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Dimanche 21 avril 2019

On m'a retiré les points de suture aujourd'hui. Je n'ai pas regardé, je ne veux pas voir mon poignet. Je sais que j'ai une cicatrice, les gens la verront, tout le monde saura ce que j'ai fait. Ils vont penser des choses qui ne sont pas vraies. J'ai demandé à l'infirmière si elle allait disparaître un jour, elle m'a répondu qu'avec le temps elle s'atténuerait. Je sais qu'elle ne va jamais disparaître, elle sera toujours là, elle va me suivre toute ma vie. Je dis toujours poignet, mais en vrai elle remonte vers l'intérieur de mon coude, je ne me souviens pas très bien, mais je sais que j'ai tiré tout droit dans mon bras avec le bout de miroir.

Je n'ai jamais eu de cicatrice, toi tu en avais une au genou, tu te l'étais faite en tombant du toboggan quand on était petit. Elle n'a jamais disparue. C'était l'une de nos rares différences physiques. Tu l'aimais ta cicatrice, tu lui inventais toujours des histoires et tu me les racontais le soir pour m'aider à m'endormir. Ma préférée, c'était celle où tu l'avais eu en te battant contre un dragon. Moi je ne pourrai pas inventer d'histoires à la mienne et je ne pourrai jamais l'aimer non plus. Je la déteste de tout mon être.

Je n'arrive pas à dormir, je ne sais pas quelle heure il est. Je crois qu'il est tard, il n'y a pas un seul bruit dans les couloirs. À part les pas des infirmiers ou des infirmières qui passent de temps en temps.

Bonne nuit.

— Harry

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