Chapitre 7







L'homme qui se tient devant moi relate les faits pour lesquels je suis ici. Les deux policiers en uniforme venus me chercher à la fac m'ont fait monter à l'arrière de leur voiture en me disant mes droits. Mais j'étais trop loin dans mes pensées pour y faire attention et je ne les ai pas quittées depuis. J'ai du mal à comprendre ce que l'on me reproche. Enfin non, je comprends ce que l'on me reproche. Ce que je ne saisis pas c'est pourquoi on me le reproche. On m'accuse d'avoir tué un homme que je ne connais même pas. Je ne connais aucun Linden Ashby ici dans cette université. Ni ailleurs, d'ailleurs. Je sais que je n'ai rien fait, mais j'ai le pressentiment que la personne qui l'a fait a comme une dent contre moi.

On m'a laissé poiroter deux heures avant qu'un inspecteur ne daigne venir me poser des questions. C'est un monsieur muscle qui pense pouvoir me faire peur avec sa stature impressionnante. Il doit penser que ne suis qu'une petite frappe qui s'est fait prendre et qui maintenant, tremble de peur devant un policier avec des muscles aussi larges que le vide dans son cerveau. Il n'arrête pas de parler et j'en ai mal à la tête. En état d'arrestation...blah, blah, blah ... Crime... Pas d'alibi... Situation critique... blah, blah, blah ... Un deal qui a mal tourné ?... Blah, blah, blah.

-       Vous comprenez ce que l'on vous reproche mademoiselle ? Me lance soudain le deuxième policier présent.

Son ton est bien plus doux que celui de l'inspecteur. Et son visage est bien plus avenant. Un air perplexe sur le visage, il semble réellement chercher à comprendre mon air absent.

-       M'enfin ! Bien sur qu'elle comprend ! Elle est juste terrifiée de ce qui va lui arriver maintenant qu'elle s'est fait chopper !

Je me mords la lèvre inferieur pour m'empêcher de répliquer une insulte cinglante. Mes yeux dérivent vers le visage de l'inspecteur gentil, par opposition à l'inspecteur méchant, une idée qui me vient de ma créativité débordante, et je vois dans ses yeux qu'il n'est pas aussi apathique que son collègue.

-       Je crois que tu a raison Pit, elle paraît terrifiée, le dénommé Pit ne semble pas saisir l'ironie, je ne pense pas qu'elle parlera tout de suite. Si tu veux tu peux prendre une pause, je lui tiendrai compagnie.

-       Ouai t'as raison, elle aura moins peur avec un gringalet comme toi.

Je ne me retiens pas de lever les yeux au ciel et le « gringalet » étouffe un rire. Lorsque le flic méchant quitte la pièce son rire s'évanoui.

-       Je suis l'inspecteur Donnovan...

-       Inspecteur ? Je le coupe, l'autre débile lui parlait comme à un bleu.

-       Oui, depuis peu, et il se trouve que je ne me fait pas très bien respecter ici. Mes collègues considèrent la masse corporelle comme instrument de pouvoir, il se désigne de la tête aux pieds, on peut dire que je suis considéré comme faible.

-       Effectivement j'ai cru comprendre que posséder un cerveau était en option ici.

-       C'est exact.

Il reprend après un temps de silence.

-       Bon je vois que vous avez une langue finalement, je me renfrogne, ne voudriez-vous pas me dire ce qu'il s'est passé. Votre version des faits.

-       Il se trouve que je ne sais même pas qui est l'homme que je suis censé avoir tué, je réponds posément.

