Chapitre 9




Même si je suis plus qu'énervée qu'il ait utilisé ses pouvoirs, j'espère que leurs effets durerons assez longtemps pour qu'on puisse quitter Orono et même le Maine si possible. En quittant le poste de Police, Carrihan m'a fait monter dans une Chevrolet Tahoe noire, exactement la même que celle du FBI dans les films. Pas très discret, si vous voulez mon avis. Il dit que c'est la voiture qui lui correspond le mieux et que, de ce fait, on y passera inaperçu. Son raisonnement se tient, si on omet son sourire en coin quand il est monté dans la voiture. On aurait dirait un enfant ayant trouvé son tout nouveau jouet, un vrai gamin. On a roulé une dizaine de minutes jusqu'à la sortie de la ville, sans croiser une seule sirène de police. On a ensuite foncé droit vers le New Hampshire, les flics vont sûrement penser que l'on veut quitter l'état mais on a pas le choix, il faut donc que l'on soit sortis du Maine au plus vite. Il va nous falloir près de trois heures pour atteindre le New Hampshire et deux de plus pour le traverser et arriver à Burlington dans le Vermont. Ce n'est pas notre destination finale mais Carrihan refuse de m'en dire plus.

Il est sur les nerfs depuis qu'on a quitté le commissariat. Les mains crispées sur le volant, ses yeux ne cessent de faire des allers-retours entre la route et le rétroviseur. Je pensais qu'en quittant Orono il se serait calmé mais il demeure en état d'alerte maximal et je sens qu'il y a plus qu'une simple course poursuite avec la police qui l'inquiète.

C'est là que ses paroles me reviennent : « On ne peut plus attendre, elle t'a retrouvé ». Il n'a pas développé, ne s'est pas expliqué.

-       Qui m'a retrouvé ? Je demande en me tournant sur mon siège pour juger sa réaction.

-       Quoi ? Il semble réellement confus, il était loin dans ses pensées.

-       C'est qui elle ? Celle qui m'a retrouvé ? De quoi parlais-tu tout à l'heure ?

-       Oh...Euh oui... Euh non personne, pourquoi ?

-       Ne me prend pas pour une imbécile Carrihan ! J'ai remarqué qu'il y a quelque chose que je ne sais pas ! Et pas seulement pas rapport à cette inconnue qui m'aurait retrouvé mais aussi ce matin quand tu m'a dis avoir fait ce que tu pouvais. Il y a autre chose, un truc que je ne saisis pas et tu vas me l'expliquer sur le champ ! Je termine en criant alors que ce n'était pas du tout mon intention, il a le don de me mettre hors de moi.

-       Il se trouve que j'ai un contentieux avec la reine des enfers.

-       Quoi ? Attends, attends, tu veux dire que la personne qui me recherche c'est la femme de Hadès !

-       Techniquement oui, mais...

-       Pas de mais ! Que-ce qu'elle te veux ?

-       Je n'en suis pas sûr, il se reprend en voyant mon regard incrédule, mais je pense qu'elle cherche à te tuer.

Je reste un moment sans répondre. Je ne sais même pas qui a fini par gagner les épreuves. Mais ce qui est sûr c'est que si c'est la reine des enfers, je la connais forcement. Tous les êtres féminins qui évoluent dans notre monde viennent de l'orphelinat. Ne dit-on pas : « derrière chaque grands homme se cache une grande femme » ? Et bien nous sommes les femmes de l'ombre cachées derrière tous ces hommes légendaires. Certaines disent que Perséphone nous aurait créé pour rétablir l'ordre aux enfers afin que son mari lui accorde une permission à la surface. Mais Perséphone n'étant plus présente depuis bien longtemps, d'autres persistent à dire que Zeus et ses frères et sœurs se seraient mis d'accord pour engendrer des êtres féminins dépourvus du pouvoir des dieux mais ayant une certaine autorité. Ceci, afin de leur enseigner l'humilité. Il va s'en dire qu'aucune d'entre nous n'a autorité sur eux, ils ne l'auraient pas permis. Il se trouve que nous avons réussi à nous rendre indispensables, tant et si bien qu'Hadès cherchait désespérément une remplaçante de Perséphone depuis bien trop longtemps. Je suis ravie qu'il l'ai trouvé. Lors de ma sélection, nous étions neufs et j'étais la première à passer les épreuves car il était persuadé que j'étais l'élue. Il se peut qu'aucune n'ai réussi les épreuves, mais la vainqueur vient forcément de mon ancien foyer. Une ancienne camarade cherche donc à me tuer, c'est rassurant.

