-Je parie que tu n'oseras pas aller voir ce mec et lui demander pourquoi il est tout seul ?

Je regarde Eliott en haussant les sourcils. J'ai eu le malheur de lui montrer ma liste et depuis, il ne cesse de me lancer des défis stupides de ce genre.

Mais, satisfaisons son désir, pour une fois.

-Okay, j'y vais.

Il reste bouche bée un moment avant de me jeter un regard de défi. Admire ça.

Je m'avance vers ledit garçon, qui est assis tout seul et qui a l'air de se morfondre. Je m'installe à côté de lui. Et j'inspire. Ce n'est tellement pas mon genre.

-Bonjour. Je sais ce que tu es en train de te dire. Je ne te connais pas et n'ait aucune raison de t'adresser la parole, sauf si j'étais avec l'idiot qui écarquille les yeux devant nous, et qu'il m'a lancé une sorte de défi minable, pas vrai ? Félicitations, tu as deviné. Je peux savoir ton prénom ?

On ne peut pas dire qu'il soit malpoli puisqu'il me tend sa main en prononçant son prénom, « Mattieu ».

-Tu crois que tu pourrais m'expliquer pourquoi tu restes tout seul ? Tu t'es disputé avec tes potes ? Ou tu es solitaire ? Tu aimes être à l'écart ?

-J'aime les gens mais je n'aime pas leur mentalité.

Mes yeux s'ouvrent en grand face à cette réponse tellement différente de ce à quoi j'aurais pu attendre.

-Et tu peux développer ?

Il me jette un regard en coin, amusé.

-Je t'intrigue maintenant, n'est ce pas ? Je t'ai d'abord étonné en te répondant normalement et en ne me repliant pas sur moi-même et voilà que mes paroles t'atteignent comme si je te lançais quelque chose en pleine poitrine. Ce n'est pas vrai ?

C'est dingue d'à quel point de stupides petits défis peuvent s'avérer aussi intéressants. Je hoche la tête.

-Pour t'expliquer rapidement, j'aime l'entente qui peut régner entre certaines personnes. L'humour, l'amitié, l'amour, les rires que l'on peut s'échanger, je trouve ça magnifique. Mais parfois, les gens ne sont pas comme ça. Parfois, ils sont méchants, hypocrites et non sincère. Et c'est ce qui me fait mal. Je trouve ça triste, alors je préfère les observer de loin en me forgeant ma propre opinion et en gardant pour moi les « je le savais ».

-Tu devrais te mêler aux gens, tu sais. Et leur insuffler un peu de ton génie. Ça ne pourrait pas leur faire de mal.

-Tu n'es pas mal non plus dans ton genre, Violette.

Il sourit avant de rassembler ses affaires et de se diriger vers un pas tranquille vers une direction que je ne connaîtrais jamais. Ce garçon était bizarrement très intelligent. Et il connaissait mon prénom.

C'est peut-être à ce moment là que j'ai l'idée de rédiger un carnet, un compte rendu de cette année. Pour inspirer les gens. Pour changer les choses. Et pour laisser une trace matérielle derrière moi.

Sans regret.