Chapitre 3 : Une bague sans valeur

Hugo est maintenant prince ?

Il s'appelle Pierre ?

Qu'elle grotesque blague.

Mais pourtant, c'est vrai. Cela fait une semaine qu'il est installé au château dans une aile déserte avec seulement un vieux majordome du nom d'Alfred et une servante du nom de Mathilde. Ils s'occupent de lui, le nourrissent, lui apprennent l'escrime et l'écriture. Mais en une semaine on ne fait pas de miracle. Aussi, lorsque Charles apparaît avec une invitation à un bal, Alfred émet des réserves.

- Le jeune prince n'est pas prêt. Il ne peut y avoir de bal avec un prince non préparé. Que dira sa mère ? Ou sa terrible sœur ? Quoique elle pourrait le protéger... Mais et les nobles ? Et leurs enfants ? Comment faire pour.. ?

- Tu t'inquiètes trop vieil homme. Sans conteste, le prince Hugo n'est pas prêt mais je lui ai dit les bases, il sait lire, écrire un petit peu, a déjà tenu une épée en main même si ce n'est pas un escrimeur professionnel, il est propre et il n'a pas l'air affamé. Il apprendra sur le tas. Comme un bon petit.

À ses mots, Charles vérifie alors si  Hugo porte son bracelet d'argent. Voyant que oui, il s'éloigne en déposant l'invitation et l'horaire auquel le tailleur passerai.

Hugo se précipite à la bibliothèque.

Un livre sur les nobles !

Dévorant tout ce qu'il peut et se mettant à marcher et à saluer dans sa chambre, Hugo se mets à espérer n'être pas trop ridicule. Ses manières à table ne sont pas catastrophiques mais il aurait sans doute pu faire mieux que de se contenter de lire quelques phrases. Lorsque l'on va lui parler d'histoire, il sera sans doute perdu. Mais il aura essayé et s'il n'est pas totalement ignorant, il pourrait même ne pas être chassé de la cour.

L'aube arrive trop vite et Hugo se retrouve en chemise sans rien d'autre pour le couvrir devant le regard avide d'un homme d'un trentaine d'années voir plus.

- Une peau claire, des beaux cheveux quoique mal coiffés et des yeux tellement resplendissants... Voyons... Une tenue brune vous irai bien : vos cheveux sombres se fondent assez bien... Votre peau sera mise en valeur et peut-être qu'avec un peu de maquillage... Oui oui parfait. Mesdemoiselles, en piste.

Les bruits de froufrous et l'odeur du maquillage ne s'arrêtent que vers midi. Hugo, soulagé, s'observe dans le miroir et se retient de crier. Cet homme, ce n'est pas lui.

Il n'a pas de regard terrifiant comme cela, pas de cheveux bien coiffés mais astucieusement ébouriffés sur l'avant. Pas de tenue en cuir, pas de chemise en soie, pas de boutons en métal, pas de poche rembourrée ou dissimulée, pas de poignet avec un magnifique bracelet d'or... Un bracelet d'or !

- Non, dit Hugo en prenant un air noble en élevant le bracelet. Je veux celui que je portais. Qu'on me le donne.

Une des jeunes filles qui l'ont habillés lui donne le fameux bracelet. Une grande rousse avec des yeux ambrés.

- Voilà qui est mieux. Sinon je trouve cela bien.

- Vous m'en voyez ravi.

Hugo finit par manger et continue de lire. Lorsque l'heure du bal sonne, il descend les escaliers et sort pour la première fois hors de ses appartements. La peur au ventre, il suit le flot de voix et arrive devant une lourde porte.

Hugo pousse la porte et voit que cela donne sur une immense pièce qui est richement décoré : le sol est d'un marbre magnifique, le plafond est couvert de peintures de ciel, les chandeliers attachés sur se dernier sont fait d'un métal aux courbes florales, les pierreries accrochées dessus sont faites de verres mais dans la lumière tamisée des bougies elles semblent plus brillantes que des soleils. L'éclat de ses larmes de verres donnent au sol des feuilles dorés. Pour seuls meubles se trouvent des tables couvertes de nappes de lins avec des plats d'argent et de riches plats bien dressés. Hugo observe une petite corbeille à pain qui seulement faite d'un tissage de brin d'herbe. Si le tissage est magnifique, le plat détonne dans ce luxe.

