Chapitre 28 :

Clara est enfin partie. Je me sens soulagé, sa robe commençait à  m'étouffer et son parfum a m'asphyxier. Le couloir redevient calme et sombre et moi, une ombre. Le bruit de la fête retentit partout dans le gigantesque palais et commence à me taper sur les nerfs.

Je regarde autour de moi, voir si personne d'autre ne m'a vu. Je remarque alors dans un coin, des yeux familier qui me fixe. Je fais mine de n'avoir rien vu et marche lentement dans cette direction. Ses yeux ne me quittent pas une seconde comme ceux d'un chat qui attend la dernière seconde pour fuir.

Quand j'arrive au croisement des deux couloirs, la chatte tente de s'enfuir, mais je suis plus rapide et l'attrape par les cheveux.

《-Te voilà espèce de débile ! Je m'écris. J't'avais dit quoi Gamine ?! 》

Diana est par terre, recrogvillée sur elle-même, ses fines mains sur les miennes qui lui tirent les cheveux.

《- S'il-te-plaît ! me supplie t-elle en larmes. Lâche moi si tu as une once de compassion pour moi... Aïe!! C-ce n'est pas ma faaut-te, j'j'ai voulu leurs didire, m-mais ils n'ont pas écouté. Ne me traîne pas par les cheveux dans toute la Bulle ! 》

Que dois-je faire ? Je l'avais pourtant prévenu, averti, menacé, et même avec ça elle y est aller.

《- Qui t'as forcé ? Je gronde.》

Elle ne me répond pas et continue à pleurer doucement. Je la secoue par les cheveux pour qu'elle arrête mais rien n'y fait. Son visage est tordu de douleur et recouvert de larmes chaudes.

《- Diana ! Diane ! Qu'es-ce que t'as ?!

- Je veux rentrer... Articule t-elle péniblement.》

Que dois-je faire ?! Je ne vais pas la consoler, la câliner non plus ! Je vais passer pour un bisounours ou pire, je vais m'attacher à cette pleurnicharde. Je vais faire quoi alors, dans quatre mois, quand Alexandre viendra me la reprendre ?

Je la prends dans mes bras, hésitant, et la porte jusque dans les appartements de tante Rosalilde. Je sens ses larmes mouiller la manche de ma veste militaire au niveau de son visage. Elle pleure doucement, comme si elle dérangeait quelqu'un. Après quelques minutes de marche, on arrive dans ma chambre. Je dépose délicatement la Gamine sur sa banquette près de la fenêtre.

《- Tu veux bien m'expliquer Gamine ? Pourquoi tu es allée à cette fête de merde, pourquoi tu m'espionnes et putain, pourquoi tu pleures ? Je dis en essayant d'être le moins agressif possible.

   - On m'a forcé. J'avais dit à Rosalilde, même à Bastian quand il est venu me chercher que tu m'avais interdit de sortir avant ton retour. Ils... n'en ont eu rien à faire et m'ont ignoré... N'en ont eu rien à faire et m'ont ignoré... Tu... Il s'est passé quelque chose d'horrible ce soir... un homme m'a... enfin, essayé de...

Je comprends alors :

- C'EST BASTIAN ?! Je hurle. Tu vas voir ce...

- Non ! Non... c'est un inconnu, un Bourgeois. Bastian est venu m'aider juste à temps.》

Dans l'obscurité, je n'arrive qu'a distinguer la clarté de ses yeux. Mais même dans la nuit, la lune donne un reflet doré sur ses cheveux. Je suis déjà au sommet de ma colère, mais quand j'allume la lumière, ce n'est que pire.

《- Tes cheveux sont...

- Blond, oui, murmure la gamine en séchant ses larmes.

- C'est Rosalilde c'est ça ?》

Elle hoche timidement la tête, comme humiliée d'avoir été baptisé comme une bête. Ça me rappelle quand on lui avait fait le tatouage du clan sur l'avant-bras. Je suis un peu perdu. Que cherche Rosalilde ? Me provoquer ? Elle essaye de se faire ma tête ?

Elle reprend ses vieilles habitudes. Les grandes personnes ne changent pas, ou difficilement. Quand j'habitais encore la Bulle, une fois par mois environ, elle me teintait les cheveux avec une bombe à aérosol qu'elle achetait dans un marché noir de domestique. Si quelqu'un la voyait avec cette bombe alors son sang Bourgeois aurait été mis en doute. Il fallait qu'elle opère dans la plus grande discrétion.

Je voyais qu'elle se donnait du mal pour que ma vie ne soit pas en danger. Parce que oui, dans la Bulle ne règne pas une sécurité sans faille. Le pouvoir d'Alexandre est partout sur Terre et la purge s'étend aussi au-delà des Misques. Chez les Bourgeois, les règles sont strictes :

《 Un Bourgeois doit être obligatoirement blond aux yeux bleu.》
《 Un Bourgeois a un code couleur. Le bleu pour les jeunes filles à marier ou en cours de fiançailles. Le blanc pour les hommes à marier, le noir pour ceux l'étant déjà. Le rouge pour les proches d'Alexandre LeGrand. L'uniforme marin pour les enfants. Le vert pour les militaires. Etc.》
《 Les reproductions seront contrôlés par Alexandre LeGrand pour une parfaite progéniture 》
En plus de toutes ces règles, il y a une sanction unique :
《 La mort à ceux ne méritant pas le titre d'être parfait 》

Et je n'obéissais pas à tous les critères...
Tout cela pour dire que Rosalilde refait avec la Gamine ce qu'elle faisait avec moi. Il faut absolument que je lui parle !

《 - Adrien..., murmure t-elle une fois calmée. 》

Elle détourne son regard et fixe le parquet. C'est la deuxième fois où elle m'appelle par mon prénom. La première fois, je l'ai frappé, la seconde fois, je n'en ferai rien. La voir si désespérée, si fragile... Je ne pourrais pas lui faire de mal. Ce serait lâche et digne d'un connard fini. Je ne me vois pas encore à ce stade.

《- Quoi Diana ? Tu veux un peu d'eau ? Je vais te chercher de l'eau...

- Non. Inutile. Je voudrais juste savoir une chose... Adrien, travailles-tu pour Alexandre LeGrand ?》

Je ne dis rien. C'est le vide en moi. Qui... Comment a t-elle su ? Qui lui a révélé ça ? J'écarte Rosalilde, pas Thomas, Clara non-plus. Ils ne savent pas. Le seul coupable serait...

《- Non. C'est faux.》

Après ça, c'est le silence. Ni elle ni moi ne parlons. On reste muet et aveugle l'un de l'autre. Je regarde sur mon horloge : dix heures trente-six. Il n'est pas tard, mais après le rendez-vous avec Alexandre LeGrand, la discussion avec Clara, sans oublier Diana... Tout cela m'a fatigué. Je ne me dégonfle pas si vite d'habitude. Preuve que je ne suis pas si inhumain que certain se plaisent à dire, non ?

Média:  fanart excellent de Reil01. Merci ;)
Allez voir ses rantbooks, il y a quelques autres pépites!

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