Page quatre-vingt-dix-huit
Jeudi 23 mai 2019
J'ai rêvé de toi cette nuit, ou plutôt de nous. Je crois que c'est parce que je t'ai parlé du lycée hier.
J'ai rêvé de la fois où l'on a échangé nos rôles pour que j'aille faire ton devoir d'histoire à ta place, parce que tu n'avais pas étudié.
Dans mon rêve tout était un peu flou et il y avait beaucoup choses qui n'avaient pas de sens, mais dans la réalité je me souviens de tout. Je me rappelle quand on a échangé nos vêtements dans les toilettes. On était en train de faire une connerie qui aurait pu nous attirer de sérieux ennuis, mais on n'avait pas peur. On était confiant, parce qu'on a toujours su prendre la place de l'autre, sans que personne ne le remarque. Enfin, pas maman, papa et Brooke. Ni même Seth, Max ou Adam, ils nous connaissaient trop bien. Même Sarah savait nous reconnaitre, te reconnaitre, elle ne nous a jamais confondu, elle était amoureuse de toi, pas de nous. Mais pour les profs, c'était différent, on était juste des élèves, lequel était qui n'avait pas d'importance pour eux. Maintenant ils ne pourront plus jamais nous confondre.
Si je retourne dans notre lycée, j'ai peur qu'ils se trompent dans mon prénom et qu'ils m'appellent Railey par accident. Ça pourrait arriver, ça arrivait souvent avant. Je ne sais pas si j'aurai la force d'entendre quelqu'un m'appeler Railey.
J'essaie d'être moi, parce que c'est ce que tout le monde attend de moi, mais c'est dur, alors si quelqu'un m'appelle par ton prénom, j'ai peur de me sentir de nouveau nous deux.
J'étais heureux dans mon rêve. Le réveil m'a fait mal, parce que je sais qu'on ne pourras plus jamais inverser nos places. Je ne pourrai plus jamais être toi et toi tu ne pourras plus jamais être moi. J'essaie de l'accepter, mais ça reste toujours autant douloureux à chaque fois que j'y pense ou que quelque chose me le rappelle.
Il est 6h du matin, je n'arrive pas à me rendormir, je n'ai pas envie de rêver de toi encore une fois. Je ne sais pas si j'ai le droit de sortir de ma chambre. Je crois que c'est encore trop tôt, normalement on nous apporte notre petit déjeuner à 7H30.
***
Je suis sorti de ma chambre finalement. Vers 6h30, j'en avais marre d'attendre et de ne rien faire. Il y avait deux infirmières au poste de garde, mais j'ai réussi à me faufiler sans qu'elles me voient. Tout était calme et silencieux, les couloirs étaient déserts, c'était presque aussi étrange qu'agréable. Pendant la journée, c'est toujours bruyant ici parce qu'il y a beaucoup de monde. Je me suis senti seul, mais c'était une bonne solitude. Je me suis promenais un peu partout, il y avait plein d'endroits que je ne connaissais pas, je n'ai rien trouvé d'intéressant. En même temps je suis dans un hôpital, qu'est-ce que j'aurais pu trouver d'extraordinaire ?
Il faisait encore nuit dehors, j'avais envie de sortir, d'aller dans le parc, mais je n'ai pas osé. Il faut descendre et passer par le hall principal pour accéder à l'extérieur et je savais qu'en bas il y avait plus de monde, ou au moins un gardien de la sécurité. Je ne veux pas avoir d'ennuis. Ça me manque de ne plus sortir le soir ou la nuit. Surtout au terrain de basket, j'aimais bien voir le reflet de la lune sur le lac.
J'ai revu le garçon. C'était à midi, pendant le déjeuner. Je ne voulais pas m'assoir avec lui, mais aujourd'hui le Docteur Drews était là. J'étais debout, avec mon plateau dans les mains comme la dernière fois et j'ai senti son regard posé sur moi. Il m'observait, je crois que c'est pour moi qu'il était là, sûrement pour voir comment je me comportais. Le garçon était assis à une table, tout seul. J'ai hésité quelques secondes, avant de m'installer en face de lui. Il a relevé les yeux vers moi, surpris, il n'a fait aucune remarque, pourtant je l'aurais mérité. À la place il m'a simplement dit bonjour, cette fois je lui ai répondu, ce n'était pas grand chose, juste un salut, mais il s'est mis à sourire.
Il s'appelle Calvin. Je ne sais pas pourquoi il est ici et je n'ai pas envie de le savoir. On n'a pas beaucoup parlé, mais j'ai réalisé que finalement ce n'était pas si dur d'échanger de simples banalités.
J'ai remarqué qu'il y avait beaucoup plus de nourriture sur son plateau que sur le mien. J'imagine que lui, il a des portions normales. Les miennes, même si elles augmentent petit à petit, elles sont encore calculées et je dois toujours tout terminer pour pouvoir sortir de table. Lui aussi l'a remarqué, mais il n'a rien dit. Il doit penser que je suis anorexique, ce n'est pas grave, il y en a plein ici et de tout âge.
Tu crois que quelqu'un d'autre a perdu son jumeau ou sa jumelle ? Moi je ne crois pas.
Je vais me coucher, je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Bonne nuit Railey.
— Harry
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