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Je baille pour la millième fois en moins de dix minutes. Me concentrer sur la voix de mon professeur relève de l'impossible avec les résidus d'alcool encore présents dans mon organisme et le peu de sommeil que j'ai pu voler à la nuit. Je suis épuisée.
Nous sommes rentrés à près de minuit hier soir et j'ai dû me réveiller à sept heures pour être à l'heure à mon cours de sept heures trente.
Il est à présent bientôt neuf heures et pas de nouvelles de Monsieur De Los Santos.
Il ne va pas à la fac ? Ou au travail ? Peut-être que son père qui lui a acheté une Porsche l'entretient durant son séjour ici. Est-ce un séjour ?
J'espère de tout cœur qu'il prévoit de retourner en Uruguay. Il m'agace. Et le fait qu'il soit beau m'agace encore plus. En général, lorsque la beauté de Diego commence à devenir insupportable, je me contente de foutre ma main dans son visage, ce qui a pour effet de le faire crier et de le rendre bien moins attirant.
Malheureusement, pour des raisons évidentes, je ne peux pas utiliser cette technique sur Angel.
Lorsque la théorie de je-ne-sais-quoi est sur le point de venir à bout de mes dernières résistances, le bruit d'une porte qui s'ouvre me réveille en sursaut.
Je m'empresse de retirer mon bonnet en satin de sur ma tête et me redresse, adoptant l'air le plus studieux que j'ai en réserve.
— Tu as vraiment dormi là ? s'enquiert mon colocataire tandis qu'il s'affaire près du frigo sans me regarder.
— Peut-être que oui, peut-être que non, je réponds du tac au tac.
Angel attrape un yaourt -à croire qu'il ne mange que ça- puis s'accoude au comptoir en l'ouvrant. Ses yeux bruns sont braqués sur moi. Je n'ai pas l'habitude d'une telle attention de sa part, je crois que ça me donne de l'urticaire.
Mon cours de neurosciences n'est plus qu'un bruit de fond désormais.
— Si tu étais trop bourrée pour te lever et que tu as honte d'avouer que tu es restée ici, ça ne m'étonnerait pas, débite-t-il. Parce que tu es une menteuse, une alcoolique et une immature.
On dirait que quelqu'un s'est levé du mauvais pied aujourd'hui.
— Tu as fini d'énumérer toutes mes qualités ou est-ce que tu en as d'autres en réserve ? j'ironise.
— Non, je pense m'arrêter là. Le contraire te ferait trop plaisir.
Comme si un rush d'adrénaline se propageait dans mes veines et prenait possession de mon corps, je me redresse d'un coup avant de sourire.
— Tu sais ce qui me ferait vraiment plaisir ? je roucoule. Que tu te jettes sous un camion. Ou que tu la fermes. Pour toujours.
Angel prend le temps de jeter son yaourt vide à la poubelle. Après quoi, il s'appuie à nouveau sur le comptoir.
— Jamais de la vie, articule-t-il du bout des lèvres. Ça, ça te ferait vraiment vraiment trop plaisir. Et je refuse de te faire plaisir sur n'importe quel plan.
C'est ce qu'on verra Angel De Los Santos. Un jour, tu me taquineras l'entrejambe avec la même ferveur qui t'habite lorsque tu me casses les couilles.
À moitié choquée par mes propres pensées, je me contente de ricaner et de me concentrer sur ce qui importe réellement.
Mes cours.
Ce n'est sûrement pas Monsieur De Los Santos et ses piques qui vont me construire un avenir et me nourrir durant les prochaines années.
Il peut bien aller se faire foutre.
***
— Je trouve que ça fait très Cendrillon ! s'extasie Sol.
Je resserre un peu plus la bretelle de la robe. Je n'ai pas l'habitude de mettre des couleurs aussi... bleues.
— Il me semble que le prince a mis la chaussure à Cendrillon et pas l'inverse. En plus, cet imbécile n'a rien d'un prince.
