Toute première fête

Au courant de la matinée du samedi 29 avril, Milo m'envoie un message :

La fête commence à 21h00, je viendrais te chercher, à ce soir !

Comment le dire à mes parents ? Il est midi, mon père ne travaille pas, ma mère est rentrée manger. Nous sommes tous à table, Calypso raconte sa dernière journée de cours. Je prends mon courage à deux mains.

- Papa, maman ? Je peux vous demander quelque chose ? dis-je.

- Oui bien sûr, me dis ma mère en fronçant ses sourcils.

Calypso arrête de parler et me regarde. En fait, ils me regardent tous les trois. Je suis légèrement déstabilisé.

- Hum... j'ai été invité à une fête.

- Toi ? À une fête ? dit Calypso.

- Oui, moi. J'ai été invité par Milo, vous l'avez déjà rencontré.

Ma mère hoche la tête, elle l'avait trouvé "charmant".

- Moi je ne vois pas d'inconvénient à ce que tu y ailles... me dit ma mère.

Je me retiens de sourire, je hoche la tête et la remercie. Mon père prend alors la parole :

- Il y aura de l'alcool ?

- Papa, c'est une fête avec des adolescents, il y en aura sûrement...

Bien que d'après que que Milo m'a dit, il n'y en aura peut-être pas. Mais il y aura autre chose, et ça je devrais l'expliquer convenablement. Alors autant dire qu'il y aura de l'alcool.

- Tu auras intérêt à rentrer sobre. C'est quand ? dit-il.

- Ce soir, 21h00.

- Ce soir ! Tu aurais pu nous prévenir un peu à l'avance...

J'hausse les épaules. C'est parti pour le quizz : avec qui tu y vas ? (Milo) Comment vous y allez ? (Aucune idée) Qui est l'hôte ? (Ray, il fête ses 18 ans) Tu rentres comment ? (Sûrement de la même manière que j'y suis allé) À quelle heure ? (Très bonne question, je ne le sais pas moi-même)

Mes réponses semblent étonnamment leur convenir. Ils acceptent, à ma grande joie.

                            ***

Il est 19h00. Je viens de me souvenir qu'à un anniversaire, il faut offrir des cadeaux. Or, je n'ai pas de cadeau. Bravo Ulysse, je te félicite.

Je fouille dans ma chambre, à la recherche d'une babiole. Je tombe alors sur un cactus posé sur ma bibliothèque, sûrement arrosé pour la dernière fois en l'an 400 avant Jésus Christ.

Je l'emballe avec un reste de papier transparent (note à moi-même : les cactus, ça pique) et un nœud vert. Je dépose mon cadeau improvisé au fond d'un sachet. Voilà, la supercherie ne sera jamais découverte.

Il faut maintenant que je me prépare : je fais un tour dans la salle de bain, je me brosse les dents, me coiffe, me met du parfum.

J'enfile un jean et un t-shirt rouge. Par dessus, je mets une veste de costard noire. Je m'observe dans le miroir : ça fera l'affaire.

Il est déjà 20h30. Je dévale les escaliers avec mon sachet et enfile des chaussures. Ma mère vient me voir.

- Tu deviens grand... soupire-t-elle.

Je souris un peu et lève les yeux au ciel. Elle s'assoit à côté de moi sur les marches de l'escalier. Elle effleure ma joue et me regarde avec tendresse, avec un regard de maman.

- Ne fais pas de bêtises.

- Je ferais attention, maman.

Elle me fait un sourire que je lui rends. Je me lève et vérifie une dernière fois que je suis présentable avant de sortir. Milo ne devrait pas tarder.

La nuit est déjà là. L'air est assez frais. Tout est silencieux. Je m'assois sur le trottoir en face de la maison, attendant mon cocher.

Je le vois qui arrive au loin, habillé à peu près comme moi. Il tient un petit emballage dans ses mains. Je me lève et le salue.

- Alors, comment on y va au juste ?

Il se mord la lèvre et me montre deux tickets de bus, pliés sur les bords.

- Oui, je sais, c'est pas très glamour. Mais j'ai pas mon permis. Alors contentes-toi de ça.

- Ça me convient très bien, dis-je en riant.

