On ne sait jamais quelle va être notre dernière journée.

Il est vrai que depuis l'annonce de ma maladie, j'ai pris la résolution de vivre au jour le jour, comme si demain n'arriverait jamais. Mais vient un moment où, sans même le vouloir, on oublie, un peu. On oublie parce que le désir de vivre surplombe tout le reste, même la peur de mourir. Et parce que, quand finalement, un espoir de guérison arrive, on ne sait plus vraiment s'imaginer la fin. Alors on ne peut pas deviner quand sera la dernière bonne journée. On peut juste essayer de profiter de chaque petit moment de bonheur, à chaque occasion.

Et peut être que j'ai vécu assez, après tout, j'ai eu ce que je voulais.

J'étais amoureuse.

Je suis partie en Islande, avec tous mes amis.

J'ai eu mon lot d'actes clichés.

J'ai dit ce que j'avais à dire.

J'ai fait ce que j'avais envie de faire.

Grâce au carnet que j'ai écrit, tous les jours, j'ai même laissé ma trace.

Je peux me dire que j'ai vécu sans regret même si je sais la peine que je vais causer.

Et surtout, surtout, je ne remercierai jamais assez mes amis pour m'avoir rendue aussi heureuse.

Et c'est vrai ce que l'on raconte.

On voit bien sa vie défiler quand elle-même se décide à nous quitter.

J'ai vu mes parents, le sourire émerveillé de mon père et l'émotion dans les yeux de ma mère aux tous premiers instants de ma vie.

J'ai vu Théo, j'ai senti sa minuscule main serrer mon pouce et son cœur qui résonnait contre moi au moment où je l'ai porté pour la première fois. Mon petit frère.

Et ensuite, des flash de cette année ont défilé sous mes yeux. Charlène, Caroline, Victor, Noé, Eliott, Louis, Roxane et même Mathieu. Et Maël. Maël. Maël. Maël. J'en crève tellement je l'aime.

Nos soirées, nos rires, nos confessions, nos câlins, nos délires, notre amitié.

Ils ont marqués ma vie.

Ils sont tout pour moi.

Mais la vie a décidé que je devais les laisser, à regret.