Chapitre 1


- Hé ! Eli c'est qui ta pote ? C'est une putain de bombe ! Et il ajoute en approchant sa main de mes fesses, je me la ferrais bien...Aïe ! Mais qu'est ce qui te prend t'es complètement folle ma parole !

Dixit celui qui viens de me prendre par la taille. Je lui ai donc logiquement fait une petite clef de bras. Ben quoi, c'est normal non ? Bon peut-être pas dans une fête étudiante mais je vous assure que d'où je viens il n'y a rien de plus normal. Je peux vous dire qu'il en a bavé Carrihan avant que je ne réponde à ses avances autrement que par des insultes et des coups.

- Je te laisse Eli. Je crois qu'il vaut mieux que je rentre. Si tu vois ce que je veux dire ?

Eli est au courant de toute, je dis bien toute l'histoire. Elle sait donc pour Carrihan, les démons, ce que je suis réellement, et elle s'en fiche. Pour elle, ça n'a aucune « putain d'importance » comme elle le dit si bien. Elle me rabâche depuis huit mois que je la connais que je suis ici pour m'amuser et que je ne me suis pas enfuie pour me terrer dans la peur d'être retrouvée. Sur ce dernier point, elle n'a pas tort, mais je ne veux pas prendre de risques inutiles. Et je sais d'expérience que la possessivité de Carrihan va bien au delà de la malédiction. Ah ça oui il est jaloux ! Et pas qu'un peu. Je dois prendre plus de précautions si je ne veux pas qu'un autre fâcheux accident n'arrive.

- Oh non Beth reste encore un peu ! Tu as le droit de vivre tu sais !

- Je sais mais je crois que moi et eux, dis-je en faisant un geste de main en direction d'un groupe de mecs en train d'ingurgiter la plus grosse quantité d'alcool que je n'ai jamais vu, n'avons pas la même définition de vivre et s'amuser.

- Oh mais enfin Annabeth ! Arrête de faire ta Rabat joie ! Allons te trouver un beau mâle pour de dérider un peu ! Ajoute-t-elle en me tirant par le bras.

- Eli tu sais que si l'un deux m'approche d'un peu trop près, ça va très mal finir. Dis-je en me dégageant. Je vais donc te laisser là et je te retrouve en cours demain. Elle s'apprête à protester mais je ne lui en laisse pas le temps. En plus, on sait toutes les deux que tu ne vas pas rester seule très longtemps et que tu vas même trouver quelqu'un de très attentionné pour te raccompagner à ta résidence. Je termine en lui faisant un clin d'œil.

Je m'enfuis le plus vite possible de cette fête (en restant dans le domaine du naturel) et me retrouve en un rien de temps dans le parc qui me rappelle le plus mon ancien chez moi. C'est là que je viens dès que j'ai besoin de me retrouver seule. Il n'est pas très bien entretenu et c'est ce que j'aime chez lui. C'est un petit coin où la nature a repris ses droits, entouré de grands arbres qui nous coupent de reste du campus. Il n'est que très peu fréquenté parce que c'est ici que la plupart des déchets humains finissent. Mais depuis que je suis ici j'ai toujours réussi à les éviter. Mais je crois bien que ce soir n'est pas mon soir de chance.

Je m'installe tranquillement en tailleur dans les hautes herbes près d'un grand chêne et me concentre. Je sais que c'est risqué mais je dois savoir comment elle va. J'essaie, tout en gardant mes barrières mentales, de me connecter à elle, d'atteindre son cerveau. Je sais qu'à l'heure qu'il est, elle doit sûrement penser que je l'ai oublié, mais non je ne l'oublie jamais.

- Léanora tu m'entends ? Je m'exprime haut et fort en espérant qu'il n'y ait personne aux alentours.

- ...

- Léanora je ne t'ai pas oublié tu sais que je ne le ferai jamais.

- Oui, je sais. Me répond-t-elle dans un souffle, lasse.

- Alors réponds-moi, parle-moi.

- ...

- Je commence à m'inquiéter Léanora ! Je dis cela en commençant également à m'énerver.

- Tu ne penses pas que c'est dangereux que l'on continue de se parler. Je veux dire, oui tu me manques mais tu es partie, tu as l'occasion de refaire ta vie, de commencer quelque chose dont tu es la seule à pouvoir même rêver. Arrête de regarder en arrière s'il te plait et vis.

