4_Tyler
J'espère que ce chapitre vous plaira et que Tyler sera à la hauteur ♥
Ps : Ce chapitre est un peu plus long que les précédents.
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Ça va bientôt faire un mois que je travaille au FBI, et on va dire que je ne m'attendais pas à ça. Je suis complètement invisible à leurs yeux. Je ne suis même pas sûr qu'ils remarqueraient mon absence si je cessais de venir.
Quand j'ai été engagé au FBI, je pensais à New York, aux buildings et aux grosses enquêtes comme tout le monde. Mais je suis revenu sur terre dès mon premier jour, il n'y a rien de divertissant, ni d'excitant à passer ses journées à la photocopieuse et à préparer des cafés pour ceux qui ont le bon côté du métier. En plus je travaille en Arizona à Phoenix pour être plus précis, en plein désert, où il fait chaud alors que je préfère largement les basses températures.
C'est loin d'être un rêve éveillé, mais il faut bien passer par là pour commencer sa carrière. Avant de m'embaucher, ils m'ont fait passer toute une série de tests, puis des mois d'entrainement intensif. Quand je dis "ils" c'est le gouvernement, les gens haut placés, ceux à qui il ne faut pas tourner le dos sous peine de recevoir un coup de couteau. J'ai réussi tous les examens et enfin me voilà à mon nouveau poste. Un mois au FBI. Je pensais que ce qu'on nous apprenait à l'académie du FBI allait nous servir dans notre métier, mais apparemment je me suis trompé.
Alors comme tous les matins depuis un mois, je prends l'ascenseur du petit immeuble jusqu'à l'étage du FBI. À peine la porte de l'ascenseur s'est-elle ouverte que j'ai la surprise de tomber sur un homme d'une cinquantaine d'années aux cheveux poivre et sel et à la carrure impressionnante qui m'accoste joyeusement :
— Bonjour, tu dois être le nouveau ? Tyler Jones, c'est ça ?
Alors ça, je ne m'y attendais pas. Quelqu'un me parle et ne fait pas comme si j'étais inexistant. Cet homme a l'air gentil, du moins il se soucie de moi, pas comme les autres qui restent devant leurs ordinateurs sans me jeter un coup d'œil depuis mon arrivé il y a un mois.
— Bonjour Monsieur. Oui, c'est bien moi, je réponds timidement. Tyler Jones enchanté.
L'homme m'ignore totalement et ne se présente pas en retour, je l'ai peut-être jugé un peu vite. Il répond néanmoins :
— Très bien, Monsieur Leen t'attend dans son bureau.
Dans le genre froid et expéditif, je le trouve très compétant. Il me montre rapidement une porte qui se situe juste en face de moi, de l'autre côté des rangées de bureaux, puis il disparaît aussi rapidement qu'il est apparu, me laissant de nouveau seul.
En un mois, j'ai eu le temps de repérer pas mal de choses, donc me rendre dans le bureau de Monsieur Leen ne devrait pas être un problème. Mais plusieurs questions se bousculent dans ma tête. Pourquoi veut-il me voir ? Pourquoi moi ?
Toutes mes questions intérieures vont trouver une réponse dans ce bureau, alors autant ne pas perdre de temps. Je sors de ma phase de transe et je traverse la grande pièce, pleine d'ordinateurs devant lesquels une multitude de personnes sont en train de travailler en silence, concentrés sur leur tâche. La vue sur la ville en contrebas est magnifique et terrifiante, le monde a l'air petit d'en haut, et je me sens si insignifiant.
Je frappe deux coups sur la porte en bois où un nom est écrit : Agent Han Leen. Une voix me dit d'entrer, ce que je fais. À l'intérieur, un grand bureau, un homme d'origine japonaise se tient face à moi, assez petit, les bras croisés, portant un costume. À côté de lui, je me sens mal dans ma chemise blanche, toute simple et mon jean noir. La première impression qu'il me donne est celle d'un homme auquel on ne peut pas faire confiance, mais après tout, il est peut-être totalement différent. C'est un de mes défauts de juger les gens trop rapidement. J'ai honte d'avoir de telles pensées face à un homme qui a un si bon poste au sein du FBI. Je m'avance donc d'un pas sûr et je prends la parole :
— Bonjour Monsieur Leen, je suis Tyler, le nouveau. Un homme m'a dit que vous vouliez me parler ?
