J'ajuste la lanière de mon sac sur mon épaule dans un geste nerveux. J'ai décidé de retourner en cours, même si autant se l'avouer, ça ne sert pas à grand-chose.

Victor m'enlace par surprise et m'embrasse la joue, me faisant sourire. Il me demande des mes nouvelles et prétend être content de me voir ici.

Eliott n'est pas là.

Je sens la gène de mon ami derrière ses phrases anodines. Eliott et Victor sont toujours ensemble. Toujours. Alors s'il n'est pas là, c'est qu'il y a une raison.

Et c'est moi, cette raison.

La boule dans ma poitrine qui s'était atténuée réapparaît d'un seul coup et me fait paniquer. J'ai l'impression d'avoir commis une faute irréparable.

Le pire, c'est que c'est ça. Je meurs à petits feux et pour Eliott, ma mort n'est pas pardonnable. Le fait que j'y participe me rend insupportable. Je peux le concevoir.

Mais ça n'empêche que ça fait vraiment mal.

Victor pose une main qui se veut réconfortante sur mon épaule et je refoule mes larmes. Je pleure beaucoup trop en ce moment.

-Où est ce bâtard ?

Maël n'est jamais méchant. Il n'insulte jamais personne. C'est pourquoi l'entendre jurer me surprend, d'autant que je ne l'ai pas entendu arriver.

Il fusille Victor du regard, comme s'il était lui aussi responsable. Ce dernier tente de le raisonner.

-Du calme mec, il est juste paumé et sous le choc.

-Parce qu'elle ne l'est pas, peut-être ?

Il me pointe du doit d'un geste rageur et voir mes amis s'entredéchirer à cause de moi me fait perdre pied.

-Arrêtez, s'il vous plaît. Calme-toi, Maël.

-Me calmer ? Je vais plutôt lui assener une bonne droite pour qu'il se reprenne, ça sera plus efficace.

Je le vois s'éloigner et, impuissants, nous nous regardons. L'avenir me paraît moins beau, à présent que ces deux hommes semblent s'éloigner. Sans regret.