avec lui durant un voyage qui n'est encore qu'une simple idée. J'imagine que tu veux encore me parler de tes passages aux toilettes et de ton impossibilité à le faire s'il réside dans le même espace vital que toi, n'est-ce pas ?

Je m'apprête à le contredire, pourtant, je me ravise. Pour le coup, il a raison. Bon, je n'allais pas commencer avec cet argument mais il trottait aussi dans ma tête parmi la liste des problèmes en lien avec Angel et moi dans la même chambre d'hôtel.

— Si tu l'as bouclé, c'est que j'ai raison, s'amuse mon meilleur ami.

— On est encore loin ? je grogne, histoire de ne pas répondre.

— Non Madame-j'ai-peur-d'être-constipée, on y est dans deux minutes à peine.

Ce surnom ridicule me pousse à lui faire un doigt d'honneur, bien que j'avoue qu'il était marrant. Diego se contente de me mimer un baiser puis le reste du trajet se fait en silence. Nous arrivons effectivement peu de temps après. Je ne lui laisse pas le temps de jouer un deuxième épisode de "Diego Le Gentleman" car je descends avant lui.

Une fois au pied des quatre marches qui mènent au restaurant, il me tend son bras que j'accepte volontiers. Même la façade de cet endroit pue l'aisance financière.

— Tu vas manger du pain pendant combien de temps après cette soirée ? lui glissé-je, en montant les escaliers.

— Je pensais plutôt faire l'impasse sur la nourriture et boire uniquement de l'eau durant les deux prochaines semaines, répond Diego. Il paraît qu'on peut survivre un mois sans manger si on s'hydrate bien.

— Tu l'as appris en fac de sciences ? Comme pour l'entropie ou je ne sais quelle autre connerie ?

— Non, sur Youtube, ricane-t-il. J'ai regardé une vidéo qui parlait de survie après un crash d'avion. Au cas où. Mais je suis ravi que tu te souviennes de ce que je t'ai appris.

Pour toute réponse, je lève les yeux au ciel. L'hôtesse de l'accueil vérifie le nom de notre réservation et je suis obligée de donner un petit coup de coude à Diego au moment où il lui décoche son diabolique rictus enjôleur. Pas que je sois jalouse mais vu le niveau de prestation de ce restaurant, il devrait éviter de draguer le personnel alors qu'il est en compagnie d'une autre femme.

Je sais que sa mère l'a bien éduqué, il ne devait juste pas écouter quand elle lui enseignait le respect d'autrui.

Après quelques secondes, elle nous escorte jusqu'à une table au fond de la salle, près d'une grande baie vitrée. Le quartier qui s'étend de l'autre côté est illuminé de toutes parts. Je distingue les néons de grandes enseignes de luxe, comme Hermès ou Prada, ainsi que d'impressionnantes villas qui mériteraient plus le statut d'hôtels.

Le jeune homme doit utiliser ses capacités démoniaques pour lire dans mes pensées car il se remet à me vanner après avoir bu une gorgée d'eau.

— J'ai hésité à louer une chambre pour la nuit, puis je me suis dis que tu risquerais de manquer à ton colocataire.

Je réprime au dernier moment le coup de pied que je m'apprêtais à lui asséner sous la table. Nous ne pouvons pas nous permettre d'agir aussi bêtement que d'habitude. Ce lieu est trop classe pour ce genre de bêtises. Je m'attends presque à voir Barack Obama débarquer d'une seconde à l'autre.

— Tu n'aurais jamais eu assez d'argent pour tout ça, rétorqué-je, à la place.

— Tu n'imagines pas le nombre de dollars que j'économise depuis que j'ai arrêté d'acheter de la coke lorsque je vais en soirée ! Diego s'esclaffe. Mais comme tu es déterminée à ne pas me récompenser, je garderai cet argent pour une autre fille, plus encline à le rentabiliser.

Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel.

Rien de spécial.

— Arrête de faire des allusions sexuelles. Tu es ici pour te faire pardonner, tu te souviens ?

— Rectification, contre-t-il, je suis ici pour passer un merveilleux moment avec ma meilleure amie. Par ailleurs, tu sais que je pourrais aussi bien me faire pardonner dans un lit...

Sa voix devient plus profonde tandis que ses yeux bleus se mettent à briller davantage.

Non. Pas de ça. Sativa, concentre-toi sur la carte et ignore les flashs qui te reviennent en tête. Ce n'est pas une bonne idée d'emprunter ce chemin risqué !

— Cesse tout de suite de faire ça ! ordonné-je.

— Désolé, il sourit à la manière d'un enfant, j'ai trop l'habitude. Surtout face à une aussi belle femme que toi.

Cette phrase me fait l'effet d'une gifle. Je suis consciente qu'il s'agit de son baratin habituel mais je ne suis pas familière avec ce mot.

Belle.

— Tu me conseilles le risotto ou le filet de sole ? je demande, afin d'éviter de poursuivre sur cette lancée.

— Je te dirais d'essayer le consommé de faisant aux cèpes et aux quenelles à la moelle, dit-il, conscient de l'effet que ses mots ont sur moi.

Je le regarde, perdue.

— Tu es au courant que j'ai parlé uniquement de ces deux trucs parce que j'ignore ce qu'est le reste, pas vrai ?

Diego rit puis se penche légèrement au dessus de la table, dans le but de m'expliquer la composition de chaque plat. Son parfum m'effleure les narines. Je me fais violence pour l'ignorer. C'est toujours de cette manière qu'il arrive à m'avoir. Avec de petits détails.