Je fais un tour sur moi-même en scrutant le miroir. Quand est-ce que j'aurais l'occasion de mettre un vêtement pareil ? Je devrais plutôt me concentrer sur des pièces de tous les jours, pas sur une robe digne de Ibiza.
— Tu m'as dit qu'il était très beau, la voix de mon amie me parvient depuis l'extérieur. Les princes sont tous très beaux. Sors de la cabine Sativa !
Je soupire avant de lui obéir.
— Il est très beau, effectivement. Mais pas beau comme un prince, je grimace. Plutôt beau comme un diable. Beau comme le dernier verre d'alcool que tu sais que tu ne dois pas commander parce qu'il te fera vomir !
Solveig me dévisage longuement tandis qu'un sourire rayonnant s'étend sur ses lèvres.
— Tu es magnifique ! s'écrit-elle. On la prend !
— Solveig, je n'ai plus une thune. J'ai déjà tout dépensé dans les deux pulls et le jean que nous avons achetés.
Elle balaie mes paroles d'un geste de la main.
— Je te la paye, Henson. Ce serait criminel qu'elle ne te revienne pas.
Je tente de l'en dissuader mais elle me pousse à l'intérieur de la cabine. Avant de tirer le rideau, la rousse rebondit sur mes paroles de tout à l'heure.
— Nous savons toutes les deux que tu adores boire, assure Sol. Tu prends toujours le verre de trop.
J'ai à peine le temps de comprendre qu'elle fait référence à mon colocataire qu'elle a déjà refermé la cabine. Je me regarde une dernière fois dans le miroir.
La famille de Solveig est aisée. Elle me l'a dit lors de notre deuxième service ensemble. Théoriquement, elle n'a même pas besoin de ce travail car ses parents l'adorent et sont ravis de pouvoir l'entretenir dès qu'ils le peuvent -d'ailleurs sa mère tente de la convaincre de lâcher son job-, toutefois, comme moi, elle est en quête d'indépendance financière. Elle ne renie pas le fait d'être privilégiée mais elle cherche à construire sa propre vie.
Tout est une question de mérite. Nous voulons toutes les deux sentir que nous mériterons ce que nous aurons, sans le devoir à quiconque.
Lorsque nous nous retrouvons à la caisse et que Sol sort sa carte bleue, je me balance d'un pied à l'autre, gênée.
Elle me tend joyeusement le sachet quand nous quittons le magasin puis se dirige vers un stand de Bubble Tea. Je m'apprête à la rejoindre, pourtant, mon téléphone se met à sonner dans ma poche arrière.
Je décroche en fronçant les sourcils.
— No te acerques a Zara o el centro comercial explotará !
Je regarde dans tous les sens, à la recherche de ce fameux Zara et finis par le repérer à vingt mètres sur ma gauche.
Solveig, quant à elle, se trouve sur ma droite, toujours en train de faire la queue pour commander son thé. Je me racle la gorge.
— Ne me dis pas que tu te trouves ici, me lamenté-je presque.
— Por supuesto que sí, te vi pasar antes, répond mon meilleur ami.
— Je peux savoir pourquoi est-ce que tu parles en espagnol ?
J'entends des pas à l'autre bout du fil. Diego ne parle pas tout de suite. Grâce au silence, je parviens à distinguer une autre voix près de lui. Une voix que je connais.
— Timothy ne capte pas un mot, reprend le jeune homme en chuchotant. Et je ne veux surtout pas qu'il comprenne la situation, sinon il risquerait de vouloir venir vous saluer.
Solveig vient de passer à la caisse. Je guette du côté de Zara, à la recherche d'une chevelure rousse.
— Pourquoi est-ce que tu ne veux pas nous saluer ?
— Tu es avec Solveig, Henson. Je ne sais pas ce que tu lui as dit sur moi, mais elle a répondu super froidement au dernier message que je lui ai envoyé.
Message ? Comment ça, message ? Je ne savais même pas qu'il avait son numéro.
