Page quarante-huit

Mercredi 30 janvier 2019

Cent-vingt-deux jours.

Il s'est passé quelque chose aujourd'hui Railey. Je ne sais pas comment te raconter. Maman n'était pas là, elle était partie avec Jade. Papa a pris son après-midi, pour pouvoir m'emmener à mon rendez-vous avec le psychologue.

Cette histoire de clinique m'obsédait. J'y pensais jour et nuit depuis que j'avais entendu leur conversation. En rentrant papa est parti bricoler dans le garage. J'ai fouillé toute la maison.

Ils avaient parlé d'une clinique en particulier qu'ils voulaient aller voir. Ils devaient forcément avoir son adresse, un dépliant, une brochure, une feuille de renseignement. Quelque chose, n'importe quoi. Je voulais à tout prix savoir de quoi il s'agissait exactement, j'en avais besoin.

J'avais raison, ils avaient bien des papiers, même plus que ça. J'ai carrément trouvé un dossier pour une demande d'admission. C'est une clinique psychiatrique Railey, pas une simple clinique ou un simple hôpital. Je m'en doutais, mais quand je l'ai vraiment réalisé, je suis devenu fou. La colère est montée en moi d'un seul coup, et j'ai envoyé valser tout ce qui se trouvait autour de moi. Je me suis mis à pousser des grognements de rage, à taper dans les meubles, les murs, tout. J'ai complètement perdu le contrôle.

Papa est arrivé en courant. Il a essayé de m'arrêter, mais je me suis débattu. Il a vu le dossier éparpillé au sol. J'ai essayé de le frapper lui aussi. Je me suis mis à pleurer, à pleurer tellement fort que j'avais du mal à respirer. Il a été obligé de m'immobiliser au sol, et même là encore je cherchais à me débattre. Il a presque dû s'allonger sur moi pour réussir à me maintenir. Il s'est mis à me caresser les cheveux, en me répétant de me calmer.

"Ça va aller fiston."

Sa voix était complètement brisée, c'est la première fois que je le voyais comme ça.

"Tu n'iras pas là-bas."

Même sans mots il avait compris.

"Tu n'iras pas."

Il m'a répété ça jusqu'à ce que j'arrête de le repousser. J'étais encore en colère, mais je n'avais plus de force. Quand il a senti que je me calmais enfin un peu, il a relâché sa prise pour me serrer contre lui. Il m'a pris dans ses bras et j'ai pleuré encore plus fort. Même si c'était silencieux, j'ai vu des larmes lui échapper à lui aussi. Papa a pleuré Railey. Je ne l'avais jamais vu pleurer, pas même à ton enterrement. Enfin, je crois.

Je crois qu'il m'aime encore.

Je n'arrive pas à me souvenir des cris que j'ai poussé, mais j'ai très mal à la gorge. C'était la première fois que je pleurais depuis ta mort, et ce n'était pas pour toi.

Je suis désolé.

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