Vendredi, on finit les cours à 14h. Francis m'attend.

Sarah : ah tu n'as pas déjà tracé la route ?!?

Francis : très drôle Sarah ! Non je t'attendais pour te demander quelque chose !

Sarah : oui ?

Francis : tu vas chercher Leia ? Je peux t'accompagner j'aimerai discuter avec toi !

Sarah : bien sûr !!

On est sorti du CFA, la crèche était à 10 minutes à pieds.

Sarah : qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Francis : Sarah ... je ... je voudrai savoir si tu voulais bien venir boire un verre avec moi ce soir ...

Sarah : euh ... ce soir ça ne va pas être possible... je suis déjà invitée...

Francis : ah d'accord... et tu sors avec qui ?

Sarah : avec John. Il m'a envoyé un texto il y a deux jours pour m'encourager pour l'examen blanc.

Francis : et vous allez où ?!?

Sarah : il m'a dit qu'on irait au club Le Paradise...

Francis : woaw. Club huppé ! Il cherche à t'impressionner ?

Sarah : arrête tes bêtises !! Je vais juste boire un verre ! Et j'ai l'habitude des soirées mondaines !!

Francis : mouais ...

....

On a récupéré la petite et je les ai raccompagnées jusqu'à leur appartement.
Ce n'est pas vraiment ce que j'avais prévu de lui dire. Je voulais lui avouer mes sentiments pour elle, mais ce n'était pas approprié !

L'inviter à sortir aurait été super, sauf qu'elle est déjà prise ... je ne sais pas trop quoi penser de son pharmacien.

Je l'ai vu à plusieurs soirées professionnelles : il plaît énormément aux femmes ! Son côté latino doit y être pour quelque chose !! Il sait qu'il plaît parce qu'il en joue !!
Et quand j'entends les déléguées médicales parler de lui, il a l'air d'avoir une réputation de coureur de jupons !!

Le Paradise. Ce n'est pas facile d'y entrer !! Je déteste les clubs sélect comme celui-là : si tu n'es pas fils de ça ne marche pas ou si tu n'as pas les moyens ce n'est même pas la peine !!

Je n'aurai pas ce problème, je n'ai jamais dit à Sarah que j'étais le fils de madame le procureur ! J'ai horreur d'être catalogué par rapport à mon origine sociale !!
Est-ce que j'y vais seul ou je demande à ma cousine Fanny de m'y accompagner ?

Francis : Allô ? Fanny ça va ?

Fanny : Francis et bien ce n'est pas souvent que tu m'appelles. qu'est-ce que tu veux ?

Francis : ça te tente une soirée au club Le Paradise ?

Fanny : sérieux ? bien sûr que je veux !!!

Francis : ok ! je viens te récupérer vers 19H30 ? et prends ta carte d'identité, ça passera mieux avec ton nom ! je te rappelle que c'est le nom de ma mère qui est connu, pas celui de mon père.

Fanny : oui oui c'est bon !

....

Le soir est arrivé, je me suis occupée de Leia et Marina a pris le relais afin que je me prépare. Le Paradise, club presque privé. Je ne peux pas me contenter d'un simple jean. Je choisis une robe longue dos nu, bleu nuit. Je prends mon châle en dentelle. Je relève mes cheveux en un chignon lâche avec des mèches libres.

Je sors de la chambre sous les sifflements de David.

David : un simple verre ? dis donc il t'emmène où ton pharmacien ?

Sarah : pas le choix, c'est au club Le Paradise.

David : ooh, carrément !! Lui il a envie d'autre chose que prendre un simple verre avec toi, ma belle Sarah !! fais attention !!

Sarah : mais ne t'inquiètes pas ! je ne vois pas ce qu'il voudrait !

David : Sarah, tu le fais exprès ou quoi ? je suis pourtant homo mais je sais reconnaître et apprécier une jolie femme... et tu es une très jolie femme ... alors les mecs risquent de se battre pour toi ... fais attention, c'est tout.

