25/ réveil
Le téléphone de mon père sonne. Je l'entends dire « très bien, je comprends. J'emmène mon fils. Merci d'avoir appelé »
Marc : papa ? C'était qui ?
Père de Marc : change toi mon fils. Nous allons à l'hôpital.
Marc : pour ?
Père de Marc : Sarah a eu un accident... va t'habiller s'il te plaît...
Sarah ? Un accident ? Mais pourquoi je dois y aller. Mon cœur se serre dans ma poitrine, j'ai un mauvais pressentiment... je passe un jean confortable, un teeshirt, mon blouson et mes baskets.
Mon père a le visage fermé et inquiet, il m'attend déjà dans la voiture, moteur allumé.
Marc : papa qu'est-ce qu'il se passe ?
Père de Marc : ton amie a tenté de mettre fin à ses jours.
Marc : quoi ?!? Mais c'est son anniversaire aujourd'hui....
Père de Sarah : je sais que tu es inquiet. Je ne sais pas pourquoi tu dois y aller, mais le Dr Umbertini a dit que tu devais venir.
Je suis sous le choc, mutique... La mère de Saphir ?!? Qu'est-ce qu'elle vient faire là dedans ?!? Sarah, ma princesse ... pourquoi tu as fait ça ?!? Pourquoi je n'ai rien vu ?!?
Nous arrivons à l'hôpital, les urgences .... je reconnais les parents de Sarah dans un couloir. Ils ont l'air angoissé. Ils discutent avec une femme qui lorsqu'elle se tourne vers moi me reconnaît : c'est la mère de Saphir .
Elle a le regard grave. Nous nous approchons avec Papa. Nous nous saluons d'un hochement de tête.
Dr Umbertini : Marc c'est bien que tu sois là, c'est même important. Sarah n'est pas sortie d'affaires, elle a avalé une grosse quantité de médicaments et vu sa morphologie, l'absorption a été rapide. Nous la gardons sous perfusion et sous surveillance. Une fois que le danger d'arrêt respiratoire sera écarté, je la transférerai en pédopsychiatrie.
Marc : d'accord.., mais qu'est-ce que je fais là ?
Dr Umbertini : parce que tu es la dernière personne à qui elle a écrit. Tu dois avoir une place importante pour elle si elle a pensé à toi avant son geste ...
Mère de Sarah : tiens. Elle était avec la nôtre.
Je prends d'une main tremblante ce bout de papier et je vais m'asseoir. J'ai trop peur de ce qu'elle a pu me dire.
J'ai lu et relu le mot. Mes larmes ne cessaient de dévaler mes joues ... elle me demandait pardon, mais c'est moi qui n'est pas réussi à la sortir de ce gouffre ... pourtant je le sais qu'elle était fragile !!! J'ai encore échoué !! Je n'ai pas réussi à la sauver...
Je suis la tête dans mes mains ... je suis si désespéré, désemparé et en colère en même temps !!! Ça n'aurait jamais dû arriver !!
Je sens une présence s'asseoir à côté de moi :
Père de Marc : mon fils ! Tu n'aurais rien pu faire pour éviter cet incident ! Je te sens en colère et je comprends que tu t'inquiètes pour ton amie...
Marc : papa ... oui je suis en colère parce que je savais qu'elle me cachait des choses ... elle me ment depuis des semaines... je le savais qu'elle essayait de tout gérer ... elle souffre depuis que je la connais... j'ai....
Mère de Sarah : comment ça elle souffre depuis l'année dernière ?!?
Marc : depuis même avant je pense. J'ai remarqué son regard triste dès la première fois que je l'ai vu... et en discutant et en apprenant à la connaître j'ai....
Père de Marc : tu as ?!?
Marc : sans vouloir vous rejeter la faute... mais elle me disait souvent qu'elle ne supportait plus l'ambiance chez vous. Elle angoissait dès que le moment de rentrer chez vous arrivait.
Père de Sarah : mais nous n'avons jamais été violent avec elle ! Je n'aime pas du tout la façon dont vous insinuez les choses !! D'ailleurs je ne comprends pas que vous soyez là !! Cette histoire ne vous regarde pas !!
Son père commençait à s'emporter. Il était désemparé et sa réaction était légitime. Je savais qu'il fallait faire attention à ne pas répondre à la provocation et de toute façon peu importe les raisons qui ont poussé son geste, elle était dans cette chambre entre la vie et la mort ...
Dr Umbertini : écoutez, je comprends que vous soyez tous décontenancés par cette situation. J'ai demandé à ce que Marc soit là parce que Sarah en faisant le choix d'écrire un mot à vous ses parents et à lui également prouve que Sarah tient à vous trois plus que tout. C'est son dernier acte lucide avant son geste qui l'a conduite ici.
Je ne peux pas prédire qu'elle sera sa réaction à son réveil. Elle ne voudra peut-être voir personne comme peut-être l'un de vous ... patientez calmement je vous en prie. Pour le bien de Sarah.
