Palier 12
15 Décembre. Cela faisait deux jours que nous étions arrivés chez mes parents, et ceux de Jacob arriveraient le 23, autant dire qu'ils venaient la veille. Et nous ne savions toujours pas si son frère allait pointer le bout de son nez. J'avais envoyé un message à Kayla avant de me coucher, il y a deux jours, et elle m'avait proposé de sortir. J'avais accepté, à condition de montrer la ville à Jacob. Je n'avais aucune envie de le laisser seul chez mes parents et encore moins dans une ville qu'il ne connaissait pas vraiment. Il avait été content de l'apprendre mais semblait un peu déçu. Sûrement avait-il peur de se sentir exclu pendant notre petite sortie. Je l'avais rassuré en lui disant qu'il n'avait pas à s'en faire, c'était quelqu'un de gentil et d'attentionné.
J'étais emmitouflée dans un sweat marron, un pantalon crème, mes baskets favorites et ma grosse veste. Quant à Jacob il avait opté pour son long-pedding noir, une chemise blanche et un gilet noir, un jean des plus banales et ses docs Martins brunes, son fameux petit bonnet bleu sur la tête. Le centre ville n'était pas loin, dix minutes à pieds environ, et le trajet s'était fait dans un silence apaisant. J'avais laissé le blondinet observé les alentours, ralentissant parfois le rythme pour me fondre avec le sien, et moi je redécouvrais aussi la ville de mo enfance. Un petit flocon s'était posé sur le bout de son nez et il s'était tourné vers moi comme un enfant, me montrant encore plus de mignonnerie qu'avant et je l'avais pris en photo, lui promettant de la montrer à ses parents. Puis quelques minutes plus tard nous avions retrouvé mon ami, qui avait salué Jacob en premier. Je l'en remerciait car je constatais qu'il s'était détendu et avait sourit sincèrement puis elle m'avait prit dans ses bras et, se mettant entre nous pour nous embrocher chacun un bras, nous obliger à avancer, à nous balader.
Au bout d'une heure, j'avais bien remarquer qu'il avait essayé tant bien que mal de lui parler. Malheureusement, elle ne pigeait rien mais elle était patiente, et lui aussi. Quand nous passions à côté d'un macdo, Jacob nous avoua qu'il avait envie d'uriner. Lui ayant confirmé que cette enseigne-ci n'avait pas de code d'accès pour les toilettes, il y entra. Tandis que nous, nous restions dehors à l'attendre, pour ne pas paraître trop suspect.
"- Il est vraiment gentil."
Je savais pertinemment de qui elle parlait, pas besoin de préciser.
"- Oui, c'est vraiment une crème. Merci d'être patiente avec lui, je sais que ce n'est pas fac...
- Tu l'aimes, n'est-ce pas ?"
Sa question m'arrêtait net. C'était si évident que ça ? Je n'avais pourtant rien fait de plus que traduire et aider Kayla dans ses explications. Le fait qu'il hante chaque pensée, que tout mon être réagit à lui, ne fait peut-être pas le sentiment amoureux mais sûrement juste une attirance.
Je haussais les épaules, tentant de paraître le plus nonchalant possible.
"- Ce n'est pas son cas, je la vis soulever un sourcil, il y a déjà quelqu'un dans sa vie."
Et son regard changea, il exprimait une sincère excuse, elle était désolé pour moi. Mais ne dit rien pour autant, elle vînt seulement se blottir contre moi et j'enroulais mes bras autour d'elle. J'avais besoin d'un câlin oui, ,d'un vrai. Cela avait toujours été sa manière de me réconforter, et je l'en remerciais. Nous restions comme ça pendant un petit moment, avant de nous écarter lorsque nous entendions la porte à côté s'ouvrir, laissant apparaître Jacob à la mine neutre comme s'il était gêné mais ne voulait pas le montrer. Elle proposa un cinema mais Jacob affirma qu'il était fatigué, elle comprit et proposait pour une prochaine fois avant de nous raccompagner quelque peu. Elle me serra de nouveau dans ses bras, ajoutant un petit baiser sur ma joue cette fois-ci, avant de venir prendre la main du blondinet, lui disant qu'elle avait apprécié ce moment. Puis nous partîmes. Il était dix-sept heures, nous étions sortis une heure.
*********
Le retour s'était fait dans un silence lourd et tendu. Il avait le regard rivé au sol, son visage à moitié dans son col, les mains vissées dans les poches. Je n'aimais pas cette situation. Quelle mouche l'avait piqué ? Il avait fait une mauvaise rencontre dans le fast food ? Avait-il assez dormis la nuit précédente ?
"- Tu es bien silencieux, Jacob., aucune réponse, pas un regard, rien, Jacob qu'est-ce qu'il se passe ?"
Toujours rien. Ça commençait à me taper sur le système, le voir comme ça était extrêmement désagréable. Je m'arrêtai, attrapant son poignet pour qu'il fasse de même. Mais il ne releva pas la tête.
"- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? J'ai fait quelque chose de mal..?"
