Page quarante-sept
Samedi 26 janvier 2019
Cent-dix-huit jours. Sans toi.
J'ai été au groupe d'entraide pour la première fois aujourd'hui. C'était exactement comme je l'avais imaginé. Des gens racontent à quel point ils sont malheureux, et d'autres disent qu'ils commencent à aller mieux. Je n'ai pas vraiment écouté, seulement quelques phrases.
Les réunions se passent dans un centre communal, un peu loin de la maison. On était assis en cercle sur des chaises, au milieu d'une grande pièce. Celui qui organise ça, s'appelle Jean. Il est français, mais il est venu s'installer en Angleterre après la mort de son jumeau. C'est tout ce que j'ai retenu, ça et le fait qu'il a un accent aussi.
Je m'en fous de savoir comment ces gens ont perdu leur jumeau ou leur jumelle. Je n'ai pas besoin d'entendre ce qu'ils ressentent, je le sais déjà, je t'ai perdu toi. Je ne comprends pas comment on peut venir ici de son plein gré. C'est ridicule et ça ne sert à rien.
La réunion a duré une heure. Il y avait une table avec à manger et à boire, je n'ai rien touché. Quand on est sorti, un autre groupe attendait pour prendre nos places. Beaucoup n'avaient pas de cheveux, ou des foulards sur la tête. Après la perte des jumeaux, c'était autour des gens atteints d'un cancer d'écouter le malheur des autres. Je me suis senti mal à l'aise.
Quand je suis rentré à la maison, je me suis regardé dans le miroir. Mes cheveux sont beaucoup trop longs, je peux les attacher maintenant. Ça ne nous ressemble pas, ce n'est pas toi, ni moi. Demain Brooke m'emmène chez le coiffeur.
Bonne nuit Railey.
— Harry
(Tu crois que tout aurait été différent, si tu étais mort d'un cancer et que j'avais eu le temps de te dire au-revoir ?)
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