Les parents de Sarah avaient l'air perdus et complètement dépassés. Nous nous sommes assis et avons attendu, longtemps, guettant les allées et venues du personnel soignant.
J'avais dit à mon père de rentrer et que je l'appellerai plus tard. Il m'a laissé en me donnant une tape sur l'épaule.
Pendant que l'on attendait la mère de Sarah a commencé à me parler.
Mère de Sarah : Marc ? Quand tu dis qu'elle ne supportait pas l'ambiance à la maison, qu'est-ce qu'elle te disait ?
Marc : elle me disait que vous étiez très pris par votre travail et qu'elle avait le sentiment que c'était plus important qu'elle. Elle avait peur de vous décevoir que ce soit au lycée ou quand elle vous aidait.
Mère de Sarah : mais elle ne nous a jamais déçue. On est fier qu'elle arrive à concilier le lycée et tout ce qu'on lui demande de faire pour la société...
Marc : vous ne le lui avez jamais dit... d'après elle, vous lui avez appris à chercher l'excellence et la perfection... donc pour elle c'était ce qu'elle devait faire pour ne jamais vous décevoir...
Elle ne m'a rien répondu, je lui avais fait de la peine en lui ouvrant les yeux sur leurs méthodes peu constructives d'éducation...
C'est à ce moment-là que le Dr Umbertini est venu nous prévenir...
....
J'ai les yeux fermés. Mes sens se réveillent. Tout est flou, embrumé, mes pensées sont difficiles... j'essaye d'ouvrir les paupières mais elles sont lourdes. J'entends des bruits, des bips de machine... je m'assoupis... puis encore ces bips. Je perçois du mouvement autour de moi. Mais je suis toujours dans la pénombre. Mes yeux sont clos. Je sens comme un fil qui touche mon bras. Mes jambes sont immobiles, lourdes ... où suis-je ?
Je crois entendre des voix qui me parlent. C'est loin, c'est assourdissant... je comprends mon prénom...
On ouvre mes paupières, une lumière vive passe sur mes yeux... mais je suis faible... je m'endors à nouveau ...
Sarah ? Sarah ? Est-ce que tu m'entends ?? Sarah allez ouvre les yeux ...
Entendre mon prénom, me sort de ma torpeur... oh ces bips ne vont-ils jamais cesser ?!? J'ouvre enfin les yeux. Tout est encore un peu flou autour de moi...
Sarah ? C'est Véronique, la maman de Saphir... tu m'entends ?
J'hoche la tête ... Véronique ? Pourquoi la mère de Saphir m'appelle ?!?
Sarah ? Tu es aux urgences de l'hôpital...
Les urgences ? Qu'est-ce que je fais là ? J'essaye d'organiser mes pensées.... puis c'est comme une baffe qui me réveille !
Mon cœur s'accélère, je panique !! Les bips autour de moi s'affolent !!!
Sarah ! Respire ! Calme toi ! Tu es en sécurité à l'hôpital... tu te souviens pourquoi tu es là ??
Sarah : oui
Dr Umbertini : bien Sarah. Tu nous as fait peur... tu seras encore un peu vaseuse mais ton corps élimine correctement tous les comprimés que tu as avalé.
Sarah : qui ? ... qui m'a emmené ici ?!
Dr Umbertini : tes parents Sarah ... ils sont là, ils attendent dehors... je vais les chercher...
ça va aller Sarah...
Je ne sais pas quoi penser. Depuis combien de temps je suis là... d'ailleurs qu'elle heure il est ?!?
J'entends qu'on se rapproche. Je suis un peu effrayée et je ne sais pas quoi dire ...
...
Dr Umbertini : Sarah est réveillée. Elle est faible et fatiguée mais c'est bon, le plus dur est fait.
Mr et Mme VonGotten venez elle doit vous voir. Marc, tu peux encore patienter ?!?
Bien sûr que je patiente, elle est réveillée c'est le plus important !!
Je vois ses parents partir et je reste assis.
...
Dr Umbertini : pas d'émotion forte, pas de question. Je vous demande d'être patient, je dois pouvoir observer sa réaction à votre contact. Si elle panique trop, je serai obligée de vous faire sortir... c'est sûr, mais soyez prêt à tout type de réaction...
Parents : d'accord.
....
Le médecin ouvre le porte et m'annonce :
Dr Umbertini : Sarah ? Tes parents sont là.
Et je vois alors mes parents, l'air fatigué et anxieux. Je sais au regard de ma mère qu'elle a lu mon dernier mot... les larmes me montent aux yeux ... aucun son ne sort de ma bouche ... ma mère s'approche de moi et me prends dans ses bras :
Mère : oh ma petite fille... je suis si désolée ...
Je ne peux retenir mes larmes mais je me sens pour une fois aimée, l'étreinte de ma mère est chaleureuse...
Papa s'approche de mon lit. Il ne dit rien mais je vois dans son regard qu'il est triste, blessé... il m'embrasse le front et me murmure «bienvenue Sarah ! C'est comme une deuxième naissance ! ».