Décidant d'aller goûté le pain, Hugo ne remarque pas une jeune fille d'à peu près son âge qui se fait moquer par des adolescents plus vieux qu'elle. Hugo remarque seulement que, une fois qu'il a finit le pain qui n'est pas très grand, les rires s'arrêtent.

- Qui es-tu ? Se moque un jeune homme qui doit avoir dans les dix-sept ans facilement. Tu manges du pain de cochon et tu oses te présenter comme étant un jeune noble ? Ne me fais pas rire.

- Le pain pour les cochons est un pain rance depuis deux semaines, hors ce pain que je viens de manger est frais et tendre.

La réponse sincère de Hugo semble énervé le noble.

- Je suis le fils du comte de Bravis et toi, qui es-tu, répète l'adolescent.

Bravis ? Il vient du même endroit que moi.Mais il a grandi avec l'argent de nos impôts.

Décidant que son village en a trop fait pour cet idiot, Hugo décide de jouer à l'imprudent.

- Cela importe ? Je n'ai pas besoin d'un nom pour dire ce que je pense.

- Ah, un bâtard.

Le fils du comte semble déçu et les enfants de la noblesse se désintéressent de lui. Hugo ne comprend pas. Une jeune femme arrive alors près de lui et le renifle ostensiblement. Par réflexe, Hugo recule.

- Ah, soupire la jeune dame, je pensais qu'avec ce cuir se soit un animal intéressant mais il semble que cela ne soit qu'un chien de salon des plus basiques. Le zoo t'avait il oublié ? Ou rejeté peut-être ?

Les rires mesquins se font entendre. L'attention retourne sur Hugo. La seule qui n'est pas rit est la jeune fille qui se faisait embêté avant qu'il ne mange le pain. Et pour cause, impossible de la retrouver. Disparue.

- Tu n'as plus rien à dire, remarque quelqu'un. Te serais-tu mordu la langue petit chien ?

- Non, il se prépare à suivre les ordres qu'on va lui donner. Lève la patte !

Hugo ne fait rien et se prend un coup d'éventail de la jeune dame qui l'a reniflé. Ses cheveux auburn sont coupés à hauteur de poitrine, ses yeux d'un vert sale sont maquillés pour les faire paraître brillants, sa robe est d'un mauve profond et son corset serre tellement sa taille pour donner du volume à sa poitrine que Hugo se demande comment peut elle respirer.

- Lève la patte, on t'a dit !

Hugo n'en fait toujours rien. Un autre coup d'éventail lui atterri sur le ventre. Le peu de force de la jeune fille ne lui fait pas mal, c'est le rire que cela provoque à chaque fois qui déstabilise le nouveau noble.

- Un petit chien récalcitrant.

- Ajoutons donc un coup de canne l'éventail, il devrait obéir à la fin.

- Un chien qui n'obéit pas est abattu ! Même si c'est un bâtard.

- Et vous, la meute de charognards, vous vous croyez supérieur ? Même une pourriture de la pire espèce comme vos pères boiteux et alcooliques n'obéirait pas ! Déguerpissez avant que ce ne soit des coups de fouet dans vos dos galeux qui vous fassent fuir !

La voix a retentie depuis l'entrée. Une voix qui a l'habitude de commander, qu'on obéisse et qui n'hésitera pas à mettre les menaces à exécution. Si les insultes ne sont là que pour rappeler que les enfants même noble n'ont pas le droit d'y répondre, les coups seront donnés sévèrement même si le contre coup est élevé.

Hugo se tourne vers la porteuse de cette voix et remarque que c'est une fille d'à peu près son âge aux cheveux blonds qui a parlé. Ses cheveux descendent jusqu'au milieu de son dos, lâchés et tenue derrière ses oreilles par une tiare discrète. Sa robe d'un vert émeraude est décorée par des pierreries et ses doigts sont découverts de bagues. Ses yeux sont quasiment invisibles, le maquillage sombre autour de ses pupilles détonne sur cette peau de porcelaine.

- Majesté, vous ne pouvez interrompre une fête, commence la donneuse de coups aux cheveux aubruns.