Je suis fier de moi, j'ai réussi à prononcer cette phrase sans bégayer et en étant sûr de moi malgré mon stress apparent.
— Bonjour et bienvenue. Je sais que tu viens juste d'arriver, depuis un moi c'est ça ? Et que tu ne connais certainement pas grand monde dans cette ville, mais tu es là et on a besoin de toi sur une enquête importante et urgente. Est-ce que tu regardes la télévision Tyler ? me demande-t-il me désarmant avec ses questions qui n'ont aucun sens.
Cet homme m'échappe complètement. Moi qui d'habitude cerne les gens facilement, ce Monsieur Leen reste un vrai mystère pour le moment. Il me dit qu'il a besoin de moi sur une enquête de haute importance ce qui me ravie, pour ensuite me demander si je m'intéresse aux informations télévisées. Et sa façon de me parler ne me plait pas davantage, mais je ne dis rien et lui réponds quand même, c'est mon patron ou ce qui s'en rapproche le plus donc je n'ai pas vraiment le choix :
— Oui, je suis les actualitées, mais je ne vois pas le rapport.
— Tu vas vite comprendre. Tu as suivi ce qui s'est passé en Arizona, juste à côté de chez nous, hier en milieu de journée ?
Je commence à en avoir marre de ses devinettes, je ne vois pas où il veut en venir. Puis enfin, je comprends, ses yeux me donnent la réponse. Il a parlé d'une enquête importante et ses iris ne cessent pas de se diriger vers l'écran qui diffuse une chaîne d'informations locale, il n'y a pas de son, mais je comprends ce qu'il y a à comprendre. En bas le gros titre indique "Évasion de deux détenus dans l'Arizona". Il ne m'en faut pas plus pour faire le lien. Pour être sûr, je demande :
— Il y a des prisonniers qui se sont échappés, non ?
— Exactement et vous allez faire partie du groupe qui est chargé de ramener les deux fugitifs derrière les barreaux ainsi que tous ceux qui sont de mèche avec eux. Infiltrez les, trouvez tout ce que vous pouvez sur eux, je m'en fiche, mais je les veux en prison le plus rapidement possible. Vous êtes très intelligent Tyler, votre dossier parle pour vous, alors ne me décevais pas. L'agent Vasquez t'expliquera ce que tu dois savoir. Ce sera ton référent comme tu es nouveau dans le métier.
Waouh ! J'ai du mal à y croire tant c'est incroyable. Une si grosse affaire pour commencer dans le métier, c'est inimaginable. Je pensais commencer par une affaire de corruption "banale", mais là, c'est plus que tout ce que j'espérais et j'en suis très heureux. Maintenant je voudrais éviter de les décevoir, et enfin faire le métier dont je rêve.
— Une dernière chose, vous ne parlez de cette mission à personne en dehors de ses locaux. Et ne croyez pas que vous pouvez être plus malin que moi, Jones, car vous seriez déçu et cela vous apporterez des ennuis, à vous, mais pas seulement... Alors faites attention, le malheur est si proche...
Cet homme me terrifie, il cache bien son jeu. Lui qui faisait des blagues à peine quelques secondes avant est maintenant en train de me faire comprendre qu'il me ferait du mal, à ma famille et moi, si je faisais un pas de travers. Je vais me tenir à carreaux, qu'il n'ait rien à me reprocher, même si je ne vois pas vraiment ce que je pourrais faire, je vais faire attention.
J'acquiesce, puis Monsieur Leen me congédie. En sortant de son bureau, je cherche l'homme de ce matin. Je le trouve assis à une table où discutent déjà une dizaine de personnes. Je m'approche du petit groupe, quand il me remarque ses yeux amusés et lumineux trouvent les miens et il me fait signe de m'avancer. Il a l'air de bonne humeur. Les femmes et les hommes présents autour de la table me regardent comme si j'étais une bête de foire, ils ne doivent pas voir de nouvelles têtes très souvent. C'est la preuve que j'étais réellement invisible avant ce matin. L'homme de l'ascenseur me présente à l'équipe :
— Voici Tyler Jones, il est novice dans le métier, mais je suis sûr qu'il apprend vite, sinon il ne serait pas parmi nous. Tyler fait partie du groupe affecté à la poursuite des évadés.
