Chapitre 2 : Amour fraternel
Le noble duc de Serages est le second fils de la deuxième épouse de son père.
Son demi-frère, l'aîné, est mort durant l'accouchement en emmenant sa mère avec lui. Son frère, le cadet, est devenu concubin de la Reine quand cette dernière a perdu son mari. Il ne pouvait pas assurer la succession du duché, c'est donc lui, le troisième fils qui a hérité.
Charles de Celwydd, duc de Serages, fidèle serviteur de la Reine et frère d'un concubin royal. Oncle du troisième prince, Sébastien.
Et cet homme a été envoyé par son frère au milleu de nul part pour chercher le fils d'un noble décédé ?
- Charles, s'il te plaît. J'ai besoin que tu retrouves cet enfant.
- Cet enfant est sûrement mort à l'heure qu'il est. Pierre a disparu depuis des années, tu le sais.
- Mais je l'ai retrouvé ! Seulement, je ne peux pas discrédité le nom de la Reine en allant n'importe où.
- Mais le nom de ton frère, répond Charles avec humeur, ça, tu le peux ?
- Charles, s'il te plaît, fais le pour moi.
Charles soupire mais fait un signe de tête. Il le fera. Pour son frère.
Qu'es-ce que je ne ferais pas par amour pour mon frère ?
De nombreuses choses mais il est plus joliment tourner de dire que Charles serait prêt à faire n'importe quoi pour lui.
Et voilà que Charles est en chemin en calèche pour aller dans un bourg pourri à la recherche d'un enfant mort depuis longtemps, comme son père.
Charles ne s'est jamais entendu avec le fameux père. Tout les deux possédant un des quatre duchés du royaume, ils ont souvent été amenés à se voir. Charles a très vite comprendre que son homologue ne respectait que peu de choses : il voulait que les femmes puissent se battre à l'épée. Charles non car cela briserait la tradition des duels. Le duc lui a alors dit que son ascension n'était pas traditionnelle. Charles lui en tient encore vigueur, ça et autre chose.
Pourquoi moi ? Alençon aurait pu le faire ! C'est son domaine ! Même si cet homme est un imbécile finit qui ne pense qu'à l'argent, il aurait pu le faire.
Charles n'en pense pas un mot mais il bougonne. Décidant cependant que son arrivée en calèche ferai du bruit, il renvoie le chauffeur et décide de marcher.
Charles finit par arriver au niveau des ruines d'une maison. Il entends des voix quand il avance.
- Je ne mens pas, affirme un garçon au vu du timbre de la voix.
Un adolescent, devine Charles. Il arrive de plus en plus, avec l'âge -28 étés déjà- la tranche d'âge des gens quand ils parlent. Un atout utile à la cour de la Reine.
- Ouais, mais ton père si !
La voix nasillarde d'un autre garçon fait comprendre à Charles que ce dernier est plus jeune. D'ailleurs, en s'approchant sans bruit, il arrive à voir les deux interlocuteurs.
- De toute façon, mon père n'est pas moi.
- Mais tu lui ressembles.
Cette affirmation lui a échappé. Charles sourit mais intérieurement c'est un déluge de questions et d'informations.
L'adolescent doit avoir dans les quatorze ou quinze ans, tout comme le garçon qu'il cherche. Et tout comme le père de celui qu'il cherche, il a des cheveux d'un noir corbeau. Et ses yeux, aucuns doutes, ses yeux sont les mêmes que sa soeur. Sa soeur d'un an plus jeune.
Charles le sait, c'est ce garçon qu'il doit ramener avec lui. Pour son frère et pour la Reine.
Quand à l'autre, il a l'air mieux nourri que son désormais protégé, mais il est aussi plus jeune et a de meilleurs vêtements.
- Joli veste, dit-il la copie conforme de son père et de sa soeur.
- Merci, répond le duc.
La veste bleue avec des broderie noir en forme de spirales n'est pas la plus belle qu'il possède, mais pour des enfants sans argent cela doit sembler beau. Son foulard bleu assorti à sa veste qui lui entoure le cou doit être fantaisiste pour les enfants de même que ses chaussures bien lustrée. Sa canne noir avec un pommeau blanc doit valoir plus que leur maison. Car c'est de l'argent pur et de l'ébène. Et en regardant dans leurs yeux, Charles voit qu'ils se demandent combien cela peut valoir.
- Z'êtes qui ? demande le blondinet sans importance en reniflant l'air.
- Je suis un voyageur égaré, dit Charles qui décide d'évaluer le vocabulaire de celui qui lui importe. Et je cherche une auberge, pourriez vous m'indiquer le chemin qui me conduirait à cet humble logis ?
- 'Comprends pas, dit le blond en se tournant vers le noirâtre.
Alors c'est lui le plus intelligent des deux, que la Reine soit louée.
