24/ en finir

Mon 17ème anniversaire arrivait. Je n'étais absolument pas pressée, pourquoi faire puisque comme chaque année j'allais pleurer !!

Messenger Sarah - Marc

Sarah : je te préviens, je ne veux aucune fête pour mon anniversaire !

Marc : pourquoi tu me dis ça ?!? 😊😊

Sarah : parce que je connais Saphir, elle voudra qu'on fasse une fête comme ça tombe un samedi...

Marc : est-ce que tu veux le fêter ?!?

Sarah : honnêtement !!? NON !!!

Marc : même pas un repas, un ciné ?!?

Sarah : non. S'il te plaît...

Marc : ok. Je vais stopper Saphir dans ses plans ... tu sais qu'elle sera déçue....

Sarah : oui, mais je ne veux rien ... et toi, pas de cadeaux !! Je ne veux pas et n'ai besoin de rien !

Marc : ah ? Même un petit ...

Sarah : rien !

Je préférais être claire dès maintenant : je ne voulais rien. Même si je n'aimais plus Pierre, l'approche de mon anniversaire me rappelait toute cette histoire... et puis j'étais persuadée que comme chaque année ça finirait en cris et en pleurs ....

...

Le samedi de mon anniversaire est arrivé, Saphir et les autres m'ont envoyés des textos pour me le souhaiter. Ils étaient déçus qu'on ne se voient pas pour le fêter ensemble. J'ai prétexté que mes parents avaient prévu un truc à la maison, comme souvent d'ailleurs j'inventais des excuses pour ne pas participer aux fêtes ou sorties, parfois c'était la vérité par rapport au travail et d'autres fois je n'osais plus leur demander la permission parce que c'était compliqué pour m'emmener, me récupérer.... je trouvais déjà qu'ils abusaient de la gentillesse de Marc pour les semaines de cours !!

J'étais dans la chambre en train de travailler mes cours quand soudain j'entends ma mère m'appeler. A son ton, je sens que quelque chose ne va pas, mon angoisse me serre la poitrine, je commence à trembler !
Je vais la voir à son bureau, elle attend un regard vraiment contrarié en tenant dans ses mains une feuille manuscrite.

Mère (ton de reproche) : alors comme ça tu as eu un petit ami ?

Sarah (paniquée) : euh ...

Mère : ne me mens pas !!

Sarah : oui l'année dernière ... mais c'est fini depuis un moment... et ...,

Mère : je découvre par hasard que tu as été intime avec un garçon !!! Mais je ne t'ai pas élevé de cette façon !!! Qu'est-ce que les gens vont penser de toi !! Une traînée !! Tu t'es comportée comme une traînée !! Tu me déçois Sarah !!! Heureusement que ce n'est pas ton père qui a ouvert le courrier !! Tiens récupère moi ce torchon et dis à ce garçon que je ne veux pas le voir ici !!! Je ne veux même pas savoir qui est cette personne à qui tu t'es offerte sans retenue !!!
Hors de ma vue !! Ah et comme tu te comportes ainsi dans notre dos : c'est fini les escapades avec tes amis et j'enverrai quelqu'un te chercher au lycée tous les jours après les cours et tu resteras à la maison !!!
Qu'est-ce que c'est que ces manières ?!?!
Allez file que je ne te vois plus jusqu'à lundi matin !!

Je ne comprenais rien à ce qu'elle disait. Aucun son n'arrivait à sortir. Mes larmes coulaient en silence ... je me sentais brisée. J'ai attrapé le courrier qu'elle me tendait sans le regarder.

Je suis allée dans ma chambre, assise sur mon lit.

