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Lorsque je me réveille de nouveau, je me sens un peu mieux. J'ai toujours le corps endolori, mais c'est supportable. Je me tourne doucement et me rends compte que je suis seul. Déçu, je soupire et me force à me lever. Je suis content de voir que j'y arrive. L'antidouleur a fait son boulot. D'un geste, j'ouvre les rideaux épais, puis la fenêtre et pousse les volets. J'ai besoin d'air et de me situer dans le temps. Je ne sais même pas si c'est la journée ou la nuit. Je suis un peu perdu. En jetant un coup d'œil à l'extérieur, je m'aperçois que je me trouve dans une maison en banlieue. Il y a un petit jardin bien entretenu avec de jolies fleurs et une petite allée en gravier, tout droit sorti du cliché de base de la maison familiale. Il fait jour, mais tout est calme. Je respire un grand coup et je sens un poids s'ôter de mes épaules.
Je referme la fenêtre parce qu'il fait froid et me tourne dans la pièce pour me repérer. La chambre est simple, bien rangée, la décoration est moderne, mais sobre. Je remarque que posées sur une chaise, il y a des affaires propres et de quoi me doucher. La salle de bain est attenante à la chambre et comporte même des petits toilettes. Après m'être soulagé, je me douche en prenant mon temps, redécouvrant le plaisir simple de l'eau chaude sur mon corps et l'odeur agréable du shampoing et du gel douche. Ça me change de la pauvre savonnette sans odeur du foyer et de l'eau tiède, sans compter la pression de me faire attaquer ou voler mes affaires.
Une fois que j'ai terminé et que je me suis habillé, je me brosse soigneusement les dents et pars en quête d'Harry. En traversant la chambre, je constate que toutes mes affaires sont là. Ils ont pris la peine de tout rassembler pour qu'on ne me vole rien et ça me touche beaucoup. J'ouvre en douceur la porte, et m'avance timidement dans le couloir, à la recherche des pièces de vie. Je suis en fait à l'étage où seules les chambres et les sanitaires se trouvent. Je descends doucement les escaliers me dirigeant au son de la télé qui me parvient désormais.
Je m'approche à pas feutrés de ce qui doit être le salon et aperçois Harry affalé dans un fauteuil, son téléphone à la main. Ses parents, j'imagine, sont assis côte à côte dans le grand canapé, en train de suivre une émission. Gêné, je ne sais pas comment me comporter. Je pensais qu'Harry m'aurait ramené à son propre appartement et de me trouver là, dans la maison familiale, témoin de leur vie, je ne suis pas à l'aise. Je me fais l'effet d'un intrus. Alors que je tergiverse, Harry relève la tête et m'aperçoit. Il se relève aussitôt, un grand sourire aux lèvres qui me réchauffe tout entier.
- Louis ! S'écrie-t-il en trottinant vers moi. Comment te sens-tu ?
- Ça va, merci. Je murmure en lui rendant son sourire.
Ses parents nous rejoignent bientôt et se présentent tour à tour en me serrant contre eux, ce qui me déstabilise un peu.
- On t'a gardé une assiette de midi si tu veux. Me propose gentiment Anne.
- Il est quelle heure ? Je demande, un peu perdu.
- 14 heures, me réponds Robin.
- Oh ! Je souffle, en réalisant que j'ai dormi plus de 24 heures.
- Alors, ce repas ? Me rappelle Anne en m'invitant à la suivre.
- Je ne voudrais pas abuser... je remarque en baissant la tête. Je suis chez vous depuis hier, vous m'avez soigné et permis de me doucher. C'est déjà beaucoup. Je pense que je vais y aller... j'annonce, une boule au fond de la gorge.
Je ne veux pas me sentir trop bien ici, ce serait trop dur pour moi de devoir partir. Cette maison est agréable et respire le bonheur. Je n'ai pas le droit de m'incruster dans ce tableau idyllique, je n'y ai pas ma place.
- Louis... la ferme ! M'intime gentiment Harry en levant les yeux au ciel et en me poussant vers la cuisine, sous les rires complices de ses parents.
Ok... donc, je n'ai pas le choix...
Alors que je m'installe à table, Anne fait réchauffer mon repas et Harry s'assoit à mes côtés. Robin me sert un verre d'eau et me propose aussi une bière que je refuse gentiment. Lorsque l'assiette est posée devant moi, une bonne odeur vient chatouiller mes narines, faisant grogner mon estomac, ce qui fait de nouveau rire la famille Styles.
- On vous laisse, indique Robin en posant tendrement sa main sur le bras de son beau-fils. Rejoignez-nous dans le salon quand Louis a fini.
Harry hoche la tête et moi j'attaque mon repas avec appétit, me rendant compte à quel point j'ai faim à mesure que je mange. Lorsque j'ai terminé mon assiette ainsi que le yaourt et la banane qu'Harry m'a gentiment forcé à prendre, je fais rapidement ma vaisselle malgré ses protestations. Je le suis ensuite jusqu'au salon pour rejoindre le reste de sa famille. Anne éteint immédiatement la télé et m'invite à m'asseoir à ses côtés. Tous les yeux sont tournés vers moi et j'ai juste envie de disparaître. Cependant, je sens qu'ils ont un truc important à me dire, alors je prends sur moi et attends. C'est Robin qui se lance.
