chapitre 7
AMELIA
4 mai 2018
La semaine avait été courte mais Hortense et Madeleine avaient accepté une invitation à une soirée ce vendredi soir pour « fêter le début du week-end » selon leurs termes. Sans surprise, j'avais décliné. Jeanne était fatiguée, alors personne n'insista. C'était naturellement que nous faisions un bout de chemin ensemble jusqu'au centre-ville avant que nos routes ne se séparent. Le ciel était encore clair, et la circulation assez dense. J'aurais aimé prendre sa main dans la mienne mais je n'osai jamais prendre cette initiative. Elle l'avait toujours fait jusqu'à maintenant. Alors je restai consciente de mon bras ballant entre nous qui était tout à coup bien lourd et inutile. Ses ongles heurtèrent le dos de ma main et elle s'excusa au moins trois fois. Je la rassurai en lui montrant que je n'avais rien. Mais en réalité j'avais aperçu cette légère griffure sur ma peau qui laissait une trace blanche que j'étais folle d'apprécier. Je ne me reconnaissais pas mais à cet instant j'aurai pu lui demander de recommencer dans une tout autre situation que je préférai garder pour mes rêves éveillés.
L'air était lourd. Ma poitrine aussi. Je peinais à reprendre mon souffle que j'avais tant envie d'expier fort, bruyamment, à ses côtés, tenant ses mains avec fermeté. J'avais l'impression qu'il n'y avait que dans cet état, entre ses doigts, piégée entre sa peau et les draps que je pourrais de nouveau respirer. Mais ça n'arrivera pas, alors il me fallait trouver un nouveau moyen de survivre. Je devais me contenter de notre petit accord et c'était déjà bien plus que ce qu'avant j'aurais pu espérer. Je me trouvais de nouveau heureuse de ces quelques miettes, ayant conscience qu'elles finiraient par s'épuiser ne me laissant que ma faim, un trou béant à combler ou à tromper par d'autres moyens. Mais comme je n'avais pas d'autres solutions je vivais l'instant en prenant ce qu'on me donnait.
Nous nous engagions dans une nouvelle rue lorsqu'un homme d'une quarantaine d'années qui venait d'en face avait les yeux rivés sur Jeanne, ou plutôt sur ses jambes et son décolleté. Mon cœur se serrait, la peur commençait à me tirailler le ventre. Instinctivement je pris sa main dans la mienne ce qui n'était pas forcément très intelligent parce qu'il aurait pu mal réagir à ce geste. Mais je n'ai pas réfléchi et je ne savais pas quoi faire d'autre. Jeanne avait serré mes doigts un peu plus fort et je savais que son cœur battait plus vite. Il a continué de regarder jusqu'à tourner la tête vers nous lorsque nous nous croisions mais ce n'est pas allé plus loin.
Nous n'avons rien dit. Nous n'en avions pas besoin. J'hésitais seulement à m'excuser d'avoir pris sa main, et en sachant que je n'arriverais pas à dormir si je ne le faisais pas je me suis lancée :
─ Je n'aurais pas dû, avouais-je en désignant nos doigts enlacés.
─ Ce n'est rien, j'ai eu peur aussi.
─ Je n'ai pas l'habitude...
Ce n'était pas forcément la chose à dire ni la réflexion la plus pertinente après ce qui venait de se passer mais je ne savais pas quoi dire d'autre et au fond c'était la vérité. Je n'avais jamais été regardée de la sorte, même si c'était Jeanne qu'il fixait, j'avais la sensation d'avoir porté le poids de son regard avec elle. Je n'osais pas imaginer ce qu'elle a dû ressentir.
Tu as de la chance alors, avait-elle répondu de façon assez générique qui me laissait croire à une réflexion avortée.
J'avais l'impression que le mot était mal choisi et ça m'avait laissé perplexe. Nous étions à un moment de nos vies et dans une génération où il y avait tellement à dire, tellement de combats à mener, et d'injustices à ne pas laisser passer que parfois nos discussions étaient silencieuses. Nous savions que nous nous comprenions mais c'était indicible. Pourtant je ne pouvais m'empêcher d'y penser : bien qu'une telle marque d'attention fût loin d'être désirable ni bienvenue, elles existaient, et je n'en avais jamais été l'objet.
