Je suis toujours là, cachée sous un camion dévoré par les plantes grimpantes. Les A.E.P. me suivent sûrement encore, il faut que je me cache. Si je me fais avoir, Alexandre LeGrand va gélifier mon corps et mes entrailles afin de garder mon esprit dans un de ses robots. Je vais peut-être devenir une A.E.P....

Brr...

Je ne bouge pas, ne respire plus. Un simple battement de cils pourrait me faire détecter par les droïdes. Une fois que le bruit de leurs alarmes fut inaudible, une fois seulement que leurs sirènes soient à une distance d'un kilomètre, je m'autorise à sortir de ma cachette. Puis, sans une onde d'hésitation, je prends mes jambes à mon cou.

Je cours aussi vite que je peux. Je ne dois pas m'arrêter, les A.E.P. vont m'attraper. Je n'ai pas survécu dix-neuf ans dans les rues polluées de Paris pour mourir des mains du pire dirigeant que le monde n'est jamais connu. Un dirigeant, qui aurait l'audace, pour sauver la Terre, d'exterminer tout son peuple. Car oui, il a ce pouvoir. D'un simple claquement de doigts apparement, il peut activer un poison dans nos puces électroniques et tous nous tuer. Bienvenue dans le futur !

J'avance dans l'ombre, tel un animal en fuite. Je longe les murs, en m'arrêtant de bouger à chaque mouvement de feuille. Ces feuilles, que notre dirigeant est prêt à protéger, même si en contrepartie, tout son peuple doit mourir de faim.

Il faut que je retourne dans mon studio, dans le 3 ème arrondissement de Paris. J'y suis dans dix minutes. Il faut juste que j'arrive saine et sauve. Mais même dans mon studio, je ne suis pas en sécurité... Il y a les voleurs de provisions, les violeurs, les cannibales, les moustiques transmetteurs de maladies... Et la liste est longue ! J'ai dû barricader la maison, casser les vitres et la façade pour faire croire que l'immeuble avait déjà été pillé.

Je rentre chez moi par la porte de derrière, au cas où. Ça serait catastrophique si . . .

J'habite au dernier étage dans une chambre de bonne. Personne n'est encore venu, mais je sens que je vais bientôt devoir changer d'immeuble. Les gangs les plus forts vont bientôt vider ce quartier. Et ils me tueront, ou pire...

Je préfère ne pas y penser. J'ouvre les quatre verrous ( vaux mieux être prudente) et entre dans ma chambre. Il n'y a plus d'électricité depuis longtemps, je me sers d'une bougie pour m'éclairer. Les nuages de pollution provoqués par les siècles de dégradations environnementaux, ont rendu l'air épais et noir. Ma peau est comme tachée de suie, et sans eau, impossible de prendre une douche.

Ma dernière douche remonte à... Je ne sais même plus. Un an ou deux. Des droïdes que l'on appelle bot-EAU, nous apportent chaque jour un litre d'eau potable. On a intérêt à être dans la maison quand ils arrivent, sinon, ils donnent ton eau à d'autres.

Je m'avance difficilement vers mon lit. Je l'ai piqué dans une maternelle en bas de chez moi. Il est petit, mais je suis petite et menue, il me suffit. Je m'allonge, ferme les yeux en espérant que personne ne viendra troubler mon sommeil, en espérant surtout, que je ne fermerai pas mes yeux pour la dernière fois.