— Depuis quand est-ce que vous parlez par message tous les deux ? je m'esclaffe.
Je connais cet idiot par cœur, je n'ai pas besoin de le voir pour deviner le sourire hautain qui s'est peint sur ses lèvres à l'entente de cette question.
— Il y a beaucoup de choses que tu ignores, Sativa Henson...
Il me cherche. Et il va plutôt bien me trouver !
Je suis sur le point de le menacer de lui arracher les couilles s'il fait du mal à mon amie, par ailleurs, cette dernière remonte à mon niveau. Je raccroche sans réfléchir.
— C'était qui ? s'enquiert la rousse, en pointant mon téléphone.
— Oh rien d'important, assuré-je, d'un air innocent.
Sol acquiesce, peu convaincue, puis apporte un petit cookie à ses lèvres rosées.
— Il te l'a offert ? je la questionne.
Elle rougit légèrement avant de hocher la tête. Qu'est-ce que je disais ? Cette fille est irrésistible.
Toutefois, les paroles de Diego me restent en travers de la gorge. Solveig lui parle et elle ne me l'a jamais dit ?
Bon, je sais, je suis plutôt mal placée pour me plaindre. Elle n'est pas au courant que j'ai couché avec lui. Deux fois. À vrai dire, je lui ai seulement confié l'histoire de la Grèce, qui date d'il y a plus de cinq ans.
Mais ce n'est pas comparable !
Ou peut-être que oui ?
Merde, ce type est toujours obligé de semer la zizanie partout où il se trouve. Il m'a accusé d'avoir terni son image auprès de Solveig alors que je n'ai fait que raconter la vérité.
Si ça l'embête tant que cela se sache, il n'a qu'à ne pas le faire.
Je sors de mes pensées en voyant mon amie se diriger vers la gauche. Vers Zara. Je lui attrape le poignet d'un coup, si bien, qu'elle sursaute.
— Ça ne va pas ou quoi ? s'étonne Sol.
— Désolée, c'est juste que.., enfin que.., je cherche une excuse valable. J'avais repéré un superbe jean chez Pull&Bear la dernière fois. Je crois que le magasin est dans l'autre sens !
Solveig me dévisage quelques secondes, à la recherche d'un mensonge sur mon visage. Cependant, je tiens à rappeler que j'ai fait du théâtre au collège. Mon acting est sans faille.
Cela se confirme au moment où elle finit par acquiescer. Je souffle, soulagée. Mais Sol s'arrête d'un coup devant moi et je manque de lui rentrer dedans.
— Qu'est-ce qui se passe ? je demande.
— C'est pas Diego là-bas ?
Je me fige en entendant ces mots. J'ai l'impression de me retourner au ralenti avant de finalement apercevoir les boucles noires de mon meilleur ami.
Ou plutôt non, j'aperçois d'abord les cheveux roux de Timothy -sacré phare cette couleur, mine de rien !- qui m'indiquent ensuite la position de Diego, se trouvant juste à côté.
Ils foncent droit sur nous. Le mexicain relève les yeux de son portable puis se fige en croisant mon regard. Le sien glisse ensuite sur Solveig, dont le corps s'est tendu.
Il n'y a plus de retour en arrière possible, Timothy se précipite vers nous à grands pas, un immense sourire aux lèvres. Manifestement, il ignore tout du désastre qui est sur le point de se produire.
— Sativa ! s'écrit-il en me saluant joyeusement. Je ne pensais pas te revoir de si tôt, il se tourne vers Solveig. Bonjour ?
— Solveig, mon amie lui présente sa main.
Je remarque que son poignet tremble lorsque le roux la salue à son tour. Mon meilleur ami reste en retrait. Il me fusille du regard et je hausse les épaules, aussi impuissante que lui.
Pourtant, Sol n'est pas du même avis. Elle se plante devant lui. Je dois dire que je suis assez impressionnée par son toupet, il n'est pas commun chez elle.
— Diego, dit-elle d'un ton qui se veut neutre mais qui trahit son ressentiment.
