Chapitre 4 : Souvenirs, souvenirs

Hugo, âgé de maintenant quinze ans est en train de s'habiller. Le manteau, d'un rouge écarlate avec des dorures en forme de lions et autres félins, est assez long pour caché dans le dos, à l'arrière de sa jambe gauche, une rapière. Cadeau de Charles.

Son long pourpoint d'un rouge plus clair est rehaussé par ses bas d'un doré mate. Ses chaussures ont de légères talonnettes, histoire de gagné deux ou trois centimètres sans que personne ne le remarque mais aussi de dissimuler que d'un l'un des deux talons, le droit, se cache une missive entre deux amants dont Hugo est le messager.

Isabella complote et théorise sur l'avenir de la noblesse en utilisant Hugo sur le devant de la scène pour exécuter des plans. Elle donne ainsi une réputation à Hugo, cache ses desseins aux yeux des autres et manipule le milieu aristocratique d'une main de fer dans un gant de velours.

Aujourd'hui, Hugo doit aller voir la fille d'un noble étranger, promise à un baron puissant, pour lui remettre la lettre d'amour de son propre cousin. Hugo et Isabella ont d'abord été dégouté mais Isabella a dit que dans son pays, c'était légal et que ce n'était pas leur affaire. Hugo suit ce que dit Isabella, elle ne se trompe jamais.

- Maître, vos cheveux, qu'elle coiffure ?

Hugo regarde son bracelet d'argent.

- Une raie avec les cheveux en arrière. Et coupe les pointes.

Isabella gère même ses coupes de cheveux. Des fois, Hugo cauchemarde à cause de sa propre soeur mais cela ne l'empêche pas de suivre ses plans fantaisistes.

Je dois lui faire confiance, c'est mon alliée et ma sœur.

Hugo sort pour accomplir la mission qu'Isabella lui a confié. Et il va la réussir.

~~~

- Isabella, aujourd'hui, c'est ton anniversaire, que veux tu comme cadeau ?

Hugo a toujours un petit quelque chose le jour de son anniversaire ou à la fête de l'Hiver. En deux ans, Isabella lui offert une magnifique épée, un livre sur l'architecture, une boîte avec des encriers de couleur différente et enfin un manuscrit d'un auteur que Hugo lit.

- Comment as-tu fait ? Il n'est pas encore sorti ?

- Il me devait un service, avait répondu avec un grand sourire Isabella.

Hugo, quand à lui, n'avait offert que des babioles, des bagatelles comme il aurait dit pour embêter John. Une broche dorée en forme de cygne, une petite statuette en bois qui représente un serpent, l'animal préféré de sa sœur et un recueil d'histoires effrayantes. Pour son anniversaire, qui se passe deux jours après la fête de l'Hiver, Hugo veut lui faire un véritable cadeau.

- Honnêtement, demande timidement Isabella.

Hugo sent venir le piège, il sait que quand Isabella prend se ton c'est qu'elle veut quelque chose d'irréalisable.

- Oui, répond t il quand même.

- Une place à l'opéra avec toi.

Hugo écarquille les yeux.

- D'accord. Quelle pièce ?

- Peu m'importe.

Hugo lui sourit en grand en se réservant le droit de ce moquer d'elle pour plus tard. Quand elle prétendra qu'elle n'est pas du genre à être une gamine avec des rêves d'enfants.

~~~

Seize ans et quatre mois. C'est à cet âge que Hugo rencontre sa mère, la Reine, pour la première fois.

L'invitation a été apportée par Isabella elle même. Folle de joie, elle n'était habillée que d'une robe de soie, ses cheveux à moitié emmêlé et ses pieds nus. Sans se douter de ce qu'il se passait, Hugo a d'abord craint le pire. Mais Isabella lui a sauté au cou avant de lui crié dans les oreilles avec une voix sur aiguë dû à l'excitation :

- Mère te demande ! Elle veut te rencontrer ! On est sur le bon chemin ! Quoi, tu n'es pas prêt ?

Elle l'a repoussé pour le regarder.

- Je vais te trouver une tenue royale. Un haut à manches longues dont on voit la chemise blanche à froufrous ... Non, yeurk. Des manches qui s'arrêtent aux poignets. Oui. Une chemise sans manche et pas trop épaisse en dessous. Pas de long manteau... Pas de manteau tout court. On habite à un jardin d'ici, il faut que tout le monde le sache. Pas d'épée, tu n'es pas un vulgaire chevalier. Si on te tombe dessus tu sais quoi faire,pas vrai ?

Étonné qu'elle s'arrête dans son babillage pour lui poser une question, Hugo répond avec une demie seconde de retard.

- Je fais le noble trop important pour leur prêter attention et après, s'ils ne partent pas je mets quelques coups de pied dans un endroit de leur anatomie particulièrement sensible et je fuis.

- C'est bien, lui dit Isabella malgré le fait qu'elle soit la cadette des deux. L'honneur est moins important que ta vie. Bon, quelle couleur ? Tu as un bracelet d'argent, ma couleur est le jaune, celle de la Reine est le bleu rivière,  Charles, ton ami, c'est le bleu marine, Paolo c'est l'écarlate, Père c'était une broche en diament.... On va te mettre en gris ou en blanc cassé. Non, ce n'est pas mariage ! Prends du vert clair non, de l'écarlate. Ça sera dans le domaine de Paolo mais comme c'est aussi un de ses fils et que, comme ça, nous faisons comme si nous n'étions pas alliés.

