19 janvier, trop tôt pour parler

Le réveil sonne, il est 1:00 du matin. À peine la stridence s'enclenche que je la coupe dans son élan. Je suis si stressé que je ne me rappelle pas avoir dormi une heure cette nuit, j'ai pensé, imaginé mille et un scénarios, allant du pire au meilleur, mais Morphé n'a jamais eu l'obligeance de m'accueillir entre ses bras.

À une heure du départ j'étais mi-heureux mi-perplexe. Est-ce que j'avais fait le bon choix en ramenant mes chevaux, en renouant avec le saut d'obstacle en France ? Je ne savais pas, mais je devais y aller. Quatre juments, trois entiers, la crème de l'élevage de mes seconds parents. Des danseurs ailés, capable de survoler les barres sur les plus belles pistes et d'enchaîner tout de suite sur les figures de dressage les plus complexes.

À 1:57, après avoir vérifié à de multiples reprises que j'avais le bon compte de chemises et de protections de transport, nous nous mîmes en route, direction Fontaineblau, lieu de l'échange. Nous avions prévu large, 4 heures pour un trajet de 2h30/3h, pour être sûr d'être sûr place au moment où les chevaux arriveraient.

Et nous avions bien fait. À 5:15, alors que nous n'étions sur place que depuis une vingtaine de minutes, le camion du transporteur pointait le bout de son nez sur le parcking.

Mes chevaux étaient les premiers à sortir, et avaient été installés en conséquence. En les sortant, nous vérifiâmes les puces, les carnets, et nous les couvrâmes. Les protections vinrent s'ajouter à la panoplie.

Le premier à sortir fut le plus docile. C'était un petit cheval bai, un entier, fils de Mylord Carthago, de 6 ans, prénommé Esteve Precioso. Vient ensuite une belle alezane de huit ans, fille de Casall, Circa Preciosa. Puis nous fîmes sortir une petite jument grise de 4 ans. Elle toisait un petit mètre soixante, c'était une fille de l'étalon Jarnac et elle portait le nom de Guapa Preciosa. 

A mesure que les chevaux descendaient, le stress montait. Si je les aimais tous, je les avais gardé pour ça, il y en a un que j'attendais en particulier, et j'appréhendais son arrivée, tant je le savais difficile. 

Le deuxième des trois entiers fit sont entrée sur le parking de Fontainebleau. Un cheval noir, le cheval de Zorro pour certains. C'est pour cela qu'il porte le nom de Tornado. Voici donc Tornado Precioso, étalon Selle Français de 13 ans fils de Baloubet du Rouet et petit fils de Nabab de rêve. Ce cheval, c'est la qualité incarnée, avec un style incomparable.  Puis voilà la jeunesse ! Une jolie pouliche de 3 ans, Hermosa Preciosa, bai clair, fille de Cornet Obolensky et d'une mère par Vigo d'Arsouilles, une pouliche en laquelle j'ai beaucoup d'espoir. Puis voilà la dernière des juments. Famosa Preciosa. La jument qui descend est bai, et magnifique, une fille de Montender.

Nous la recouvrons, lui mettons ses protections de transport et la montons dans le camion avant de nous diriger vers notre dernier cheval, celui que j'attendais tant. Mais, à ma grande surprise, le transporteur avait déjà refermé son camion et venait me faire signer le papier confirmant la réception de tous les chevaux. 

"- Excusez-moi monsieur, mais il en manque un !

 - Ah, c'est à vous l'étalon bai foncé ? Le fils de Toulon ?

- Oui, il s'appelle Cariño Precioso.

- C'est ça. On n'a pas réussi à l'embarquer dans le camion, on y a passé des heures et des heures car on nous avait prévenu mais il était beaucoup trop compliqué. Du coup on a été obligés de le shooter aux calmants et de le coincer dans un coin pour le faire embarquer dans le petit camion. Il était complètement fou, ce n'était pas joli joli, du coup mon collègue arrive dans une heure ou deux avec le cheval, il n'avait personne avec qui se relayer pour le trajet.  

- D'accord, merci. Au revoir alors...

- Au revoir, bonne journée."

Et il partit, nous laissant seuls avec nos chevaux et notre place vide.

***** 

Le camion est arrivé à 7:55, soit à peine deux heures après. Et vu comment il remuait dans tous les sens, Cariño était réveillé. Enfin, Carinio, c'était plus simple pour tout le monde d'en changer l'orthographe. Toujours est-il que ce cheval avait l'air en forme. Lorsque Oliver en a parlé avec le transporteur, j'ai tout de suite su que c'était celui qu'il préférait, mais que ce serait aussi le plus compliqué. 

Lorsqu'ils ouvrirent le petit camion, ce n'est pas un cheval qui sorti, mais une tornade. Il était si foncé qu'on aurait pu le croire noir, seuls quelques poils fauves le définissaient comme bai. L'oeil révulsé, il dégoulinait de sueur. Le voyage n'avait pas dû être facile. Et il fallait encore  l'embarquer dans le camion.

Je vis alors quelque chose d'assez inattendu. A la vue d'Oliver, le cheval se calma d'un seul coup. Il le suivit, et monta dans le camion presque tout seul. 

Oui, ces chevaux étaient extraordinaires. 

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