Nous allons donc à l'arrêt de bus le plus proche (sois environ trois rues plus loin), et attendons, assis sous l'abri. Milo à tout prévu, il sait qu'un bus doit passer ici dans exactement 5 minutes et nous conduiras dans la rue même où se déroule la fête.

Au loin, on entend un aboiement de chien. C'est le seul bruit qui pourrait briser ce silence assourdissant.

- C'est ma première fête, dis-je.

- Ah oui ? Ne t'inquiètes pas, ça va pas finir en bordel. J'ignorais que c'était ta première fête.

Je souris et regarde à nouveau la route. Quelques voitures passent, puis un bus. Il s'arrête juste devant nous. Nous nous levons et présentons nos tickets. Le bus est étonnamment plein pour une telle heure. Nous nous asseyons derrière le chauffeur, le bus redémarre.

Milo s'est mit à la fenêtre, le paysage défile devant nos yeux. Les maisons, les jardins, tout devient flou. Le bus s'arrête plusieurs fois avant que Milo ne me demande de descendre.

Nous arrivons dans une rue résidentielle, avec de jolies maisons blanches, crème, ocre. Au loin, on entend de la musique, étouffée. Elle doit provenir de la maison de ce cher Ray.

Nous marchons jusqu'à la fameuse maison. De la lumière bleue et rouge émane des fenêtres sans rideaux. Milo s'avance et sonne à la porte. Est-ce qu'on nous entendra avec la musique si forte ?

Une jeune femme nous ouvre : elle possède des cheveux mis-longs avec une frange, noirs comme le jais. Ses sourcils sont marqués, et ses lèvres maquillées de rouge. Elle a un piercing au nez et des vêtements plutôt grudge.

- Martha ! s'exclame Milo.

Elle sourit en le découvrant, ils se prennent dans les bras tels de vieux amis perdus de vue durant des années.

- Viens, entre ! dit-elle.

Elle s'aperçoit alors de ma présence. Elle chuchote quelque chose à Milo, et celui ci réplique :

- Non, n'importe quoi ! Martha, voici Ulysse, un ami. Ulysse, voici Martha, une amie aussi.

- Ulysse ? dit la fameuse Martha en haussant les sourcils. Sympa ton blase.

Je ris un peu, puis elle nous fait entrer. La musique n'est pas si forte finalement, une fois qu'on se trouve à l'intérieur. Martha prend les cadeaux et va les déposer dans un coin de l'entrée. Je compte environ une vingtaine d'invités.

- Y'a encore du monde qui arrive ? demande Milo.

Martha secoue la tête. Elle nous informe que seuls 3 convives sont encore attendus. Ça va, il n'y a pas trop de monde. Une entrée en douceur pour ma première fête.

Nous allons alors dans le grand salon, là d'où toute la prolifération provient. Des gens discutent, traînent près du poste radio, sont assis à l'immense canapé.

- Milooooooo, dit une voix chantante.

Je me retourne et aperçoit un géant. Au moins 1m90. Il porte un bonnet et un t-shirt de la WWF. Il a également des écarteurs d'oreille, et un air un peu ahuri. Je devine que c'est le fameux Ray, star de la soirée.

- Ray ! Joyeux anniversaire mon vieux ! dit Milo qui n'arrête pas de sourire.

Ceux-ci s'étreignent, se donnant de grandes claques dans le dos.

- Hey, salut toi, dit Ray en s'adressant à moi. T'es le nouveau petit-copain de Milo ?

- Euh...

- Non, Ray. C'est un ami. Il est très sympa, reprend Milo.

L'intéressé hoche la tête et me prend dans ses bras également, j'écarquille les yeux à cause de sa poigne plutôt puissante. Il explose d'un rire puissant en voyant ma mine déconfite.

- Relax ! C'est quoi ton nom au fait ?

- Ulysse, l'informe Martha.

- Waw, c'est classe ! Bienvenue dans la bande, Ulysse !

Je souris timidement, pas très habitué à toute cette attention. Ils ont l'air sympa.
À la radio, je reconnais l'air de Enola Gay du groupe Orchestral Manœuvres in the Dark. Rapidement, l'air du synthétiseur me reste dans la tête.

Cette soirée s'annonce plutôt bien : gens cool, musique sympa. Ouais, tout est vraiment parfait.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top