L'inspecteur Donnovan s'installe sur la chaise en face de moi et ouvre un dossier sur la table. Il en retire quelques photos qu'il place devant moi. La première est prise de loin. On y voit un corps dans une position improbable et maculé de sang séché. Je reconnais immédiatement le petit parc peu reluisant qui me sert de cachette et de coin méditation. En reconnaissant la petite clairière ou j'ai discuté avec Léanora hier soir, j'ai un mauvais pressentiment. La deuxième photo zoom sur le torse de l'individu. On y décèle des traces de griffure d'ongles ainsi que deux entaillent à l'abdomen. Cet homme est mort de deux coups de couteaux si parfaitement symétrique qu'on pourrait penser qu'il était immobile quand on les lui a infligé. Enfin, la troisième photo montre la tête sans vie d'un homme qui ne m'est pas inconnu finalement. L'inspecteur m'étudie pendant que j'étudie les photos. Il doit déceler quelque chose parce qu'il reprend la parole.

-       Donc vous connaissez cet homme. Ce n'est pas une question, il penche la tête vers les deux premières photos. Mais de toute évidence la vue du sang ne vous effraie pas. Je vais être honnête avec vous et j'aimerais que vous en fassiez de même. Pouvez vous faire cela ?

Je hoche la tête presque imperceptiblement mais il ne lui en faut pas plus.

-       Je ne pense pas que vous aillez tué cet homme.

Je hausse un sourcil interrogateur.

-       Mais ?

-       Mais je pense que vous savais quelque chose sur ce qui a pu lui arriver ce matin.

-       Ce matin ? Je le coupe. Ce matin j'étais chez moi, je suis allée à une soirée hier soir avec une amie mais je suis vite parti, vous pourrez lui demander confirmation.

-       Oui je sais, une certaine Eli Duval, c'est bien ça ?  Elle nous a confirmé vous avoir vu partir de la fête seule mais malheureusement elle nous a aussi confirmé que vous connaissez ce garçon.

-       Je ne le connais pas d'accord ! Il m'a parlé à la fête et je l'ai gentiment envoyé balader. Puis je suis partie et pour me détendre avant de rentrer chez moi je suis allé méditer dans le parc du campus, oui certaines personnes méditent, j'ai entendu un groupe de garçons arriver alors j'ai voulu partir. Il se trouve que ce Linden est apparu pour me dévoiler son amour avant de s'évanouir à mes pieds. Ses potes étaient justes à coté. Je jure que quand je suis partie il était juste... dans les vapes.

L'inspecteur secoue la tête en cherchant des papiers dans son dossier. Mon cerveau marche à cent à l'heure. Cet homme n'aurait pas du mourir, enfin si, mais je m'étais assuré du contraire. Faire venir Carrihan était un signe de paix. Cela peut paraître fou et complètement paradoxal mais je suis persuadé qu'il n'a pas mentit et qu'il a respecté sa part du contrat. Une vague de colère m'envahit. C'est pour sauver la vie de cet imbécile que j'ai accepté que Carrihan vienne me retrouver. Et c'est à cause de cet imbécile que je suis dans une salle d'interrogatoire. Peu importe la personne qui l'a tué, elle va m'entendre !

Peut être la faute à ma grande paranoïa mais j'ai le pressentiment que quelqu'un cherche à me faire accuser. Alors soit le meurtrier à profité de ma débâcle publique avec Linden pour Le tuer impunément, sachant qu'il y aurait un suspect tout désigné. Soit le meurtrier a justement trouvé la victime idéale pour que je sois l'assassin désigné.

-       J'aimerais pouvoir vous aider mademoiselle, vraiment, mais vous devez reconnaître que les choses ne sont pas simples. Monsieur Ashby n'avait pas d'ennemis et toutes les personnes, ou presque, présentent à la soirée peuvent affirmer que vous vous êtes battu.

Je lève les yeux au ciel :

-       On ne s'est pas battu, je l'ai gentiment éconduit, puis je reprends en pensant à se qu'il a dit plus tôt. Un ami de longue date est arrivé chez moi ce matin, tôt. Il pourra confirmer que ne me trouvais pas au parc. De toute façon, toutes les preuves que vous avez sont circonstancielles. Cela ne suffi pas. Alors je vous conseille de chercher le vrai coupable.

Je termine ma tirade, un brin énervée.