5 mai 2018
Samedi après-midi on retournait en ville, cette fois-ci toutes les quatre, avec pour objectif de faire les boutiques. Je n'avais jamais fait le lien auparavant entre l'été et la nécessité de faire tout un travail vestimentaire, mis à part pour le facteur « température » qui me paraissait assez évident. Mais pour les filles c'était tout autre chose. Et je me laissai embarquer dans leur périple avec une appréhension que j'espérais cacher. Je mettais vraiment les pieds en dehors de ma zone de confort. Ma prétendue relation avec Jeanne m'avait projetée sur le devant de la scène des rumeurs mais ce n'étaient pour moi que des chuchotements face à la joie de passer des moments de complicités avec elle. Les seuls moments qui m'avaient un peu déstabilisé étaient ceux où des élèves que je connaissais à peine se prenaient tout à coup pour mes amies et venaient naturellement me parler alors qu'il y a peu ils ne savaient même pas que j'existai. Parfois c'était agréable, léger, parfois c'était ennuyeux et au pire agaçant. Mais j'avais accepté le marché en ayant tout de même anticipé ce genre de réactions au vu de la popularité de ma fausse petite-amie.
En revanche, se préparer pour l'été me paraissait être un concept particulier que je ne maitrisais pas du tout. J'avais un peu eu vent de ce genre de choses sur les réseaux et n'avait pas envisagé que ça pouvait venir jusqu'à moi. C'était lointain, superficiel, quelque chose qui n'était pas censé traverser l'écran. Juste du divertissement. Pas quelque chose qu'on appliquait dans la vraie vie. J'avais envie de leur dire tout ça, qu'elles perdaient leur temps, qu'on avait le bac, qu'elles valaient mieux. Mais comment ? Elles avaient toutes l'air si sûres que j'avais l'impression que c'était moi qui ne comprenais rien.
Et je ne pouvais pas rester ignorante, ce qui motivait mes pas, et s'en m'en rendre compte j'accélérai pour combler la distance que j'avais laissé s'étendre entre nous. Les filles se retournèrent pour me sourire et je me sentais un peu mieux. On s'arrêtait dans un café indépendant qui proposait des café latte, au caramel, à la noisette, au chocolat, à la pistache, à la fraise, à la crème... Je pris un café latte froid au caramel en taille L et comme j'étais la première à être servie, je réservai une table de quatre près de la baie vitrée. Jeanne ne tarda pas à venir me rejoindre, elle tira la chaise en face de moi avec son smoothie aux fruits rouges. Madeleine arriva avec une grosse part de carrot cake et Hortense la suivit de près avec une bouteille d'eau qui laissa un petit silence dans le groupe quand elle la déposa sur la table.
Tu n'avais pas envie d'autre chose ? Jeanne brisa la glace avec douceur.
─ Non, rien ne me fait envie ! Et puis on a dit « Summer body » ! renchérit Hortense avec un grand sourire d'excitation face à ce que tout cela lui réservait comme bonheur, comme la promesse du meilleur été de sa vie.
─ Je peux croquer ? demandais-je à Madeleine avec un air de petite chipie, qui je l'avoue était déplacé, par rapport à la conversation parallèle de Jeanne et Hortense.
Mais c'était plus fort que moi, j'avais besoin de montrer que j'étais là aussi et que ça ne m'intéressait pas. Que je n'en avais rien à foutre. Et que je valais quand même la peine qu'on s'intéresse à moi.
Madeleine me tendit généreusement son gâteau que je croquais à pleines dents, comme pour affirmer ma conviction, et lui rendit avec gratitude.
Maintenant nous partagions quelque chose, le gout de ce cake, qui nous mettait toutes les deux d'accord.
Puis finalement le malaise, que j'étais peut-être la seule à percevoir finalement, se dissipait quand Hortense et Madeleine débriefaient sur la soirée de la veille en racontant que le sujet de notre couple avait encore été discuté.