Alors j'hésite à poser la question qui me brûle les lèvres.

-       C'est qui ? je demande dans un murmure.

Ses yeux arrêtent enfin leurs va-et-vient et viennent se poser sur moi. Pendant un instant j'espère qu'il va me dire le nom d'une inconnue, mais la tristesse dans ses yeux ne ment pas, je connais celle qui veut me tuer.

-       C'est Érya, dit-il doucement.

-       Quoi ? Mais pourquoi voudrait-elle me tuer ? Je ne lui ai jamais rien fait à cette garce !

Érya a été sélectionné la même année que moi, elle m'était particulièrement antipathique et faisait partie des ferventes groupies de Carrihan.

-       Peut-être, mais moi oui.

Je hausse un sourcil interrogateur, impatiente qu'il m'en dise plus.

-       Bon alors ? Tu craches le morceau ?

-       J'ai tenté de la tuer quand j'ai découvert qu'elle était à l'origine de la malédiction.

Je reste figée. Il me balance ça comme ça, l'air de rien, alors que j'ai l'impression que le monde vient de s'écrouler, que le temps s'est arrêté. Mon visage se décompose et mon souffle se coupe. Je ne sais vraiment pas comment réagir à cette nouvelle. Soit il me raconte n'importe quoi et c'est un fieffé menteur, soit il dit la vérité. Mais mon cerveau refuse de l'accepter. Cela voudrait dire que toute ma rancœur et ma haine envers Carrihan n'ont pas lieu d'être. Enfin une partie car même s'il n'est pas responsable de la malédiction qui me prive de véritables relations et qui a déjà coûté la vie à un homme, il s'est tout de même rendu coupable de m'avoir désigné pour les épreuves et de ... quoi ? De m'avoir ensuite sauvé en négociant ma vie avec Hadès lui-même ? Oui il semblerait que je lui en veuille encore pour tout cela. Tandis que mon cœur semble faiblir et cherche à lui accorder le pardon, mon cerveau lui, refuse catégoriquement de lui faire confiance, il tente désespérément de trouver des arguments valables mais même lui a du mal. Cette malformation congénitale du cerveau qui éloigne ma rancœur et qui a tendance à rameuter culpabilité et autres sentiments désagréables m'énerve ! À moins que ça ne soit simplement ma conscience morale mais elle me paraît particulièrement développée pour que ça soit naturel.

Je vois rouge, c'est la seule façon que j'ai trouvé pour apaiser ma culpabilité, la colère. Je m'apprête à répliquer lorsque j'aperçois du coin de l'œil une lueur. Une lueur qui grossit et qui semble foncer droit sur nous. Je me tourne vers Carrihan, il l'a vu lui aussi, et son visage ne présage rien de bon. La voiture accélère, mais pas suffisamment et nous sommes percutés de plein fouet sur le flan de la voiture par la lueur qui n'est autre qu'une créature répugnante et dégoulinante. Le choc est brutal et d'une violence inouïe.