Ma chère Sarah,
J'aurai dû faire cela il y a plusieurs mois mais notre rupture a tellement été brutale et je n'ai pas réalisé à quel point je t'avais fait du mal.
Sarah, je te demande pardon, j'aurai pu éviter de te faire souffrir toutes ces dernières semaines si je n'avais pas osé t'aimer. Oui Sarah, je t'ai sincèrement aimé, mais pas assez fort pour te protéger. J'ai été égoïste, je n'aurai pas dû t'encourager à m'aimer parce que je savais que l'amour n'aurait pas suffit pour nous deux ... je ne regrette pas notre histoire, au contraire ! Chaque instant intime passé avec toi est un souvenir précieux, mais souvent le prix de ces souvenirs avec toi est terrible. Je t'ai tellement blessé que tu as choisi d'oublier tout ce qui avait pu nous lier et tu as coupé les ponts avec tes amis.
J'ai confié à Marc ce que je n'ai pas su faire : prendre soin de toi et te protéger. Je n'ai pas changé d'opinion sur toi, tu es une jeune fille passionnante, simple et à la fois complexe. Tu es précieuse. Et tu mérites que l'on t'aime toute entière. Je n'ai pas su le faire, je le reconnais.
Je veux que tu saches que si je n'ai pas pu aller jusqu'au bout avec toi, ce n'est pas de ta faute. Je me répète : tu es trop précieuse et je ne pouvais pas t'enlever ta vertu juste pour mon plaisir et mon orgueil. Et pourtant j'aurai pu, tu étais prête, offerte à moi ... mais qu'aurais-je été par la suite ? Un moins que rien qui t'aurait privé de cette part de toi si précieuse que seul l'homme qui saura t'aimer complètement, sans restriction, en a le droit.
Je ne suis pas cet homme là même si j'aurai tant voulu l'être. Notre histoire m'a montré que chacune de nos décisions a des conséquences et que même en amour il faut savoir les percevoir. Je ne dis pas que l'amour n'est que calcul, non il peut et doit être spontané. Mais certains gestes d'amour ne peuvent être pris à la légères et j'aurai dû réaliser que je n'étais pas l'homme qui t'es destiné.
Sarah je sais que ton dix-septième anniversaire arrive bientôt, j'imagine que cela réveille certains souvenirs. Ne sois pas triste en y pensant, sois heureuse au contraire de les avoir vécus ! Je ne suis qu'un petit chapitre dans ta vie, rien de plus, mais je suis heureux d'avoir fait partie de ta vie et de ton histoire.
Je te demande encore une fois pardon. Prends soin de toi et laisse- toi guider par les personnes proches de toi. Tu es aimée Sarah, plus que tu ne le crois.

Je t'embrasse.
Pierre.

Assise sur mon lit, je pleurais et ne cessais de le faire. Il avait pensé à moi. Ma mère avait elle tout lu ? Si oui, elle aurait compris que je ne m'étais pas offerte, je n'étais pas une traînée ... je n'étais rien ... rien ... juste seule et incomprise... j'avais eu raison sur une chose : je pleurais encore le jour de mon anniversaire.
J'ai attrapé mon téléphone en pensant à Marc ... Marc, je devais lui dire que je ne dépendrai plus de lui ... je ne pourrai plus aller chez lui ... je... mon cœur se serrait encore plus à cette idée. Mes seuls instants de joie m'étaient enlevés eux aussi.
Je m'en voulais d'avoir cru que j'avais droit au bonheur. L'année dernière c'était Pierre ma source de joie, cette année c'était mes moments chez Marc ... mais non, je n'avais pas le droit à ces instants de répit dans ma solitude et pression familiale... je devais donc être seule... seule .....

J'ai éteint le téléphone... je ne pouvais pas lui dire, je ne devais pas le déranger... je devais réapprendre à être seule...

J'ai pleuré un bon moment, j'ai dû m'endormir à un moment car j'ai été réveillée par mon père et son « c'est comme ça que tu travailles tes cours ? » ... je me suis réveillée en sursaut et apeurée. Je suis allée à mon bureau et j'ai fait mes fiches de révision... peu concentrée mais je donnais l'illusion que je travaillais... je sursautais à chaque fois que j'entendais du bruit pas loin de ma chambre... j'étais vidée de l'intérieur... jusqu'à ce que je le décide...

J'ai pris une feuille et j'ai commencé à écrire :

Mes chers parents,
Je n'ai jamais cherché à vous décevoir bien au contraire. Ma vie n'est centrée que sur mon désir de vous satisfaire et d'obéir à vos demandes.
Je reconnais que toutes les valeurs que vous m'inculquez sont des valeurs essentielles dans la vie. Je vous remercie de la vie que vous m'avez offerte, je n'ai manqué de rien d'un point de vue matériel.
Je vous demande pardon de vous décevoir sans cesse tant dans les résultats scolaires que dans tout ce que j'entreprends.
Je vous demande pardon d'avoir sali votre éducation, votre réputation en ayant voulu croire à l'amour. Pourtant je suis toujours pure, je ne me suis pas donnée à ce garçon que j'ai aimé. Mais il apparaît que même aimer va à l'encontre de ce que vous souhaitez pour moi. Je vous demande pardon de vous avoir encore une fois déçue. Je ne sais plus quoi faire pour ne plus vous décevoir et être la fille parfaite que vous voulez que je sois.
Je ne sais plus quoi faire pour ne plus être un poids et une source de honte pour vous.
Je vous aime bien que vous ne me le disiez jamais, mais je le sais, exprimer ses sentiments est une faiblesse et dans ce monde pour réussir il faut être fort.
Sauf que je n'ai plus cette force. Je vous demande pardon pour cela aussi, je sais que vous serez déçus que j'ai laissé mes sentiments s'exprimer mais je n'arrive plus à être stoïque. Je ne peux plus.
Je ne vous dérangerai plus jamais, je ne vous décevrai plus... merci pour tout. Je vous aime.
Votre petite fille.

