Chapitre 2 : Éloignement - Partie 1

Hello ! Nouveau chapitre, divisé en deux comme la dernière fois pour une meilleur fluidité de lecture. Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année et plein de bonheur !

Chapitre 2 : Éloignement

— Rien ? Comment ça, rien ? s'emporta Papyrus. Elle n'est pas comme d'habitude, Sans, elle doit forcément cacher quelque chose.

— Je te dis qu'elle est rentrée chez elle se coucher et qu'elle n'a pas bougé du reste de la journée. Je ne vais pas aller inventer des complots imaginaires juste pour satisfaire ton syndrôme du héros. J'ai d'autres choses à faire.

— Je n'ai pas de syndrôme du héros !

L'argument aurait pu se poursuivre longtemps si Sans n'avait pas déjà claqué la porte de la maison au nez de son petit frère. Papyrus grinça des dents, mais prit sur lui. Crier ne servirait à rien dans ce cas précis. Si Sans disait qu'Undyne n'avait effectué aucune action suspecte, c'était la vérité. Il ne comprenait de ce fait toujours pas pourquoi la guerrière était si susceptible ce matin. Malheureusement, il n'avait pas exactement le temps d'enquêter lui-même. Pas lorsqu'il était en charge de la patrouille de nuit.

Il prit une grande inspiration, puis se tourna vers la rue. Quelques monstres curieux s'étaient arrêtés pour regarder la dispute des deux frères squelettes.

— Le couvre-feu est dans cinq minutes ! rugit-il. Qu'est-ce que vous faites tous là ? Dégagez la voie !

Dans un sursaut, les monstres se dispersèrent pour ne pas avoir à subir la furie du garde royal. Papyrus se mit en marche pour pousser les derniers dissidents et les soûlards qui sortaient de chez ce trou de graisse qu'était Grillby's dans la direction approximative de leurs habitations.

Personne n'avait le droit de sortir la nuit, sous peine d'être abattu sans avertissement. Papyrus avait placé la ville sous couvre-feu après une grosse vague d'attaques criminelles, et la ville n'avait jamais été aussi calme depuis, donc il avait conservé la mesure, et les districts de Waterfall et des Hotlands avaient fini par l'appliquer, en reconnaissant qu'elle simplifiait grandement leur travail.

Papyrus aimait patrouiller le soir. Il avait le sommeil léger d'ordinaire, et il pouvait au moins occuper ses insomnies pendant ce temps-là. Plusieurs sentinelles le saluèrent d'un signe de tête en retournant à la base pour prendre la relève de celles qui venaient de terminer. Le squelette patienta le temps que son unité soit prête, puis dispersa les gardes au quatre coins de la ville et de la forêt alentour, toujours par équipes, pour éviter un meurtre qui obligerait un nouveau recrutement. Seul le capitaine restait solitaire. D'ordinaire, il patrouillait à la frontière de Waterfall avec Undyne, mais elle lui avait indiqué dans un message qu'elle ne viendrait pas. Il avait préféré prendre la ville, plus calme et gérable le soir.

Les lumières des habitations s'éteignirent, les unes après les autres, plongeant Snowdin dans le noir complet. L'énergie était une ressource rare dans les Souterrains, et cela faisait bien longtemps que l'électricité était coupée la nuit. Papyrus n'aimait pas l'obscurité. C'était toujours lorsque la ville s'arrêtait de fonctionner que les premiers problèmes se produisaient. La nuit appartenait aux nombreux gangs et criminels qui pouvaient agir sans attirer trop l'attention sur eux.

Papyrus devint rapidement plus vigilant. Il était seul, et même s'il était l'un des meilleurs guerriers des Souterrains, il savait qu'il était susceptible de se faire embusquer. Ses orbites scannèrent la zone d'un regard dur, jusqu'à ce qu'il aperçoive une lumière, non loin. Il se dirigea d'un pas déterminé vers sa source.

Ce n'était que le cabinet de médecine, il se détendit légèrement. Il n'était pas rare qu'il soit en activité la nuit. Alors qu'il s'apprêtait à retourner sur ses pas, la porte s'ouvrit. Quelle ne fut sa surprise en voyant sortir Undyne ! La guerrière avait la jambe bandée. Il avait donc vu juste ! Elle s'était blessée !

Il s'apprêta à aller la voir, mais elle enfila la capuche de son gilet et s'enfonça dans la nuit d'un pas rapide. Il ne pouvait pas abandonner son poste. Frustré par tant de mystères, Papyrus souffla et prit sur lui. Il la verrait de toute manière demain. Sans, en revanche, avait intérêt à avoir une bonne explication. Il lui avait dit qu'elle était chez elle ! Ce tas d'os inutile avait encore dû s'endormir à son poste. Il fulminait.

Le reste de la nuit passa rapidement : de la petite racaille avait tenté d'entrer par effraction dans la maison des voisins, juste sous son nez, ce qui lui avait permis de se défouler un peu. Une fois arrêtés, il les avait interrogés jusqu'à l'aube, sans pitié. Les petits voleurs avaient fini par fondre en larmes devant lui lorsqu'il avait menacé de les envoyer se faire exécuter, et ils avaient fini par lâcher le nom de leur commanditaire. Cela ne les avait pas sauvé pour autant. Dès le changement de garde, ils seraient emmenés au cœur de la forêt et pendus. Papyrus ne s'en émut pas. Les voleurs savaient ce qu'ils risquaient. Leur chef, lui, finirait sans doute comme sujet de laboratoire pour Alphys.

