Première partie

Il faisait nuit.

Paris ne s'illuminait que grâce à quelques étoiles que l'obscurité n'avait pas encore éteintes.

L'air printanier était d'une fraîcheur agréable. Et un Shiba en profitait.

Il courait dans un immense parc. Libre comme l'air. Sans se soucier de rien. Et le vent s'engouffrait entre ses poils.

Cette sensation, grisante, se propageait dans ses veines. Il partageait là toute sa joie de vivre à son maître.

Son cœur lui semblait léger. Emplit d'un bonheur sans pareille, d'une joie incommensurable.

Mais soudain, il s'arrêta.

Il se tourna vers son maître. Ses yeux, aussi noirs que les ombres, luisaient d'une intense inquiétude.

Son flair avait reniflé une anomalie.

Un autre humain. Et un parfum superposait l'odeur de ce dernier. Plus particulier. Plus menaçant.

Ça le faisait frémir. Ça hérissait ses poils sur son dos. Et il se retourna d'un bond, babines retroussées.

Sa truffe sentait l'odeur nauséabonde.

Tel du fer rouillé. Tel de l'acide faisant fondre la chaire.

Cette odeur s'insinuait partout où elle le pouvait. Elle s'imiscait aux-travers des lèvres, roulant sur les langues des malheureux, conquérant les narines des pauvres délaissés par la chance, pour finir par s'enrouler autour des poumons en les enserrant puissamment.

Les victimes toussaient jusqu'à du sang, suffoquaient jusqu'à s'écrouler, noyer dans cette pestilence, funèbre parfum des affres les plus noirs, les plus obscurs et infernales.

Un parfum de... Meurtre.

*Aestasis se mit à aboyer en direction de son maître, se mettant sur ses deux pattes arrières pour attirer le plus vite possible l'attention de son humain vers lui. Tâche sans facilités qui lui donnait l'impression de faire des pas de danse, mais l'urgence flottait tel une odeur âcre empestant les flots aériens de l'air, et ça le poussait à faire tout ce qui était en son pouvoir pour sauver Eqesiezu, même ce qu'il n'avait jusqu'à lors, jamais fait.

Il aboya à plusieurs reprises comme s'il voulait prévenir Scula de quelque chose, mais ce dernier se contenta de se lever et de se diriger vers lui, sans rien saisir de l'enjeu mortel qu'il encourait.

-Eh bien, que se passe-t-il Aestasis?

Scula ne se noyait pas dans l'épais parfum de mort, mais dans une forte incompréhension que son compagnon faisait naître. Il crachait parfois sur sa nature humaine, en l'occurrence, il le faisait en ce moment même, pour ne pas être doté de la compréhension des langages animalières, canine en ce cas.

Et son chien s'entêtait à aboyer pour essayer de lui communiquer le danger qui le guettait, essayant de bouger la patte avant droite pour montrer quelque chose derrière lui.

Son deux pattes ne faisant toujours pas mine de saisir ses précaires indications, le chien bondit.

Celui dont le pseudonyme, sur YouTube, était Eqesiezu, se retourna brusquement, instinctivement, en voyant son chien disparaître de son champ de vision. Et la scène qui se peignit devant lui le surprit au plus haut point, et le jeune homme découvrit avec horreur ce qui faisait aboyer son canidé.

Il se recula de quelques pas, horrifié, ses épaules suant, tremblant, son corps étant parcourus de spasmes ainsi que de sueurs froides, comme si soudainement, Atlas se délaissait de son fardeau céleste pour le glisser sur les épaules du célèbre youtubeur.

Aestasis mordait le bras d'une petite fille, de six ans, plus ou moins. Et le sang ruisselait, tachant les manches de la petite avant de s'égoutter, chuter par petites perles écarlates, d'une ténébreuse magnificence...

Scula, l'adrénaline s'emparant de ses muscles, bondit vers la fillette pour l'aider, pour la sortir des crocs de son chien dont la réaction le dépassait. Sa réaction, plus qu'étrange ainsi qu'angoissante, passait devant toutes les frontières de la logique ainsi que de la normalité que soulignait son comportement habituel.

Sauf qu'il s'arrêta à quelques centimètres de l'enfant dans un dérapage quasiment raté, comme s'il n'était qu'un pantin qu'une marionnettiste d'autrice arrêtait soudainement dans sa course effrénée d'âme possédant les traits de l'empathie, de l'humanité.