Je l'avais décidé, c'était fini. Plus rien ne me retenait. Je me sentais couler tout au fond de mon esprit...

J'ai pris une autre feuille.

Marc
Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Je te demande pardon à toi et aux autres de vous avoir fait tant de mal. Je vous ai souvent menti pour ne pas être avec vous, car je ne vous mérite pas. Je vous ai tous aimé et vous étiez ma bouée... mais je n'ai plus la force, je ne fais que décevoir mon entourage... alors à quoi bon continuer ?
Merci Marc pour cette joie que tu m'as donnée chaque jour. Je te demande pardon aussi pour te laisser. Mais tu n'es pas seul, tous les autres sont là... et... merci d'avoir été là, je me sentais exister avec toi ...
Sarah

J'ai plié les deux feuilles, les laissant en évidence sur le bureau que j'ai soigneusement rangé.

J'ai ouvert ma table de chevet : j'ai sorti toutes mes boîtes de médicaments, il restait une vingtaine de comprimés entre les somnifères et les anxiolytiques... j'ai tout avalé et me suis allongée en fermant les yeux ... il était 18h02....

....

Il est 20h30, la mère de Sarah passe la tête dans la chambre de sa fille. Elle doit avoir une discussion avec sa fille. Elle a été dure avec elle. Elle n'avait pas voulu ouvrir le courrier ce matin, c'est machinalement qu'elle a commencé à lire, elle n'a pas tout lu mais le peu qu'elle avait lu, elle avait compris que son bébé avait eu un amoureux et que sa mère ne l'avait pas su.

La chambre de Sarah était plongée dans le noir, il n'y avait aucun bruit. La mère de Sarah appelle : pas de réponse. Elle allume la lumière et voit que le bureau de sa fille est rangé, elle est allongée et dors.
Deux choses attirent instantanément le regard de la mère : les deux lettres et surtout les différentes boîtes de médicaments vidées au sol ...

Tout s'est enchaîné, Sarah est inconsciente, est-il trop tard ?? Elle respire encore mais si faiblement.

Les secours sont appelés et sont vites arrivés. Les parents de Sarah sont complètement affolés, pourquoi leur fille a-t-elle pris ces médicaments? Depuis quand les possède-t-elle ?!? Tant de questions sans réponse. Peut-être le mot laissé sur le bureau leur en apprendrai plus sur les raisons de cet acte...

Ils lisent à tour de rôle cette lettre et sont tous les deux choqués. Comment sont-ils passés à côté de cette souffrance ?

Les secours emmènent Sarah aux urgences, elle est loin d'être sortie d'affaires...

Les parents prennent des affaires pour Sarah. Sa mère prend la deuxième lettre laissée sur le bureau, elle doit contacter ce jeune homme. Mais comment ? Comment s'appelle ce jeune homme ?!? Il est 20h30, ça ne se fait pas de déranger les gens ... tant pis pour le savoir vivre.

Mère de Sarah : bonsoir excusez-moi de vous déranger, je suis Mme VanGotten, je cherche à joindre les amis de ma fille.

Mère de Saphir : bonsoir je suis la maman de Saphir, que puis-je faire pour vous ?

Mère de Sarah : notre fille vient de tenter de se suicider et le samu l'emmène aux urgences, je cherche à joindre un certain Marc car elle lui a laissé un mot ... je ne savais pas quoi faire je n'avais que votre numéro dans mon carnet.

Mère de Saphir ; oh ! Son état est grave ?!? Pardon je suis le chef de service de pédopsychiatrie, je vous rejoins à l'hôpital, je prends en charge personnellement votre fille... et je m'occupe de contacter Marc.

Mère de Sarah : merci ...

...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top