10_Amber
Phoenix, perdu dans un désert où la chaleur et les cactus sont roi. La ville où nous allons nous réfugier. Les flics n'ont pas croisé notre route pendant la fin de la nuit. Je me suis endormi peu de temps après leurs avoir échappé, me sentant à présent en sécurité. Leo m'a réveillé pour qu'on échange nos places, car elle était épuisée après cette longue journée.
Être derrière le volant, sentir la puissance du moteur, les pneus survolant l'asphalte, tout ceci n'était que pur bonheur, comme dans un rêve que je ne pensais plus jamais faire. Je ne pensais pas que prendre la fuite me provoquerai tant de plaisir et encore moins que je me retrouverai avec un groupe de personne tout plus sympathique les uns que les autres. Je ne pensais pas retrouver un jour les sensations que me procure la conduite. Je pensais que je devais faire une croix sur mes passions, sur la mécanique et les véhicules qui m'apportent tant de joie au quotidien. Mais non, je peux encore ressentir, je me sens encore libre, comme autrefois sauf que je ne suis plus seule. Dans le rétroviseur j'aperçois Neya, heureuse et libre elle aussi. Elle sourit, rayonnes de mille feu dans la nuit, la voir me donne à mon tour le sourire aux lèvres et il ne me quitte pas jusqu'à notre arrivée à Glendale, en périphérie de Phoenix.
L'obscurité entoure encore l'Arizona à cette heure très matinal. Malgré la nuit, il fait toujours chaud. La nouvelle planque est un hangar, situé en dehors de la ville, à quelques kilomètres de marche des premières habitations. Le sommeil accapare encore Eleonor, allongé sur les sièges arrières de la Mercedes. Son frère l'observe se reposer, il est détendu. Neya a la tête sur les jambes de Stefan, elle somnole pendant qu'il consulte un ordinateur. Pour ma part je marche, ayant un besoin irrépressible de bouger après toutes ces heures à être immobile. Mes membres engourdis me demandent de marcher, courir, sauter... Je dois me dépenser si je ne veux pas devenir folle dans cet endroit confiné et perdu au milieu de nulle part.
— Je vais aller en ville. Vous avez besoin de quelque chose ? je leur demande hâtivement.
Leo secoue légèrement la tête dans son sommeil, imité par Neya quelques secondes plus tard. Jayden m'ignore comme s'il ne m'avait pas entendu. Seul Stefan me répond :
— Si tu trouves de quoi manger, je suis preneur. Tu veux que je t'accompagne ?
Je m'apprête à lui répondre que je peux très bien me débrouiller seule quand la voix grave de Jayden retentit.
— Non c'est bon. Je vais avec elle.
Étonnant.
Son ton est dur et je n'ose pas le contredire. Lui qui m'ignorait il y a quelques instants, veut à présent passer du temps en ma compagnie, je ne le comprends pas. J'aurais préféré y aller seule, pouvoir être isolé avec mes pensées et mes rêves inatteignables. Mais convaincre Jayden est perdu d'avance donc j'abdique. Et puis s'il est aussi bavard que ses derniers jours ça devrait le faire.
Je me couvre d'une veste en cuir noir accompagné d'une casquette de la même couleur pour tenter de camoufler un maximum mon visage sachant que je perdrais toujours la partie contre mes mèches rousses. Jayden porte un bonnet gris cachant ses cheveux sombres ainsi qu'un jean foncé et un sweat bleu marine de la même couleur que le ciel nocturne, il doit avoir chaud.
Le soleil devrait commencer à éclaircir le paysage de ses lueurs dans peu de temps, puis il montera dans le ciel jusqu'à ce qu'il éclaire la ville dans son ensemble de ses rayons chauds. Quand le soleil aura percé le ciel pour l'instant noir, la lumière qu'il dégagera nous rendra repérable et nous obligera à nous cacher une fois de plus. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps et devons être de retour avant que le soleil ne soit trop haut dans le ciel.
Glendale n'est qu'à quelques kilomètres de marche. Le peu de fraicheur qui s'infiltre sous mes vêtements ne procure des frisons très agréables. Je ne me risque pas à parler. Depuis le début, Jayden est antipathique et méprisant avec moi ce qui ne me donne aucune envie d'être sympathique à mon tour sachant que se sera à sens unique. L'unique moment où Jayden s'est montré tolérable, c'est quand je l'ai aidé à s'échapper. À cet instant j'ai eu l'impression d'être face au vrai Jayden, depuis il n'est plus que l'ombre de cette personne que j'ai entraperçu. Je ne le comprends pas, il pourrait se montrer reconnaissant ou si c'est trop demander au moins correct envers moi comme il l'est avec le reste du groupe. Je le regarde, espérant apprendre quelque chose sur lui. J'observe sa façon de se déplacer, elle est si particulière, unique. Sa démarche est lente, précise comme si chacun de ses pas étaient millimétré pour toucher le sol à un moment fixe, comme si tout était préparer à l'avance, réfléchit pendant des heures pour donner un ensemble parfait. Mais il n'est que lui, Jayden.