Lorsqu'il en finit avec cette affaire, les lumières s'allumaient de nouveau, signe que le matin était arrivé. Papyrus patienta le temps que les gardes de nuit viennent lui faire un rapport de situation, qu'il consigna soigneusement avec les autres dans son bureau. Il plaça les recrues de jour à leur poste, et, enfin, quitta les lieux.

Il regagna sa maison d'un pas soutenu, épuisé par sa garde. Il poussa la porte et retira son armure. Il la replaça sur le mannequin de bois à l'entrée et entreprit de la nettoyer scrupuleusement, prête à servir lorsqu'il reprendrait sa garde le lendemain... Ou en cas d'urgence.

Il se dirigea vers la cuisine pour prendre son petit-déjeuner quand son téléphone sonna. Il leva les yeux au ciel, mais décrocha.

— Papyrus à l'appareil.

— Bonjour, capitaine.

La voix grave et profonde lui glaça les os. Il se redressa, subitement mal à l'aise. Asgore. Le roi des monstres. Le squelette savait que son appel n'était jamais une bonne nouvelle.

— Que puis-je pour vous, votre Majesté ? se radoucit-il immédiatement, faussement enthousiaste.

— Je veux te voir en début d'après-midi au palais pour discuter... De quelque chose.

— Je serai là.

— Bien.

Le roi raccrocha. Papyrus posa ses deux mains sur la table de la cuisine, le souffle rauque. Que lui voulait-il ? Avait-il découvert Frisk ? Était-il en danger ? Devait-il envoyer Sans dans les Ruines ? Le roi n'appelait jamais sans donner le motif de leur rencontre : un rapport, une remontrance, une exécution à mener... Jamais juste « Quelque chose ».

— Papyrus ?

Le squelette se retourna vers son frère, à l'entrée de la cuisine. Encore en pyjama, il l'observait d'un œil inquiet. Papyrus tenta de contrôler sa respiration, de ne rien laisser paraître, mais la fatigue de la nuit lui pesa trop sur le moral. Il se laissa glisser sur le sol et replia ses jambes contre lui.

— Il veut me voir.

— Asgore ? s'inquiéta Sans immédiatement. Pourquoi ?

— Il n'a rien dit.

Sans s'assit à côté de lui sur le carrelage. Il ne dit rien, ne le toucha pas. Sa simple présence suffisait à calmer Papyrus, dont l'âme battait si fort qu'il avait l'impression qu'elle allait imploser. Il avait beau faire partie des membres les plus influents des Souterrains, il n'était pas à l'abri d'une crise d'humeur du roi. Il pouvait très bien décider de le tuer pour aucune raison, et il ne pourrait pas s'y soustraire.

— Si... Si je ne reviens pas ce soir...

— Arrête tes conneries, il ne peut pas se débarrasser de toi. Qui prendrait la garde de Snowdin ? Tous les autres sont des incompétents.

— Sans, s'il a découvert Frisk, mon rang ne me sauvera pas. Si je ne reviens pas ce soir, pars dans les Ruines. S'il me tue, c'est qu'il sait. S'il sait, il va venir pour toi, Undyne, Alphys. Si ce n'est pas déjà fait. Je ne veux pas prendre le risque. S'il te plaît. On savait que ça ne durerait pas.

— Je te dis que ce n'est pas pour le gosse ! grogna Sans. On a fait super attention à lui et aux caméras. Comment est-ce qu'il aurait pu se rendre compte ? C'est sans doute autre chose. Et puis, on sait tous les deux qu'il n'est pas stupide. S'il savait pour Frisk, c'est moi qu'il aurait attrapé pour faire pression sur toi pour le livrer. Il cherche toujours les faiblesses. Te tuer comme ça ne lui rapporterait rien. Ce n'est pas son style.

Papyrus n'en était vraiment pas sûr. Sans se redressa et posa une main sur son épaule.

— Mange un morceau et va te reposer un peu. Ta tronche fait peur à voir.

— Tu n'es pas ma mère, Sans, grogna son petit frère.

Sans lui adressa un doigt d'honneur moqueur alors qu'il regagnait le salon. Papyrus sourit à demi et se redressa. Son frère avait raison. Il ne pouvait pas se présenter au roi comme ça. Il prit sur lui et réchauffa une vieille boîte de lasagnes au micro-ondes. Les pâtes avaient une texture et une couleur peu ragoutante, mais il se força à manger. La nourriture ici bas était trop rare pour être gâchée.

Après un repas insipide, il monta dans sa chambre pour dormir quelques heures, non sans le secret espoir de ne plus se réveiller et en finir avec ce cauchemar pour de bon. Les idées noires ne le quittaient plus depuis des années, mais il essayait de ne pas leur accorder trop d'importances. Il n'en avait pas le droit. Trop de personnes comptaient sur lui pour qu'il se contente d'abandonner et de sombrer.

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