Mes nouveaux collègues me saluent ou me souhaitent la bienvenue. Ils ont l'air d'être un bon groupe, soudé et prêt à travailler en équipe et surtout à m'accepter parmi eux.
Je m'assois sur une chaise libre entre deux femmes, l'une est blonde, grande et bavarde. L'autre a des cheveux châtains, des lunettes et boit les paroles de l'homme qui nous explique ce qu'on va devoir faire, alors j'écoute à mon tour.
— ...nous ne savons pas beaucoup de choses sur les deux évadés et leurs complices. Nous connaissons leur nombre, ils sont au moins cinq, Jayden Wayne, qui a fugué dans le désert grâce à sa sœur Eleonor Wayne, une ancienne étudiante en droit qui a tout abandonné il y a à peine un an, on a reconnu sa voiture sur la vidéo-surveillance de la station essence. Jayden, lui, n'a pas fait d'études, il a travaillé pendant longtemps dans un restaurant du centre de Los Angeles, mais c'est tout ce que nous savons. Le duo était accompagné de deux de leurs amis les plus proches, Neya Lawson-Smith et Stefan Hartley, la première a étudié l'informatique et a rapidement trouvé un travail, puis a été virée pour piratage et vol de données, mais n'a jamais été condamnée faute de preuves, les éléments incriminants s'étant volatilisés. Stefan a fait des études sportives, il pratiquait le surf à haut niveau, mais suite à une blessure il a dû abandonner son rêve, puis il a travaillé dans un café du bord de mer à Santa Monica. Ces quatre amis se sont évaporés dans la nature depuis moins de vingt-quatre heures, ils ne doivent pas être très loin, de plus Jayden s'est blessé à la jambe en tombant, il va sûrement avoir besoin de soins médicaux. La dernière personne du groupe est une femme. Elle s'appelle Amber Scott. Ils ne se connaissaient pas pourtant elle a aidé Wayne à s'échapper comme on le voit sur les caméras de surveillance. Pourquoi ? Ils ne s'étaient jamais rencontrés, ils n'ont aucun lien alors je veux savoir pourquoi ils l'ont emmené avec eux alors que Jayden aurait pu la laisser sur place. Interrogez les autres détenus et demandez-leur tout ce qu'ils ont vu ou entendu, trouvez-moi tout ce que vous avez sur ces cinq personnes, le plus vite possible et posez les dossiers complets sur mon bureau avant la fin de journée. On n'a pas une seconde à perdre, car chaque seconde de perdue est une seconde où ils s'éloignent un peu plus. Mais gardez en tête qu'on ne peut pas les accuser sans preuve, donc personne ne tente quelque chose sans que je n'aie donné mon accord avant. Compris ?
Je hoche légèrement la tête. Le reste de l'équipe se disperse sans attendre. Je ne sais pas où aller, ni que faire. L'homme, qui doit être l'agent dont parlez monsieur Leen, vient une fois de plus à mon secours.
— Jones, dans mon bureau !
Le ton qu'il a employé me donne envie de répondre un "Oui, Chef !" sans réfléchir, mais heureusement, je n'en fais rien et une fois de plus, je fais ce qu'on me demande, ça va devenir une habitude.
Sur la porte de son espace de travail personnel, il y a écrit "Agent James Vasquez", c'est bien l'homme dont m'a parlé le fameux Leen. À l'intérieur, ça n'a rien à voir avec le bureau organisé et propre de ce dernier, ici, c'est plutôt bureau jonché de dossiers en tout genre.
Comme dans les séries, des images, des photographies, des cartes de géographie ainsi que des papiers sont accrochés à un mur et reliés entre eux par des bouts de ficelle. C'est intéressant à observer, à essayer de comprendre.
C'est un charabia pour tout le monde, sauf pour celui qui en est l'auteur donc si tu arrives à comprendre son fonctionnement, tu le connais mieux que tous les autres. Je trouve passionnante la façon dont la personne réfléchit, pense et fais des choses que d'autres feraient d'une façon bien différente et distincte, cela en dit long sur elle. Ces simples papiers révèlent beaucoup de choses sur monsieur Vasquez, son esprit est assez simple pour un membre du FBI, il pense que tous les éléments sont liés entre eux d'une façon ou d'une autre même si cela n'a aucun sens. Il pense que tout a un rapport, un but, enfin c'est ce que je déduis de lui grâce à ses simples papiers. Je ne suis pas agent depuis longtemps, mais je connais quand même certains aspects qu'on nous enseigne et dans lesquels je suis très bon. Je cerne les gens très facilement et mes jugements sont rarement faux, bien qu'il repose principalement sur mon instinct et ma première impression.