Tout chez cet homme m'intrigue et me donne envie d'apprendre à le connaitre, ses yeux me permettant de le comprendre, ses tatouages que j'ai envie de percé à jour, sa taille haute et ses larges épaules qui me donnent l'impression que rien n'est insurmontable en sa compagnie. Mais ces mêmes éléments m'énerve aussi au plus haut point, ses yeux qui observe le moindre de mes mouvements, l'encre sur sa peau qui semble me narguer, sa grandeur qui me surplombe et me fait me sentir si insignifiante.
Il doit sentir mon regard sur son corps car il me demande froidement en me jetant un rapide coup d'œil :
— Qu'es ce que tu regardes avec tant d'avidité ?
— Rien, je réponds précipitamment.
Je sens mes joues rougir alors même que je ne faisais rien de mal, et mes yeux se rivent sur le sol. Je les relève vite pour voir sa réaction ; il me regarde, mais le froid de ses pupilles a disparu, laissant maintenant place à un sourire joueur au coin de ses lèvres.
Après ce semblant de conversation nous ne nous adressons plus la parole jusqu'à l'entrée de la ville.
Les rues sont désertes en cette fin de nuit, les animaux se réveillent et les oiseaux commencent à chanter. Personne ne croise notre chemin. Jayden marche quelques pas devant moi. Le paysage nocturne qui nous entoure est trop silencieux, comme abandonné, me donnant des frisons. Ayant un mauvais pressentiment je me rapproche de Jayden en espérant qu'il me protège si on rencontrait des gens bizarre ou autre. Pourtant, rien de suspect n'apparait aux alentour, seulement des maisons modestes aux volets fermés, des véhicules stationnés sur les trottoirs ainsi que des boutiques marquées d'une pancarte "closed". Jayden me fixe, il est à la limite de rire aux éclats en apercevant mon expression terrifié.
Un bruit sourd résonne, je sursaute et regarde une fois de plus autour de moi. J'ai l'impression que le bruit vient d'une rue parallèle au loin et rien ne semble avoir bougé dans les parages. Jayden passe un bras sur mes épaules. J'hésite à le repousser, mais décide de le laisser faire, car son geste me rassure. Au détour d'une avenue, je remarque la vitrine d'une boutique éclairée et l'insigne clignotante où il est écrit "ouvert 24/24". Je montre l'endroit qui parait vide à Jayden et nous nous y dirigeons ensemble. Son bras toujours posé sur mon épaule.
Je regarde autour de la petite boutique, mais personne ne se promène à ses abords. Les légers rayons du soleil commencent à nous éclairer de leur lueur matinale. Jayden propose de rester à l'extérieur pour surveiller si rien de suspect ne se passe dehors pendant que je fais le peu de course dont on a besoin – encore de la nourriture ainsi que du matériel médical pour la blessure de Jayden qui a commencé à s'infecter ce qu'on veut à tout prix éviter..
— Tiens, mets ça sur tes cheveux, me dit-il en enlevant son sweat à capuche.
J'enfile son large vêtement par-dessus ma veste et rabat la capuche sur ma tête pour camoufler mes boucles rousse et mon visage, avec ma casquette en plus ça devrait faire l'affaire. Son sweat est agréable. Sentir son sweat sur mon corps me rassure, comme si rien ne pouvait m'arriver à présent. C'est agréable d'enfin se sentir en sécurité, mais je ne suis pas sûr que Jayden soit la personne parfaite pour ça, et puis je ne le connais pas. Tout s'embrouille dans ma tête, c'est tellement bizarre.
Il me fait un de ses sourires en coin, puis j'entre dans le magasin sans me retourner. C'est petit et peu de chose sont présentes, mais je trouve tout de même tout ce dont j'ai besoin.
Un homme derrière le comptoir observe mes moindres mouvements, il me passe au crible avec son regard séducteur. Je me sens rougir, gêné par son regard. Ses yeux trahisse sont intéressement. Quand il s'aperçoit que je le regarde à mon tour, il détourne les yeux de mon corps et rougit à son tour, aussi gêné que honteux d'avoir été pris en flagrant délit et que je l'ai vu, ce qui me fait rire intérieurement. S'il savait que c'est plutôt l'inverse, c'est moi qui enfreins la loi, c'est moi la criminelle, la méchante, pas lui.