-       Vous avez raison mademoiselle, tout n'est que circonstanciel. Mais il se trouve que le procureur veut un coupable et vous êtes la seule disponible, dit-il le regard remplit de regret.

Il se lève pour quitter la pièce et se retourne au dernier moment. Il jette un œil à la caméra de sécurité puis tourne son visage vers moi de façon à être dos à celle-ci.

-       Je vais voir avec votre ami si vous pensez que l'on peut lui faire confiance.

Je hoche la tête imperceptiblement et il en fait de même avant de sortir sans un regard en arrière. Il me laisse là à ruminer mon emprisonnement. Et pendant deux autres heures je réfléchi à toutes les manières possibles d'assassiner l'assassin. L'énucléation, l'écartèlement... je songe même à lui arracher chaque poils présent sur son corps, un à un, avec une pince à épiler. Lui bander les yeux et le faire courir pieds nus sur l'autoroute. C'est sur ces notes jubilatoires que la porte s'ouvre dans un fracas et que Carrihan débarque, le visage rouge de fureur et accompagné de « Monsieur Muscle ». Il cour presque jusqu'à moi pour prendre mon visage en coupe alors que je me lève d'un bond. Il passe rapidement ses mains sur tout mon visage puis relève mes cheveux pour les passer sur mon cou et dans ma nuque. Il les pressent dans mon dos puis le long de mes bras. Il atteint mes poignés entravés par les menottes en quand il relève les yeux j'y vois de la pure rage y bruler. L'inspecteur s'avance les mains tremblantes avec la clef. Le géant fou furieux en face de moi les lui arrache des mains pour venir détacher doucement mes entraves. Le contraste entre son comportement envers Pit et son comportement envers moi est saisissant. Il attrape mes poignés avec une gentillesse infini puis me masse les paumes consciencieusement. Après s'être assuré que j'allais bien il se retourne vers l'inspecteur :

-       On s'en va, dit-il fermement, ne demandant pas la permission.

-       Ou...oui bien sur c'est par là, fit il en désignant la porte du doigt comme l'imbécile qu'il est.

Je lève les yeux au plafond tandis que Carrihan me traine jusqu'à la sorti, un bras autour de ma taille. En passant devant le bureau de Donnovan, je l'aperçois au téléphone et il nous regarde décamper les sourcils froncés, interloqué. C'est là que je comprends. L'horreur de la situation m'apparaît nettement et je tente de me soustraire à la poigne de Carrihan, en vain.

Enfin à l'air libre, je me tortille dans ses bras et il me lâche.

-       Continue d'avancer Anna ! Soupire-t-il.

-       Mais enfin t'es complètement malade ! L'inspecteur Donnovan était sur le point de m'innocenter ! J'aurais pu reprendre le cours de ma vie et maintenant je suis une fugitive !

Je cris tout en montant dans la voiture vers laquelle il se dirige. À l'intérieur du bâtiment c'est l'effervescence. Les policiers reprennent peu à peu leurs esprits et il se mettent à me cherche activement.

-       On ne pouvait plus attendre, réplique-t-il calmement, elle t'a retrouvé.

-       Quoi ? Mais qui ? MAIS TU TE RENDS COMPTE QUE TU AS UTILISÉ TES POUVOIRS !

Je cris, carrément hors de moi cette fois. Il ne se rend pas compte de ce qu'il vient de faire. Son sauvetage va passer pour une évasion et l'utilisation de ses pouvoirs ne fait qu'empirer les choses. Je ne veux pas retourner dans mon monde mais si celui des humains me cherche, je n'y serais plus en sécurité et puisque Carrihan est avec moi je ne vois plus pourquoi je fuirais.





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Merci d'être toujours là ! :D

Alors qui est le tueur ? Qui les a retrouvé ? Que pensez-vous des pouvoirs de Carrihan?

J'espère que ce chapitre vous plait, n'hésitez pas à laisser un commentaire ça fait toujours plaisir !

Merci <3

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