- Oui, nous pourrions, dit le plus futé des deux en adressant un signe de tête à son compagnon. Mais si nous le faisons, il nous faudra une récompense. Voyez vous, les temps ne sont pas propices aux voyageurs et la route plus la protection vaut quelques pièces.
- Chercherais-tu à marchander ? S'étonne Charles avec un ton neutre même s'il était ravi de l'intérieur.
- Oui. Mais cette une offre généreuse pour le prix de trois pièces d'or.
- Trois pièces d'or, s'étonnent les deux autres.
Charles n'en croit pas ses oreilles. Ce petit est vraiment intelligent mais c'est un voleur : trois pièces d'or pour deux gamins ? Jamais vu cela, pas même à la capitale qu'il vient de quitter.
- Oui, ou vingt et une pièce d'argent. C'est du pareil au même.
- Tu sais bien compté, remarque le duc. Et tu sais marchander en plus d'avoir une bonne connaissance des mots et des termes. Quoique pour le moment je vais encore voir...
- Voire quoi ? Demande l'imbécile.
Si tu es capable de comprendre les intrigues de la cour .
- Laisse, il ne veut juste pas payer, lui dit le plus âgé. Nos pièces ?
- Pourquoi trois, vous êtes deux ? demande en toute sincérité le duc.
- On est trois, seulement l' un d'entre nous parle avec la milice.
À son âge ? Fichtre, la délinquance commence tôt.
- Hmm, ça me paraît tout à fait charmant de ta part de donner une pièce à ton ami donc voilà pour toi, cède Charles en sortant d'une de ses poches une petite bourse et de lancer trois pièces d'or dans la direction du négociateur. Maintenant la route et la protection.
Ce dernier lance une pièce à son camarade qui l'attrape au vol avant de la glisser dans sa poche. Le marchand fait pareil.
- Je ne suis pas un escroc, lui répond le petit fils de noble avant de sauter au sol d'un bond.
- Alors mes petits gardes, déclare Charles, allons chercher une auberge.
L'interlocuteur voit que les rôles changent : si celui qui l'intéresse a mené avec brio le marchandage, il demande dans un regard à son camarade de les mener à une auberge.
Espérons que je vais pas devoir leur filer une rouste pour avoir voulu m'arnaquer ou me voler. Mon frère ne me le pardonnerai pas.
L'inutile prend donc la tête du groupe et les emmène vers une grande auberge à travers les rues sales et poisseuses. Charles doit sans cesse faire attention à ne pas froncé le nez de dégout. Sur la pancarte de la belle auberge qui détonne dans ce lieu de pauvreté, il est marqué : Le Cochon Sauteur. Charles espère que ce n'est pas une mauvaise plaisanterie.
Les deux enfants soufflent quelques mots à voix basse avant que le négociateur ne se remette à parler. Il est clair maintenant que c'est pour évité que le plus jeune ne raconte des bêtises.
- On est arrivé. Voici une bonne auberge bien comme il faut.
- Merci beaucoup mais j'aimerais savoir, comment vous appellez vous ?
Charles s'est rendu compte qu'il ne connait pas le nom de ces enfants et s'il veut ramené le plus vieux à la capitale, il doit au moins savoir le nom qu'il utilise ici.
- Moi c'est John, dit ce dernier et lui Hugo. Notre autre ami c'est Arthur.
- Comme le roi de la légende ? Celui qui tire l'épée du rocher, demande avec espoir le frère du concubin.
- De quoi ? S'étonne John avec un air stupide. Une épée dans un rocher ?! C'est impossible, elle se briserait !
- Ah, donc non, dit légèrement déçu le seigneur.
- Je pense que si, le contredit Hugo a l'étranger. Sa sœur s'appelle Guenièvre donc il doit y avoir un lien.
- Tu connais cette légende ?
- Oui, j'en connais beaucoup... Bon, allons chercher notre ami le roi, dit Hugo à son camarade. Il n'a pas fini son thé.
- Hein ? Ah oui, c'est vrai.
Décidément pas une lumière celui là.
Les deux s'apprêtent à filer quand Charles leur lance comme plaisanterie :
- Je vous appellerai si j'ai besoin d'aide, très chers gardes du corps.
- À votre service, dit Hugo avec la tête de celui qui fait ses comptes.
C'est très bien.
Charles a encore du temps avant que le soleil ne se couche. Autant en profiter pour récupérer des informations. Le chemin pour la capitale est long mais le chemin pour devenir un véritable noble l'est encore plus. Autant avoir une idée des manières du jeune Hugo.
D'abord, les commerçants.
Une bonne femme qui s'occupe d'une boucherie avec une jeune fille d'une faible beauté lui a dit des choses amusantes.