Vasquez veut donner de lui une apparence qui ne lui ressemble pas, il veut ressembler à un idéal et c'est ce qu'il s'efforce de faire. Cet idéal est une personne qui ne se fait pas marcher sur les pieds, que l'on respecte et qui n'en fait qu'à sa tête, mais sa façon de penser montre qu'il se soucie de tout même des plus petits détails, c'est ce qui l'intéresse le plus, les détails, les incohérences. Il pense que tout le monde fait quelque chose en ayant un but, sauf que pour cette enquête, j'ai l'impression que ces évadés n'ont aucun plan, ils n'ont rien préparé, ils se sont dépêchés, qu'ils font tout au hasard, sans réfléchir à la conduite à avoir et pour l'instant ça a l'air de fonctionner. J'en ai appris plus grâce aux affiches de ce mur que j'en aurais appris en une année en espionnant les moindres faits et gestes de Vasquez. Je détourne enfin mon regard du mur et arrête ma rapide analyse pour me concentrer sur l'objet de ma venue, à savoir Monsieur Vasquez.
— Oui ? Vous vouliez me voir ?
Ses yeux se posent sur moi, puis sur l'endroit que je regardais il y a quelques secondes. Puis il me répond d'une voix enthousiaste :
— Maintenant vous faites réellement partie de la famille du FBI, Jones, donc comportez-vous en conséquence. Je serai votre référent. Cela prendra effet dès que vous quitterez ce bureau avec l'arme et l'insigne que je vais vous remettre. Une fois sur le terrain, vous devrez faire votre travail comme on vous l'a appris à l'académie, suivre les règles et me faire part de vos avancées dès que quelque chose d'important se produit. Compris ? Et pas de connerie Jones. Vous êtes jeune, certes, mais ça n'excusera rien sachez-le. Si vous êtes là, il y a une raison alors faites votre travail correctement et ces évadés seront derrière les barreaux dans peu de temps.
Je hoche la tête de haut en bas pour lui faire comprendre que j'ai compris. Ça n'a pas l'air très compliqué dit comme ça, mais il faudrait déjà qu'on ait une idée de où les chercher, car sinon ça va être difficile. Les États-Unis, c'est grand et je n'ai pas envie de leur courir après comme un chat après sa souris si je ne sais pas où se trouve la souris. Ou alors il faut avoir un bon fromage pour attirer la souris, mais pas trop gros pour éviter qu'elle ait des soupçons et ça devient très vite compliqué. Je commence à élaborer des plans dans ma tête. Avant de partir trop loin, je fais part de mes interrogations à Vasquez, qui me répond :
— Vous savez pourquoi on vous a choisi vous et non un agent plus aguerri ? il laisse sa phrase en suspens.
Peut-être qu'un agent aguerri poserait des questions qu'un novice n'oserait pas poser, je me dis en mon for intérieur. Il reprend :
— C'est parce que vous avez les voitures, la vitesse et le danger dans le sang Agent Jones, votre dossier parle pour vous une fois de plus. Vous êtes bien plus malin et intelligent que vous le pensez, je l'ai vu dès que vous êtes entré dans mon bureau, fait-il pensif avant de reprendre. Vous les comprenez mieux que personne, vous pensez et réfléchissez de la même manière qu'eux que vous le vouliez ou pas, alors ne vous inquiétez pas, vous saurez les trouver. Après, il ne tient qu'à vous de faire votre travail.
Vasquez me regarde dans les yeux et je vois qu'il a confiance en moi. Pour lui, je suis le lien entre tous ses papiers accrochés au mur. Vasquez me donne l'impression que je suis en sécurité, que je ne risque rien, il a l'air très différent de monsieur Leen, plus rassurant surement, mais il me met en confiance et c'est vraiment agréable.
Il me donne ma nouvelle arme de service ainsi que ma plaque du FBI, le signe que je fais vraiment partie du gouvernement fédéral. Je range l'arme dans ma ceinture et mon insigne dans ma poche arrière de jean.
Me voilà prêt à aller affronter mes petites souris.
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