Samedi 08 décembre 2018

Soixante-neuf jours.

Ce n'est pas vrai, je ne te déteste pas. Pardon d'avoir dit ça. J'étais en colère parce que ma moto me manque et tu aimais tellement la tienne, que ce n'est pas juste que tu sois mort comme ça.

Je ne sais même pas pourquoi je m'excuse, car tu ne liras jamais ce journal.

Quand on est rentré de mon rendez-vous avec le psychologue tout à l'heure, Max attendait devant la maison. Je ne savais pas si j'avais envie de le voir. Il n'a pas fait de remarque quand on s'est installé dans ta chambre et pas dans la mienne.

Je n'ai pas parlé, mais lui oui.

Seth va mal, je ne sais pas si je dois te le dire, j'ai peur que ça te fasse de la peine. Je crois que tu as le droit de savoir. Il m'a dit qu'il n'avait pas été en cours pendant plus d'un mois après ta mort, qu'il est revenu quelques jours avant de disparaître à nouveau. Qu'il a maigri. Il m'a aussi parlé de Sarah, elle pleure encore beaucoup, parfois même quand elle est en classe. Si jamais tu en doutais, elle était vraiment amoureuse de toi.

Je crois qu'il s'en est voulu de m'avoir raconté tout ça, car il s'est excusé. Il m'a dit qu'il était désolé et qu'il n'aurait pas dû, car je n'avais pas besoin de ça.

J'avais l'impression qu'il ne savait pas comment se comporter avec moi, c'était étrange. Je me suis senti soulagé quand il est parti.

J'aurais dû mourir à ta place. J'aurais manqué à moins de monde que toi. Je n'ai pas de petite amie moi. Max et Adam auraient été tristes, mais sûrement moins que Seth. Et papa ne me détesterait pas.

J'aimerais pouvoir remonter le temps et avoir cet accident à ta place. Tout le monde serait moins malheureux. Pardon d'être encore en vie.

— Harry