Elle termine sa tirade dans un souffle et je suis bien consciente de la force et de la détermination qu'il lui a fallu pour faire cela. Elle croit que si l'on coupe notre lien, bien que cela nous serait à toutes très difficile physiquement, j'aurais plus de chances de lui échapper. Mais lui et moi sommes également connectés et ce lien, personne à part la mort elle même ne pourra le détruire.

- Léanora je sais bien ce que tu essayes de faire mais ça ne marchera pas. Carrihan et moi sommes liés et si je disparais de tes radars, je ne disparaitrais pas des siens. Donc arrêtes de t'en faire pour moi et raconte moi les nouvelles de l'orphelinat. C'est presque un ordre mais elle ne s'en formalise pas, ça c'est ma meilleur amie.

Léanora a été choisie pour former les nouvelles recrues au combat. Elle a toujours été la meilleure de notre classe et je suis sûre que si je n'étais pas sortie avec Carrihan elle aurait été sélectionnée. Mais elle ne m'en a jamais voulu, au contraire, elle, comme moi n'étions pas faite pour être reine et nous avions dans l'idée de rester à l'orphelinat ensemble pour former les autres. Malheureusement, nos plans ont échoué, j'ai été choisie mais elle est bien restée là-bas. Et elle se coltine donc la troisième de la classe (devinez qui étais la deuxième) comme assistante et elle se demande parfois si cette dernière a déjà assisté à un seul cours de self-défense tellement sa technique est inexistante. Mais bon venant de Léanora ça ne veux pas dire grand chose, cette fille est une bombe nucléaire à elle toute seule.

Après une petite heure de bavardages et commérages, je me décide à la laisser. J'essaye de lui parler au moins une fois par semaine mais elle est souvent occupée. C'est vrai que j'ai tendance à oublier que le monde que j'ai quitté continu de tourner sans moi. Je me lève, enlève la terre et les herbes de mon jean, quand j'entends un bruit. Un mélange de cris de joie, de pleurs et de plaintes. Il faut que je parte, je n'ai pas envie de me retrouver mêlée à un stupide bizutage ou de la viande saoule qui ne cherche que la bagarre. Vraiment je ferais mieux de partir. Bon d'accord, je vais juste voir ce qu'il se passe, c'est pas grave n'est ce pas ? Alors que je m'approche je reconnais la voix de tout à l'heure, les plaintes.

- Hé sérieux les gars c'est pas drôle on avait dit qu'on faisait attention ! Déjà qu'on a l'autre qui est en train de chialer vous voulez pas qu'on rentre ?

- Je chiale pas ! C'est les allergies !

- Ouais c'est ça et tu t'es pas fait piqué ta copine par Kévin non plus ! Dit un troisième type.

- Ne parle pas d'elle déjà ! C'est une pute je veux plus qu'on parle d'elle !

- Bon OK on reste ! On fait ça pour toi Tim ! reprend le premier.

- Merci les gars vous êtes des vrais potes. Termine Tim

- Bon ben moi je vais pisser à tout de suite !

- On n'a pas besoins de savoir tous les détails connard !

Le jeune homme qui a une classe folle s'approche si vite de ma cachette que je n'ai pas le temps de partir. Quand il me voit, il écarquille les yeux autant qu'il le peut, les paupières alourdies par l'alcool.

- Ah mais je te connais toi ! T'es celle qui m'a cassé le bras tout à l'heure !

- Argh démasqué ! Je ne t'ai pas cassé le bras, je vérifiais juste que t'avais des os. T'en as, super pour toi non ? Dis-je en commençant a partir.

- En plus d'être jolie t'as de l'humour, je crois que je suis tombé amoureux.

Je reste figé sur place. Non mais je rêve, il n'a pas dit ce que je crois qu'il a dit ? Non impossible. Non je ne suis pas parano, je connais la menace qui plane au dessus de moi en permanence et ce qu'il vient de dire est loin d'être anodin, même s'il est complètement saoul. Je commence déjà à ressentir une force incroyable émanant du sol. Merde, merde, merde ! Mais enfin, il est complètement torché. Il ne se souviendra même pas de ce qu'il vient de dire demain matin. Je commence à paniquer et ne peux sortir que des idioties.

- Dis que tu ne m'aimes pas !

- Je peux pas, je suis tombé sous ton charme.

- Mais non enfin bien sur que tu ne m'aimes pas, tu ne me connais même pas ! Vas-t-en ! Part d'ici ! Eloigne toi de moi !