— Solveig, répond-t-il.
Timothy me regarde, perdu. Je suis tentée de m'enfuir, toutefois, abandonnée ma collègue -qui plus est, vient de me payer une robe- serait lâche. Même pour moi.
— Qu'est-ce que vous faites ici ? poursuit Solveig à l'attention du mexicain.
Cet idiot retrouve très vite son habituelle attitude désinvolte. Il ose carrément lui sourire.
— Comme tout le monde, on fait quelques emplettes. Timothy cherche une poussette. Je crois que sa copine est enceinte.
Je me mords la lèvre inférieure pour ne pas rire en comprenant son allusion à la conversation que nous avons eu après le café. Diego est infernal, il ne s'arrête jamais.
— Tu devrais en profiter pour t'acheter une poignée de respect, réplique Sol.
L'ami de Diego laisse échapper un gloussement tandis que je baisse les yeux au sol afin de masquer le mien. Loin d'être blessé par cette pique -pourtant, bien envoyée-, Diego lui sourit à nouveau.
Il passe son bras autour de ses épaules et elle ne parvient pas à le repousser.
— Je serai ravi d'aller chercher "le respect" dont tu parles en ta compagnie. Tu m'indiques le magasin qui en vend ?
Le garçon la tire à sa suite avant qu'elle ne pense à le repousser. Je me retrouve derrière avec Timothy.
— Est-ce que je dois comprendre qu'il a aussi trafiqué quelque chose avec ton amie ? chuchote-t-il à mon oreille.
— Non, mais il en rêverait. Ça n'arrivera jamais. Je m'en suis occupée personnellement.
Nous commençons à marcher pour suivre nos deux camarades. Solveig essaie de se libérer de l'emprise de mon meilleur ami, pourtant, même de là, je vois que sa résistance est feinte.
— Tu veux le garder pour toi seulement ? me taquine le roux.
Je ne peux m'empêcher de grimacer.
— Certainement pas ! C'est juste que ce connard ne la mérite pas, je me tourne vers lui. D'ailleurs, pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dit qu'ils organisaient des soirées tango dans ton immeuble ?
Cette fois-ci, Timothy éclate franchement de rire. La place de "simple connaissance" risque vite de se transformer en "ennemi mortel" s'il continue sur cette lancée !
— Parce que je n'y ai jamais pris part et que je ne pensais pas que Angel allait t'emmener là-bas. Est-ce que c'est bien lui qui te les a introduites ?
Je hoche la tête pour toute réponse. Son sourire amusé commence à me taper sur le système. Je vais finir par croire que toute cette histoire n'est qu'une machination visant à me rendre plus folle que je ne le suis déjà.
— C'était bien ? poursuit-il.
— Le pire, c'est que ce n'était pas si terrible.., avoué-je, les dents serrées. Mais j'aurais quand même préféré être prévenue !
— Les meilleures choses sont souvent inattendues, Sativa.
Qu'il continue à me sortir des phrases bateaux de ce genre et mon poing dans sa gueule sera aussi inattendu que cette soirée tango.
Je cherche mes amis des yeux puis fronce les sourcils en les voyant rentrer dans une boutique.
Victoria's Secret ? Sérieusement ? Qu'est-ce que Diego va foutre dans un magasin de sous-vêtements avec Sol ?
Et pourquoi est-ce qu'elle ne lui a pas encore collé une gifle ?
Pour les mêmes raisons que toutes les autres, Sativa. Cet imbécile est irrésistible. Il arrive à se faire pardonner avec un sourire. Elle n'arrivera jamais à être dégoûtée de lui tant qu'il ne lui aura pas directement fait du mal.
Cependant, je ne laisserai pas les choses en arriver là. Je sauverai mon ami des griffes de ce démon avant qu'il ne fasse de la merde avec elle.
— À mon avis, tu t'inquiètes trop, la voix de Timothy me fait sursauter. Diego n'est pas si mauvais. Peut-être qu'il l'apprécie réellement.
