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- Alors ? Ce premier repas ?
- Bien passé, répondit McGonagall en regardant les professeurs en face d'elle. Cependant, je n'ai pas laissé Potter se rassasier, je les ai séparés au bout d'une minute. Progressivement, on lui laissera plus de temps.
- C'est judicieux je pense, fit Sinistra avec un hochement de tête. On ne sait jamais, il pourrait perdre le contrôle.
Trelawney et Vector hochèrent la tête.
- Comment lui avez-vous fait lâcher prise ? demanda alors Vector.
- Je lui ai balancé une décharge électrique.
- Radical... Douloureux... commentèrent les professeurs.
- Mais efficace, intervint Rogue. N'oubliez pas que désormais Potter possède une force physique bien supérieure à la nôtre. Face à lui, notre meilleure défense c'est la magie.
- Et ses pouvoirs magiques ?
- Il n'en a rien dit encore mais laissons-lui le temps de s'adapter, chaque chose en son temps, fit McGonagall. Abordons maintenant les autres points de cette réunion, si vous le voulez bien...
Elle prit une liste inscrite sur un parchemin et se mit à les énoncer à voix haute.
.
Dans la chambre d'Harry, cependant, Malefoy reprenait conscience. Assis près de lui dans un fauteuil, Harry lisait.
- Potter... ?
- Hé, tu reviens à toi, fit le brun avec un sourire en fermant son livre. Ça va ?
Malefoy hocha la tête et s'assit lentement.
- Va doucement, lui fit le brun. Ça tourne ?
- Un peu...
- Tiens, mange ça.
Le Serpentard prit le morceau de chocolat dans la main d'Harry qui vint s'asseoir près de lui.
- Comment ça se présente ? fit le blond en sentant les doigts de l'autre sur sa nuque.
- C'est parfaitement cicatrisé, il n'y a pas une trace. Tu veux rentrer à Serpentard ?
- Je me sens encore un peu bizarre...
- Bon, eh bien reste ici alors, tu ne crains rien, je suis neutralisé.
Le brun effleura la pierre sous son crâne et Malefoy hocha la tête. Il passa une main sur son visage et Harry remarqua qu'il était plus pâle que d'habitude.
- Combien de temps ça a duré ? demanda-t-il alors.
- Quelques secondes... McGonagall m'a repoussé avec un sortilège qui m'a électrocuté. J'ai été obligé de te lâcher. Elle ne devrait pas tarder à revenir du reste...
- Quelle heure il est ?
- Dix heures et des poussières. Tu veux me raconter ?
- Il n'y a pas grand-chose à dire à part que j'avais une trouille phénoménale...
Harry eut un petit sourire et celui-ci le regarda du coin de l'œil. Un silence s'installa ensuite et Malefoy soupira en passant une main dans ses mèches.
- Dis, ça fait quoi de ne plus être humain ? demanda-t-il alors.
- Tu veux dire, mis à part le fait que mon cœur ne batte plus et que je n'ai plus besoin de respirer ?
Le blond eut un mouvement d'épaules et Harry sourit.
- C'est cool, fit-il. Je me sens super bien et comme tu le vois, je n'ai plus besoin de lunettes.
- Oui, j'ai vu ça... Ça fait bizarre.
Harry sourit et reprit :
- J'ai une force phénoménale aussi. Ce matin, à l'hôpital, j'ai tordu mes couverts simplement en les prenant pour manger quelque chose... Si je ne fais pas attention en permanence, je peux faire mal aux gens ou à moi-même...
- Tu peux manger comme nous ? s'étonna Malefoy.
- Oui, mais ça ne me fera rien. Seul le sang semble capable de me caler...
- C'est normal... enfin je crois. Et sinon ?
- Sinon, c'est les canines... Je trouve la sensation très désagréable quand elles poussent, on dirait qu'on me les tire vers l'avant...
Malefoy eut un petit rire qui se mua en raclement de gorge.
- Tu sais... Avant que tu ne... ben que tu ne manges, je... J'ai apprécié le fait que tu sois là, pour me rassurer, je... Mais j'étais pas à l'aise, c'était pas... normal de ta part...
- Je n'ai pas fait ça pour te mettre mal à l'aise, je sentais simplement que je devais le faire, te montrer que tu n'avais rien à craindre. Mais si tu veux, la prochaine fois que tu reviendras j'éviterais de te prendre dans mes bras...
Malefoy pinça les lèvres et eut un bref hochement de tête.
- On verra bien, fit-il. Et sinon... tu as encore faim ?
- Oui mais la pierre neutralise mes sens, je ne ressens ni douleur, ni soif, ni faim, répondit Harry. D'un côté c'est pratique, je ne risque pas de sauter à la gorge des gens, mais d'un autre côté je me sens frustré et je ne sais pas si je vais supporter cette contrainte bien longtemps.
- À toi de faire en sorte que...
- Je sais, je dois apprendre à maîtriser mes instincts rapidement et surtout, sans la pierre, soupira le brun. Seulement, c'est très dur, si tu savais l'effort surhumain que je fais en ce moment pour rester aussi près de toi... Je sens l'odeur de ton sang, je l'entends aller et venir dans tes veines, j'entends ton cœur battre... Pour moi, l'odeur du sang c'est comme si toi tu humais chez toi l'odeur de ton plat préféré en train de cuire et que tu allais jusqu'à la cuisine, le nez en l'air, voir ce que ta mère prépare... C'est très frustrant, je l'avoue.