Après quelques minutes de recherche, je mets enfin la main sur la boite d'antibiotique dont Jayden a besoin pour faire passer la douleur que lui inflige sa blessure à la jambe. Ce n'est pas le meilleur des médicaments, mais c'est un des seuls antibiotiques qu'on peut trouver facilement. C'est avec les bras chargé de divers articles que je me dirige vers l'unique caisse. J'observe autour de moi me préparant à fuir au moindre élément sortant de l'ordinaire, mais rien. Il n'y a qu'un homme dans la petite boutique, absorbé par les différentes canettes d'alcool et de soda et qui ne m'a sûrement pas remarqué.
Dehors, Jayden est assis sur un banc, dos à moi et par la même occasion à la boutique, il observe ce qui se passe à l'extérieur, près à venir à chaque instant me sauver des griffes de potentiels agresseurs. Enfin j'espère. Puis comme s'il sentait mon regard sur lui, il se tourne et me lance un sourire rassurant. Je me sens bête d'être si terrifié alors qu'il est juste à côté.
Mais j'ai un mauvais pressentiment, mais la pression de ces derniers jours m'a rendu légèrement paranoïaque, je vois le mal partout et j'ai peur du moindre bruit. C'est tellement débile quand on y pense. Je fais abstraction de mes émotions, un instant, pour me concentrer sur ce que j'ai à faire ; à savoir payer et partir de Glendale le plus rapidement possible.
Dans ma précipitation, je percute un homme de plein fouet. Tous mes articles auparavant dans mes bras, sont à présent éparpillés au sol. Avec le choc, l'homme est tombé. Il me fixe pendant que je détaille sa physionomie. Ses yeux émeraude brillent à la lueur des néons du plafond. Il parait fatigué et des cernes ont élu domicile sous ses yeux. Son corps svelte, dégageant de la puissance et du charisme, est immense. Un sourire apparait sur son visage, partageant la place avec plusieurs cicatrices.
Cet homme parait juste normal. Les marques sur son visage montrent son vécu, beaucoup trouverait ça laid, mais pas moi, je trouve que ses cicatrices lui donne du charme. Le vert de ses yeux me fait penser à un conte de fée, où cette couleur si particulière peuplerait la nature si morne, et sa grandeur me rappelle mon enfance.
Enfant, j'étais la plus grande de mon école et que tous mes camarades me demandaient de l'aide quand un ballon était perché dans un arbre ou me voulaient dans leur équipe en sport pensant que ma taille faisait de moi la meilleure en basket alors que je détestais la plupart des sports collectifs. Un sourire germe sur mon visage au souvenir de cette période de ma vie où tout était si simple.
Je reprends mes esprits, mes souvenirs s'effacent pour laisser place à la dure réalité qui s'impose à moi. Je tends une main à l'homme toujours à terre pour l'aider à se relever.
— Excusez-moi. Je ne regardais pas ce qui se passait devant moi, je vous ai foncé dedans... Qu'es ce que je raconte, je murmure à mon attention en me frappant le front du plat de la main. Vous n'avez mal nul part ?
— Non. Tout va bien, ne vous inquiétez pas. C'est de ma faute, je ne vous avais pas vu non plus, s'excuse-t-il en frictionnant son bras à l'endroit où ce dernier à toucher le sol.
Je me baisse pour récupérer mes différents achats éparpillé au sol. L'homme m'aide, puis m'accompagne jusqu'à la caisse où j'attends de pouvoir payer et sortir du magasin.
— Ravie d'avoir fait votre connaissance, me dit-il.
Je lui retourne ses salutations en exagérant, sachant très bien que je ne le reverrai jamais. Pourtant l'homme a l'air convaincu du contraire ce qui m'étonne, vu que je ne l'avais jamais vu auparavant.
— Je m'appelle Aaron, enchanté, insiste-t-il en se présentant, main tendu.
J'hésite, mais je finis par lui tendre ma main à mon tour, sans me présenter. Il la sert et glisse un bout de papier plié en deux dans ma main, puis sans salut, ni regard, il sort en passant par l'arrière-boutique. Bizarre. Finalement cet homme est très particulier. Je contemple le petit papier. Sûrement son numéro de téléphone ou une connerie du genre. Ça reste très bizarre de donner son numéro de téléphone à une inconnue, puis partir sans un mot. Mais je crois que j'en suis à un point où plus rien ne me surprend vraiment...
J'hésite à mettre le petit papier dans la première poubelle venu, puis je me reprends et le fourre dans la poche arrière de mon jean. On sait jamais, je regarderais plus tard ce qui est écrit.
Je dépose un billet sur le comptoir. L'employé l'empoche, toujours gêné. Il ne me jette pas un seul regard et se contente de fixe l'écran devant lui, puis de me tendre mes articles au fur et à mesure. Après avoir récupérer mon ticket de caisse et rangé mes achats dans mon sac à dos, je pousse la porte battante de la boutique.