─ Y'a Maelle qui a décidé de ramener sa pomme, et elle a dit, je cite « je ne crois pas en leur couple » ! s'indigna Hortense.
Alors Madeleine a pris la relève pour préciser :
─ Mais « je ne crois pas en leur couple » ça peut vouloir dire deux choses. Soit, elle ne doute pas de la sincérité de votre couple et voulait simplement exprimer le fait qu'elle pense que ça ne va pas durer. Soit, elle ne croit pas en l'existence de votre couple et donc vous êtes de mauvaises actrices.
Si seulement c'était un rôle.
─ Soit c'est juste une langue de vipère ! amena Hortense en troisième hypothèse.
─ Alors on tâchera d'êtres plus convaincantes, proposa Jeanne en me regardant dans les yeux pour chercher mon avis sur la question.
─ On n'a rien à prouver, je répondis du tac au tac mais qui ne me paraissait pas totalement faux.
─ Elle a raison, marmonna Hortense entre ses dents mais sa réflexion était adressée à Madeleine qui hochait vaguement la tête pesant le pour et le contre.
Ces signaux, ou ce que je percevais comme étant des signaux, me donnaient la sensation d'être moins folle, ou de l'être un peu plus.
Sous la table, paume appuyée contre ma cuisse, j'observais le dos de ma main sur laquelle il ne restait plus aucune trace visible de Jeanne.
Nous nous sommes levées, avons jeté les sachets, gobelets et serviettes dans les différentes poubelles et avons repris le sens de l'allée principale sur laquelle étaient alignées la plupart des boutiques d'une part et d'autre des quelques rues centrales.
Cette virée shopping qui les enthousiasmaient tant m'irritait parce qu'au fond, je crois, qu'elle me mettait face à mon propre vide intérieur. Je constatais seulement que je n'arrivais pas à tirer du plaisir dans les mêmes activités que mes amies, et il faut le dire, assez communes à la plupart des filles. Autrefois je me serais sentie valorisée à ne pas m'intéresser à ce que j'appelais des futilités, aujourd'hui je me sentais juste seule, triste, et en colère. Mais je ne baissais pas les bras, nous arrivions à la première boutique et j'avais une chance d'y prendre gout. J'avais toute la journée pour essayer. C'était gonflée d'un espoir nouveau que je franchissais les portes automatiques, une entrée sublimée par le petit coup de vent de la climatisation dans les cheveux et un choix à faire car il m'a suffi d'un clignement d'œil pour que les filles disparaissent. Devant moi, elles n'étaient plus là. Chacune avait trouvé sa direction, à différents endroits de la boutique, tandis que ma solitude s'alourdissait. La sueur commençait à perler sur mon front. Mes mains devenaient moites. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Pourquoi étais-je incapable de me diriger entre les allées avec la même fluidité qu'elles ? Leurs pas étaient assurés, leurs bras se levaient pour chercher, les cintres roulaient au bout de leurs doigts. Je devais seulement mettre un pas après l'autre. Mais pour chercher quoi ?
Ce qui me parut être la première étape, était de balayer les étalages du regard, les mannequins, et toutes ces formes et ces couleurs qui ne m'évoquaient rien d'autre que de l'ennui et du malaise. Je pensais que ce serait plus simple, qu'il me suffirait de suivre les filles, mais chacune avait ses préférences et je n'osai pas me rapprocher de l'une d'elle comme si cela était un aveu d'échec. J'étais dans un état ridicule qui ne ferait que grossir si l'une d'elle me remarquait.
C'était d'un pas hésitant que je m'orientais vers un rayon, plus pour me cacher que pour les habits qu'il présentait.
Je me cachais parce que je n'avais aucune idée de ce que j'étais censée faire de moi-même dans un lieu pareil. Mes jeans m'allaient encore, et j'avais beaucoup trop de t-shirts. Je n'avais besoin de rien de plus. Pas même des chaussettes.
J'avais le tournis, je m'appuyai sur un étalage pour me recentrer. Une vendeuse m'interpella.
─ Vous cherchez quelque chose ?
