Malefoy ne reprit conscience que tôt le lendemain matin et quand il s'assit au bord du lit, sans reconnaître la chambre, la tête lui tourna. La mémoire lui revint aussitôt et il porta sa main à son cou mais la peau était lisse. Il pivota ensuite en entendant respirer dans son dos et regarda Harry qui dormait, étendu sur le lit, enroulé dans un plaid.

Malgré sa vision un peu trouble, le Serpentard se leva et se rendit à la salle de bains. Il s'aspergea d'eau bien froide et s'observa ensuite dans le miroir. Cela lui rappela sa conversation avec le Gryffondor, la veille, et il trouva, après coup, que McGonagall avait eu une bonne idée avec ce miroir... Enfermé ici, le brun n'avait pas de contacts extérieurs hormis ses "repas" et les professeurs... Tant qu'il ne serait pas capable de maîtriser sa faim, il ne pourrait pas rester avec ses amis comme avant...

- Ça doit être une torture...

Malefoy se regarda une dernière fois puis soupira et retourna dans la chambre.

- Salut... J'ai cru que tu étais parti...

Le blond regarda Harry, torse nu, en train d'enfiler un t-shirt. Il esquissa un mince sourire et secoua la tête.

- Je vais appeler un professeur, dit-il alors. McGonagall doit te faire confiance pour m'avoir laissé dormir ici...

- Je suis neutralisé...

Harry toucha l'arrière de sa nuque et Malefoy hocha la tête. Il pinça ensuite la bouche et glissa ses mains dans ses poches.

- Tu sais, dit-il au bout d'un moment. J'ai bien réfléchi, et je pense que nous n'avons rien à gagner de plus à nous détester...

Harry le regarda avec étonnement.

- Tu es sérieux ?

Malefoy haussa les épaules.

- Ta nouvelle condition va nous amener à nous voir régulièrement et si à chaque fois que je te sers de nourriture tu me laisses ton lit pour me reposer et que toi tu digères dans le fauteuil, par exemple, on ne va pas s'en sortir. Seulement, il faut que tu me fasses une promesse...

Harry hocha la tête, attendant la suite.

- Jure-moi de ne jamais rien tenter sur moi, rien de moralement déplacé, pendant que je suis à ta merci avec ce fichu magnétisme qui me déglingue complètement...

Harry baissa le nez.

- Tu t'en es rendu compte ?

- J'étais envoûté, Potter, dit Malefoy. J'avais l'impression d'avoir été Stupéfixé, je ne pouvais plus rien faire, ni bouger, ni parler... C'était très désagréable et j'aurais aimé que tu me préviennes...

Il se tut un instant et grimaça.

- Je connais un peu le monde des vampires et leurs appétits exacerbés par le poison dans leur veines, et je ne suis pas adepte de ce genre de pratiques et si tu veux t'y livrer avec une fille, ok, mais pas sur moi, sur Blaise ou sur un autre des garçons du groupe des Élus. Ce n'est pas... normal.

Harry se mordit la lèvre.

- Écoute, tu n'es plus toi-même, reprit Malefoy. Tu es devenu vulnérable à nombre de choses et il serait très aisé de te neutraliser pour de bon, chose que les sorciers seront très enclins à faire si jamais ils apprennent que tu te livres à la débauche pendant tes repas, profitant de la faiblesse de tes proies...

- Mais je...

Harry semblait choqué par les paroles du blond. Il passa sa langue sur ses lèvres, perturbé. Il n'avait pas vu tout ça sous cet angle... Il pensait simplement qu'il lui fallait mettre en confiance ses proies... Certes, il avait éprouvé une quelconque forme de plaisir à avoir le Serpentard "à sa merci", la veille au soir, mais jamais il ne lui serait venu à l'esprit de...

- Je... tenta le brun. Écoute, Malefoy, je...

Secouant la tête, il haussa les sourcils, incapable de dire quoi que ce soit. Malefoy s'assit alors sur une des deux chaises entourant la petite table et le brun se tourna vers lui. Ils se firent face une seconde puis Harry soupira et tourna la tête.

Malefoy le regarda, un peu triste. Cela lui faisait mal de parler de cette façon à sa Némésis, mais il n'avait pas le choix. Il fallait minimiser au possible les risques, quels qu'ils soient, afin que le Gryffondor puisse vivre le plus longtemps possible sans problèmes jusqu'au jour où les gens découvriront son changement de personnalité.

Au bout de quelques secondes qui parurent cependant une éternité, Harry se racla la gorge et se frotta le nez avant de dire :

- Soit... Si tout ceci ne doit rester que... professionnel on va dire, alors je ferais en sorte que ça le soit...

Malefoy serra les mâchoires. La brusque peine du Gryffondor venait de le frapper de plein fouet. Visiblement, lui interdire aussi clairement d'être tendre avec ses repas, des personnes volontaires et terrifiées, était beaucoup lui demander.

- Je n'ai pas le choix... fit alors le blond en soupirant.

Au même moment les sortilèges de la porte furent retirés et McGonagall apparut, suivie de Rogue et Sinistra. Tous trois se figèrent en voyant les deux garçons. La tension était palpable dans la pièce.

- Va-t'en, dit soudain Harry. Va-t'en, Malefoy, s'il te plaît...

Malefoy se releva lentement et s'éloigna vers les trois professeurs qui le poussèrent dans le couloir. Là, il regarda Harry une dernière fois puis tourna les talons et fila, mâchoires serrées.

- Que se passe-t-il ici ? demanda alors McGonagall. Potter ?

Harry secoua la tête. Il ferma les yeux et s'assit au bord de son lit en titubant.

- Potter ? Tout va bien ? Potter !

Elle s'approcha du lit et se baissa devant lui. Elle vit alors les larmes sur les joues pâles du Gryffondor.

- Potter, que se passe-t-il ? Severus, Aurora, essayez de retrouver Monsieur Malefoy, vous voulez ? Et essayez de savoir ce qu'il s'est passé...

- J'y vais, fit le professeur d'Astronomie toute vêtue de noir, jusqu'à son maquillage.

Il quittèrent la chambre et la Directrice s'assit alors au bord du lit et posa une main sur l'épaule du brun.

.

Rogue était partit chercher Malefoy de son côté et il tomba sur lui au détour d'un couloir, quelques minutes après avoir quitté la chambre de Harry. Sinistra arrivait en face et, voyant son collègue, elle préféra les laisser entres hommes et retourna dans la chambre d'Harry en expliquant à sa Directrice que Rogue s'occupait de Malefoy.

- Allons Drago, que s'est-il passé pour que nous tombions aussi mal ? demanda Rogue alors que le Serpentard s'asseyait sur le sol.

- Je ne sais pas si j'ai le droit de vous le dire, répondit le blond. Mais tout ce que je sais c'est que Potter va m'en vouloir...

- Dites-moi ce que vous avez bien pu lui dire, enfin...

- Des... Des choses pas très sympas.

- Comme d'habitude ?

- Non... Pire.

- Bon, venez, allons chez moi...

Rogue le prit par une épaule et l'entraîna dans l'appartement qu'il avait à cet étage mais où il ne passait que très peu de temps étant donné qu'il en avait un autre près de sa salle de classe, dans les sous-sols du château.