J'ai embrassé sur la joue David, il est touchant avec son côté protecteur. Je ne comprends vraiment pas ce qui l'inquiète. Je vais juste boire un verre avec un collègue, certes très attirant, mais il ne va rien se passer de plus.

John est arrivé quelques temps après dans sa belle Audi noire. Ah ces pharmaciens, même si c'est très cliché, mais ils aiment bien afficher leur niveau de vie ! Il doit être issu d'une famille aisée pour avoir déjà une aussi jolie voiture alors qu'il n'est qu'assistant et non patron.

Je monte à bord et au regard que John me lance, je commence à m'en vouloir d'avoir choisi cette robe.

John : woaw Sarah ... tu ... tu ...

Sarah : le grand John qui perd ses mots ... (je me penche pour lui faire la bise sauf qu'il bouge sa tête en même temps et nos lèvres se rencontrent... oh non, ça me rappelle de vieux souvenirs du lycée ... mais pourquoi les gens ne restent-t-ils pas en place quand on veut leur faire la bise !! je fais un mouvement de recul, complètement gênée)

John : hum, tu es resplendissante et tes lèvres ont très bon goût ...

Sarah : Tu m'as invitée boire un verre il me semble ...

John : oui pour mieux faire connaissance avec toi et j'aime beaucoup comment cette soirée commence.

Je n'avais pas besoin d'un miroir, je me sentais rougir. J'aurai dû écouter David et je n'aurai jamais dû accepter cette invitation. J'essaye de me détendre, ce n'est qu'une simple soirée.

Nous arrivons au club et je suis très surprise qu'il y ait déjà beaucoup de monde devant l'entrée. Il est facile de savoir qu'il s'agit d'un club destiné aux gens de la haute société, le parking déjà est sous surveillance de potentiels vandales et les voitures sont toutes des voitures de luxe, BMW, AUDI, PORSCHE ... John nous trouve une place de parking. Je descends de la voiture et John est déjà à côté de moi, il m'attrape par la taille de sorte que je suis collée à lui. Je me dégage doucement de cette étreinte.

Sarah : John, ça va aller ... je te rappelle que nous sommes collègues et je n'ai pas envie de croiser des gens qui pourraient colporter des ragots sur moi. Si tu continues comme ça, je préfère qu'on en reste là pour ce soir et j'appelle un taxi et je rentre.

John : D'accord Sarah, on se détend. Je ... bref, je vais être franc avec toi, tu es très attirante particulièrement ce soir ... et je n'ai pas l'habitude qu'on me résiste. Mais tu n'es pas comme toutes ces filles qui succombent en un claquement de cil... je vais m'adapter, je sais me comporter convenablement !

Sarah : bien, j'aimerai passer une agréable soirée et pas craindre que tu tentes de me séduire ...

John : hum, je peux faire en sorte que le premier point se réalise, le second je ne peux pas te le promettre ... mais allons-y ...

John m'a alors tendu le bras auquel je me suis accroché. On était physiquement proche, mais pas collé l'un à l'autre. Nous arrivons à l'entrée du club et là quelle surprise, je reconnais le personnel de mes parents.

Santana, la chargée d'accueil me reconnaît et me fait la bise.

Santana : Sarah quelle agréable surprise ! Tes parents t'ont prévenus pour ce soir ?

Sarah : Bonsoir Santana, non, je ne savais même pas qu'ils avaient une soirée à organiser ici ... d'ailleurs depuis quand ils font dans les clubs maintenant ?

Santana : c'est une première !! le patron du club voulait organiser un truc nouveau : soirée à thème, sur invitations. D'ailleurs tu as une invitation ma chérie ?

Je me retourne vers John qui est tout sourire, il tend deux cartons à Santana.

Santana : Bien Monsieur, merci ! Sarah, tu en as de la chance, les places ont été très prisées ... tu connais ce milieu ! allez-y, passez une agréable soirée ... hé Sarah ! j'espère que tu n'es pas trop rouillée : c'est Pablo et Dom aux platines ce soir ! (et elle me fait un clin d'oeil avant de retourner travailler)

Nous entrons dans le club et tout de suite nous sommes plongés dans l'ambiance : une soirée latino. Il est tôt, les invités arrivent doucement et sont plutôt affairés au bar ou dans les fauteuils. La piste est vide pour le moment.

