L'heure traîne.

La sonnerie se fait attendre, encore et toujours. J'ai souvent trouvé ça étonnant que des moments puissent nous paraître longs et d'autres courts. Au final, ils ont eu la même durée. Simplement pas la même valeur.

Cela voudrait dire que le temps n'est pas toujours le même. J'ai tendance à trouver beaucoup de choses belles en ce moment.

La libération survient, coupant la parole à l'une de mes professeures préférées. Professeure qui, quand je suis sur le point de passer le seuil de la porte, Charlène derrière moi, se permet de me demander de rester.

Charlène annonce qu'elle m'attend dans les couloirs et une fois que le reste de la classe est partie, Madame Noisiot, car c'est son nom, me demande de m'asseoir.

-Je sais ce qu'il t'arrive, Violette.

Sans préambule, elle me le dit droit dans les yeux et je détourne les miens en soufflant un peu. Le cancer doit-il être un sujet tabou ? Non. Mais doit-il anéantir toute forme de vie privée ? Non plus.

-Je ne veux pas que tu penses que c'est pour te faire un discours moralisateur que je t'ai demandée de rester.

-Je pense que vous savez qu'il ne servirait à rien de me demander de réfléchir à ma décision, qui est prise et réfléchie.

-Oh, je n'en doute pas.

Je lève vers elle des yeux surpris et me cogne à son regard bienveillant.

-Je voulais juste te dire que nous allons perdre un potentiel de grand médecin et c'est extrêmement triste.

-Mais vous comprenez, n'est-ce pas ? Vous êtes en train de vous dire que j'ai du courage et que tout le monde devrait vivre comme moi en ce moment ?

-Non, je suis en train de me demander ce que tu prévois de faire. Mais tout ce que tu as dit est vrai.

Je lui souris et reprends mon sac à main. J'avance vers la porte de l'entrée entrouverte et me permet de lui dire.

-Sauter d'une falaise. Le phénomène m'a toujours intrigué.

Je laisse une professeure satisfaite derrière moi, et bien qu'un peu secouée de la discussion, je reste calme et résignée. Sans regret.