Chapitre 48
La nuit est presque tombée et la hauteur des arbres empêche les derniers rayons de m'atteindre. Les premières étoiles apparaissent sur un fond rose-orangé et apparait la Lune qui se montre à demi ce soir. Je décide de m'arrêter ici, près de cet énorme rocher couvert de feuille grimpante et ces quelques arbres qui semblent former un abri idéal contre les grosses bêtes qui oseraient s'approcher trop près (si jamais il en restait quelques-unes !). Leurs troncs se trouvant très proches les uns des autres, ils ne permettront qu'à ma frêle corpulence de passer.
Une fois de l'autre côté de cette barrière naturelle, je m'en vais m'appuyer sur le rocher avant de m'écrouler de fatigue. L'adrénaline et la peur de me faire rattraper m'avaient complètement fait oublier que je n'étais pas invincible. À peine mon derrière eut touché l'herbe fraîche que mon corps éteignit sa machine. Je m'endormis sous ma veilleuse lunaire, un doux air frai me carressant les joues et une berceuse chantant dans la langue de la nuit.
Pdv Adrien :
Près du bureau d'Alexandre LeGrand se trouve la salle de "L'oeil" où lui, certains agents et moi même nous recherchons nos cibles. Cette salle ne dispose que d'un bureau et d'une chaise mais lorsque j'entre, des dizaines d'écrans holographiques s'allument diffusant chacun la vue d'une caméra différente dans le monde entier. J'enonce alors ma demande à haute voix :
"- L'Œil, indique la position de Bastian N.Archibald. "
Un nouvel écran apparaît tandis que les autres disparaissent. Il affiche une carte avec un point rouge représentant Bastian. Un autre écran déroule l'historique de sa puce :
" Position inchangée depuis 47 heures. Fonctions cardiaques et respiratoires à 0.
État de l'individu : Mort"
Je ne peux m'empêcher de sourire, puis rire. Eh bien, la voiture s'est bien écrasé au fond du ravin, comme prévu ! Il m'aura juste fallu modifier les paramètres de sécurité de sa voiture et de sa reconnaissance vocale. Je n'ai même pas eu à me salir les mains.
Je m'affale sur ma chaise, satisfait. Je ne crois pas avoir une once de regret pour ce bourgeois de merde. Ça fera un successeur en moins à ce régime de fous. Pour le moment je ne vois personne d'autre capable de reprendre la main sur le monde. Bastian était celui qui en savait le plus sur les plans d'Alexandre, tous ceux qu'ils me cachent. Et même si je suis l'une de ses marionnettes préférées, je suis la plus limitée. Je suis un outil, une épée et non pas une tête pensante. Je tue ce qu'Alexandre pointe du doigt, sans poser de question.
Je viens de réaliser un rêve d'enfance. Heureux d'une certaine manière de savoir qu'il ne viendra pas cracher sur ma tombe. Il ne faut pas se mentir, j'avais nettement plus de chance de mourir que lui. Mes poumons, mes missions... son rôle était de reprendre celui d'Alexandre. Soit diriger la propagande, la recherche génétique et technologique, orchestrer les "purges" ou les "libérations" et faire appliquer ses plans de renaissance de la Terre. L'objectif final est simple : une humanité limitée afin de garantir une nature en pleine santé. Et pour cela, tous les moyens sont les bons.
Ma tête commence soudain à me faire mal. Une mauvaise sensation m'envahit. Au début cela se limitait à des vertiges et des contractions cette douleur migra vers la sensation d'un essaim d'abeilles bourdonnantes plantant chacunes leur dard dans chacun de mes neurones. Le bruit est assourdissant. Mon crâne va exploser.
Une autre douleur plus forte encore me poignarde le torse. Je tombe au sol en hurlant mon mal. Ma respiration devient plus difficile et s'accélère. Je cherche de l'air comme je peux mais en vain.
"NON ADRIEN ! Calme toi, c'est pas le moment de faire une crise"
Mais je n'y arrive pas. Je ne comprends pas... pourquoi ça va aussi vite ?! La douleur est trop forte et se propage dans tout mon corps. Je sens mes dents craqueler sous la force de ma mâchoire et des larmes inonder mon visage tordu. Tous mes muscles se contractent et je suis pris de tremblement violent. Qu'est-ce qu'il m'arrive ?! Je n'arrive plus à respirer pourtant j'essaye. Comme si je me noyais et qu'il m'était impossible d'aller à la surface. Je me rappelle soudain qu'il me faut mon masque. Mais où est-il ?! Je n'arrive plus à contrôler mes membres.
Je finis pas tousser pour me libérer les poumons et sort au bout de la quatrième toux, des glaires de sang.
《- Pitié, pas encore..., gémis-je》
Je ne vois plus que ses étincelles devant mes yeux, comme des milliers de feux d'artifices avant de tomber dans le noir.
Pdv Diana :
À mon réveil, le jour était complètement levé, et j'étais trempée à cause de la rosée. J'ai un peu froid maintenant. À quelques pas de mon abris, des rayons solaires ont réussi à percer le toit de verdure de la forêt. Je me déshabille et y étend mes vêtements en espérant les voir secs d'ici peu. Je me chauffe comme je peux dans ma chemise et mon short de cycliste. C'est à dire en sautillant d'un pied à l'autre.
Il me faut maintenant penser à la suite. Il est bien beau ce rêve d'évasion mais il est assez grossièrement pensé. Sois franche avec toi même : il est nul. Je n'ai ni assez de provisions, ni de carte, ni les connaissances requises à me repérer en pleine nature. En somme, ici où sous le tronc, c'est la même chose...
Et si j'attendais ici ? Adrien pourrait... Diana, reprends toi ! Il ne faut pas que je me rende dépendante de sa présence et de son aide. J'ai vécu sans lui dix-neuf longues années, sans l'aide de personne, surtout après la mort de mes parents. Je suis peut être peureuse mais je suis débrouillarde. Voilà le bon raisonnement à suivre. Je vais m'en sortir !
Il faut que je trouve une ville, un village, une cabane qu'importe. Un lieu où je pourrais communiquer avec tante Rosalilde ou Adrien. J'espère vraiment pouvoir le retrouver. Je me demande où il est. Peut être encore à Paris. Ou bien est-il à la Tour ? Me cherche t-il ? Rien que cette pensée me met dans un drôle d'état.
Je me brosse les cheveux avec mes doigts puis les noues en nattes avec un sourire idiot sur le visage que je n'arrive pas à effacer. Je balaye le paysage pour me changer les idées. C'est une grande forêt qui s'étend à perte de vue. C'est tellement étrange de voir autant de verdure. Les arbres ne sont pas très épais, ni même très haut comme je l'ai souvent lu. Ils sont encore jeunes, je devine. Brusquement je me relève, j'ai cru percevoir un bruit. C'est loin, assez fort maintenant que j'y fais attention. Comment ai-je fais pour ne pas l'entendre plus tôt ? C'est...
《- ... Un cours d'eau.》
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