À l'extérieur un vent chaud balaie mon visage, je respire un bon coup, comme si j'avais retenu ma respiration sans m'en rendre compte dans le magasin. Le ciel s'éclaircit et quelques rayons orangés pointent le bout de leur nez dans l'atmosphère qui se réchauffe déjà. Jayden m'attend toujours assis sur le même banc que tout à l'heure. Il était perdu dans ses pensées, mais dès qu'il m'aperçoit, il bondit sur ses pieds et me rejoint.
J'enlève son sweat qui me donne chaud à présent et lui redonne. Il le noue autour de ses épaules laissant ses bras nus. Je détourne le regard de ce spectacle, gênée, et je me concentre sur mes pieds. Sans même nous concerter, nous reprenons le même chemin qu'à l'allée en sens inverse.
— Tout c'est bien passé ? Personne ne t'a reconnu ? me demande-t-il, brisant le silence pesant entre nous.
J'hésite une seconde à lui parler de l'homme qui m'a bousculé – ou que j'ai bousculé –, puis donner un bout de papier avant de s'enfuir par la porte de derrière. Cet homme, cet Aaron, était bizarre, son comportement d'abord avenant puis évasif. Mais je décide de ne pas le dire à Jayden. Après tout ce ne sont que des détails insignifiants. De plus, connaissant Jayden, il se moquera de moi et me traitera d'enfant apeuré et paranoïaque ce qui n'est pas totalement faux, en soit. Mais je ne tiens pas à me prendre de telle insulte, j'en ai mon compte pour la journée.
— Il n'y avait qu'un employé, mais il paraissait d'avantage intéressé par mes atouts féminins que par le fait que je sois une potentielle criminelle recherchée, j'explique, désinvolte, en omettant le passage avec l'autre homme.
Jayden pose son regard septique sur mon corps, le parcourant de ses yeux sombre comme s'il voyait à travers celui-ci. Comme s'il savait que je ne lui disais pas tout. Mais il ne fait aucun commentaire. Jayden se contente de rester mutique, comme à son habitude. Il finit par se retourner et part d'un pas rapide. Je reste immobile une seconde, puis je décide à le suivre.
Le retour se passe comme l'allée, en silence, mais ce n'est pas un silence gênant, plutôt reposant. Chacun dans ses pensées. Seul, en paix. Toutes mes réflexions gravitent autour d'un même sujet ou devrais-je dire d'une même personne. Elles sont focalisées sur l'homme aux yeux vert persan. Vers celui qui arbore des cicatrices sur le visage. Étaient-ce des coupures récentes ou des marques de coup datant de plusieurs années ? Comment étaient-elles arrivées là ? Je ne le saurai probablement jamais. Et c'est sûrement mieux ainsi, alors pourquoi je pense à lui ? Cet homme était déconcertant, pour ne pas dire inquiétant, maintenant que j'y repense. Notre rencontre m'a perturbé. Son expression si sûre de lui, quand il m'affirmait qu'on allait se revoir prochainement, me reste en mémoire. Et sa façon d'avoir insisté pour me donner un papier froissé que je ne l'avais pas vu écrire. Je ne l'avais pas non plus remarqué avant notre bousculade. Tout chez cet homme, Aaron, était définitivement très étrange.
Je ne peux pas résister plus longtemps à la curiosité. L'envie de savoir ce que contient le message remis par ce mystérieux personnage est très forte. Je récupère le bout de papier plié dans ma poche et l'ouvre avec hâte. Ce n'était rien d'autre qu'une feuille déchirer. Je la retourne et là m'apparait, écrit rapidement à l'encre le message indéchiffrable de l'homme. Pas qu'il écrive mal, mais plutôt que ce soit écrit dans une sorte de message codé. Pas du tout le numéro de téléphone que je m'attendais à découvrir en tout cas.
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Que signifie ce charabia de trait et de point ? Qui l'a écrit ? Mais surtout qui est réellement l'homme que j'ai croisé dans la boutique ce matin ? Est-ce qu'il savait qui j'étais et ce que j'avais fait, mais n'a pas prévenu les flics ? Quel genre de personne laisserait une criminelle en liberté de son plein gré ? Cet homme, Aaron, est encore plus mystérieux que ce que je pensais. J'aurais dû en parler avec Jayden. Je ne pensais pas que cette simple mésaventure prendrait une telle ampleur, ni que ma rencontre avec cet homme aurait de telle conséquence. Je suis si naïve et insignifiante dans ce monde.
Mais ce message nous est destiné, à Jayden ou à moi, et on va devoir découvrir ce qu'il signifie.
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