Voilà enfin venu le jour du premier OS sur Fire Emblem : Three Houses. Difficile de m'imaginer ne pas écrire ne serait-ce qu'une histoire sur ce qui m'a (littéralement) maintenue en vie pendant un long moment ces derniers mois. Toutefois, chacun de mes textes est animé par ce qui me pousse à aimer intensément les personnages que j'emprunte. Et pour cette fois, même si je déteste voir mon cher Dimitri dans un tel état, je ne pouvais pas m'empêcher de le montrer d'abord sous cette facette. Ce qui implique que je le ferais sûrement apparaître une deuxième fois pour une autre histoire :P 

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" L'amour sans éternité s'appelle angoisse ; l'éternité sans amour s'appelle enfer. "

Les cris de douleur, les visages d'enfants dévastés par les larmes, les voix de ceux tombés sur le chemin menant à la paix dans ce vaste monde, aucun d'eux ne me laissait de répit. Pendant longtemps, j'avais cru pouvoir les oublier, aussi facilement qu'un enfant oublie cette peur de voir un monstre surgir des ombres tapissant sa chambre en pleine nuit. C'était d'une naïveté dont moi-même, j'avais honte.

Cinq longues années avaient passé pendant lesquelles j'avais laissé la rage me maîtriser, m'utiliser comme une arme destructrice dans ce monde déjà bien trop brisé par les conflits opposant nos peuples. Cette soif de vengeance avait dévoré tout ce qui se trouvait en moi, se nourrissant de mes plus sombres désirs tout comme de mes derniers espoirs pour l'avenir. La part de noirceur qui était née en moi il y a des années après l'incident de Duscur avait pris possession de tout mon être, ne laissant de moi qu'une coquille vide dénuée d'âme. Du moins, c'est ce que je m'étais évertué à croire, pour justifier chacun de mes actes, tous plus atroces les uns que les autres.

Il avait raison, j'étais devenu une bête, indomptable et insatiable. Je tuais pour vivre, je tuais pour survivre, et j'avais fini par tuer dans l'espoir de mourir à mon tour. Qu'ils soient amis ou ennemis, tous ceux qui se dressaient sur mon chemin étaient ainsi destinés à périr, qu'ils s'avèrent être trop faibles pour ce monde ou simplement des obstacles sur ma route. Mais j'avais malgré tout gardé l'espoir qu'un jour, je finirai bien par tomber, moi aussi. Et qu'à mon tour, je rejoindrais les âmes torturées que j'avais envoyées dans les flammes éternelles de l'au-delà.

Toutes ces pensées avaient fini par être ancrées si profondément en moi que j'avais été incapable d'y réfléchir pendant ces cinq années à l'allure d'éternité. Mais quand nos chemins s'étaient croisés de nouveau, tu m'avais donné l'espoir qu'une autre fin puisse m'attendre au bout de la voie que j'avais décidé de suivre. Je t'avais laissée effacer la haine qui consumait mon âme un peu plus chaque jour, et tu avais presque réussi à me persuader qu'il restait du bon dans ce monde. Tu m'as rappelé pourquoi j'avais commencé à me battre, pour bannir l'injustice qui gouvernait ce monde, et pour que personne ne doive souffrir à nouveau à cause de futiles guerres de pouvoir. Ces courts instants de paix et de joie passés à tes côtés auraient pu me guider vers la lumière. Le destin en avait décidé autrement. Aveuglé par cette haine destructrice, je n'avais pas réussi à lâcher prise dans ce moment décisif. Tuer ou être tué, c'est toujours de cela dont il avait été question. Et mon hésitation avait été fatale, non pas pour moi, mais pour toi qui avais décidé que ma vie valait bien plus que la tienne.

Je sais que c'était ton souhait, pourtant, je m'en veux terriblement et je ne pourrai jamais me pardonner.

Que je sois devant ta tombe comme en ce moment même, ou que je sois sur le champ de bataille, je ne peux m'empêcher de revoir sans cesse ces derniers instants. De sentir à nouveau ton sang se répandre sur moi alors que je te tenais dans mes bras pour la dernière fois, rongé par les regrets de n'avoir su quoi faire. Envahi par ce chagrin insurmontable de ne pas avoir su te dire à quel point tu comptais pour moi. Tu étais ma lumière, et sans toi, j'avance de nouveau dans les ténèbres, incapable de trouver une quelconque raison de sauver ce monde cruel. Pourquoi avait-il fallu que ta vie s'éteigne pour que je réalise à quel point j'avais eu tort ? Toutes mes mauvaises décisions nous avaient menés jusqu'à ce jour tragique où je t'avais perdue à jamais. Tu souhaitais sûrement donner une fin différente à mon histoire, et pourtant sans le savoir, tu m'avais précipité au fin fond de ce gouffre où alliés et ennemis ne faisaient plus qu'un. Tous ceux qui m'avaient épaulé jusqu'ici, qui s'étaient donnés corps et âme pour me voir unifier ce monde avaient péri de ma lame. Je m'étais baigné dans leur sang en espérant que cela me soulagerait, que sacrifier mes plus proches amis m'accorderaient le droit de te revoir. Je ne sais quelle folie m'avait conduit à penser de la sorte, mais ils ne t'avait pas ramenée à moi. Seul, il ne me reste plus que vos fantômes et ces souvenirs douloureux pour me tenir compagnie en attendant que mon heure vienne. Je suis prêt à brûler pour l'éternité dans les flammes de l'enfer, pour me faire pardonner de toutes les atrocités que j'ai commises, et pour expier mes péchés auprès de tout ceux à qui j'ai ôté la vie. Si seulement cela pouvait m'accorder ce dernier vœu, qu'en posant cette émeraude de la même couleur que tes yeux sur mon cœur, je puisse revoir ton visage une dernière fois.