- Lui ? Un gamin avec des manières de prince. Sans être méchante, ma Guenièvre n'epousera pas un gosse qui passe ses journées à lire. L'éducation, l'éducation, hé ! on a bien vu celle de son père. Un escroc sa s vergogne, pas vrai ma fille ?
Guenièvre acquises.
Un vieil homme sans manière qui sert de pharmacien alors que Charles aurait plutôt dit d'alcoolo lui raconte des choses assez déplaisantes sur la mère.
- C'te bonne femme là, c't un bon brin d'femme. J'te dit pas c'que j'aurais fais si ç'avait été ma femme. Plus qu'un marmot c'est moi qui t'le dis. M'enfin, malade comme un chien y a que lui. Ça m'arrange mais qu'est-ce que je lui aurais mis si c'tait mon gosse.
Le chef du village, vieux et sourd, lui raconte sa jeunesse puis il lâche quelque chose d'intéressant.
- Ce petit... Il avait un an quand sa mère a accouché... Je sais que les gens me disent fou ou sénile mais c'est vrai... Il avait un an.
Charles lui assure qu'il le croit avant de prendre congé et de se diriger vers un joaillier qui n'a que le titre. Un homme et une femme sont là et dans leurs pattes bien dodues se trouve... John, l'imbécile.
- Maman, c'est lui l'étranger que j'ai croisé, dit le petit en sautillant et en pointant du doigt Charles.
- Ne montre pas du doigt, c'est impoli, lui dit sa mère qui se recoiffe et se mets à sourire de manière aguicheuse à l'oncle du troisième enfant de la Reine.
- Je viens voir vos babioles.
Elle se rembrunit aussi sec.
- C'est tout ?
- Elles valent moins chères qu'à la capitale alors je jette un coup d'œil.
Charles se mets à regarder les bagues et en trouve une qui l'intéresse. Une bague ornée d'une pierre d'un jaune vert magnifique.
- Celle-là, combien ?
- Quarante pièces d'argent.
Charles regarde alors les broches en se gardant de dire qu'à la capitale elle aurait valu le triple car la mine est bien plus loin.
Une broche d'un vert forêt l'intéresse. Mais pas de chance, le prix est déjà affiché. Trente pièces d'argent. Charles décide alors de regarder les bracelets. Un bracelet complètement fait d'argent avec de magnifiques motifs floraux le décore et un diament gros comme un ongle est incrusté. Une pièce d'or, c'est le moins cher.
Ils n'ont pas vu le diament.
Charles manque de s'étouffer de rire avant de prendre les bijoux et l'argent sur la table.
- Bonne journée.
La femme est étonnée, elle n'a sans doute jamais fait un tel chiffre en une journée. Ses achats, Charles les dissimule dans une poche de son manteau.
- Maintenant, un repas et au dodo. Demain sera assez chargé.
~~~
L'aube a pointé le bout de son nez depuis un moment déjà. Une petite heure au minimum. Quand il sort après un bain des plus pauvres, il découvre le jeune homme qui est la raison de sa venue non loin de l'entrée de l'auberge.
- Mon protecteur ! Salue-t-il l'enfant. Vous êtes matinal.
- Vous me vouvoyer ? S'étonne ce dernier.
- Oui. Sourit le duc en s'approchant d'Hugo. Vous me protéger, je vous vouvoies.
Même si en réalité, c'était pour que Hugo se mette à avoir l'habitude qu'on le vouvoies.
- J'aurais une question. Avoue l'enfant.
- Je répondrai avec grand plaisir mais j'ai une course à faire dans ce village, pourriez-vous me l'a poser en chemin ?
- Oui.
- Dans ce cas, en route.
Charles se mets en route d'un pas énergique, requinqué par son sommeil.
- Je voulais savoir comment vous connaissez mon père. Je ne vous ai pourtant jamais vu.
Charles se mets alors a réfléchir à toutes allures, comment faire ? Lui avouer la vérité ? Non pas en pleine rue sans précautions. Non, par énigmes. Les nobles savent si bien les faire.
- Je ne connais pas le boulanger de ce petit village, dit délicatement Charles en essayant de brusquer le moins possible Hugo. Je connais seulement une connaissance à moi qui se trouve être votre père. Curieux non ?
Surtout que nous ne nous apprécions pas. J'apprécie ta mère, elle a du charme et du charisme, elle.
- Je ne comprends pas, balbutie Hugo.
- Mais si. Vous êtes intelligent, vous savez comprendre.
Il semble réfléchir et comprendre. Une question se forme alors sur ses lèvres.
- Cet homme, je le connais ?
- Non, lui répond honnêtement le noble. Et ce n'est pas moi, je suis trop jeune si tu avais des soupçons.
Charles préfère prévenir que guérir. Si l'enfant pense qu'il est son père, qu'elle genre de bêtises il pourrait servir à la noblesse.
