Jour 1


Aujourd'hui est le premier jour de ma vie. Enfin si l'on veut. Bien sûr que ce n'est pas réellement le premier sinon mon point de vue n'aurait absolument aucun intérêt.

J'ai déjà dix-neuf ans. Dix neuf ans de projets, d'étude, de rires, d'amitié, d'amour, de joie. Dix-neuf années où j'ai croqué la vie à pleine dents en ayant bien en tête que je vivais mes meilleures années.

Je n'aurais jamais pensé que je devrais m'attacher à ces souvenirs qui me paraissent déjà trop flous et trop loin. J'avais toute la vie devant moi et le temps pour me trouver un compagnon, pour me marier, pour trouver le métier de mes rêves, comme toutes les autres femmes de mon âge. Je pensais qu'une maladie était inimaginable, que ça arrivait aux autres mais que ça ne pouvait pas m'atteindre. Je ne pensais pas suffoquer un jour, en plein cours de sociologie en ressentant une douleur insoutenable dans la poitrine.

Je ne pensais pas non plus qu'en sortant des urgences, je serais amenée à passer d'autres tests qui s'avéreraient être mauvais.

Le médecin m'a pourtant affirmé que, de nos jours, les soins sont tellement élaborés que mes chances de survie ne sont pas si désespérées. Mais il faudrait faire des compromis. Un déménagement à l'hôpital, dans une chambre blanche, avec un lit blanc, des rideaux blancs, un sol blanc et des murs blancs. Je déteste le blanc.

Je ne pourrais rien amener de chez moi et resterais cloîtrée pendant des semaines, peut-être même des mois. Pas un jour, peut-être même une heure ne s'écoulerait sans que je ne sois dérangée par une infirmière voulant prélever mon sang, un médecin voulant m'apporter des informations supplémentaires ou un chirurgien désirant me parler d'une opération envisageable. Tous les jours, je serais amenée à passer des tests, tous les jours.

Je n'aurais pas pu envisager d'avoir une vie normale avant d'être totalement guérie, et cela, si j'étais guérie un jour.

Alors, j'ai dit non.

Non aux soins, non à la chambre toute blanche, non aux tests, non à la guérison. J'ai dit non à un futur possible. J'ai dit non à l'espoir de mes parents.

J'ai simplement demandé le temps approximatif qu'il me restait à vivre. Et le verdict est tombé. Trois cent soixante-cinq jours. Peut-être un de plus, peut-être un de moins, rien n'était certain.

Le médecin était ahuri. Il m'a répété que je ne pouvais pas m'en sortir toute seule, que c'était impossible. Que les miracles n'existent pas dans ces cas là. Que la science pouvait me guérir, que j'avais mes chances si je me battais un temps soit peu.

Mais j'ai soutenu son regard et j'ai répété que je n'étais pas intéressée. Il ne comprenait pas, évidemment.

J'avais toujours rêvé de vivre comme ça. Au jour le jour, sans me poser de questions, en me foutant des conséquences qu'auraient mes actes. À réaliser mes rêves les uns après les autres. À vivre, vraiment.

Ces trois cent soixante-cinq jours, j'allais les vivre à fond, pour moi. Sans regret.


Je vous mets en média un trailer réalisé par LittleSpringWind en espérant qu'il vous plaise. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

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