J'avais à peine finit ma phrase qu'il retira brusquement sa main, comme si je l'avais brûlé. Je le regardais, perdu, ne comprenant pas son action et son humeur soudainement exécrable. A aucun moment il n'avait levé la tête. Mon cœur s'était fendu en deux, et je me sentais en colère contre quelque chose que je ne comprenais pas. Il était distant, froid, comme si j'avais été la pire des merde. Et ça faisait mal. Je le regardais encore quelques secondes, mais rien ne changeait et je me sentis de plus en plus souffrant.
"- Rentrons, dis-je d'un ton froid et autoritaire."
Puis prit le devant de la marche. Ma mâchoire était si contractée que l'on pouvait y casser une noix dessus que mes os seraient toujours intacts, mes poings aussi, ainsi que tous mes muscles. J'ouvris la porte de bois de ma maison, ne prenant même pas la peine de me retourner pour la fermer et l'ouvrir complètement pour Jacob, j'enlevais mes chaussures rapidement, puis sans un regard en arrière, je dis sèchement :
"- Fais ta vie, on t'appellera pour le repas."
Puis je gravis les marches menant à l'étage, pénétra dans ma chambre et claqua ma porte. Il m'en voulait ? Qu'il fasse. Mais je suis pas sa baby-sitter, il gère sa vie tout seul.
Peut-être une heure plus tard, les lampadaires avaient commencé à éclairer les rues, colorant la neige immaculée d'une douce couleur feu, rendant les passages romantiques, comme dans les films. Quelques petits flocons s'étaient formés et descendaient tranquillement du ciel, se faisant parfois emporter par un petit vent qui ralentissaient leurs temps d'atterrissage parmi leurs semblables au sol. Le soleil s'était couché derrière la maison et le ciel s'était éclairé d'une chaleureuse couleur rosé, que j'aurais aimé partager avec quelqu'un que j'aimais. Mais, mes parents étaient de sortis, et je ne voulais pas me reprendre un stop de la part de Jacob. Je restais donc seul, devant la fenêtre, assis sur le rebord où j'y avais mis un petit canapé. Les genoux contre ma poitrine, mon menton posé dessus.
J'observais l'extérieur, content de me trouver au chaud, à l'intérieur. Mais j'avais toujours mal, dans la poitrine. Je ne savais pas ce que j'avais bien pu faire pour le mettre dans cet état. Même en repassant toute la journée dans ma tête, du petit déjeuner au retour maison. Je ne trouvais pas ce qu'il clochait.
J'entendis gratter à ma porte, et automatique j'oralisais un "entré" pour finalement y voir le blondinet passer la tête dans la chambre.
"- Tu veux quoi ?"
Une expression de tristesse passa une demi-seconde sur son visage, si rapidement que je cru l'avoir imaginé. Il entra timidement, puis vînt s'asseoir sur le bord de mon lit, les mains entre ses genoux, mimant un "m'excuser". Je détournais le regard, je n'étais pas d'humeur.
"- Retourne dans ta chambre."
Je m'attendais à ce qu'il obtempère mais non, à la place il vînt se mettre en fasse de moi, un genoux sous ses fesses, s'approchant assez près pour capter mon attention. Et il réussit, je le regardais, me noyant dans ses incroyables univers qu'étaient ses yeux, m'y plongeant sans retenu. Puis le temps s'arrêta. Mon énervement s'évapora, mon souffle se coupa et tout mon corps cessa de fonctionner. Il était proche, beaucoup trop.
"- Jacob..."
"Ne revoit pas cette fille."
Pardon, excuse-moi ?
"- Pourquoi ?, soufflais-je."
Il ferma les paupières comme s'il regrettait ce qu'il avait dit et un malaise s'installait en moi, inévitablement. Il voulait me coupé du monde ? Kayla était mon amie depuis qu'on est gosse, elle connaît tellement de choses sur moi, d'où le fait que je pouvais aimer un homme ne la choquait absolument pas. Elle avait été cette jeune fille forte sui m'avait un nombre incalculable de fois protégé des agressions et raquetages à l'école, intimidant les autres camarades peu fiables et me prenant sous son aile. Celle qui m'avait tant de fois soutenu dans mes choix, même les plus foireux, suivit dans tant de bêtises et avait été cette épaule qui m'avait aidé à devenir qui j'étais aujourd'hui. Et lui, il arrive et détruit inconsciemment tout ce que j'avais construit. Non, je n'allais pas arrêter de la voir, je n'allais pas me priver de cette amitié précieuse pour ses beaux yeux. Je me privais déjà de lui alors que lui vivait tranquillement sa vie tandis que je ne lui disais absolument rien. Jacob était égoïste. Je n'étais pas sa chose vers qui il pouvait se tourner quand son copain n'était pas là, je n'étais pas son bouche-trou. Je n'étais pas à sa merci.
Je préférai mille fois me séparer de lui que d'elle.
"- Non. Je ne vais pas arrêter de la voir, il releva les yeux vers moi, et pourquoi le ferais-je ? Tu es mon père ? Mon petit-ami ? Non, tu n'es rien. T'ai-je demandé d'arrêter de voir Hyunjae, de le quitter pour moi ? Je ne crois pas, je détournais les yeux, regrettant sûrement ce que j'allais dire : ton égoïsme me dégoûte Jacob."
C'était la vérité. Il me dégoûtait à penser que j'étais juste là pour son plaisir personnel. Il me dégoûtait.
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