John nous trouve un endroit pas trop près de la piste, plutôt à l'abri des regards, dans une sorte d'alcôve. Cela me convient très bien, si on veut discuter ça sera mieux si on peut s'entendre et se parler. On s'assoit côte à côte. Une serveuse vient prendre notre commande : je choisis une piña colada et John prend une bière.

John : bon dis moi Sarah, tu as l'air de connaître du monde ici ? pourtant je ne te vois jamais dans les soirées ?

Sarah : moi dans ce genre de soirée ? hmm, je pourrai en effet, mes parents cotoient du beau monde par rapport à leur boulot. Mais je n'appartiens pas du tout à la haute société !

John : Leur boulot ? je ne comprends pas ...

Sarah : je suis Sarah VonGotten, tu sais les VonGotten, spécialistes dans l'évènementiel haut de gamme.

John : ah oui ? je n'avais pas fait le rapprochement ... enfin je n'aurai pas pu, je ne connaissais même pas ton nom de famille... je t'appelle Sarah c'est tout en fait. mais je comprends mieux pourquoi tu es aussi à l'aise en public et pourquoi tu as ce goût de l'élégance.

Sarah : euh . c'est-à-dire ??

John : toi tu as dû travailler beaucoup pour tes parents et donc tu as été très vite confrontée à savoir satisfaire les clients.

Sarah : effectivement, je connais bien ce milieu social, les codes, le savoir-être pour se faire accepter. Ce n'est pas forcément un milieu que j'apprécie. Trop de faux-semblant, d'hypocrisie et de méchanceté. Mais heureusement que j'ai rencontré des gens vrais, sincères et honnêtes. J'ai toujours été fière de qui j'étais et d'où je viens.

John : à t'entendre, on dirait que tu as souffert ...

Sarah : hmm... je n'ai pas eu une adolescence très douce. (même si j'ai accepté ce passé, ça reste toujours très émotionnellement dur d'en parler et je ne me confie pas souvent sur cette partie de ma vie)... je ... j'ai été souvent bien malgré moi au centre d'histoires que j'aurai préféré éviter.

John : je perçois une tristesse quand tu dis ça. c'était si terrible que ça ? l'adolescence c'est plutôt rythmé par les premières histoires d'amour ...

Sarah : tu oublies que j'en sors à peine de l'adolescence ... je fête mes 20 ans cette année ...20 ans et mère célibataire ...

John : c'est vrai que tu es encore jeune ... mes 20 ans me semblent à la fois loin et proches et pourtant je vais avoir 26 ans ... mais tu es tellement mûre qu'on oublie la jeunesse de ton âge ... alors ? cette adolescence tu me l'as racontes ? je veux mieux te connaître ... tu es intelligente, posée, avec un grand sens des responsabilités... Mais qui est la Sarah en dehors du travail ?

Sarah : hmm... version courte j'imagine ?

John : tout me va Sarah, sois honnête avec moi c'est tout ce que je te demande. Comme je ne te cache pas que tu m'attires physiquement et que je ne demande qu'à mieux cerner ton caractère... car je sais que tu ne montres qu'une partie de toi au travail ...

Sarah : perspicace. Alors voyons... disons qu'au lycée je m'étais imaginée faire mes 3 ans dans la discrétion. Je ne voulais pas de relations basées sur l'intérêt, je voulais qu'on m'apprécie pour celle que je suis toute entière et pas parce que je peux être utile ... Sauf que les choses ne se sont pas vraiment passés comme ça. J'ai rencontré de nombreuses personnes qui m'ont acceptées telle quelle.

John : bah c'est tant mieux non !

Sarah : oui bien sûr. Etant dans le lycée privée de la ville, j'ai inévitablement fréquenté des élèves issus de la haute société. J'ai eu une relation amoureuse intense avec le meilleur parti de l'époque... notre rupture a été un peu brutale, il était en terminale et partait pour les études juste après le bac....

John : et ?? ...