Je me retournai comme je pus, les larmes menaçant d'apparaître.
─ Non merci, je fais un tour, je parvins à articuler.
Elle s'en alla. Mais Hortense m'avait remarqué et se planta face à moi, une ride au milieu du front.
─ Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle.
Je hochai la tête, l'esprit dans le brouillard.
─ Allez viens, on va te trouver des belles pièces !
Je savais que c'était bienveillant de sa part, qu'elle était passionnée de mode, et qu'elle n'avait pas pu résister à l'appel du relooking de la fille « basique » du groupe mais je me sentais un peu nulle. Pourtant je la suivais avec résignation tout en acceptant qu'elle avait par ailleurs titillé mon espoir de compréhension.
On passait devant Madeleine qui vérifiait le prix d'un ensemble de tailleur à carreaux beige, et un peu plus loin Jeanne au rayon des sous-vêtements qui semblait hésiter entre deux modèles de culottes à dentelles, l'une était noire, l'autre était rouge. Mes joues ne tardaient pas à devenir écarlates. J'avais une préférence pour la noire mais jamais je n'aurais osé lui dire.
─ La noire ! lui suggéra Hortense en passant.
Et je me sentis d'autant plus mal.
Pourquoi ne m'étais-je pas sentie légitime de partager ma préférence avec elle ?
Et pourquoi je n'avais jamais porté attention à ce rayon avant aujourd'hui ?
Ça faisait des années que j'avais les mêmes culottes et les mêmes soutien-gorge. J'essayais de me mettre à la place de Jeanne pour savoir ce que ça faisait de choisir un sous-vêtement. A quels critères accordait-elle de l'importance ?
J'étais sans doute plus vide que ce je me figurais dans le miroir. Et ce lieu était sans cesse en train de me le rappeler. Tous ces tissus qui leur procuraient du plaisir m'étaient totalement étrangers. Je les enviais d'y trouver un quelconque intérêt et à la fois je ne comprenais pas. Jamais il ne me serait venu à l'idée d'acheter des sous-vêtements lors d'une virée shopping. C'était quelque chose de pratique, pas un habit qui nécessitait beaucoup de recherche esthétique.
Je croisais le regard de Jeanne qui semblait attendre mon avis. Je n'avais rien à dire.
Les mots qui franchiraient mes lèvres n'avaient pas leur place dans un tel contexte.
Je restais muette, tirée par Hortense qui m'avait trouvé quelque chose.
On s'arrêtait devant un short en tissu et un crop top avec de la dentelle le long du décolleté et un petit nœud au milieu.
─ Tu fais quelle taille ?
Je me retrouvais bête, encore une fois. Ce n'était pas une information sur ma personne qui me semblait nécessaire de retenir. Ma mère l'avait dit l'autre fois. J'essayai de m'en rappeler.
─ 40 il me semble.
─ On peut commencer avec ça ! elle pointait du doigt les habits.
Je n'avais toujours pas d'avis. Alors je me laissais guider. Face à mon absence de réaction, Hortense avait une lueur dans les yeux, elle prit les choses en main, multipliant des articles sur son avant-bras. Nous slalomions entre les rayons et elle finit par m'entrainer dans les cabines d'essayage.
J'appréhendais sans pouvoir nommer ce que je craignais. Je ne maitrisais rien alors je me contentai de faire ce qu'il me semblait qu'on attendait de moi. J'entrai dans une cabine et refermai l'épais rideau noir. Je me vis dans le grand miroir, perdue. Hortense me tendit la première tenue sur laquelle nous nous étions arrêtés.
En boutonnant le short, je commençai à me dire que ce serait une bonne idée de choisir des tenues pour m'accorder avec Jeanne. Elle était très féminine. Qu'est-ce qui pourrait lui faire plaisir ?
Je n'en avais aucune idée.
Ni de ce à quoi je ressemblais, ni de ce à quoi j'étais censé ressembler.
Je me laissai convaincre par quelques habits qui enthousiasmaient Hortense, parce que je n'avais pas envie de sortir d'ici les mains vide.