— Diego n'apprécie réellement personne à part lui-même, j'assène, sûre de moi.
— Pas même toi ?
J'ouvre la bouche pour protester mais rien ne me vient. Je sais qu'il se soucie de moi parce que je suis sa meilleure amie. Pourtant, ça ne l'a pas empêché de faire n'importe quoi. Solveig n'a aucune chance de l'assagir. Personne ne le peut.
Il l'a confirmé. Une femme est un fardeau pour lui.
— Je le connais depuis toujours, affirmé-je à la place. Il ne s'est jamais intéressé à une fille pour quelque chose de sérieux. Il n'est jamais tombé amoureux. Diego est comme ça et il ne changera pas.
Timothy laisse mes paroles en suspens tout en observant Sol et le concerné depuis l'entrée. Le jeune homme agite un string rose sous son nez et malgré son visage fermé, il est évident que Solveig contient son rire.
— Elle, il indique ma collègue du menton. Elle mériterait qu'il le fasse.
Je suis tentée de dire qu'ils ne se connaissent pas tant que ça. Mais je me ravise. J'ignorais qu'ils échangeaient par messages jusqu'à il y a à peine dix minutes. Qui sait ce que j'ignore encore ?
— Solveig mérite le monde, soupiré-je. Elle mérite absolument tout. Il ne sera jamais capable de le lui donner. À mon avis, il ne penserait pas à essayer.
Et une part enfouie de moi-même espère égoïstement qu'il ne le fera pas.
J'ai plusieurs fois pensé que j'étais une horrible personne. Je suis jalouse de toutes les filles que je croise, toutes celles qui sont délicates, jolies, qui sont dignes d'être admirées. Toutes celles qui ne sont pas aussi peu aimables que moi.
J'ai toujours du mal à me l'avouer, par ailleurs, je le sais au fond de moi. Parfois, j'envie Sol et sa beauté. Je m'en veux pour cela mais c'est plus fort que moi. Je sais que je ne serai jamais comme elle.
Penser qu'elle réussirait là où j'ai échoué des centaines de fois me donne envie de l'étriper. Aucun doute possible. Je suis une horrible personne.
Mais Diego est MON meilleur ami. Si je n'ai pas pu lui donner l'envie d'être meilleur en plus de vingt ans, personne ne devrait en avoir le droit.
— J'ai besoin d'un verre, grogné-je en détournant les yeux du magasin.
Timothy regarde sa montre, estomaqué.
— Il est à peine seize heures trente, bafouille-t-il.
— Rien à foutre, préviens Diego que je suis dans le petit café à l'extérieur du centre commercial. Vous n'aurez qu'à me retrouver là-bas.
Le jeune homme tente de me raisonner, toutefois, je me mets déjà en marche vers la sortie.
Je ne bois pas pour le plaisir. Je bois parce que ça me donne l'impression d'être quelqu'un. Ça me donne le courage stupide de regarder les gens, sans avoir la sensation de valoir moins qu'eux.
Vivre dans ma tête est un supplice. L'alcool permet de faire taire les pensées incessantes qui tournent en boucle dans mon esprit.
J'entends des pas rapides dans mon dos. Timothy remonte à mon niveau en quelques secondes.
— Je t'accompagne, déclare-t-il. Ne le prends pas mal mais.., il fait la moue, tu sembles assez ingérable une fois torchée. Et je pense qu'il m'en voudra de te laisser seule dans cet état.
— Je ne compte pas boire au point d'être bourrée, j'essaie de me défendre. Il n'est que seize heures.
Bon, c'est un mensonge. L'heure ne m'a jamais arrêté dans mon autodestruction à coup de cocktails. Cependant, je préfère ne pas montrer cette facette de moi à Solveig. Elle sait que je suis barge mais pas à ce point.
Le roux me gratifie du rictus penaud.
— On n'est jamais trop prudent.
Résignée à voir ce type m'accompagner, je soupire tandis que nous sortons du centre commercial.
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