Page cent-trois

Dimanche 2 juin 2019

À midi, maman a organisé un repas pour fêter mon retour à la maison. Heureusement elle a invité que papy et mamie. Je n'ai pas envie de revoir tout le monde maintenant, je ne suis pas encore prêt. Je n'ai pas envie qu'on me pose des questions sur l'hôpital ou qu'au contraire, on évite le sujet pour ne pas me mettre mal à l'aise. Je n'ai pas envie de ça, je n'ai pas envie d'être le centre d'attention, tout en regardant notre famille se comportait comme si je ne l'étais pas. Je ne suis pas idiot, je sais très bien que depuis que tu es parti, ils parlent beaucoup de moi.

Il est 14h, je suis dans notre jardin, avec tout le monde. Papa, maman, papy, mamie et Brooke sont installés à la table sur la terrasse, Jade joue sur la pelouse et moi je suis allongé sur une chaise longue en train d'écrire dans ce carnet. C'est presque étrange pour moi de me retrouver là, ce n'était pas arrivé depuis très longtemps, j'ai l'impression d'être en plein milieu d'un souvenir. Il ne manque plus que toi qui joues au basket devant la porte du garage. Notre panier est toujours là, accroché juste au dessus.

Tu te souviens quand papa nous l'avait offert ? D'année en année, il l'installait toujours plus haut au fur et à mesure qu'on grandissait. Il a presque notre âge, presque parce que je ne me souviens plus exactement de quand on l'a eu. Je crois qu'on avait quatre ans. Peut-être que je devrais jouer, tu crois que je sais encore le faire ?

J'ai du mal à réaliser que je suis bel et bien à la maison. J'ai l'impression qu'à tout moment quelqu'un va se lever et me dire de me préparer pour retourner à l'hôpital, avant qu'ils ne servent le repas du soir. Je crois que je ne réalise pas encore que je n'y retournerai pas.

C'était étrange de dire au-revoir à tout le monde samedi matin. Je ne m'étais attaché à personne, mais c'était bizarre quand même, presque désagréable. Calvin m'a dit qu'il n'avait pas envie que je m'en aille. Je pense que c'est quelque chose qui ne se dit pas normalement, mais au moins il ne m'a pas menti.

Enfin, si, je dois retourner à l'hôpital une fois par semaine, tous les lundis matins, pour voir le Docteur Drews et pour me peser j'imagine. Je sais qu'il a donné tout un manuel à maman à propos de mes repas. Je ne sais pas vraiment ce qu'il contient et je m'en fous, mais depuis que je suis rentré, je vois qu'elle fait attention aux proportions qu'elle me donne. Elle ne me propose jamais de me resservir et hier soir quand j'avais du mal à terminer mon assiette, elle n'a rien dit, mais elle m'a donné un bout de fromage en plus de mon yaourt.

Je dors dans ma chambre, c'est dur de ne pas aller dans la tienne la nuit. Pour tenir, j'essaie de me dire que dormir dans ma chambre, même si c'est moins bien que de dormir dans la tienne, c'est toujours mieux que de dormir dans celle de l'hôpital.

Hier, j'ai été à la réunion des jumeaux. Personne n'est mort cette semaine et il n'y avait pas de nouveaux ou nouvelles. Je me demande combien de personnes perdent leur jumeau ou leur jumelle, chaque jour, partout dans le monde. Louis n'était pas là non plus, mais je sais qu'il n'est pas mort, sinon Jean nous l'aurait dit.

Je dois te laisser, Ashton vient d'arriver et maman a sorti plusieurs boîtes de jeux de société. Je n'ai pas envie de jouer, mais si je ne fais pas d'efforts, j'ai peur qu'ils me renvoient à l'hôpital.

— Harry

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