- Louis... Harry nous a beaucoup parlé de toi et c'est la raison pour laquelle nous étions venus te voir à ton campement. Amorce-t-il la discussion en douceur.
- Tu as quel âge ? Depuis combien de temps tu vis dans la rue ? Me demande subitement Anne semblant suivre son propre cheminement de pensées.
Mal à l'aise, je me racle la gorge et finit par répondre, d'une petite voix,
- J'ai 19 ans et je vis dehors depuis 3 ans... j'avoue en triturant mes doigts.
Un silence lourd accueille mes mots. Je me sens mal tant j'ai honte. J'ai envie de m'enfuir en courant. La main que glisse doucement Harry dans la mienne me rassure un peu. Grâce à lui, je trouve la force de relever mon visage vers ses parents qui semblent décontenancés par mes propos.
- Ok... reprends Robin, les yeux un peu plus brillants. Écoute, on a beaucoup parlé tous les trois ensemble et on était déjà plus ou moins d'accord quand on est venu te voir... il se racle la gorge, cherchant ses mots. Disons que de voir où tu vis et ce qu'il s'est passé avec ces sales types, ça nous a totalement décidés.
- Je ne comprends pas...
- Louis, tu pourrais être notre fils. Constate Anne d'une voix douce. Harry pourrait être à ta place et c'est hors de question qu'on te laisse retourner vivre, ou plutôt survivre, sous ce pont.
J'ouvre la bouche pour argumenter, mais Robin ne m'en laisse pas le temps et enchaîne.
- On a de la place ici et Harry est prêt à laisser son appartement universitaire pour revenir vivre ici, ce qui nous ferait faire des économies. Explique-t-il d'une voix posée. Tu as le droit toi aussi d'avoir une vie convenable et digne de ce nom. Et c'est ce qu'on te propose. Un toit, du confort et de l'aide pour t'en sortir et te faire prendre un nouveau départ dans la vie.
- Ne refuse pas, s'il te plaît ! Me supplie presque Anne. Si tu n'es pas bien ici, on trouvera une solution. Mais te laisser repartir sous ce pont avec tous les dangers que ça comporte, ce n'est pas une option envisageable. On ne se pardonnerait jamais s'il devait t'arriver quoi que ce soit.
Ces dernières paroles me font sourire parce qu'elles font drôlement écho au discours que m'a toujours tenu Harry.
- Vous êtes adorables, tous les trois. Finis-je par lâcher, les larmes aux yeux tant je suis touché par leur générosité. Mais je n'ai pas le droit de vous imposer ma présence comme ça. Comme je l'ai déjà dit à Harry, vous ne me devez rien et ce n'est pas de votre faute si je suis dans cette situation. Vous n'avez pas à vous sacrifier ou révolutionner votre vie pour moi... je ne peux pas accepter...
- Tu le dois ! Insiste Anne en laissant perler une larme sur sa joue. Tu le dois... ma fille a fugué pour suivre son copain à une époque et c'est grâce à la générosité d'une famille qu'on a pu la retrouver saine et sauve.
- Je n'ai pas fugué... je remarque doucement.
- Je ne te demande pas de me raconter ton histoire, affirme Anne en me caressant la joue d'un geste tendre et naturel. Seulement, je me suis promis de rendre la pareille si je le pouvais. Tu es là aujourd'hui et tu as besoin d'aide, alors laisse-moi honorer ma promesse et te tendre la main...
- Tu te souviens, un jour tu m'as dit que tu restais optimiste envers et contre tout dans l'espoir de t'en sortir un jour, car la providence finirait par un jour ou l'autre se manifester. Et si c'était nous ta providence ? Murmure Harry avec un sourire doux aux lèvres.
Et ses paroles font mouches, me touchant en plein cœur. Il a raison. Comment pourrais-je espérer m'en sortir si je repousse l'aide qu'on me propose ? Soupirant, je finis par hocher la tête, les larmes dévalant librement mes joues et je me retrouve rapidement enseveli sous trois corps qui me serrent contre eux, provoquant mon rire. Lorsqu'ils me relâchent, je m'essuie doucement les yeux et plonge mon regard dans celui d'Anne.
- Je fais alors à mon tour la promesse d'aider et tendre la main à celui qui en aura besoin, le jour où j'en aurais la possibilité. Énonçai-je d'une voix déterminée.
Et pour sceller cette promesse, je lui tends mon petit doigt qu'elle vient entourer du sien en riant.
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Encore une partie un peu courte... mais après ça sera un peu plus long, promis. 😉
La famille d'Harry ? 😍😍 Leurs réactions, leur proposition pour Louis ? 🙊😍😍
La vie de notre loulou est en passe de changer... une bonne nouvelle je crois ! 😊😥😍
La suite demain. Bisous mes anges. 😘💚💙
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