Son père, le Docteur Valdez -à la différence du mien-, les emmène souvent dans ce genre de restaurants gastronomiques, il est familier avec toute cette cuisine compliquée. Pour ma part, mon palais est accoutumé aux pâtes, au riz et aux repas du tiers-peuple. Je ne suis qu'une simple mortelle, pas une envoyée du Diable qui profite de l'argent du pacte pour goûter à des mets raffinés.

J'intercepte le regard d'une dame d'un certain âge. Avec ses cheveux poivre sel relevés en chignon parfait et ses anneaux en or, elle paraît tout à fait à sa place. Elle m'adresse un petit sourire attendri en nous regardant tous les deux.

Il faut dire que de loin, avec Diego incliné ainsi vers moi à chuchoter les ingrédients de la carte, nous devons ressembler à un jeune couple de cadres dynamiques.

Beurk.

Après tout ce charabia à propos de viandes aux noms compliqués, de poissons que je n'ai jamais vus en aquarium et de pommes de terre sautées, retournées et cuites au four, je finis par commander le premier plat qu'il m'avait présenté. J'ai dû relire son nom cinq fois avant de l'annoncer au serveur. Diego choisit quelque chose de tout aussi mystérieux et je vérifie l'état de mes cheveux quand l'employé s'en va.

— La prochaine fois, tu pourras te contenter de Burger King, assuré-je. Je serai toute aussi heureuse !

— La prochaine fois, c'est toi qui m'invites quelque part ! déclare mon meilleur ami.

— Je peux t'inviter entre les quatre murs de mon appartement, peut-être que tu réussiras à soutirer plus de mots que moi de la bouche d'Angel. Je lui ai parlé de toi, je me mords la lèvre à ce souvenir, le jour où on est rentrés de boîte. J'ai plus ou moins insulté ses origines, encore me diras-tu, et j'ai tenté de me rattraper en disant que tu étais mexicain.

Diego hausse un sourcil.

— Quel est le rapport avec l'Uruguay ? il m'interroge, confus.

— Ce sont deux pays qui parlent espagnol ? tenté-je.

Le jeune homme se mord l'intérieur de la joue pour contenir son fou rire.

— Tu m'étonnes que ce brave type refuse de te parler ! Il est d'ailleurs meilleur que moi. J'aurais appelé une association contre le racisme envers les latino-américains, histoire de te virer de la coloc et de toucher un dédommagement. Avec un peu de chance, ils t'auraient même renvoyée dans ton pays en guise de punition.

Je laisse échapper un éclat de rire puis plaque ma main sur ma bouche, soucieuse d'avoir fait trop de bruit. Heureusement, personne ne semble le remarquer. Les lèvres de mon meilleur ami s'étirent dans un rictus narquois -absolument incroyable, si vous voulez mon avis sincère-.

Black Lives Matter too, Diego Valdez, gloussé-je.

— En particulier la tienne, Sativa Henson.

Son ton langoureux me remet un coup dans l'estomac. Cette soirée risque de déraper si je ne me canalise pas tout de suite. Il est bien trop fort à ce jeu.

— Je pensais que je n'avais "rien de spécial", je mime les guillemets.

Mon meilleur ami lâche un long soupir.

— Tu sais très bien que je ne le pensais pas, murmure-t-il. Ne me force pas à te dire "je t'aime" parce que tu n'y survivrais pas.

C'est vrai. Ces trois mots sont la chose la plus sacrée à mes yeux. Je crois que la dernière fois que je les ai offerts à quelqu'un, je devais avoir dix ans et je m'adressais probablement à ma mère.

— Je te trouve très prétentieux.

— Et je le serai encore plus lorsque tu seras bourrée.

Pour appuyer ses paroles, il verse du vin dans ma coupe avant de la pousser vers moi d'un geste doux. Je la jauge un long moment. Nous sommes tous les deux conscients que je n'y résisterai pas longtemps. Cependant, je dois au moins faire semblant de mettre des barrières entre moi et mon alcoolisme.

— Si ton plan est de me saouler pour obtenir ce que tu veux, tu peux oublier. Tu n'auras pas de récompense, j'annonce, en me saisissant finalement du verre.

Diego fait mine d'inspecter la bouteille.

— Il est vraiment délicieux si j'en crois la réputation de la marque, déclare le mexicain. Tu changeras d'avis. Je te donne quatre coupes.

— Hausse les enchères, je riposte. Même si je finissais la bouteille, ce que je ne ferai pas pour des raisons évidentes, il ne se passera rien.

Il amène son propre vin à ses lèvres tout en me dévisageant par dessus le rebord de la coupe. L'intensité de ses yeux bleus a son petit effet sur moi, je ne peux pas le nier. Mais je ne craquerai plus. C'est futile et je n'aime pas perdre. Je l'ai déjà trop fait face à lui.

Son petit sourire arrogant me fait momentanément oublier la faible teinte rougeâtre qui orne désormais sa bouche.

— Très bien, tu as gagné. Je ne suis peut-être pas aussi irrésistible que je le pense.

Je claque ma langue sur mon palais. Il a raison, ce putain de vin est délicieux. Je m'en ressers sans attendre, sous le regard amusé de mon meilleur ami.

— Ça fait des années que je te le dis, m'écrié-je.

— Pourtant, tu ne me l'as jamais prouvé ! rigole Diego.

J'étouffe mon offuscation avec une gorgée de vin. Coucher avec lui -plusieurs fois, qui plus est- lui a fourni trop d'armes dans cette bataille. Je lui ai montré à maintes reprises que je ne suis qu'une femme de plus, incapable de le repousser.

— Ne démarre pas cette course, Valdez, asséné-je. Je ne te laisserai plus jamais me vaincre.

Il se penche par-dessus la table, le regard brillant. Je me force à ne pas broncher malgré la beauté de ses traits.

— Tu sais que j'adore les défis, Henson, il parle tout bas. Et tu as toujours été le plus grand de tous.

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