Hugo se mets devant son armoire,ort les habits ou les remets à chaque décisions de sa cadette adorée.

- Ton pantalon ! Non pas celui là, celui à droite. Lui ! Oui, mets le devant toi. D'accord et avec le haut ? Non non et encore non. Prends en donc un autre ! Oui, lui. Essaie... Oui, voilà. Et pour les chaussures, non pas de talons. Juste ... Oui, tu lis dans mes pensées. Celle là. Bon, les chaussettes tu prends des chair et tu les caches.

Après les habits, c'est la coiffure puis c'est le maquillage. Isabella change d'avis plus rapidement que Hugo cligne des yeux. Après quelques heures, Hugo est fin prêt. Isabella lui fait un grand sourire avant de lui donner ses instructions.

- Notre Mère est la Reine mais elle ne nous rencontre jamais : elle veut nous laisser nous battre pour le trône entre nous sans donner son affection à un plutôt qu'à l'autre. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'il n'y a pas de course au pouvoir. C'est la première fois qu'elle fait venir un de ses enfants près d'elle après ses deux ans et demi. Même Sébastien a arrêté de la fréquenté quand l'âge limite a été dépassé alors même que les autres nobles avaient prédis le contraire.

- Pourquoi cet âge, s'étonne son frère ?

- Parce que c'est à ce moment là qu'on a des souvenirs de sa petite enfance, répond sombrement sa soeur. Bref, en tout cas, tu es officiellement le prince héritier mais comme elle veut nous donner toutes nos chances, elle va sans doute te fiancer à quelqu'un. Refuse.

Hugo est étonné.

- Je dois refuser un ordre direct de la Reine ?

- Oui.

Finalement, la Reine a annulé le rendez vous et Isabella était folle de rage. Mais la lettre de fiançailles, elle, elle est arrivée. Sans avoir la Reine en face de lui, Hugo ne peut pas refuser. C'est Isabella qui crache sa haine.

- Tu as dix-sept ans, elle en a quatorze ! Je te promets que si les parents de cette fille accepte ... !

Ils ont acceptés.

- Bande de gros porcs ! crie Isabella une fois que Hugo a finit de renvoyer les domestiques. Pervers sans cœur ! Misogynes obsédés ! Chiens en rut !

- Isabella, dit doucement Hugo. Calme toi. Je ne marierais pas, ne t'en fais.

- Si, réplique Isabella. Si, tu vas l'épouser.

L'éclat de ses yeux gris flamboie, comme un brasier contenu dans une roche. Un brasier qui brûle pour l'éternité. C'est la première fois que Hugo l'a voit avec une telle rage sur le visage.

- Tu vas l'épouser, répète sa soeur. Et elle deviendra Reine avec toi mais elle ne devra pas intervenir dans mes plans. Elle sera un pion sur l'échiquier tandis que nous, nous sommes le roi et la reine. Nous allons gouverner en attendant que je lui trouve une place.

- Je ne comprends pas, avoue Hugo, penaud.

- Elle restera dans son pays pendant ton ascension sous mon commandement, explique froidement Isabella.

Hugo la regarde, étonné. Isabella se rends compte de quelque chose.

- Oh, c'est vrai, tu ne sais pas qui tu épouses, la voix d'Isabella est plus douce. C'est la princesse Anaïs. Elle a un petit frère de quatre ans. Son pays est en ruine et selon leurs lois, une femme ne peut pas gouverner. Alors son père la vend au prince héritier de chez nous.

Hugo soupire.

- Au moins, si on accepte, déclare-t-il, elle ne sera pas maltraitée.

Isabella semble joyeuse. Hugo ne comprend pas. Comment pourrait-il ? Il n'est pas une femme qui ne peut pas avoir le trône, il est le prince héritier.

~~~

La veille de sa majorité, Isabella a posé des questions gênantes à son frère sur ce qu'il se passait dans sa chambre.

- Je n'ai pas de maîtresse, dit Hugo, embarassé. Et toi, tu vas avoir un amant ?

- Non. Mais moi je peux tomber enceinte, dit calmement Isabella avant de faire un sourire malicieux. Allé, ça fait quelques mois que tu es majeur, qu'est-ce qui t'as retenu ? Ou alors tes aventures d'un soir, tu ne les considère pas comme étant tes maîtresse.

Hugo devient rouge pivoine avant de parler un peu fort à cause de l'embarras.

- Non, je n'ai pas ce genre de relations avec quiconque. Tu m'as dit toi-même d'être vierge le jour de mon mariage, que la vertu n'était pas qu'une question de femme.

Étant assise à côté de lui sur son lit à elle, Isabella fait une moue.

- Vraiment ? Tu m'as écouté ?

Dans une grande chambre avec des dorures de partout, un lit à baldaquin énorme et un manque évident de décorations, Isabella semble minuscule. Perdue dans un océan immense et vide.

- Oui, promets Hugo, embarassé.

- C'est bien, finit par dire Isabella avec un grand sourire.

~~~

- Dix neuf ans, dit Charles, revenu d'entre les morts. C'est un âge respectable. Alors, comment c'est la vie de château ? Après cinq ans, quel est ton avis ? Surtout que tu es fiancé maintenant.

Hugo sourit. Les souvenirs lui reviennent de ces cinq ans.

- C'est une vie différente de ce qui est dans les livres.

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