Jeanne était dans la file pour essayer. Alors avec Hortense nous nous sommes assises sur le canapé pour patienter. Lorsque ce fut à son tour, elle s'approcha pour nous murmurer que Maelle venait d'entrer dans le magasin. C'était Madeleine qui l'avait averti en premier.
Jeanne retrouva mon regard éprouvé par mes propres essayages et remarqua les quelques habits empilés sur mes genoux avec curiosité. Elle semblait surprise. Et je m'empêchai de disséquer ce sentiment, de me demander pourquoi.
Derrière elle, je vis apparaître la fameuse Maelle.
Hortense dut croire qu'il fallait agir puisqu'elle nous poussa l'une et l'autre dans la même cabine et je crus manquer d'air.
─ Je suis désolée, je crois que je vais ressortir, marmonnais-je.
Elle me retint par le poignet.
─ Ce n'est pas une si mauvaise idée, elle chuchota en me retenant.
Toutes les protestations restèrent bloquées dans ma gorge et je m'assis sans qu'elle me le propose sur le petit tabouret. Mes jambes ne m'auraient pas supportées plus longtemps.
J'avais envisagé qu'on attendrait qu'Hortense nous fasse signe quand Maelle serait repartie pour que je puisse sortir et que Jeanne puisse se changer en toute intimité mais elle commençait à se déshabiller.
Je commençai à avoir très chaud mais je ne pouvais détourner mes yeux de ce qu'elle m'offrait.
Sa robe était désormais pendue contre le mur. Je découvrais des sous-vêtements assortis pour lesquels elle avait dû hésiter ce matin. Encore une fois, en boucle, je me demandais comment elle les choisissait. Quelles étaient ses pensées pendant ce temps ? Que faisait la dentelle à sa peau pour qu'elle y revienne ?
J'entendais Hortense et Maelle discuter mais la seule conversation intelligible sur laquelle je pouvais me concentrer était le silence des mouvements de Jeanne qui se heurtaient à ma soif de réponses.
Les réponses venaient parfois de l'apprentissage. Et là je brûlais de l'apprendre, elle, son corps, les secrets qu'elle y enfermait. Comme la clé d'une vie qui manquait à mon trousseau.
Elle ne lâchait pas mon regard des yeux à travers le miroir, seule barrière entre nous deux qui rendait le moment plus supportable.
Et je me devais de lui offrir tout ce que j'avais au fond des prunelles pour la satisfaire. Il n'y avait aucune explication à donner, nous avions juste besoin de ce contact. Mes yeux glissaient des siens, jusqu'à sa poitrine, son ventre, son bas ventre et je ne pus me résoudre à descendre plus, c'était trop d'un coup pour mon cœur. Et pour mon propre corps. S'il n'y avait pas d'amour pour moi de sa part, je n'étais pas folle au point de ne pas voir qu'il y avait au moins une forme de désir. Je n'avais pas l'impression qu'elle avait d'attrait particulier pour mon corps, mais elle désirait que je désire le sien. Et je ne pouvais pas m'en cacher que si c'était un jeu, j'aurai perdu dès la première seconde. Je décidais de ne pas mentir, de lui avouer de la plus claire des façons, même sans le dire.
De lui prêter mes yeux, à l'occasion, pour qu'elle continue de se découvrir.
Je n'avais aucune autre ambition que son plaisir.
Sa poitrine se soulevait plus rapidement. Elle saisit la robe qui l'avait conduite jusqu'ici, elle ressemblait beaucoup à une nuisette en soie, noire, et toujours cette dentelle aux extrémités du tissus, blanche.
Elle se dandinait gracieusement jusqu'à ce que la coupe semble ajustée à son corps. Elle délaissa quelques instants mon regard pour lisser le tissu sur ses hanches. Elle se retournait plusieurs fois sur le côté pour marquer sa taille entre ses mains comme une ceinture. Et là je retrouvai ses yeux qui n'avaient plus besoin des miens. Elle avait fait son choix.
Nous sortions toutes les quatre de la boutique avec nos sacs.
─ On ne t'as pas beaucoup croisé, dis-je à Madeleine.
─ J'étais au rayon hommes.
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