- Qui... Non, ce n'est pas important.
Le seigneur lui sourit avant de lui faire un signe de sa canne.
- C'est la boulangerie de ta famille.
Ce n'est pas une question.
- Oui.
Mais Hugo y répond quand même.
Charles entre dans la boutique d'un pas de noble seigneur : assez rapide sans être pressé, s'arrêtant dès qu'il entre mais sans avoir l'air de s'être brutalement stoppé. Magnifique performance.
- Bonjour, commence la voix du boulanger, escroc et sans enfants. Nous sommes contents de...
Charles ne saura jamais de quoi le boulanger était heureux. Il s'est stoppé comme si un fantôme venait d'entrer.
J'aurais tout donner pour voir le véritable père de ce garçon avec cette expression d'effroi quand il m'aurait regarder.
Cela le fait sourire.
- Bien le bonjour. Je suis très heureux d'apprendre que vous passez un bon moment. Je viens m'acquérir du tâche qui m'a été confiée. Vous savez laquelle, je sais laquelle, pas besoin d'explications mirobolantes, finissions ça au plus vite.
Charles a beau plus s'amuser qu'il ne l'aurait avoué, il veut cependant rentré à la capitale.
- Mir... Mirage... On a un client important... Noble seigneur... Ma femme, Mirage.
La dénommée Mirage entre et manque de s'effondrer en voyant la tenue de Charles. Si ce dernier s'inquiète en premier lieu de son accoutrement, il finit par comprendre que c'est plus là richesse de ses habits qui effraie la mère de famille.
- Non dit elle, non pas déjà.
- Mirage, enfin, reproche son époux. Noble seigneur, le jour est-il vraiment venu ?
- Oui oui oui et encore une fois oui. Allons madame, ne pleurez pas. Je vous promets que tout ira bien. Ne vous inquiétez pas. Votre fils sera très aimé là où il va.
Hugo se fige. Charles le remarque mais prétend le contraire. Cela n'empêche pas le garçon de poser des questions.
- Pardon ? Moi ? Je suis l'objet de votre mission ? Je pars ? Mais où ?
Charles décide de répondre dans le même ordre, ignorant le petit "pardon" car cela n'est même pas une véritable question, seulement de la rétorique.
- Oui, oui, oui et je t'emmène chez ta véritable famille, n'est-ce pas magnifique ?
Hugo se tait. Charles voit le monde s'écrouler dans ses yeux. Charles donne quelques pièces au couple.
- En dédommagement, ainsi que pour vous rappelez votre promesse première. Ne dites rien.
Charles entraîne alors Hugo par le bras hors de la boutique et le tire sur une bonne vingtaine de mètres. Hugo finit par se débattre.
- Qui êtes vous ? Je ne vous connais pas, lâchez moi.
- Je suis Charles de Celwydd, duc de Serages. Et moi je te connais. Je connaissais ton père, je te l'ai déjà dit. Mais là, tout de suite, je t'emmène voir ta mère.
- Ma mère...
Hugo semble abasourdi. Charles se rend compte qu'il ne lui a pas dit que sa mère adoptive n'était pas sa mère génétique.
- Pourquoi ? Mon père aurait il trop honte ?
- Il est décédé, lui apprend Charles.
Hugo finit par faire une grimace avant d'éclater d'un rire sans joie.
- Je gagne un père noble mais mort et une mère qui a envoyé un drôle de seigneur me chercher après quatorze ans d'absence.
- Treize. Les boulangers t'ont eu quand tu avais un an.
Hugo est figé. Charles le reprend par le bras et l'emmène droit vers les ruines. Hugo bouge une nouvelle fois, la maison dépassée.
- Quel est votre lien avec moi ?
Charles réfléchi un instant avant de juste répondre sans empressement «Aucun» et de tirer l'enfant jusqu'à la calèche qu'il a prévenu de leur arrivée par une missive avant de se coucher.
- Monte.
Hugo obéit, interdit. Charles monte à sa suite et demande la capitale.
Sur le chemin, Charles apprend à Hugo les manières élémentaires pour un jeune noble. Hugo veut poser une question mais Charles sort de sa poche le bracelet d'argent.
- Mets cela. Ce sera ton accessoire, ta signature. Tout les nobles ont une signature. Moi c'est la couleur bleue marine. Toi, ce sera un bracelet d'argent avec un diament caché à l'intérieur. Je te donnerai des vêtements de jeune homme quand j'aurais fini de t'installer et après tu devras aller à la cour.
- Pourquoi ?
- Parce que tel est la volonté de mon frère. Il a décidé de te faire venir à la cour.
- Mais pourquoi ?
- Parce que tu es le futur de notre nation, tu es le prince Pierre fils de la Reine Nallla. Voilà pourquoi.
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