Je ne saisis pas tout de suite l'information... ma mère regarde l'heure, il est 23h50. L'heure de ma naissance il y a 17 ans ...
Dr Umbertini : bien. Pour le moment il est trop tôt pour que Sarah rentre à la maison. Je vais demander le transfert de Sarah au service de Pédopsychiatrie. A partir de demain nous entamerons le processus de guérison. Pour le moment, aucune question ne sera posée.
Pendant que le personnel s'occupe de Sarah, nous allons discuter ensemble de ce qu'il va se passer pour la suite.
Venez suivez moi.
Mes parents m'ont une dernière fois embrassé et serré dans leur bras et on suivit Véronique à l'extérieur.
Le personnel soignant s'est occupé de moi : perfusion, sonde vésicale, tensiomètre.., et un brancardier est venue me transférer jusqu'à une autre chambre dans un autre service de l'hôpital.
La chambre comportait un seul lit. Même s'il faisait nuit, je savais que j'avais vu sur la mer.
Le personnel a vérifié que j'étais installée comme il le fallait. L'infirmière m'a conseillée de fermer les yeux pour me reposer ... chose que je fais instantanément car je sens mes paupières s'alourdir.
...
Les parents de Sarah sortent de la chambre et suivent le Dr Umbertini.
Elle s'arrête à ma hauteur : « Marc ? J'ai prévenu le personnel du service de pédopsychiatrie que tu pourrais aller voir Sarah une fois installée... chambre 106...
D'accord mais je fais quoi si elle ne veut pas me voir ? Je me lève et vais en direction du service, je trouve la chambre et j'attends. Sarah n'a pas encore été transférée. Les minutes passent, je réfléchis à ce que je peux lui dire, mais rien ne me vient, je veux juste la voir. J'entends du bruit de pas et de roues. Ça doit être elle.
Elle est là, allongée, perfusée, couverte sous les draps ... sa tête est sur le côté, elle semble endormie. Ils l'installent dans la chambre, j'attends qu'on m'autorise à y entrer.
Infirmière : vous êtes Marc ?
Marc : oui !
Infirmière : elle dort pour le moment. Souhaitez-vous quand même la voir ? Vous devriez rentrer ....
Marc : non, je ne veux pas la laisser... si je peux rester je veux bien y aller ...
Infirmière : d'accord... ne la brusquez pas, elle a besoin de repos ...
J'ai hoché la tête, et mon cœur battait la chamade pendant que mon ventre se nouait de plus en plus.
La chambre était placée dans la pénombre, elle était là, endormie paisiblement... je la regarde. Elle est si belle, même endormie. Son sommeil n'a pas l'air apaisé, elle a les traits crispés.
Je ne sais pas quoi faire... je tends une chaise et la rapproche du lit. Je me penche vers elle et lui dépose un léger baiser sur le front. Je sais qu'elle dort, elle ne le saura jamais... une mèche de cheveux lui tombe sur les yeux, je la saisi et lui dégage le visage. J'effleure à peine son visage, elle frissonne légèrement. J'attends et j'observe : non, elle ne se réveille pas.
Je m'assoie et prend sa main dans la mienne, elle est glacée... je la regarde, sa respiration est lente et régulière ... je lui murmure « Sarah... je suis là, je serai toujours là pour toi ... je ... je te demande pardon pour t'avoir abandonné... ». Je soupire un peu bruyamment : j'ai eu si peur de la perdre, elle est si importante si précieuse pour moi... oui je l'aime je ne le nie plus ... et peu importe si elle ne le sait jamais, je veux l'aimer et je peux l'aimer ... et si pour ça je dois juste prendre soin d'elle sans rien en retour, je le ferai ...
Sarah dans un murmure : Marc ?
Je sursaute à sa voix si douce ... elle s'est réveillée. Je la regarde dans les yeux, son regard est si triste... elle me sourit timidement, elle semble heureuse de me voir... puis elle baisse la tête ...
Marc (lui caressant le bras) : Princesse... ne baisse pas la tête ... c'est moi qui te demande pardon...
Sarah (la voix tremblante et nouée) : tu as lu ma lettre ?
Marc : oui ... mais n'en parlons plus ... tu es là, tu es toujours là... j'ai eu si peur Sarah ... tes parents aussi....
Sarah : je suis désolée de vous causer tant de soucis ... je ne voulais pas attirer l'attention...
Marc : ne t'excuse pas, tout va s'arranger et je serai avec toi ... laisse-toi aller, tu n'as pas à maîtriser ce qui t'entoures.
Sarah : je suis fatiguée ... si fatiguée de lutter contre tout ...
Marc : je sais Sarah ... rendors toi ... je reste là avec toi ...
Elle m'a sourit et a fermé les yeux. Sa respiration s'est de nouveau ralentie, elle dormait. Je ne lâchais pas sa main. Et je l'ai regardé dormir... elle était plus apaisée, comme en sécurité... j'ai fini par m'endormir aussi, la tête posée sur le matelas à côté de sa main ... penché ainsi j'aurai mal au dos mais tant pis j'étais là...
...
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