Jour 2
Mes parents s'engueulent en bas.
Ma mère crie, mon père soupire, ma mère pleure et il la prend dans ses bras. C'est la même scène, inlassablement depuis que j'ai pris ma décision. Je ne reviendrai pas en arrière.
Mais je la comprends, après tout. Elle va perdre sa fille, son bout de femme de dix-neuf ans et elle n'arrive pas à concevoir que je ne veuille pas me battre. Je veux juste qu'elle essaie de se mettre à ma place pour qu'on puisse profiter de cette dernière année.
Cela me fait encore bizarre de me le dire. C'est ma dernière année. Pas la dernière année de primaire, du collège ou du lycée, non c'est la dernière année où je serai encore présente sur cette Terre. En soit, l'idée ne me fait pas si peur que ça. Il me reste juste une interrogation : à la fin de ces trois cent soixante cinq jours, que va-t-il vraiment m'arriver ?
J'entends ma mère crier : « Va lui parler, peut-être qu'elle t'écoutera après tout, tu es son modèle sur Terre ! On ne peut pas accepter ça, ce n'est pas possible ! » Et mon père lui répondre : « Ecoute Mélanie, je sais que tu ne comprends pas son choix mais si on essayait, peut-être que... ». Et ma mère qui proteste, je la devine en train de gesticuler pour exprimer sa colère et son incompréhension face à la vie et au destin, et à sa fille bornée.
Et moi, je tente de me concentrer sur ma tâche. Je regarde fixement la page blanche posée devant moi et mordille doucement le crayon bleu que je tiens d'une main. Vouloir réaliser ses dernières volontés, c'est bien. Encore faut-il savoir lesquelles.
Et face aux cris incessants de ma mère, j'attrape un coussin et plaque ma tête contre celui-ci, pour essayer de m'évader dans un monde où la maladie ne serait pas présente dans ma maison et où il me resterait beaucoup d'années à vivre. Mais ce n'est plus la réalité. La maladie est là, en moi et je ne pourrais plus jamais prétendre qu'elle n'existe pas.
L'acceptation, m'a dit le médecin.
Normalement, ça devrait venir. Pas tout de suite, en tout cas. Je jette un nouveau coup d'œil à la feuille et me décide à avancer le stylo, d'un mouvement instable. Pour l'instant, seul le titre est inscrit. « Liste de choses à faire avant de mourir, par Violette Arandi ». Mais je me dépêche d'écrire ce qui me vient à l'esprit, bien que ça ne soit pas des « choses » à réaliser en tant que telles.
*vivre au jour le jour
*réussir à changer les choses
*faire ce dont j'ai envie, à l'instant présent
*peu importe l'envie, je dois l'assouvir, conséquences néfastes ou pas
*réaliser des choses impossibles
*faire un grand voyage
*marquer les gens
*apprendre à dire les choses, qu'elles soient agréables ou pas à entendre
*laisser ma trace dans ce monde
*sauter d'une falaise (parce qu'il fallait bien quelque chose de cliché à cette liste)
*et tomber amoureuse.
Je relis une dernière fois en souriant à la dernière phrase. C'est totalement fou. Fou et désespéré. Mais dans tous les cas, j'essaierai. Sans regret.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top