Page cent-quarante-deux
Mardi 27 août 2019
Comme je vais bientôt retourner au lycée, le Docteur Drews m'a donné tout un livret sur la nourriture avec plein de conseils sur ce que je dois manger ou éviter à la cafétéria. Les habitudes que je dois adapter, comparé aux repas que me prépare maman habituellement depuis que je suis sorti de l'hôpital. À peine rentré à la maison, je l'ai balancé au fond du tiroir de mon bureau. Je m'en fous de son livret, je ne compte même pas le lire. Je continue de manger les barres et de boire les boissons qu'il me donne, pour le reste je ne veux plus qu'il me contrôle. Surtout qu'il ne sera pas là pour le voir. C'est un nouveau lycée, je veux être normal. Manger ce que j'ai envie de manger et ne pas me forcer si je n'en ai pas envie.
Ce matin on a été acheter toutes les fournitures dont j'ai besoin, avec maman et Brooke. Elles ont tenté de me proposer plusieurs sacs à dos, mais je ne veux pas. Je veux garder le tien, je m'en fiche qu'il soit vieux et abîmé, je n'en veux pas un autre. J'ai aussi pris un nouveau journal, enfin un carnet noir tout simple, car celui-là est presque rempli, il ne reste qu'une dizaine de pages. Je n'avais pas réalisé que je t'avais écrit autant. Il faut que je cherche une bonne cachette pour le ranger, un endroit que personne ne trouvera jamais, car je ne vais pas pouvoir prendre tout le temps, partout avec moi, les deux carnets. Je n'aurai pas assez de place à cause de mes affaires pour les cours. Peut-être que si, je ne sais pas.
Demain matin j'accompagne Brooke revoir deux appartements qu'elle a déjà visité avec Ashton. Sa rentrée à elle aussi se rapproche, tout comme leur installation ensemble. Elle m'a dit qu'ils hésitaient, qu'ils ne savaient pas lequel choisir et qu'elle avait besoin de mon aide pour se décider. Je ne suis pas idiot, je sais que ce n'est pas vrai, elle fait ça pour m'inclure, pour que je ne me sente pas abandonné.
Je ne me sens pas abandonné, je l'ai compris maintenant, mais je n'ai toujours pas envie qu'elle quitte la maison.
Toi, tu serais déjà en train de négocier avec papa et maman pour transformer sa chambre en salle de jeux. Peut-être que moi aussi c'est ce que j'aurais fait si tu étais encore là, mais tu n'es plus là et je ne veux pas que sa chambre change. Comme ta chambre à toi, je ne veux pas qu'elle change un jour, elle non plus. J'ai besoin que tout reste pareil.
Pardon de répéter souvent que tu n'es plus là ou que tu es mort ou de parler de ton absence presque tout le temps. Ça doit être nul pour toi de lire tout le temps la même chose, mais moi c'est ce que je vis, alors je crois que c'est normal que je ressente le besoin de l'écrire. Puis ce n'est pas vrai, je ne parle pas que de ça. De toute façon c'est mon journal, tu n'as rien à dire et personne n'a le droit de le lire.
Même si ça fait plusieurs mois maintenant, j'ai encore du mal à réaliser que je passe presque tout mon temps à t'écrire. Je n'aurais jamais imaginé t'écrire tout court un jour, alors un journal entier. Je ne sais pas si je le fais pour toi ou pour moi. J'imagine que ça doit me faire du bien, sinon je ne le ferais pas, ou pas autant. Normalement c'est les filles qui tiennent un journal intime, non ? Je ne sais même pas si je peux considérer le mien comme un vrai journal intime. Je crois que oui.
On s'en fout.
— Harry
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top