- Je l'interromps si je veux et ce n'est pas une vulgaire fille de vicomte qui va m'en empêcher. Tous dehors !

Les autres ne se font pas priés et déguerpissent le plus rapidement qu'ils peuvent en gardant un air digne. En observant ce cortège, Hugo remarque aux côtés de la membre de la famille royale la jeune fille qui subissait les brimades de ses camarades avant lui. Décidant de tirer cette drôle d'histoire au clair, il s'approche d'elle.

- Salutations, dit il en faisant une courbette maladroite. Je voulais savoir si c'était vous qui avez prévenu Sa Majesté pour me venir en aide.

La jeune fille détourne le regard.

- Vous m'avez aidé, je vous rends la pareille.

Sur ses mots elle fuit avec les derniers participants, laissant Hugo seul avec sa sauveuse.

- Merci infiniment, commence Hugo.

- Arrête avec cet air niais et naïf, ça ne te va pas du tout, lui reproche la blonde.

- Pardon ?

- Oh c'est vrai que les présentations ne sont pas complètes, soupire l'interlocutrice de Hugo. Je suis la princesse Isabella, fille aînée de la Reine Nalla et de Yvan duc de Cristo. Et toi, tu es mon adorable frère aîné, Pierre, l'héritier du trône. Enfin, se reprend t elle, ça c'était avant. Maintenant tu n'es que Hugo, fils de boulangers et risé des nobles. Mais ne t'en fait pas, très cher frère, je vais t'aider. Ensemble, nous allons gouverner et te remettre aux cœurs de la société.

Hugo est abasourdi. Tant de révélations à la minute, c'est intenable. Les nobles sont des gens curieux.

- Mais, vas-tu vraiment m'aider ou vas-tu te servir de moi ?

- Je vais, réplique sa sœur, t'apprendre les lois de la cour, avec moi au commandement, tu reviendras le prince héritier. Ma récompense, je l'a prendrais à ce moment là, quand tu seras à la veille de ton couronnement. En attendant, nous sommes partenaires !

Isabella sort d'une poche dissimulée dans les froufrous de sa robe une bague surprenante. C'est une bague ornée d'une pierre jaune verte.

- Le duc de Serages, un ami à toi, m'a donné cette bague sans valeur pour que je te protège aujourd'hui. C'est chose faite.

- Pourquoi me dis-tu tout cela, s'interroge Hugo.

- Je respect toujours mes promesses, conclut Isabella. Hugo, toi et moi sommes promis à un grand destin. Ne gâche pas toutes tes chances et suit mes ordres. Je te jure sur ce que tu veux que je ne te nuirait pas.

Hugo sourit à sa soeur.

- Parce que tu as besoin de moi et que j'ai besoin de toi. Personne d'autre dans l'équation, juste toi et moi, les aînés royaux.

Isabella semble sourire pour la première fois et Hugo se fait la remarque que sa soeur devrait sourire plus souvent, ça lui va mieux au teint.

- Personne d'autres que nous, nés à quelques mois, dix pour être précise, de différence. Qu'est-ce que cela va être, un monde où les enfants de la Reine sont alliés ?

- Les deux autres fils sont avec nous, interroge Hugo.

Isabella fait la moue.

- Notre autre frère, il a dix ans, il se nomme Paolo. Tu dois en avoir entendu parler, un orphelin adopté par Mère. Lui, je ne sais pas encore ce qu'il veut mais j'arriverai à trouver ne t'inquiètes pas. Je te protégerai et tu me donneras assez de pouvoir pour le faire.

Hugo trouve qu'Isabella aurait dû avoir quelques années de plus avant d'avoir ses sombres machinations en tête mais comme ses machinations lui ont sauvés la vie, il ne dit rien.

- Et le dernier enfant n'a même pas deux ans, c'est le fils engendré par un concubin. Il ne compte pas : Mère a déclaré publiquement qu'il serait élevé par d'autres et qu'il n'aurait pas le trône.

Hugo réfléchi.

- Paolo finira par être de notre côté et cet enfant ne compte pas... Dans la majorité des livres, on aurait évité toute l'intrigue.

Isabelle sourit et rit d'un rire sec.

- Oh que non, nous avons encore un long et périlleux chemin.

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