Ma vitre explose quand une main affreuse la traverse et que des ongles acérés me lacère la tempe et le cou. Je suis projeté contre Carrihan qui est lui-même projeté contre sa vitre qui vole en éclats. La main se retire vivement tandis que la voiture tombe sur le flan, puis sur le toit. Elle continue de rouler ainsi pendant ce qui me semble des heures.
Lorsque j'ouvre les yeux, j'ai l'impression de m'être assoupie pendant une éternité mais les bruits de pas, lents et contrôlés, me ramènent à la réalité et je sais que je ne me suis pas évanouie. Nous sommes à l'envers, retenus uniquement pas nos ceintures. Carrihan a les yeux fous mais n'a pas une seule égratignure. Il n'a pas peur ni mal, il ne craint rien ni personne, il est enragé. Mais lorsque les pas se rapprochent et le danger avec, un éclair de panique passe dans ses yeux. Il a peur mais pour moi. Je le rassure d'un sourire et nous hochons la tête en même temps. Soudain ma portière se fait arracher et au même moment Carrihan arrache nos ceinture et nous retombons sur le sol avec agilité. Nous ne somme pas du genre à fuir mais rester dans la voiture c'est comme aller chercher le fromage accroché à la tapette, c'est stupide et dangereux. Quand l'invité surprise se baisse pour nous atteindre par le trou béant laissé par la portière, Carrihan et moi sommes déjà sortis et nous nous tenons fermement derrière cette furie.

-       Tu cherche quelque chose Tisiphone ? lui demande Carrihan.

Un hurlement bestial nous répond. J'avoue ne pas avoir reconnu cette Furie au premier coup d'œil. En même temps cette hideuse créature ne fait rien pour ressembler aux déesses des livres d'histoires. Non, elle, elle ressemble plus à un Gremlins qui a été nourrît après minuit. Avec les ailes en plus et une rage entièrement dirigée vers moi. Tisiphone est la Furie vengeresse, pas la peine d'avoir fait sciences-po pour savoir qui l'a envoyé. Elle lance un feulement assourdissant dans ma direction et Carrihan se place devant moi pour intercepter son corps lancé à vive allure sur nous. La créature l'écarte d'un bras et il se fait propulser à plusieurs mètres de là. Je me retrouve face à face avec des yeux rouges et des dents pointues qui ne me disent rien qui vaille. Elle tente à nouveau de me lacérer le visage avec ses serres hideuses mais je l'évite de justesse. S'en suit alors une danse endiablée faite de pirouettes, de battements, de développés et de grands jetés, agrémentés de sang, de liquide visqueux, de grognements et de plaintes. De toute évidence elle ne veut pas me mettre simplement hors d'état de nuire comme Carrihan. Non elle veux que je souffre et si possible que je finisse six pieds sous terre et bien amochée. Elle parvient à me plaquer au sol, les quatre membres immobilisés dans ses pattes et ses dents se rapprochant dangereusement de mon cou. C'est alors qu'un grand souffle l'éjecte loin de moi et elle se tord de douleur. Des cloques apparaissent sur sa peau visqueuse et ses ailes semblent fondre. Je me tourne vers Carrihan, qui est passé en mode faut-pas-me-chercher-ou-tu-risques-de-finir-dans-les-flammes-de-l'enfer-pour-l'éternité, et je me réjouis de ne pas être la cible de sa colère. Les cris d'agonie de la furie me donnent la migraine et je me rends compte que j'ai reçu un mauvais coup à la tête. Ce qui ne serait pas arrivé si Carrihan avait réagi plus vite. Lorsque le dernier bout de chaire est enfin carbonisé, Carrihan redevient le monsieur puissance et mystère qu'il était et je me tourne vers lui passablement énervée.

-       Mais enfin ! T'attendais quoi exactement pour utiliser tes pouvoirs ? Que je sois égorgée par ses dents dégueulasses?!

Il me regarde sidéré. Moi hypocrite ? Mais non voyons...

Et c'est la dernière chose à laquelle je pense avant de ne voir que du noir.





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Voila le chapitre 9 ! Que pensez-vous de la révélation ? Et de l'attaque ?

J'aime avoir des retours alors n'hésitez pas ^^

J'espère que ce chapitres vous plait :D

Merci beaucoup de lire mon histoire <3

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