Il s'était, d'une façon métaphorique, encré dans le sol en découvrant ce que la jeune fille qu'il voulait sauver tenait dans sa main gauche.

Un couteau.

Un couteau de cuisine.

Son manche était légèrement rougit des gouttelettes s'étant échappées des veines de la petite.

Néanmoins, que cette saletée indiquant la vie, la blessure ainsi que la mort, soit présente ou non, ne changeait de toutes manières rien à l'aura effroyable que faisait naître l'arme blanche, pourtant présente dans chaque cuisines.

Sauf qu'ainsi porté, la pointe scintillant sous la lune et dirigé vers lui, un sourire dément, carnassier, peint sur les lèvres de la gamine qui le possédait, le couteau semblait avoir été forgé dans le Tartare.

L'enfant, dont seulement le bras, tenant ce qui pourrait s'apparenter à un poignard, était au proie aux canines de la fidèle créature du youtubeur, l'enleva d'un geste sec de son bras. Se fichant du lambeau de peau qui se retira dans les mêmes temps, du sang giclant tout autour d'elle, constellant son pâle visage, d'une blancheur cadavérique à la luminosité des étoiles.

Ses yeux brillaient amplement plus que ce que la normalité acceptait habituellement. Ils étaient aussi bleus que les orages grondant au-dessus des océans, avec un arrière fond grisâtre.

Et son regard exprimait la folie qui l'animait, la cruauté qui ruisselait dans ses veines, cette volonté, telle une drogue, qui s'emparait de son cœur pour manipuler son bras...

Quelques mèches de sa longue chevelure dont les pointes devaient absolument être coupées, aussi brune que l'écorce des arbres, s'étaient peint d'un rouge carmin grâce au sang ayant giclé.

La loyale bête croisa durant son essai de danse aérienne, un coriace tronc d'arbre qui lui fit pousser un gémissement de douleur qui sembla résonner des heures dans les oreilles de son maître. Celui-ci avait ouvert les yeux aussi grand qu'était l'horreur de la situation, donc immensément.

Scula se précipita vers Aestasis, faisant une énorme courbe, un petit détoure, pour ne pas devoir passer proche de celle qu'il nommait à présent, dans son fort intérieur, la petite cinglée aux envies de meurtres macabres.

Il prit son chien dans ses bras, son esprit trop concentré sur la situation actuel pour enregistrer le poids du canidé, et détala aussi rapidement qu'un lapin, arrivant presqu'au niveau du guépard tant la frousse, l'adrénaline ainsi que l'instinct de survie manipulaient ses membres.

Il était quasiment passé sur pilotage automatique tant son état d'esprit était proche du robot, ne reflétant qu'une seule pensée, qu'un seul ordre murmuré à tout son système : Survivre.

Scula passa ainsi devant diverses passants, prenant d'innombrables tournant, traversant même aux feux rouges, avant d'enfin ouvrir une porte et de se précipiter dans sa demeure, son refuge.

Il alla s'enrouler dans une couverture, tremblant de ses orteilles jusqu'aux racines de ses cheveux, diverses sueurs froides parcourant son échine et ses dents jouant la musique de l'angoisse brut et pure entre-elles.

La scène se rejouait devant ses yeux, lui montrant avec détails ce à quoi il avait échappé : Une mort certaine, lente et douloureuse.

Eqesiezu, de son pseudonyme, était peut-être un adulte, mais qu'aurait-il put faire, si ce n'était fuir, quand la psychopathe se fichait éperdument de la souffrance occasionné par la morsure d'Aestasis ? Il n'aurait put la désarmer sans craindre de se prendre un coup mortel au passage !

Scula se prit sa tête entre ses mains, son chien le rejoignant et se blotissant sur ses genoux, léchant son visage pour essayer de le réconforter.

Paris était calme, son apparence la montrait légère, majestueuse avec son joyau exposé fièrement aux yeux de tous, la Tour Effel dépassant effectivement quelques sommets, mais tout ça n'était qu'une enveloppe de ce qu'il en était réellement.

Il se pouvait que certains citoyens furent heureux de leurs journées ainsi que de leurs soirées, épanouis en ce moment même, mais ce n'était aucunement le cas de Scula dont la conscience, les souvenirs, l'esprit, subissait la discorde de ses récents souvenirs.

Le calme venait de se rompre.

*Aestasis : Été en grecque selon Google traduction.

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