Je sens que c'est déjà trop tard, pas moyen d'inverser le processus. A moins que... Non c'est pas vrai, je ne peux pas faire ça. Mais à cause de cet imbécile je n'ai pas le choix. Je prendre une grande inspiration afin de me donner des forces, je me détourne de lui et L'appel.

- Carrihan ! Il n'a rien fait, il est bourré, c'est un innocent. Laisse le vivre.

- Il est amoureux !

- Mais non ! Je commence à m'énerver. Il ne me connaît même pas ! Mais enfin regarde le ! Crie-je alors que le malheureux s'est évanoui sur l'herbe humide. Ne lui fait rien par pit...

Oh j'ai failli le dire, mais il ne m'aura pas si facilement. Je n'ai jamais supplié personne et ce n'est pas aujourd'hui, et encore moins avec Carrihan, que je vais commencer.

- Oui ? Tu disais ? J'ai hâte d'entendre tes arguments cette fois-ci. On peut dire que la dernière fois cela n'a pas était très concluant.

Effectivement, il y a un peu plus de huit mois je vivais dans une autre ville je doit avouer avoir fait quelques excès. J'étais constamment saoule, je vivais dans une sorte de brouillard. Mais je ne m'attendais certainement pas à ce qu'un jeune, et très beau, garçon s'entiche de moi. Pour tout dire, je n'en suis pas fière mais, je ne me souvient pas de tout, mis à part qu'il a osé me dire je t'aime, que j'ai essayé de convaincre Carrihan que moi je ne l'aimais pas. Mais allez convaincre un démon alors que vous tenez à peine debout vous verrez que c'est plus facile d'apprendre à danser la salsa à son hamster. Donc pas de chance sur ce coup et pauvre a fini six pieds sous terre. Ce n'est pas réellement une métaphore puisqu'il a reçu un allée simple direction les enfers. Je n'ai pas envie que ça recommence, je ne me préoccupe pas de cet homme. S'il devait disparaître, je n'en serais pas affectée le moins du monde. Mais je devrais encore déménager et j'aime bien ma vie ici.

- Bon qu'est ce que tu veux ? Je te le dis direct, je ne rentrerai pas !

- Si tu vas rentrer et tout de suite !

- Tu es sourd ? Ça ne serait pas étonnant, ça te fait quel âge ? Quatre, cinq mille ans ? Tu sais dans ce monde, me courir après est considéré comme de la pédophilie. C'est pas très jojo tu ne trouves pas ?

- Arrête tes gamineries...

- Tu vois je suis une enfant alors laisse moi en paix !

- Tu m'exaspères !

- Mais non tu m'aimes. C'est bien pour ça que tu m'as jeté cette malédiction, non ?

- Tu n'abandonneras pas hein ?

- Même quand je serai morte !

- Très bien tu as gagné.

- Mais bien sûr. Je ne me ferai pas avoir deux fois, alors accouche.

- Je ne tue pas cet énergumène et j'arrête de te poursuivre si, et seulement si, tu réussis une épreuve.

- Mais enfin si je ne l'ai pas réussi il y a deux ans je ne la réussirai pas maintenant. Autant que tu le tues tout de suite ça sera plus clément.

- MA PATIENCE À DES LIMITES ANNA !

- Ne m'appel pas Anna !... Continu.

- DONC ! Je ne te cours plus après, même si je ne courais pas vraiment en fait c'est plutôt comme si je...

- Abrège !

- Oui donc je viendrais te surveiller en personne et éloignerais les autres hommes SANS les tuer. Qu'en dis tu ?

- Où est le piège ?

- He bien évidemment je tenterais de te reconquérir. (Oh, oh je n'aime pas ça) Mais si tu m'as réellement oublié ça ne devrait pas être un problème n'est ce pas ?

- Bien sûr que non. Aucun problème. Sache juste que lorsqu'on m'approche de trop près je mords.

- Je n'en attendais pas à moins de toi ma tigresse. Bon à très vite alors.

Il quitte ma tête et moi la sienne. Et je redresse mes barrières mentales. L'inconnu aux mains baladeuses est toujours étendu dans l'herbe, inconscient. Je souffle.

Mais dans quelle merde je me suis mise pour un inconnu moi ? Il faut vraiment que j'apprenne à tenir ma langue et à le laisser tuer qui il veut. Ben voyons ne nous voilons pas la face, ça n'arrivera jamais. Tout comme je ne retomberais jamais amoureuse de Carrihan, ce connard narcissique.

Mais ai-je réellement cessé de l'aimer ? Me souffle ma conscience.

Ça je le saurai très vite je crois.




Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top