Page cent-sept

Lundi 10 juin 2019

Mon rendez-vous avec le Docteur Drews s'est bien passé. J'étais vraiment angoissé à l'idée de retourner à l'hôpital pour la première fois. J'avais peur que maman reparte sans moi, qu'elle me laisse là-bas, que le Docteur Drews décide de me garder, mais heureusement rien de tout ça n'est arrivé.

Il m'a pesé, ça aussi ça m'angoissait, j'avais peur de ne pas pouvoir rentrer à la maison si je n'avais pas pris de poids. Heureusement j'ai grossi cette semaine, 100 grammes de plus comparé à la dernière fois. Le Docteur Drews a dit que c'était très bien, que le plus important maintenant était que ma courbe ne s'arrête pas et continue de monter. Il ne m'a toujours pas dit combien de poids je dois reprendre, mais je suis quand même un peu conscient de mon corps et même si je ne sais pas le chiffre, je sais que c'est beaucoup si je veux redevenir comme avant.

Je m'en fiche de mon poids et je m'en fiche de ce à quoi je peux ressembler, la seule chose qui est difficile pour moi, c'est que je me sens souvent faible. Par moment j'ai l'impression de ne plus avoir de force, ou j'ai l'impression que je vais faire un malaise. Je n'aime pas ça et c'est fatiguant.

Mes cheveux sont longs. Ils ont beaucoup poussés depuis la dernière fois que Brooke m'a emmené chez le coiffeur.

Je ne sais pas si j'ai envie de les couper. Si je le fais, je sais que j'aurai notre coupe à tous les deux, celle qu'on a toujours eue et j'ai peur de trop te ressembler. Tu n'as jamais eu les cheveux longs toi, alors peut-être que si je reste comme ça, ce sera plus facile pour tout le monde. Personne ne m'a parlé de mes cheveux depuis que je suis rentré à la maison, peut-être  que c'est parce qu'ils pensent comme moi.

Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça, alors que tu me vois de là où tu es. Tu vois à quoi je ressemble aujourd'hui. À quoi je ressemble sans toi.

Tu sais la cicatrice à mon poignet, je crois que je lui ai trouvé une histoire. On était à la cafétéria du lycée, on portait nos plateaux, tu m'as fait rire avant de me mettre une tape dans le dos, je suis tombé, mon verre s'est brisé et c'est arrivé comme ça.

Je trouvais ça bien dans ma tête parce que tu riais dans mon histoire et que tu étais là, mais en l'écrivant je me rends compte que c'est vraiment très nul. Je vais essayer de trouver autre chose.

— Harry

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