Jour 77

Deux heures du matin.

Je me suis tout de suite rendormie après le départ de Maël et j'ai cru avoir loupé Eliott. Mais il est là, sur la chaise, en train de dormir comme un bébé.

Sa longue main pend dans le vide, comme si elle était à la recherche de la mienne et j'utilise le reste de mes forces pour l'atteindre et l'effleurer.

Il tressaille et ouvre les yeux. Les médicaments ne font plus vraiment effet.

-Hey. Viens.

En hésitant, il se lève doucement et se cale dans mon lit, moi sur son torse. Les câlins d'Eliott sont les meilleurs.

-Ton délire de me faire la gueule jusqu'à ce que je cède à ton chantage est passé ?

-Je ne sais pas te faire la gueule, Vi', ça a le don de me rendre mal.

Un blanc se crée.

-Mais, tu vas te faire soigner, n'est-ce pas ?

-Oui, Eli', dans deux mois. Dors, s'il te plaît.

-Pas moyen de te mettre sous perfusion avant ?

Je le frappe d'un geste pas du tout convainquant et il pouffe. Ce sont ces conversations là les meilleures, même si j'aurais souhaité que celle-ci se passe dans un autre endroit.

Je me retourne pour lui faire un vrai câlin et je le sens soupirer contre moi.

-Vi', pourquoi l'amitié ?

-Parce que c'est une des seules choses que notre monde de merde n'a pas détruit, c'est une des seules valeurs qu'il nous reste. Et que si on s'y accroche vraiment, c'est tout ce qui compte.

-Je t'adore. Et je ne dis pas ça seulement parce que tu es shootée aux antidouleurs et que tu risques de l'avoir oublié demain matin, mais parce que je le pense vraiment.

-Lis moi ta liste de Noël, s'il te plaît. Et avant que tu ne dises non, rappelle toi que je suis malade et que j'ai le droit à tous les chantages du monde, moi.

-Pauvre enfant.

Il me plaque une main sur la bouche pour m'empêcher de parler et sors le papier de sa poche arrière de son jean avec un « j'avais prévu le coup » et un haussement d'épaules.

-Ma liste de Noël (tout est évidemment à plus de cinquante euros, vous avez voulu une liste de Noël les filles ? Reste à espérer que le budget suive)

Non, plus sérieusement, je n'ai besoin de rien. Des chemises, à la rigueur, et un beau manteau pour pouvoir un peu mieux draguer et pour mettre en avant mon charme naturel. Et sinon, on se réunit quand secrètement pour obliger Vi' à se soigner ? J'attends des réactions, en fait. (Violette, si tu lis ça, rendors toi et ne boude pas, tu sais que je t'aime, tchote)

Je hoche la tête, en essayant de dissimuler les larmes au coin de mes yeux. Il me frotte le dos.

-Tu ne l'as jamais accepté, hein ? On s'est rencontré et ça y ait, maintenant, si tu t'en vas, plus jamais ça n'ira bien pour personne. Je préfère encore crever que de te laisser t'en aller, et ça ne changera plus jamais.

Sans regret.

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