- J'imagine aisément bien que je n'aie jamais été privé d'une chose dont je raffolais...
- Moi si, beaucoup et trop souvent, et ce n'est pas drôle quand, à six ans, ton cousin qui est un petit goret avec des cheveux blonds, te balade sous le nez une grosse part de gâteau au chocolat qu'il bâfre goulûment sans que toi tu n'aies même le droit de le regarder... grimaça Harry.
- Tu n'as pas eu une enfance rose, je m'en rends compte maintenant...
- Ah ça, on ne peut pas dire... Découvrir qu'on est un sorcier à l'âge de onze ans, quelques jours avant d'entrer à Poudlard et qu'en plus on est celui qui va sauver le monde sorcier... Non, les meilleures années de ma vie, c'est ici que je les aie passées, avec Ron et Hermione principalement, mais aussi avec toi.
- Avec moi ? fit le blond, surpris, grignotant le morceau de chocolat. Pourtant je passe le plus clair de mon temps à te chercher...
- Justement, je trouve ça fantastique. N'ayant rien eut dans ma jeunesse, parfois même pas un cadeau à Noël, sentir que j'ai des amis et des ennemis me fait un bien fou.
- Si tu le dis...
Harry sourit légèrement. Il regarda le profil du blond puis il se leva et s'éloigna en soupirant profondément avant de faire face au Serpentard.
- Je te remercie du fond de mon cœur, Malefoy, même s'il est mort, dit-il. Tu as surmonté ton ressentiment à mon endroit alors que tu aurais très bien pu refuser tout net de devenir mon casse-croûte. Je ne pourrais jamais te remercier correctement.
- Je ne cherche pas la reconnaissance, plus maintenant...
Harry haussa les sourcils.
- Ah ? Pourtant il m'a semblé d'entendre dire que tu ne faisais pas ça pour moi mais pour toi... D'où vient ce changement de camp ?
Malefoy pinça la bouche et regarda son morceau de chocolat.
- J'ai bien réfléchi ces derniers jours, et en fait je crois que j'ai été égoïste, répondit-il. Comme d'habitude je n'ai pensé qu'à moi avant de penser aux autres et j'ai fait l'impasse sur le fait que, même si nous ne nous entendons pas bien, il faut le dire, quand j'ai appris que tu avais été mordu par un vampire, ça m'a quand même fait quelque chose.
- Je suis content de l'apprendre, je commençais à douter que tu aies un cœur, tu vois ?
Malefoy haussa les épaules mais Harry vit clairement ses joues rosir. Il s'approcha alors du lit et tendit les mains.
- On se lève ? proposa-t-il.
- On va voir...
Le blond s'appuya sur le matelas et posa ses pieds sur la descente de lit. Il hésita un moment puis se lança et Harry, les bras tendus, se prépara à le rattraper au cas où mais ce ne fut pas nécessaire.
- Ça va aller, fit-il en repoussant le bras tendu. Encore quelques minutes et je pourrais rentrer... Je vais me rasseoir je crois...
Malefoy prit place dans le fauteuil et Harry lui redonna du chocolat qu'il se remit à grignoter pensivement.
- Tu sais, fit alors le brun. Je comprendrais que tu ne veuilles plus venir me voir...
- Et pourquoi je ferais ça ?
- Eh bien, c'est très éprouvant, traumatisant, autant physiquement que moralement et puis j'imagine que tu dois avoir un peu peur de moi quand même, non ?
- Oui, j'ai même très peur de toi si tu veux tout savoir mais j'ai signé, j'ai promis à McGonagall de t'aider, je suis volontaire, répondit Malefoy avec un haussement d'épaules. Je ne vais pas reculer maintenant, j'irais jusqu'au bout.
Harry sourit doucement.
- Merci... ça me touche que tu sois là...
Soudain on frappa à la porte et McGonagall entra.
- Ah, je vois que vous avez repris des couleurs, monsieur Malefoy. Comment vous sentez-vous ?
- Bien, bien, encore quelques minutes et je pourrais rentrer.
- Et vous ?
- Ça gronde un peu mais je tiendrais jusqu'à la prochaine fois, répondit Harry. Quand sera-t-elle au fait ?
- La semaine prochaine, mercredi soir. Nous venons de le décider avec les autres professeurs. Vous aurez un repas tous les trois jours Ce coup-ci était disons, un coup d'essai. Il a été fructueux, tout s'est bien passé.
- Et la prochaine fois, allez-vous m'électrocuter au bout de deux minutes ? demanda Harry, un peu amer.
- Non, dit-elle. La prochaine fois, vous pourrez vous rassasier, à condition que l'élu ne se sente pas mal. S'il ou elle tourne de l'œil, vous devrez le lâcher aussitôt, peu importe la quantité de sang prélevée.
- Soit... Ça me va.
- Si vraiment vous avez encore faim, un autre élu viendra pour combler, fit la vieille sorcière. Est-ce le cas ce soir ?
- Non... Je tiendrais...
- Si tu veux, je peux...
- Monsieur Malefoy, fit McGonagall sur un léger ton de reproche. Nous verrons la prochaine fois. C'est suffisant pour cette fois.
Harry baissa le nez sous le regard de la sorcière puis celle-ci quitta la chambre avec le Serpentard.
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